Elle est morte hier à New York à 86 ans, la Française Liliane Montevecchiest peut-être la dernière d’une lignée de « stars » du music-hall. Danseuse, chanteuse, diseuse, showgirl elle faisait le spectacle à elle seule, jouait son personnage de femme fatale à la perfection.
Je me rappelle l’étonnant spectacle monté par le regretté Jérome Savary, du temps où il dirigeait l’Opéra-Comique. Il avait entrepris de faire revivre le personnage de Mistinguett, sous les traits et dans la peau de Liliane Montevecchi.
Je n’ai pas trouvé de meilleur extrait vidéo de ce spectacle capté en DVD.
Pour être honnête, je pense qu’à l’époque peu de gens savaient qui était Liliane Montevecchi, qui avait fait l’essentiel de sa carrière à Broadway, avait remporté un Emmy Award pour Nine en 1982. Et qu’incarner un mythe comme Mistinguett pouvait être casse-gueule, pour une artiste de 68 ans.
Je garde un souvenir ébloui de la prestation de Liliane Montevecchi (et de toute la distribution d’ailleurs), l’allure, la classe, la gouaille, et un port de danseuse qui pouvait en remontrer à de bien plus jeunes.
Il y a quelqu’un aujourd’hui qui s’inscrit pleinement dans l’héritage de ces stars de la scène, sans pour autant s’affubler des oripeaux de la « diva », c’est Isabelle Georges (voir Isabelle au bal)
Je crois me rappeler d’ailleurs qu’Isabelle a assuré une série de performances dans un cabaret de Francfort, à la suite de… Liliane Montevecchi !
Isabelle Georges qu’on retrouvera, très bien entourée, le 15 juillet à Montpellier (Domaine d’O) et le 16 juillet à Cap Découverte (Carmaux) pour un spectacle exclusif du Festival Radio France : Douce France.
Le numéro de juin-juillet de Diapason évoque ce corpus absolument unique dans l’histoire de la musique, parce que c’est le projet phare, le projet fou, du 34ème Festival Radio France Occitanie Montpellieret de France Musique :une première mondiale, donner en 35 concerts, du 14 au 23 juillet, la totalité de ces 555 sonates sous les doigts de 30 clavecinistes : Jean-Marc Aymes, Enrico Baiano, Olivier Baumont, Carole Cerasi, Francesco Corti, Bertrand Cuiller, Aurélien Delage, Mathieu Dupouy, Christiano Gaudio, Maud Gratton, Luca Guglielmi, François Guerrier, Kazuya Gungi, Frédérik Haas – le coordinateur artistique du projet -, Jean-Luc Ho, Béatrice Martin, Lars-Ulrik Mortensen, Giulia Nuti, Olga Pachtchenko, Arnaud de Pasquale, Rossella Policardo, Mario Raskin, Thomas Ragossnig, Jean Rondeau, Mayako Sone, Miklos Spanyi, Justin Taylor, Violaine Cochard, Kenneth Weiss, Paolo Zanzu
Il y a 30 ans, Scott Rossachevait la seule intégrale réalisée à ce jour de ces 555 sonates.
La vie, le travail et la mort du claveciniste américain, disparu en 1989, sont intimement liés à un lieu, le Château d’Assas, près de Montpellier.
Entre histoire de famille, d’architecture et de musique, le château d’Assas est un territoire situé à quelques kilomètres au nord de Montpellier, datant du XVIIIe siècle.
Les seigneurs d’Assas sont mentionnés dès le début du XIIe siècle. Le domaine est vendu en 1486 par Hugues d’Assas à Guillaume Bonnal, qui le vend par la suite en 1747 à Jean Mouton de la Clotte. Devenus banquiers, les Mouton sont anoblis au début du XVIIIe siècle et achètent le château de la Clotte dont ils prennent le nom. Jean Mouton de la Clotte décide de faire abattre le château féodal d’Assas qu’il vient d’acheter et d’y faire construire une résidence d’été en 1759-1760. C’est l’édifice que nous connaissons aujourd’hui. C’est en 1949 que Robert Demangel, ancien directeur de l’École française d’Athènes en fait l’acquisition. Il appartient aujourd’hui à ses héritiers.
On attribue la paternité du château d’Assas à Jean-Antoine Giral, membre d’une influente dynastie d’architectes montpelliérains. Celle-ci est flanquée de deux pavillons à pans coupés, dotés d’un étage supplémentaire dominant le corps central. Le rythme est accentué par des pilastres ioniques en ordre colossal, couronné d’une balustrade de pierre.
La démolition du château de la Mosson (1758) ayant précédé de peu la construction d’Assas, divers éléments provenant de cet édifice ont été remployés, notamment la ferronnerie des balcons du premier étage et un grand lustre. Les boiseries qui décoraient le grand salon ovale d’Assas, elles aussi en provenance de la Mosson, ne sont cependant plus visibles : elles ont été vendues au XIXesiècle.
L’intérieur a conservé sa disposition et les circulations d’origine. En remplacement des boiseries de la Mosson, de grandes toiles peintes par Jacques de Lajoüe ornent les murs du grand salon. Elles ont pour sujet les arts et les sciences. Ce salon présente un petit orgue positif baroque et, surtout, le clavecin du XVIIIe siècle dont nous retrouvons plusieurs enregistrements du claveciniste Scott Ross.
L’ensemble comprenant le château et ses deux galeries fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 14 septembre 1975. Les façades et toitures de la tour-pigeonnier font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 10 avril 1989.
Simone Demangel, propriétaire du château d’Assas, grande résistante bien connue des habitants de la région pour son civisme et ses actions au sein du conseil municipal de Montpellier, fait l’acquisition en 1965 d’un clavecin français du XVIIIème siècle attribué au facteur lyonnais Donzelague.
Il s’agit d’un des plus beaux spécimens de la facture instrumentale française, grâce auquel Simone Demangel sût créer à Assas une ambiance favorable à la culture et aux échanges artistiques, faisant de sa maison un des hauts lieux de la musique baroque. Les grands clavecinistes deviendront alors des habitués d’Assas, Scott Ross, Gustav Leonhardt, William Christie, Kenneth Gilbert, Pierre Hantaï, Frédérick Haas, Benjamin Alard, Jean Rondeau…
C’est le 12 août 1969 que Scott Ross, jeune claveciniste surdoué alors inconnu du public, donnait son premier récital au château d’Assas, ouvrant la voie à cinquante années de vie musicale intense où récitals, enregistrements et masterclasses se succédèrent. Ainsi, de nombreux étudiants européens, américains ou japonais participeront à la création des premières Académies Internationales de Musique Ancienne en Occitanie. (Source : lefestival.eu)
Bien entendu, tous les concerts seront captés en audio et vidéo par les équipes de France Musique !
Un avant-goût avec ma sonate fétiche de Scarlatti, la K 141 (K comme Kirkpatrick) :
D’abord avec Scott Ross :
Puis dans un tout autre tempo – ce qui prouve, s’il en était besoin, l’extraordinaire liberté, la fantaisie inépuisable du compositeur…et de l’interpète ! – Jean Rondeau
C’est à une tout autre fête que nous convie le numéro de juin-juillet de Diapason : la célébration d’un génie du XXème siècle, dont on commémorera le centenaire de la naissance le 25 août prochain, Leonard Bernstein.
La une du magazine n’est, en l’occurrence, ni racoleuse, ni mensongère. Le dossier constitué sous l’égide – inattendue – d’Ivan Alexandre, dont on ne savait pas qu’il fût un spécialiste voire un fan de Bernstein, est un must. Pour embrasser toutes les facettes d’un génie protéiforme : pianiste, chef d’orchestre, compositeur qui s’est essayé à tous les genres, pédagogue, une vie personnelle au diapason de ses passions multiples.
Le Festival Radio France propose, cet été, du 16 au 27 juillet, de redécouvrir plusieurs aspects de la personnalité de Bernstein : des extraits de la série légendaire, jamais égalée, parfois imitée, des Young People’s Concerts,des vidéos de répétitions et de concerts dirigés par Leonard Bernstein.
Les éditeurs historiques (Sony ex-CBS, Deutsche Grammophon) ont mis le paquet pour célébrer ce centenaire pas comme les autres.
Il y a quelques mois, Sony proposait un coffret de 100 CD – avec pochettes originales, donc minutages chiches – « remastérisés » (voir : Bernstein remastered)
après avoir réédité déjà deux coffrets format 33 tours, comportant, pour le premier, la totalité des symphonies gravées pour l’essentiel à New York (voir Bernstein forever), pour le deuxième les oeuvres orchestrales et concertantes (voir Bernstein Centenary), un troisième et dernier est annoncé pour septembre avec les oeuvres vocales et chorales. Un fabuleux legs !
Quant à DGG, après avoir imité Sony, en reprenant en 2 coffrets format 33 t. la totalité des CD parus sous l’étiquette jaune (voir Leonard Bernstein Collection), nous est proposé – à un prix relativement modéré pour un objet de cette qualité – un gros coffret reprenant l’intégralité des CD et des DVD – ainsi qu’un DVD Blu-ray audio des symphonies de Beethoven – parus sous étiquette DGG et Decca (y compris les premiers enregistrements Decca américains) :
Chez Warner, on nous annonce pour septembre un coffret particulièrement bienvenu pour rappeler la collaboration du chef américain avec l’Orchestre National de France
(Voir tous les détails de la discographie de Bernstein ici : Bernstein Centenary)
Les livres aussi – en plus des magnifiques ouvrages contenus dans les gros coffrets DGG et Sony – nous dévoilent les facettes, parfois cachées, d’un personnage unique en son temps.
Renaud Machartavait déjà consacré une belle monographie à Bernstein dans la collection Actes Sud / Classica. Il annonce pour la rentrée un second opus, qui nous restitue, longuement préfacées par ses soins, les six conférences données par le chef compositeur à Harvard en 1973. Fondamentales pour comprendre en quoi Bernstein fut le plus grand et le meilleur « vulgarisateur » de la musique.
Intéressant aussi ce petit ouvrage de souvenirs du journaliste Jonathan Cott.
Parmi les centaines de vidéos, heureusement disponibles sur les réseaux sociaux, il y a l’embarras du choix.
Cette Neuvième de Beethoven, captée quelques mois avant la mort de Bernstein, quelques semaines après la chute du Mur de Berlin :
Et celle-ci, vue des millions de fois, montrant le showman, le cabotin que Bernstein ne répugnait pas à être (et quelle leçon de direction !)
Et encore cette prodigieuse version de la Symphonie de Franck, avec l’Orchestre National en 1982 :
Voilà, ça arrive ! On s’enthousiasme pour des disques, en l’occurrence des coffrets, dont le contenu paraît alléchant, et on sort déçu de quelques heures d’écoute.
Il est mort il y a un peu plus d’un an, au terme d’une « longue maladie ». Supraphon vient d’éditer un coffret – bizarrement constitué – d’hommage au chef tchèque Jiří Bělohlávek(1946-2017).
Dans mon article du 1er juin 2017 (Obituaries), j’écrivais déjà :
Je dois à l’honnêteté de dire que je n’ai jamais été très emballé par les (rares) concerts auxquels j’ai assisté ni par les enregistrements les plus récents de ce chef. Tout est bien fait, bien dirigé, mais – encore une fois c’est un sentiment personnel – je trouve que Bělohlávek est en-deça de ses illustres aînés dans leur répertoire natal (Ancerl, Talich, Neumann mais aussi Šejna ou Košler), moins intéressant que la génération montante (Jakub Hrůša, Tomáš Netopil)
Aujourd’hui, Jean-Charles Hoffelésur son blog (lire TOMBEAU DE JIŘÍ) se montre circonspect sur les choix qui ont présidé à ce coffret, mais il trouve de belles qualités au chef disparu dans son répertoire natal. Je suis moins indulgent que lui.
Il n’est que d’écouter le début de la juvénile Sérénade pour cordes de Dvořák, poussif, presque hésitant, alors qu’il s’agit de l’une des plus belles mélodies du compositeur bohémien, la « Nouveau monde » manque de ressort, de relief. La féerie est absente de Ma Mère l’oye de Ravel, inutile d’insister.
Dans aucune des oeuvres (ou extraits ! quelle idée ces mouvements de symphonies de Mahler ?!) Bělohlávek n’emporte l’adhésion ou l’enthousiasme. Un coffret…dispensable !
Autre coffret, à petit prix, au contenu très prometteur :
Leonard Slatkinest un chef américain pur jus, né en 1944, qu’on connaît un peu mieux en France depuis qu’il a dirigé l’Orchestre National de Lyon(de 2011 à 2017). On l’a vu parfois dans le passé diriger l’Orchestre National de France, mais c’est évidemment aux Etats-Unis qu’il a fait l’essentiel de sa carrière et constitué une discographie importante, en particulier avec l’orchestre symphonique de Saint Louis, dont il a été le directeur musical de 1979 à 1996.
Un tel coffret est une aubaine pour qui veut avoir un panorama de la création américaine de la seconde moitié du XXème siècle. A l’exception de Copland et Ives, les autres noms ne sont pas très familiers aux mélomanes européens.
La musique de John Corigliano – 80 ans cette année – fils du légendaire Concertmasterdu New York Philharmonic du temps de Leonard Bernstein, ne m’a jamais paru revêtir une grande originalité, elle se place dans le sillage d’un Copland, sans l’envergure du modèle.
Slatkin en a assuré plusieurs premières, ce qui explique que 2 CD bien remplis soient consacrés à Corigliano. Pas essentiel, mais pas désagréable non plus et sans concurrence.
Pour tous les autres compositeurs présents dans ce coffret, William Schuman, Walter Piston, Copland, Ives, Bernstein, Leroy Anderson, Leonard Slatkin reste toujours dans une honnête neutralité, là où un Leonard Bernstein, par exemple, exalte la singularité, les rythmes, les couleurs mélodiques de partitions qui ressortissent au genre du tableau symphonique ou du divertissement. Comme cet Incredible Flutist, une ballet de 1938 de Walter Piston.
Leonard Slatkin s’est appliqué, depuis quelques années, à graver ce qui ressemble à une intégrale du compositeur de musique « légère », arrangeur hors pair, Leroy Anderson(lire Leroy et Jerry). Un répertoire qui ne supporte pas l’application justement, le sérieux, qui doit pétiller, épater. Comme l’incomparable Arthur Fiedler savait le faire avec ses Boston Pops.
Dans cette pièce de genre – Bugler’s Holiday – destinée à faire briller le pupitre de trompettes d’un orchestre, la comparaison est édifiante : Fiedler 1 – Slatkin 0.
La meilleure compilation des tubes de Leroy Anderson : Arthur Fiedler et les Boston Pops
Pas un discophile, pas un amateur de musique classique, ne peut ignorer ce label français, aujourd’hui sexagénaire, et qui, malgré de récents soubresauts, porte encore beau.
Harmonia Mundia été fondé en 1958 par le regretté Bernard Coutaz, l’un de ces aventuriers du disque qui, comme Philippe Loury et Michel Garcin qui fondèrent Eratoen 1950, permit à plusieurs générations d’artistes d’éclore, de développer des projets au long cours, et construit ainsi un catalogue d’une richesse exceptionnelle.
Pour célébrer ces 60 ans d’aventure ininterrompue, le label propose deux beaux coffrets – à petit prix – qui récapitulent très intelligemment, en évitant la compilation morcelée, ces six décennies du « Temps des révolutions » (la révolution baroque) et d »Esprit de famille » (la fidélité à tant d’artistes).
CD 1-2 A passion for the organ
Historic organs from Trujillo, Malaucène, Brescia & Trebel
CD 3 The discovery of the Old World
Ancient Greek music / Gauls / Roman chants
CD 4 From Renaissance to Baroque
Madrigals by Marenzio, Caccini, Bottrigari, Gesualdo, Monteverdi
CD 5-11 The Baroque revolution
PURCELL King Arthur / Songs : O Solitude, Music for a while…
SCHÜTZ Motets / Kleine geistliche Konzerte & Symphoniae Sacrae
J. S. BACH Magnificat BWV 243, Aria Erbarme dich (St. Matthew Passion)
PERGOLESI Stabat Mater / CESTI Orontea (extraits/excerpts)
LULLY Atys (extraits/excerpts) / Le Bourgeois gentilhomme
CHARPENTIER Te Deum H.146 / RAMEAU Les Indes galantes
DE LALANDE Symphonies pour les Soupers du Roy 12eSuite
CD 12-14 A fresh look at the score
MOZART Church Sonatas
BEETHOVEN Symphony “Eroica” transcribed by Franz Liszt
JOHANN SCHOBERT Piano Quartet op. VII n° 2
ERNEST CHAUSSON Concert op. 21
GABRIEL FAURÉ Requiem op. 48 (version 1893)
JOHANNES BRAHMS Motets Op. 29 & Op. 74
Mélodies sur des poèmes de Victor Hugo
CD 15 The twentieth century
SCHOENBERG Piano Pieces Opp. 11, 19, 23 & 25
LUCIANO BERIO Laborintus 2
CD 16 A window on the worldIranian music, Arabo-Andalusian music, Byzantine chant, Corsica, La Folia de la Spagna
CD 1 The heirs of Alfred Deller – VIVALDI Stabat Mater /CAVALLI / HANDEL
CD 2 The operatic odyssey of René Jacobs – Arias From CAVALIERI to MOZART
CD 3 The ladies of Basel – From MONTEVERDI TO VIVALDI
CD 4-5 The new keyboard virtuosos
Works by F. COUPERIN, J. S. BACH, SOLER, MOZART, BEETHOVEN, BRAHMS
CD 6-9 The Classical style revisited
HAYDN The Seasons / Concerto for cello and orchestra Hob.VIIb:1
MOZART Piano Concerto n° 12, K.414 / Clarinet concerto K.622
BEETHOVEN Missa Solemnis op. 123
CD 10 The French cello school – J. S. BACH, SCHUBERT, OFFENBACH, DUTILLEUX
CD 11 Die Neue Romantik – MENDELSSOHN Violin Concerto Op. 64 / Piano Concerto MWV 02 / Symphony No.4 « Italian »
CD 12 Towards ‘historically informed performance’ RAVEL Daphnis et Chloé (2nd & 3rd part) / Ma Mère l’Oye
CD 13 A trio of stars . . . and the star trio – Works by SCHUMANN and BRAHMS
CD 14 The masters of the lied – SCHUBERT, SCHUMANN, WOLF, EISLER
CD 15-16 The new explorers – ROSSINI, DONIZETTI, BELLINI, VIEUXTEMPS, CHOPIN, DEBUSSY, DE FALLA, GERSHWIN, REICH
CD 17 The new generation
Le Concert royal de la Nuit (Première veille)
English Airs and Tunes of Locke, Purcell, Draghi Le Caravansérail, Bertrand Cuiller
Rhinemaidens – Works by Wagner, Schumann, Schubert
CD 18 Masters of every style – From HAYDN to KURTÁG, J.S. BACH to BARTÓK, CHOPIN to SHOSTAKOVITCH, F. COUPERIN to SATIE
Comme promis, quelques mots encore sur le chef russe disparu hier, Guennadi Rojdestvenski.
Le chef a régulièrement dirigé à Paris. Avec l’Orchestre de Paris d’abord, avec l’Orchestre National et l’Orchestre Philharmonique de Radio France également. Mais la chronique retentit encore des sautes d’humeur d’un personnage fantasque, qui pouvait se fâcher sur une simple contrariété. Ainsi au printemps 2016, deux concerts annulés avec l’Orchestre de Paris, au prétexte d’abord de raisons de santé, en réalité parce que les billets de la Philharmonie ne mentionnaient pas son nom !
Ainsi aussi, dans les années 90, une série qui aurait dû être mémorable des symphonies et des concertos de Prokofiev, concoctée par Claude Samuel, alors directeur de la Musique de Radio France (et premier biographe français du compositeur !). Je me rappelle comme si c’était hier, le vent de panique qui avait soufflé dans les bureaux de la direction de la musique lorsqu’un responsable de l’Orchestre National de France avait annoncé qu’en pleine répétition générale au Théâtre des Champs-Elysées, Guennadi Rojdestvenski et son épouse de pianiste Viktoria Postnikova avaient prétexté une remarque d’un musicien pour quitter le plateau et rejoindre leur appartement parisien. Evidemment impossible de les joindre au téléphone. Et le tout était diffusé en direct sur France Musique !
Le problème du chef, sa singularité aussi – c’est un peu le cas aujourd’hui de Valery Gergiev ! – c’était son peu de goût pour les répétitions, ou plus exactement ce qui relevait de la mise en place technique. Avec des orchestres français, habitués à répéter beaucoup plus que leurs collègues anglo-saxons, c’était souvent sujet à conflits, alors que, on le sait de bonne source, les musiciens ne demandaient qu’à épouser les vues, souvent originales, du chef.
En 2009, c’est au contraire lui qui remplaçait son tout jeune confrère, Mikko Franck, qui avait annulé pour raisons de santé, à la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France (lire la critique… édifiante de l’époque : Remplaçant de luxe !)
Mais on pardonne tout à une personnalité aussi originale, unique même dans le paysage musical soviétique et russe. En rien comparable à ses contemporains Mravinsky, Kondrachine ou Svetlanov. Anti-conformiste, libre, très personnel dans son approche du grand répertoire, infiniment curieux de toutes les marges.
Autant dire qu’établir une discographie de Rojdestvenski relève de la mission impossible. Il a tellement enregistré, et de toutes sortes d’oeuvres, de répertoires, de compositeurs, qu’on ne peut que conseiller quelques indispensables. Voir : Gennady Rozhdestvensky : une discographie
Je n’ai pas fait figurer dans cette discothèque, deux disques vraiment anecdotiques, qui témoignent aussi du plaisir qu’avait G.R. à aborder la musique légère, comme celle du Strauss danois, Hans Christian Lumbye
C’est aussi par un 33 tours dirigé par G.R. que j’ai découvert les marches que Prokofiev avait commises pour des Spartakiades, ces grandes fêtes soviétiques de la jeunesse mondiale. Comme cet opus 99, aujourd’hui au répertoire de tous les orchestres d’harmonie du monde !
Ecrivant ces lignes, je pense très fort aux présentateurs/trices de France Musique (ou de Musiq3 ou de la Radio suisse romande) qui, depuis quelques heures et dans les jours qui viennent, sont confrontés au redoutable exercice d’énonciation (Comment prononcer les noms de musiciens ?) du prénom et du nom du grand chef russe qui vient de disparaître : Guennadi Rojdestvenski(ou en orthographe internationale Gennady Rozhdestvensky), né le 4 mai 1931, décédé ce samedi 16 juin 2018.
Les premiers commentaires sur les réseaux sociaux soulignent, à juste titre, que c’est le dernier représentant d’une génération de géants de la direction d’orchestre russe qui s’efface. Après Mravinski, Svetlanov, Kondrachine, Rojdestvenski était le lien encore vivant avec tout le XXème siècle russe, Glazounov, Prokofiev, Chostakovitch, Schnittke, Denisov.
Je n’ai pas le temps maintenant de décrire la singularité de l’art et de la personnalité de Rojdestvenski, j’y reviendrai demain à la lumière de la discographie considérable qu’il laisse et qui traduit bien l’incroyable versatilité de ses appétits et de ses curiosités. Le passionnant documentaire de Bruno Monsaingeon donne un subtil éclairage sur le chef disparu
Le dernier souvenir que j’ai de lui n’a rien de musical. C’était dans un grand magasin parisien – Rojdestvenski et sa femme, Viktoria Postnikova résidaient depuis plusieurs années à Paris -, Monsieur accompagnait Madame à une caisse évidemment embouteillée, personne ne les avait reconnus, et je dois dire qu’ils manifestaient plus de patience que moi…
Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est la première fois, dans l’histoire du musée montpelliérain, qu’une grande exposition est consacrée à Picasso, comme l’ont rappelé Michel Hilaire, le directeur du Musée Fabre, et Laurent Le Bon, le président haut en couleurs du Musée Picasso de Paris. Ce n’est évidemment pas dans la cohue d’un vernissage qu’on peut apprécier la qualité des oeuvres rassemblées et leur mise en espace. On y reviendra au calme…
C’est d’ailleurs à Liège que j’ai pu voir les esquisses de Picasso pour ces décors du Tricorne, dans la grande exposition parrainée par Anne Sinclair à l’automne 2016 pour l’inauguration de La Boverie.
Je ne surprendrai personne en disant que la version du créateur de l’oeuvre est depuis toujours une référence, et occupe une place à part dans ma discothèque. J’attends avec impatience ce que les Liégeois nous offriront dans un mois.
La collaboration de Picasso avec les Ballets russes ne s’est pas limitée au Tricorne, comme le rappelle une exposition au MUCEM de Marseille, qu’il faut se dépêcher d’aller voir (elle se termine le 24 juin).
En 1917, c’est le scandale Paradede Satie. Collaboration renouvelée en 1924 pour Mercure.
Un an après le Tricorne, toujours dans l’incroyable floraison créatrice des Ballets russes, Ansermet retrouve Picasso pour la création le 15 mai 1920, à l’Opéra de Paris, de Pulcinella de Stravinsky
Un an plus tard, au théâtre de la Gaité lyrique à Paris, l’Espagne natale du peintre et du compositeur du Tricorne revient en force avec Cuadro Flamenco, une suite de danses populaires andalouses arrangée par Manuel de Falla
Le sujet Picasso et la musique ne s’arrête évidemment pas à ces collaborations remarquées à l’époque trépidante des Ballets russes. Je ne sais combien de toiles la musique et les musiciens ont inspirées à Picasso…
(Picasso, Trois musiciens, 1921)
Le label Naïve avait réalisé, il y a une dizaine d’années, une intelligente compilation des musiques qui ont inspiré et nourri le peintre.
Je l’aimais bien parce que c’était une authentique musicienne, et parce que c’était l’accordéon, un instrument qui m’a toujours ému, dans quelque répertoire que ce soit.
J’ai un souvenir merveilleux du Casse Noisettede Maurice Béjartdonné au Châtelet à Paris en 2000, dans lequel Yvette Horner était la « Fée marraine »(elle apparaît à 41′)
Tchaikovski lui-même intégrait, dès 1883, quatre petits accordéons (des bayans) à sa Suite n°2 pour orchestre (à partir de 24′)
Et l’accordéon, onirique, poétique, on l’entendra encore, le 15 juillet prochain, au Festival Radio France,sous les doigts de Roland Romanelli, aux côtés d’Isabelle Georges, Frederik Steenbrink et de l’orchestre de Pau dirigé par Fayçal Karoui. (à 2’03 sur cette vidéo)
Il y a quatre ans, je m’amusais à proposer ici La dictée verte de Cendrillon, en réaction à une faute courante : la pantoufle de verre au lieu de vair (quoique le débat reste ouvert sur le choix du matériau opéré par Charles Perrault !).
Dans plusieurs articles récents, et des interventions d’amis sur Facebook, je vois une confusion fréquente entre fond et fonds. D’où l’idée de cette nouvelle dictée de mon cru, pour tester votre orthographe et celle de vos proches, dans la bonne humeur !
Dans le fond
« Me remémorant mes belles années à Liège, et les amitiés que je m’y suis faites, je me disais que les animateurs du Fonds Léon Frédéricq avaient bon fond – ils se reconnaîtront -, se dévouant à fond à la cause de la recherche médicale de fond, et à la recherche de fonds pour alimenter ce fonds ! Ceux-là, quand ils font quelque chose, ils le font à fond !
Encore aujourd’hui, je fonds littéralement à la vue de pareil chef-d’oeuvre. Un trésor de l’art mosan qui n’appartient pas au fonds d’art religieux aujourd’hui réuni au Grand Curtius.voisin. Qui n’a pas non plus bénéficié, pour sa rénovation, des fonds d’un fonds souverain, tant mieux peut-être !
Dans le fond, pour bien gérer nos fonds personnels ou secrets – le conseil vaut aussi pour le responsable des fonts baptismaux de Liège ! – il faut deux qualités : avoir bon fond, et disposer d’un fonds de roulement, ou d’un fond de caisse qui permette de voir venir…en dégustant un fond d’artichaut ! » (Jean-Pierre Rousseau)
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