Il a un nom et une allure de chanteur de charme napolitain de l’entre-deux-guerres. Une vie chaotique, une carrière anémique. Une fiche Wikipedia… qui tient en une ligne : Sergio Fiorentino, né le 22 décembre 1927 à Naples, mort dans la même ville le 22 août 1998, est un pianiste et enseignant italien !
Un peu par hasard, j’avais acheté il y a quelques années un coffret… miraculeux.
Des enregistrements tout simplement somptueux, admirables, les qualificatifs manquent. Et je n’en ai jamais parlé sur ce blog ! Pourquoi ?
Jean-Charles Hoffelé me donne l’occasion de me rattraper. Il consacre au musicien qu’Arturo Benedetti Michelangeli, son quasi-contemporain, désignait affectueusement comme « le seul autre pianiste », une pleine page de sa chronique Quelques années avant J.-C. dans le numéro de juin de Classica
« Le sort s’acharna contre ce haut jeune homme brun à l’oeil vif, au physique de tennisman, au jeu athlétique, dont la technique éblouissante semblait innée. Ses grandes mains venaient à bout des textes les plus abrupts, ses larges épaules donnaient au piano l’ampleur d’un orchestre/…. /Alors qu’il vient d’avoir 25 ans, New York lui fait fête, l’avenir s’annonce radieux, mais un accident d’avion qui manque de le tuer brise net son élan. Adieu la scène, retour au Conservatoire de Naples qui lui offre une classe/…../ Londres devient son second port d’attache, le disque s’en mêle pour son malheur. Un label désargenté (Concert Artist) capture son art incandescent/…./une vingtaine de microsillons dont il sera spolié, l’éditeur n’hésitant pas à les publier sous des pseudonymes… » La suite à lire dans Classica ou sur Artamag.
Ecrivant ce billet, je découvre sur Youtube cette extraordinaire interview de Sergio Fiorentino, enregistrée cinq ans avant sa mort… Comme on eût aimé rencontrer, entendre en concert, ce magnifique personnage, qui prouve, une fois de plus, que les plus grands sont les plus simples.
Par chance, les enregistrements de cet immense musicien ressortent, dans des conditions aussi optimales que possible.
Malheureusement dans ce coffret, où l’on a d’abord écouté les Chopin, on est confronté à des prises de son très disparates, voire scandaleuses eu égard aux dates d’enregistrement (début des années 60).
Attention aux prix pratiqués : pour le même coffret (comme ce volume 4), le même distributeur le propose du simple ou double : Amazon Allemagne est à 19,99 €, Amazon France est à 40 € (comme la FNAC)
Les vraies nouveautés ce sont ces coffrets salués par J.C. Hoffelé dans Classica, des rééditions extrêmement soignées d’une intégrale Rachmaninov captée par la RAI en 1987, ainsi qu’un « live » de Taiwan de 1998.
Les deux coffrets sont disponibles sur le site de l’éditeur : Rhine Classics.
Je les ai moi-même commandés par ce moyen… et reçus en moins de quinze jours !
Et quand Fiorentino évoque (et joue) lui-même Rachmaninov…
peut-on encore douter de la nécessité d’acquérir tous ces précieux témoignages de l’art de l’un des plus grands interprètes du XXème siècle, si scandaleusement oublié…?