Encore un chef trop rarement cité comme beethovénien, et pourtant trois intégrales des symphonies à son actif : Eugen Jochum (1902-1987).
Dans un billet de janvier 2018 (Jochum suite et fin), je regrettais que Deutsche Grammophon, en rééditant le legs discographique du chef allemand en deux forts pavés, ait étrangement omis les enregistrements symphoniques réalisés pour Philips. Oubli réparé par ce coffret de la série Eloquence.
Beethoven à Amsterdam
On retrouve logiquement dans ce coffret l’intégrale des symphonies de Beethoven enregistrée par Philips à la fin des années 60 avec l’orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam par Eugen Jochum pour le 200ème anniversaire de la naissance de Beethoven (1970).
J’ai précieusement conservé ce coffret qui fut l’un des premiers de ma discothèque d’adolescent, un cadeau de mes parents. C’est avec Jochum, et les somptueuses sonorités de la phalange amstellodamoise, que j’ai appris mon Beethoven.
J’ai, depuis, arpenté bien d’autres chemins interprétatifs, découvert, aimé nombre de versions plus ceci ou plus cela, mais je suis toujours revenu à ces amours de jeunesse. La Neuvième de Jochum à Amsterdam – le finale ! – continue de me bouleverser à chaque écoute.
Le coffret contient une autre 5ème de Beethoven, que je ne connaissais pas, éditée, semble-t-il, pour la première fois en CD, captée en 1951 avec l’orchestre philharmonique de Berlin.
Ainsi que plusieurs ouvertures de Beethoven captées à Amsterdam.
Les pépites
Ce coffret Eloquence n’est pas avare de références, pour certaines devenues introuvables. Des Mozart plus allants, moins millimétrés que les Böhm contemporains – symphonies 35, 36, 38, 41 à Amsterdam.
Deux Quatrième, Schubert et Schumann, des Wagner et Richard Strauss qu’on avait connus par un double CD Tahra.
On retrouve le 1er concerto de Beethoven et le 14ème de Mozart à Bamberg avec au piano la fille du chef, Veronica Jochum von Moltke.
Mais surtout un concert légendaire – qui nous est restitué dans son intégralité – pour célébrer le 1200ème anniversaire de la fondation de l’abbaye bénédictine d’Ottobeuren, le 31 mai 1964, avec une Cinquième symphonie de Bruckner qui est ma référence jamais égalée.
Bonjour M. Rousseau.
Je suis un de vos fidèles lecteurs (comme on dit). Je n’ai pas eu jusqu’à présent l’occasion de commenter vos billets, mais je souhaite le faire aujourd’hui pour vous remercier d’avoir reproduit la pochette du coffret des symphonies de Beethoven par Jochum avec Amsterdam. Comme vous (nous devons être à peu près du même âge), j’avais eu ce coffret adolescent, c’était d’ailleurs mon tout premier coffret de musique classique, un cadeau coûteux, et j’en avais fait l’emplette à la librairie Bergère à Annecy, dont le patron était aussi mon prof de français au collège Saint-Michel.
Ce coffret m’a accompagné dans mes pérégrinations au fil des ans, jusqu’au jour funeste où, lors d’un déménagement, il a été littéralement écrasé.
Comme je suis heureux de le revoir grâce à vous, avec son lettrage un peu solennel et sa médaille ! Merci.
Au passage : vous évoquiez dans un billet précédent l’intégrale, également magnifique, de Schmidt-Isserstedt. Si je ne me trompe pas, ce dernier, entre 35 et 43, était chef à l’Opéra de Hambourg, dont le Generalmusikdirektor était alors Jochum, son cadet de deux ans. Les deux hommes ont su se garder à distance des Nazis. Schmidt-Isserstedt a pu dès 1945 diriger la musique à la Radio de Hambourg, mandaté par les Britanniques et Jochum reprendre son poste dans la même ville, avec l’assentiment des autorités d’occupation, la même année. Assez rare pour être souligné. De grands artistes, mais aussi des hommes probes et sages. J’ose dire que cela s’entend dans leurs interprétations…
Merci encore pour vos billets !
Yves Alix