Rudi le pianiste

Si l’on est réfractaire au style Tubeuf, il ne faut pas lire son dernier-né. Inutile de dire que ce n’est pas mon cas, et si, parfois, rarement, les chantournements de l’ancien professeur de philosophie peuvent agacer, les souvenirs d’André Tubeuf, revisités au soir de son grand âge, à propos d’un musicien qu’on n’a cessé de révérer, évidemment passionnent et enchantent.

41XTx9FW3NL

« Toutes ces dernières années, je multipliais les livres et on me demandait : « À quand, un sur Serkin ? »… je n’avais jamais eu l’idée d’écrire un livre sur lui. Lui-même répugnait à ce qu’on parle de lui. Il n’y avait rien à savoir, qu’à le regarder faire….

Une soirée avec Serkin, c’était de toute façon une leçon d’incarnation…Ceux qui ont vu cela, ne risquent pas de l’oublier. À ceux qui ne l’ont pas vu on ne peut que donner une idée abstraite : sans l’emprise, renversante, stupéfiante, régénératrice.

D’autres ont été davantage publics, populaires, aimés peut-être, et soucieux de l’être, faisant tout pour l’être. Pas Serkin »

Moyennant quoi, André Tubeuf nous livre 190 pages serrées sur un pianiste, Rudolf Serkin (1903-1991) dont il n’y avait, paraît-il, « rien à savoir » ! Merci cher André Tubeuf !

Au moment où je commençais la lecture de cette « Leçon Serkin », je lisais sur la page Facebook de Tom Deacon, naguère un des grands producteurs du label Philips et auteur de cette extraordinaire collection, parue il y a vingt ans, Great Pianists of the 20th Century

518izJKGFGL

ceci à propos d’un coffret paru en Europe il y a près de 2 ans :

Ce coffret est tout aussi recommandable que tous les autres. La documentation est le nec plus ultra. Beaucoup de photos. Un bon texte d’introduction. Et 75 CD de Rudolf Serkin, l’un des plus grands pianistes que j’ai eu le privilège d’entendre en concert et en récital. C’est son héritage artistique. Dans une boîte!

Il m’est impossible d’effacer de ma mémoire l’image de ce musicien aux petites lunettes cerclées, légèrement voûté se dirigeant vers le piano.

Serkin s’est battu pour être un grand pianiste. Il y travaillait. Il le devait. Il n’a jamais eu la chance d’être doté d’une de ces techniques faciles, naturelles et bien huilées. En un mot, il n’était pas Josef Hofmann, bien qu’il ait pris la place de Hofmann en tant que directeur du Curtis Institute à Philadelphie

Serkin était à son meilleur dans la salle de concert, pas dans le studio d’enregistrement. D’une manière ou d’une autre, les ingénieurs de Columbia ont eu du mal à saisir son « son ». Cela a toujours semblé dur. Rubinstein avait le même problème chez RCA Victor. Nous avons donc ici ce que nous avons, une image sonique imparfaite d’un pianiste tout simplement merveilleux qui pouvait hypnotiser un public immense avec le mouvement lent de la sonate Hammerklavier de Beethoven. C’était lent, très lent, mais vous souhaitiez que cela ne se termine jamais si beaux étaient le son et la conception musicale de Serkin. Idem avec le mouvement d’ouverture de la sonate « au clair de lune ». Aucun des enregistrements de Serkin n’a jamais capturé cette magie.

51r8RAQ5+KL

Les circuits de distribution ne doivent pas être les mêmes au Canada, où réside Tom Deacon, et en Europe, puisque j’avais déjà parlé de cette somme il y a plusieurs mois : Des nuances de noir et blanc

Deacon et Tubeuf disent un peu la même chose, et pour moi qui n’ai jamais eu la chance d’entendre le grand pianiste en concert, les témoignages du studio comme les « live » que contient cette boîte ne font que renforcer, conforter, l’admiration que je porte à un musicien essentiel du XXème siècle. Pour ceux qui ne pourraient, voudraient, pas se payer l’imposant coffret (détails ici : Serkin the complete Columbia recordings), le legs discographique de Serkin est disponible en une multitude de coffrets à prix doux.

Intemporelle Truite de Schubert enregistrée à Marlboro – en prêtant l’oreille, on y entend même les oiseaux alentour…

Immersive

Les langues, la langue française en particulier, sont ma passion première. Je ne compte pas les chroniques que je lui ai consacrées sur ce blog (Le français chanté).

Il y a plusieurs mois déjà, j’avais dénoncé, sans aucun espoir d’être entendu, l’usage intempestif et fautif du suffixe -if : Inclusif intrusif.

Piqûre de rappel avec cette annonce répétitive (!) sur les chaînes de service public vantant Toutânkhamon, une exposition, une expérience « immersive »! 

J’avais manqué, pendant mes vacances au Sri Lanka, une autre annonce : Van Gogh, l’exposition immersive à l’Atelier des lumières.

On devine ce que cet adjectif est censé évoquer pour le visiteur : l’idée d’une véritable plongée, d’une immersion, au coeur d’une oeuvre, d’une exposition. C’est la nouvelle mode : on ne vient plus regarder des tableaux, des objets, on vient au cinéma !

Visitant le château d’Auvers-sur-Oise, il y a un an, avec mon petit-fils, j’avais constaté que le parcours pédagogique illustrant la présence des peintres à Auvers (le plus célèbre étant Van Goghqui y a fini ses jours en juillet 1890), avait été transformé en voyage « immersif » à grand renfort de projections murales. Le prix d’entrée avait été multiplié par deux… tout ça pour ne voir quasiment aucun tableau, aucun objet, mais une série de petits films et de projections. Comme à la télé !

J’avoue que je ne sais quoi penser de cette nouvelle formule « immersive » ! Démocratisation de l’accès à l’art ? L’art considéré comme un simple divertissement ? Quand et comment l’oeil, le regard, l’écoute même, peuvent-ils s’exercer surtout chez les plus jeunes ?

J’en connais plus d’un qui risque d’être… déceptif !

 

 

 

 

L’humanité de Juan Diego

Que c’est bon de lire des propos aussi pertinents, aussi intelligents que ceux que l’illustre ténor péruvien Juan Diego Florez a livrés dans le long entretien que Vincent Agrech publie dans le numéro d’avril de Diapason !

IMG_2310

Toute la première partie de l’entretien est consacrée au fantastique travail que Florez fait dans son pays natal, où il a repris et développé le fameux Sistema, né au Venezuela en 1975 à l’initiative de José Antonio AbreuEt il faut lire tout cela.

Mais lorsque le chanteur répond au journaliste de Diapason sur sa carrière, l’opéra, la vie musicale, c’est tout sauf de la langue de bois !

Je suis plus inquiet du renouvellement du public. Voyez les difficultés qu’a le Met à remplir, et ces parterres de cheveux blancs dans les pays germaniques.

Dans toutes les villes, les jeunes devraient pouvoir aller à l’opéra pour 10 € !

Question : Outre les coûts fixes des théâtres… le cachet des stars de votre catégorie n’aide pas !

J.D.F. A votre avis, c’est vraiment ça, le problème économique de l’opéra ? Prenez le budget d’une production. Quelle part va aux chanteurs d’un côté, et de l’autre aux décors, costumes et droits de mise en scène, pour bien souvent… pondre une merde, pardon ! Des spectacles qu’on voit courir vers le précipice dès les premières répétitions, contre lesquels ni les solistes, ni l’équipe de la maison n’osent se révolter, et qu’on remisera en silence après quelques représentations.

Question : … Les directeurs de théâtre vous diront qu’ils renouvellent et rajeunissent grâce à eux le public.

J.DF. Mauvais calcul et je serais curieux de voir des chiffres à l’appui. Vous n’imaginez pas le nombre de gens qui me disent avoir ri ou pleuré après une version de concert, alors qu’ils venaient entendre un opéra pour la première fois. Le théâtre est dans la musique. On peut faire des spectacles extraordinairement vivants avec très peu de moyens, des décors et des costumes tout simples. Et du bon sens, le respect de l’oeuvre, une écoute de ce que le chef et les chanteurs, qui la connaissent, ont à en dire.

La déconnexion entre le tout petit monde de la musique entre professionnels et la vraie vie des gens finira par nous tuer, alors même que nous détenons les clés de ce qui peut transformer l’humanité. La diffusion et l’éducation ont beau avoir chacune leur logique, elles doivent se rencontrer, se régénérer mutuellement. Je me suis juré qu’un jour, les enfants des bidonvilles de Lima joueraient côte à côte avec les musiciens du Philharmonique de Vienne au Musikverein. Et je le ferai ! (Juan Diego Florez, in Diapason avril 2019)

71sdGeeoyCL._SL1181_

Top départ

Le soleil de printemps inonde Montpellier cette semaine.

Erreur
Cette vidéo n’existe pas

Et ça tombe bien pour commencer à dévoiler ce que sera le prochain Festival Radio France Occitanie Montpellier (que tout le monde ici, dans la région, nomme simplement « Festival Radio France« … alors qu’à Paris, dans la Maison ronde même, on continue d’appeler « Festival de Montpellier » !!)

IMG_2283

Le vieux chat noir un peu cabossé du coin de ma rue ne se départ jamais d’une sérénité éprouvée !

IMG_2282

L’Esplanade Charles de Gaulle est en fête ! N’était la fraîcheur matinale, on s’imaginerait presque en été.

IMG_2280

Cette semaine donc, à l’usage des Montpelliérains, on a commencé à feuilleter le programme des soirées du #FestivalRF19En essayant de sortir des habitudes qui prévalent pour ce genre de présentation – conférence de presse « officielle », invitations VIP -. Ce qui me plaît, et ce pour quoi finalement toute l’équipe du Festival travaille, c’est de rencontrer le public, notre public, de lui réserver la primeur du programme que nous lui avons concocté avec amour, d’échanger avec lui, de prendre les compliments et de répondre aux critiques. C’est ce que nous avons fait déjà mardi soir devant une salle Pasteur archi-comble, c’est un exercice que nous rééditons en fin d’après-midi au foyer de l’Opéra Comédie. Et cela en musique, avec la participation exceptionnelle, mardi, de l’Orchestre National Montpellier Occitanie et de Magnus Fryklund, ce soir, de Marina Chiche et Félicien Brut, tous artistes qui, bien évidemment, seront de l’aventure du Festival en juillet prochain.

Mais on ne déballe pas tout d’un coup, les 150 concerts, les 70 lieux de toute l’Occitanie où se déploiera la 35ème édition d’un festival qui n’a pas d’équivalent dans la sphère musicale : musique de chambre, chorale, jazz, musiques électroniques, événements symphoniques, etc…

54730399_2574120512638484_345385730752643072_n

Ceux qui me suivent et me lisent ne seront pas surpris du choix des rivages de la Baltique  comme cadre de nos prochaines nuits blanches…

« Deux souvenirs : en juin 1998, l’immense place du Palais à Saint-Petersbourg, devant l’Hermitage, traversée à 3 heures du matin, la douceur indicible de la voûte céleste ni jour ni nuit ; en juillet 2016, à Montpellier, Valery Gergiev me citant le Festival Radio France Occitanie Montpellier comme modèle des Nuits blanches qu’il organise chaque été dans la ville de Pierre le Grand.

C’était décidé, la 35ème édition du Festival serait consacrée à ces légendaires musiques du Nord, des rives de la  mer Baltique, à l’incroyable foisonnement créatif de générations de compositeurs et d’artistes exceptionnels. » (Suite à lire sur lefestival.eu)

Je me suis promis de ne pas répondre à la question que les journalistes ne manqueront pas de me poser : « Quels sont vos coups de coeur » ?  Je n’y répondrai pas, parce que cette programmation n’est qu’une suite de coups de coeur, ceux de l’équipe de programmation, les miens…

J’éprouve une fierté particulière et personnelle à ouvrir ce Festival 2019 avec une personnalité que j’admire infiniment, Neeme Järvi, et l’orchestre national d’Estonie.

20H_11-LeChocDesTitans_Jarvi-Lozakovitch

 

 

La Valse à Vienne

Je n’ai pas fini de revenir à cette mine que constitue l’intégrale de la correspondance de Ravel. 

613S7LtefDL

Après Ravel à Liègeanecdotique, j’ai trouvé plusieurs correspondances avec d’illustres Viennois(es), et cette étrange manie du compositeur basque de ne jamais parler de Vienne, mais toujours de Wien.

Cette première lettre où, bien des années avant sa création, Ravel évoque son projet d’écrire « une grande valse » (ce sera La Valse), égratignant au passage le « puritanisme franckiste » et les « adeptes moroses de ce néo-christianisme »

L’Ermitage 7 fév.1906

Mon cher Marnold*,

….Ce n’est pas subtil, ce que j’entreprends en ce moment : une grande valse, une manière d’hommage à la mémoire du grand Strauss, pas Richard, l’autre, Johann. Vous savez mon intense sympathie pour ces rythmes admirables, et que j’estime la joie de vivre exprimée par la danse bien plus profonde que le puritanisme franckiste. Par exemple, je sais bien ce qui m’attend auprès des adeptes moroses de ce néo-christianisme. Mais ça m’est égal !

Puis ce sont des échanges avec ou à propos de Richard Strauss

Au printemps 1907, Gabriel Astruc – celui qui amènera Les Ballets russes à Paris en 1909, organise la première française de Salomé

mai 1907

Cher Monsieur Astruc,

Si c’était possible, je serais très heureux d’avoir une entrée pour Salomé. Pour ne pas vous déranger, voudriez-vous avoir l’amabilité de me faire rendre la réponse par écrit ? Merci d’avance et bien à vous,

Des années plus tard, en 1919 exactement, Richard Strauss est devenu directeur de l’Opéra de Vienne (une direction qu’il partage avec le chef Franz Schalk et qu’il abandonnera en 1924).

En 1922, Ravel espère que sa Valse (que Diaghilev a refusé de monter en ballet « Ravel, c’est un chef-d’œuvre, mais ce n’est pas un ballet. C’est la peinture d’un ballet ») sera créée en version dansée à l’opéra de Vienne. En témoignent deux lettres écrites le même jour, le 23 juillet 1922, de Montfort-l’Amaury, l’une à Alma Mahler, l’autre à Berta Zuckerkandl chez qui il a logé successivement lors de son premier séjour à… Wien en octobre 1920

M.R. à Alma Mahler

Ma chère amie,

Je suis si heureux d’avoir cette occasion de vous écrire que je me dépêche d’en profiter….On me voit plus souvent à Paris, je travaille tant que je peux, et je n’aurai pas le plaisir de vous voir le mois prochain comme je l’espérais. J’avais fait le projet d’aller aux fêtes de Salzburg, mais le travail ne me le permet pas. Ce sera pour plus tard, à la 1ère de La Valse à Wien, que je continue à espérer…

M.R. à Berta Zuckerkandl

Ma chère amie,

… D’abord le prétexte de cette lettre : si vous êtes à Wien lorsque Mme Madeleine Greyse présentera chez vous, je vous serai très reconnaissant de faire bon accueil à cette artiste qui, je n’en doute pas, vous intéressera vivement. Ses qualités vocales et musicales lui permettent d’interpréter avec la plus grande intelligence les choses les plus diverses : Les Chants hébraïques (dans le texte), L’Heure espagnole (dans le texte aussi), les Poèmes de Mallarmé, les Histoires naturelles, Shéhérazade pour ne parler que de mes oeuvres. 

Fauré lui a confié la 1ère audition de ses dernières mélodies….

Je crois bien me souvenir que je vous ai fait parvenir une partition de L’Heure espagnole destinée à R. Strauss. Rien de nouveau de ce côté ? Ni au sujet de La Valse ? À ce propos, un chef d’orchestre français voulant donner ce poème symphonique à Wien, je m’y suis opposé, voulant en réserver la 1ère audition à votre opéra. Mais bien entendu, s’il plaît à Strauss de faire connaître cette oeuvre au public viennois avant de la transporter sur scène, je ne m’y oppose nullement. En tout cas, aucun théâtre ne la représentera avant Wien.

M.R. à Maurice Emmanuel

14/10/22

Cher Monsieur

… La partition que vous allez recevoir indique en effet les intentions de l’auteur. Ce sont les seules dont il faille tenir compte. Ce « poème chorégraphique » est écrit pour la scène. La 1ère en est réservée à l’opéra de Vienne, qui le donnera… quand il pourra. Il faut croire que cette oeuvre a besoin d’être éclairée par les feux de la rampe, tant elle a provoqué de commentaires étranges. Tandis que les uns y découvraient un dessin parodique, voire caricatural, d’autres y voyaient carrément une allusion tragique – fin du second Empire, état de Wien après la guerre. etc.

Tragique, cette danse peut l’être comme toute expression – volupté, joie – poussée à l’extrême. Il ne faut y voir que ce la musique y exprime : une progression ascendante de sonorité, à laquelle la scène viendra ajouter celle de la lumière et du mouvement.

Les espoirs de Ravel sont douchés par cette lettre – en français – de Richard Strauss :

Richard Strauss à Maurice Ravel

Staatsoper Vienne 7/12/22

Cher Monsieur,

En réponse de votre lettre du 14 nov. l’avis, que nous espérons de jouer déjà en mois de janvier votre délicieuse Ma Mère l’Oye dans la salle de la Redoute. Mais je ne crois pas qu’il sera possible de mettre en scène encore dans cette saison votre Valse. Et c’est la cause, que nous ne pouvons pas prétendre, que vous nous réserviez pour si longtemps le droit de la première audition en Vienne.

Au  contraire, un bel succès au concert ajoutera (à) l’exécution théâtrale.

Avec l’assurance de ma haute considération,

Votre dévoué

 

 

 

Le piano américain

Ils ne sont pas nombreux, les pianistes nés aux Etats-Unis, à avoir acquis célébrité et notoriété de ce côté-ci de l’Atlantique. Si on interrogeait à brûle-pourpoint le mélomane français, il serait bien en peine de citer plus de cinq noms, et encore…

Van Cliburn est le nom qui est resté dans la mémoire collective, plus sans doute en raison de sa victoire inattendue au Concours Tchaïkovski de Moscou, en pleine guerre froide, que pour la carrière finalement très modeste qu’il a faite en Europe.

C’est l’un de ses contemporains, Leonard Pennario, qui bénéficie aujourd’hui d’une belle réédition de ses enregistrements pour RCA.

52633880_10213737162563681_1310367077168578560_n

71peWjYBieL._SL1205_

Qui est ce pianiste ? Je crois que le premier disque que j’ai eu de lui me le montrait sous un jour très hollywoodien, et pour cause : Concerto under the stars, avec le Hollywood Bowl Orchestra (l’appellation estivale du Los Angeles Philharmonic)

Erreur d’optique, ou plutôt vision très réductrice d’un talent remarquable.

Leonard Pennario (1924-2008) c’est presque l’archétype du pianiste américain, techniquement très sûr, d’une virtuosité qui ne vise jamais l’épate, une élégance, une classe, qu’un esprit européen pourrait parfois trouver trop neutres.`

Mais quel chic, quelle allure dans ces « encores » …

Le coffret RCA nous restitue l’art de ce pianiste, que la maladie de Parkinson a éloigné de la scène dès les années 80. Interprète d’élection de Rachmaninov, c’est le premier à graver l’intégrale de ses concertos après la mort de ce dernier.

 

Pennario crée le concerto de Miklos Rozsa en 1967.

Et puis, last but non least, quelques sommets de la musique de chambre avec pour comparses rien moins que Jascha Heifetz et Gregor Piatigorsky

On réécoutera avec profit la série que France Musique a consacrée en février dernier au pianiste américain : Leonard Pennario, pianiste

Ravel à Liège

J’avais déjà évoqué la somme colossale réunie par Manuel Cornejo, l’intégrale de la correspondance de Ravel (Souvenirs de Ravel)

613S7LtefDL

Je savais que le compositeur français avait été l’un des hôtes d’honneur de l’Exposition universelle organisée à Liège en 1905 pour célébrer les 75 ans de la création du royaume de Belgique.

Les quelques lettres que Ravel écrit à ses amis en juin 1905 sont savoureuses et plutôt à l’honneur de la Cité ardente et de ses environs qu’il découvre en remontant la Meuse sur le yacht Aimée…

Dimanche 11 juin 1905 / Yacht Aimée

à Maurice Delage

Mon cher Delage

Nous entrons dans Liège. Une pluie quasi hivernale nous y attendait, assez d’ensemble avec le pays d’ailleurs. Liège est très étendue et je crois qu’à l’autre bout elle doit être très différente. Pour le moment nous traversons un pays tout industriel. Des maisons noires ou de briques brunes. Des usines magnifiques et singulières. Une surtout, une sorte de cathédrale romane de fonte supportant un cuirassé boulonné. Il sort de là-dedans une fumée rousse et des flammes sveltes. Voici maintenant l’Exposition, elle est très réussie, paraît-il, et nous nous ne ennuierons pas durant les deux jours que l’on reste ici. À part une vision étonnante de Huy, une petite ville très Gustave Doré, au pied d’une colline fortifiée, la journée d’aujourd’hui n’a offert rien de très remarquable. Je continuerai ma lettre plus tard.

Lundi matin (12 juin 1905)

Nous sommes rentrés fort tard hier ayant pris contact avec l’Exposition. Villages sénégalais, montagnes russes nautiques, manèges d’aéroplanes, etc. la ville est très jolie, très animée. Un soleil superbe. Je cours à la poste chercher des lettres. On est heureux de vivre; j’étais idiot, hier. Alea jacta est, dirait Madame Toutain.

Vers Liège, 11 juin 1905

à Jean Marnold

Cher Monsieur Marnold,

J’ai été horriblement occupé dans les quelques jours qui ont précédé mon départ, à cause d’une pièce de harpe* commandée par la maison Erard. 8 jours de travail acharné et 3 nuits de veille m’ont permis de l’achever, tant bien que mal. En ce moment, je me repose par un voyage féerique, et suis tenté chaque jour de remercier ces messieurs de l’Institut°./…../ Je me dépêche de remonter sur le pont; j’aperçois une usine singulière et magnifique. Nous entrons dans Liège…

Liège, mercredi 14 juin 1905.

à Maurice Delage

Ne suis pas encore au Japon comme vous pourriez le croire mais à l’Exposition de Liège.

Maastricht, jeudi 15/6 05

Première impression de Hollande. Cathédrales et carillons dans la nuit. Petite ville somnolente.

* La pièce pour harpe est un septuor Introduction et allegro pour harpe, flûte, clarinette et quatuor à cordes

° Les membres du jury du Prix de Rome 1905 avaient recalé Ravel au concours d’essai.

Liege-fragnee1

Le bateau de Ravel passe sous le pont de Fragnée, avant de s’arrêter devant la Boverie et le grand pavillon de l’Exposition Universelle devenu Palais des Beaux-Arts.

1905_Palais_Beaux_Arts

Au Palais des Beaux-Arts avait succédé le MAMAC (Musée d’art moderne et d’art contemporain), lui-même complètement rénové et rouvert en 2016 sous le nom de La Boverie

Musée_de_la_Boverie

On avait eu une belle surprise à l’automne 2016 (voir Picasso et Ravel).

Dommage qu’on n’ait pas pensé, pour cette inauguration, à faire jouer cette « pièce » pour harpe qui avait donné bien du mal à Ravel, juste avant de partir pour Liège :

 

Harold en Russie

Sesquicentenaire de sa mort oblige Berlioz fait l’actualité : c’est le 8 mars 1869 que le French revolutionary meurt à Paris…

71zISXVZZ8L._SL1024_

2635616

dans-les-kiosques-berlioz-fait-une-diapason_width1024

Une longue interview de « Monsieur Berlioz » alias Bruno Messina dans Le Monde de ce jour, au titre intrigant : Berlioz a cessé d’être ringard. Singulier, original, révolutionnaire oui, mais ringard vraiment ?

On ne se plaindra pas de l’abondance de nouveautés et de rééditions discographiques (voir Berlioz Complete works).

Par exemple de cette oeuvre si singulière qu’est Harold en Italie, « Symphonie en quatre parties avec alto principal »

61XQFOYh6gL

Berlioz l’évoque ainsi dans ses Mémoires

« Paganini vint me voir. “J’ai un alto merveilleux me dit-il, un instrument admirable de Stradivarius, et je voudrais en jouer en public. Mais je n’ai pas de musique ad hoc. Voulez-vous écrire un solo d’alto ? Je n’ai confiance qu’en vous pour ce travail.” “Certes, lui répondis-je, elle me flatte plus que je ne saurais dire, mais pour répondre à votre attente, pour faire dans une semblable composition briller comme il convient un virtuose tel que vous, il faut jouer de l’alto ; et je n’en joue pas. Vous seul, ce me semble, pourriez résoudre le problème.” “Non, non, j’insiste, dit Paganini, vous réussirez ; quant à moi, je suis trop souffrant en ce moment pour composer, je n’y puis songer ». J’essayai donc pour plaire à l’illustre virtuose d’écrire un solo d’alto, mais un solo combiné avec l’orchestre de manière à ne rien enlever de son action à la masse instrumentale, bien certain que Paganini, par son incomparable puissance d’exécution, saurait toujours conserver à l’alto le rôle principal. La proposition me paraissait neuve, et bientôt un plan assez heureux se développa dans ma tête et je me passionnai pour sa réalisation. Le premier morceau était à peine écrit que Paganini voulut le voir. À l’aspect des pauses que compte l’alto dans l’allegro : “Ce n’est pas cela ! s’écria-t-il, je me tais trop longtemps là-dedans ; il faut que je joue toujours.” “Je l’avais bien dit, répondis-je. C’est un concerto d’alto que vous voulez, et vous seul, en ce cas, pourrez bien écrire pour vous”. Paganini ne répliqua point, il parut désappointé et me quitta sans me parler davantage de mon esquisse symphonique. […] Reconnaissant alors que mon plan de composition ne pouvait lui convenir, je m’appliquai à l’exécuter dans une autre intention et sans plus m’inquiéter de faire briller l’alto principal. J’imaginai d’écrire pour l’orchestre une suite de scènes, auxquelles l’alto solo se trouverait mêlé comme un personnage plus ou moins actif conservant toujours son caractère propre ; je voulus faire de l’alto, en le plaçant au milieu des poétiques souvenirs que m’avaient laissés mes pérégrinations dans les Abruzzes, une sorte de rêveur mélancolique dans le genre du Childe-Harold de Byron. De là le titre de la symphonie : Harold en Italie. Ainsi que dans la Symphonie fantastique, un thème principal (le premier chant de l’alto) se reproduit dans l’œuvre entière ; mais avec cette différence que le thème de la Symphonie fantastique, l’idée fixe s’interpose obstinément comme une idée passionnée, épisodique, au milieu des scènes qui lui sont étrangères et leur fait diversion, tandis que le chant d’Harold se superpose aux autres chants de l’orchestre, avec lesquels il contraste par son mouvement et son caractère, sans en interrompre le développement. »

71K0uCc7g9L._SL1200_Dernière nouveauté, Tabea Zimmermann, qui avait déjà gravé Harold deux fois avec Colin Davis

On avait croisé Antoine Tamestit à la Côte Saint-André la veille de son concert avec John Eliot Gardiner. L’altiste français explique, de façon lumineuse, son rapport à l’oeuvre (Bachtrack, 11 février 2019)

« Harold en Italie est parfois mal compris, comme peut l’être la musique de Berlioz. Mais c’est un chef-d’œuvre où le génie inventif et créatif du compositeur se donne libre cours. À mes débuts, cette œuvre n’emportait pas totalement ma conviction. Je la trouvais un peu lourde et longue… le comble pour un altiste soliste français ! Mais les rencontres avec les chefs que sont Marc Minkowski, Valery Gergiev et surtout Sir John Eliot Gardiner ont fait évoluer mon approche : j’ai commencé à l’aborder comme un opéra, où je devrais apprendre à incarner un rôle, celui d’un voyageur inspiré, sensible et profond, à l’image de Berlioz peut-être….

Quand j’ai été conduit à l’interpréter, plusieurs facteurs m’ont fait évoluer : l’entendre jouée sur des instruments d’époque – ce qui provoque un changement profond de toute la couleur et donc de l’expression – a d’abord modifié ma perception. L’effet est réellement différent chez les cuivres mais aussi pour le son des cordes les plus aiguës. Les cuivres naturels et les cordes en boyau pur apportent plus de douceur, ce qui aide l’équilibre général, et donne une sonorité gagnant en couleur ce qu’elle perd en lourdeur. Berlioz maîtrise l’orchestration et provoque des mariages d’instruments inattendus, créant une atmosphère à ce point nouvelle qu’il me semble presque y voir l’apparition de l’impressionnisme…

Ma compréhension du rôle de l’alto solo a, elle aussi, beaucoup évolué. Bien sûr nous n’avons pas là un concerto romantique traditionnel, mais ce que Paganini n’a peut-être pas su comprendre, c’est que l’altiste est Harold (qui est Hector lui-même ?) et doit jouer un rôle prépondérant dans cette fresque dramatique qui retrace le séjour artistique si décisif de Berlioz en Italie. Il m’a fallu du temps pour ressentir les expressions cachées derrière chaque intervention de l’alto, et même ses sentiments pendant les tutti durant lesquels il se tait ! Il évolue de la mélancolie au bonheur, à la joie et même la fierté, en passant par la spiritualité et la foi, l’enthousiasme, l’amour et même l’angoisse et la peur, avant de finir bienheureux au sein d’un… quatuor ! »

Adolescent, j’ai découvert l’oeuvre avec une version vinyle que j’ai toujours trouvée exceptionnelle, idiomatique, alors qu’elle était a priori très éloignée des canons établis par les chefs estampillés « berlioziens »…J’ai longtemps déploré que ce disque soit devenu introuvable. Il n’a été édité qu’assez récemment et un peu en catimini en CD :

51PjmnOcmmL

L’alto de Rudolf Barchai (1924-2010) y est incroyablement poétique, il « est » littéralement le personnage de Harold, et la direction de David Oïstrakh continue de m’éblouir à chaque écoute. Dommage que cette version admirable ne soit jamais et nulle part citée comme référence, ni même citée tout court…

 

 

 

Le golfe du Bengale, Pivot, Mauriac et Sibelius

Après avoir crapahuté au milieu des plants de thé (Ma tasse de thé), sur les hauteurs de Horton Plains (Dans les Highlands cingalaisêtre redescendu voir les éléphants (La grâce des éléphants) puis remonté à 1000 mètres d’altitude passer une nuit au milieu d’une Rain Forest, je profite d’un week-end de farniente (même si ce terme n’a plus de sens depuis qu’on est connecté partout et tout le temps !) au bord de la mer du Bengale.

IMG_2030

IMG_2033Loin de toute concentration touristique, au gré des départs et des retours des embarcations de pêche.

IMG_2041

J’ai emporté quelques livres, téléchargés pour les plus volumineux, « physiques » pour les plus légers. Comme souvent, des livres commencés en parallèle, dont j’interromps et reprends la lecture selon l’humeur du moment.

Comme ces faux mémoires de Bernard Pivot.

81vGYaAJFjL

Des souvenirs par bribes, la nostalgie parfois d’un journalisme qui fut longtemps le sien et qui n’est plus.

De son professeur au Centre de formation des journalistes :  » Je lui dois ma méfiance pour le premier mot qui vient vite sous la plume, un autre étant peut-être plus exact ou moins convenu. Je lui sais gré de m’avoir appris à commencer un article par une phrase qui intrigue ou bouscule le lecteur… »

Je souriais en lisant ce « conseil ». En des termes presque identiques, et sans avoir jamais été journaliste moi-même, je n’ai cessé de le prodiguer (jusqu’au harcèlement ?) à celles et ceux avec qui je travaille. Même pour un banal communiqué de presse, un texte de présentation, une notice de programme. Ou pour un article de blog ! Combien de fois ai-je renoncé à un papier, parce que je ne trouvais pas l’entame, le premier mot, la première phrase ! (ah ces premières phrases dont Laurent Nunez a fait un excellent bouquin L’énigme des premières phrases). 

Je reviendrai au bouquin de Pivot. Parfait pour les vacances. On l’ouvre à une page au hasard : en quelques lignes, il dessine un univers, met en scène un personnage, une époque.

C’est l’un de ses chapitres – Mauriac ou le denier du culte  – qui m’a d’ailleurs donné envie d’ouvrir l’imposante biographie de Mauriac signée Jean-Luc Barré. Pivot raconte que, pour les 80 ans de l’illustre académicien, « le sacre du dernier grand écrivain régnant » (Jean-Luc Barré), Le Figaro avait décidé d’offrir un cadeau à son chroniqueur : Tous les collaborateurs du journal furent priés de verser leur obole afin que le présent témoignât d’une admiration et d’une affection collectives. Admiration, oui, affection, non : je refusai de participer à la collecte/…/L’auteur des Nouveaux mémoires intérieurs était un fameux journaliste. Mais aussi un confrère distant et froid/…./Pas une seule fois, en six ou sept années, il ne poussa la porte du salon du premier étage où étaient réunis les rédacteurs de son journal, celui dans lequel il écrivait chaque semaine : Le Figaro Littéraire/…../Je crois qu’il n’avait pour nous que de l’indifférence…

91uHPIP-MgL

Plongé dans mes lectures, quand je ne me baigne pas dans une mer aussi chaude que l’air, j’écoute la musique téléchargée sur mon téléphone portable… et je lis les échanges souvent savoureux, parfois musclés, de mes amis critiques sur Facebook. À propos de l’intégrale des symphonies de Sibelius qui vient de sortir – et que je n’ai pas écoutée -, la première d’un orchestre français, celle de Paavo Järvi avec l’Orchestre de Paris. 

61sMT3mw1cL._SL1200_

Extraits : JCH Enfin reçu, mais pas convaincu par la 3e Symphonie que je viens d’entendre….

HM Faut dire que la 3e est sans doute celle qui convient le moins à Järvi. Barbirolli y a, de toute manière, réglé la question.

PB J’ai trouvé que c’était celle qui lui convient le moins mal …

MC Berglund/Bournemouth et Blomstedt/San Francisco (très sous-évalué)

GR Pour la Sibelius-3, de mon avis à écouter la version magnifique de Mravinsky/Leningrad et enrégistré en 1963.

PYL La 3è de Sibelius de Mravinsky est l’un des trésors les plus surcotés de toute la discographie sibélienne. C’était vraiment pas son truc, Sibelius.

JPR Histoire de relancer le sujet 🙂 quelqu’un sait pourquoi c’est la seule symphonie de Sibelius ( la 3ème) que Karajan n’a jamais enregistrée ?

PYL il ne la sentait pas cette symphonie intermédiaire, comme beaucoup de sibéliens de la première heure tel Ormandy.

RL C’est curieux cette manière de surinterpréter: Karajan a d’abord laissé la place à Okko Kamu, qui avait gagné le prix Karajan (il en a même été le premier récipiendaire en 1969). Les quatre disques de Kamu chez DG, avec Berlin ou Helsinki, sont superbes, dans mon souvenir.

PYL Le plus grand interprète de cette 3e reste Tauno!

RL « le plus grand », « le plus grand », ça veut dire quoi ? C’est juste ta version préférée 🙂

On ne s’ennuie pas sur Facebook quand on aborde un sujet aussi sérieux que la 3ème symphonie de Sibelius !

J’ai donc réécouté deux versions de cette symphonie que j’ai sur mon smartphone. Celle du jeune Okko Kamu – dont il est question dans l’échange ci-dessus – plutôt rustaud, moins intéressant que dans mon premier souvenir.

6151oAQhTnL

Et puis surtout, celle de Lorin Maazel gravée à Vienne au mitan des années 60, qui fut pour moi celle de la découverte des symphonies de Sibelius, un coffret que j’avais trouvé, il y a plus de quarante ans, dans une véritable caverne d’Ali Baba aux Puces de Saint-Ouen.

61Jiodj8UpL._SL1400_

Maazel a refait une intégrale Sibelius à Pittsburgh au début des années 90. Il est de bon ton de la trouver moins réussie que la viennoise. Voire.

La grâce des éléphants

Après deux jours en montagne (voir Dans les Highlands cingalaisretour momentané dans la plaine tropicale.

IMG_1912

Etape obligée quand on visite le Sri Lanka, le parc national d’Udawalawe. Au petit matin, les 4×4 sont déjà présents par dizaines à l’entrée du parc. Le business est juteux pour toute la région.

Et les promesses seront à peu près tenues, malgré le bruit et l’odeur des moteurs mal réglés des Jeep qui n’ont pas l’air de trop indisposer les mastodontes qui promènent leurs petits…

IMG_1921

de35cebd-c216-43e3-8ea0-e2efdf135790

ou ceux qui barrent le chemin !

68b4bd5f-96f7-4058-9aa4-b030f5a67d2c

IMG_1920

IMG_1915

A vrai dire, on avait déjà eu un avant-goût de rencontre inattendue avec ce prodigieux animal qui nous semble si familier, dont la démarche tranquille est marquée par la grâce. Au bord de la route, à plusieurs kilomètres du parc, ces deux-là avaient l’air de nous dire : On sait bien que vous ne pouvez pas nous donner à manger ni même nous serrer la trompe…

52849467_10156360827202602_8446213746346426368_n

Des oiseaux par milliers, des paons sauvages qui ne se font pas prier pour se montrer.

d0ad8054-80e4-4d8d-83ae-1613e63e007eLe coq sauvage de Lafayetteemblème national et variété endémique du Sri Lanka.

IMG_1942

IMG_1937

IMG_1934Un aigle huppé sur son arbre perché !

8b9c1335-a648-4132-ac60-b8d31f501fff

945c72e6-bbba-4d92-bef6-5928ff2fdac6Un troupeau de buffles tout aux joies du bain…

IMG_1932IMG_1933Au bord d’une onde pure, un marabout surveille le crocodile solitaire…

PS J’ai appris cette nuit la disparition d’André Previn, qui a manqué de quelques semaines son 90ème anniversaire. Je lui avais en quelque sorte rendu un hommage anthume à l’occasion de la publication d’un beau coffret Sony/RCA : Génération Bernstein et André Previn l’éclectique

81-minaidl-_sl1500_