La Cinquième de Merlin

Après un récent concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne (voir Bachtrack : Des Wiener Philharmoniker double crème), j’avais consacré un billet à la Cinquième symphonie de ChostakovitchUne Cinquième très politique -. Voici que le numéro de juin de Diapason propose une autre Cinquième, et pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agit de celle de Mahler, dans un copieux dossier – analyse de l’oeuvre et discographie comparée – signé Christian Merlin.

Le même Christian Merlin signe d’ailleurs l’autre imposant dossier de ce numéro, sur un sujet qu’il connaît par coeur pour lui avoir consacré le meilleur ouvrage qui existe en français : l’orchestre philharmonique de Vienne précisément !

J’ai aperçu avant-hier, juste avant un concert, l’ami Merlin et lui ai dit combien sa discographie comparée de la 5ème de Mahler me réjouissait. Parce qu’au terme d’un travail colossal, des centaines d’heures d’écoute, le résultat déjoue pas mal d’idées reçues sur les versions considérées comme « de référence' » et d’autres qu’il était de bon ton d’ignorer ou de laisser de côté.

On ne va pas dévoiler ici les éléments de ce savant dossier, mais comme mes propres choix rejoignent en grande partie ceux de Christian Merlin et de Diapason, il ne sera pas très difficile de s’y retrouver.

  1. Karajan

« Il a été méprisé par la critique dans la 5ème. Pourtant quelle autre version est aussi entêtante ? … Sa direction est une lame de fond, un kaléidoscope de sensations, de la mélancolie morbide à l’ivresse étourdissante en passant par l’élégance viennoise ». Christian Merlin évoque ici la célèbre version de studio de 1973.

Mais, ajoute Merlin, « si vous mettez la main sur le live de 1978 à Salzbourg… vous entendrez un chef qui prend tous les risques » (Le CD est disponible sur le site d’Yves St.Laurent)

Tout simplement phénoménal !

2. James Levine / Philadelphia Orchestra

Merlin trouve aussi que James Levine ici, comme en général dans le répertoire symphonique, n’a jamais été considéré à la hauteur d’un talent qu’il ne déployait pas qu’à l’opéra. J’ai le souvenir de la sortie en petit coffret économique des gravures mahlériennes de Levine à Philadelphie. De cette Cinquième « on sort K.O. debout » comme l’écrit Christian Merlin

Pour les autres versions que je cite, je n’établis pas d’ordre de préférence. Je les mentionne ici, parce que Christian Merlin ne les a pas retenues dans sa confrontation, et que, sans remettre en cause les références reconnues, elles ont, outre leur relative rareté, le mérite d’accroître encore notre curiosité.

Tenant d’une grande tradition germanique, élève lui-même (comme peu le furent) de Karajan, Günther Herbig qui officia longtemps en Allemagne de l’Est, puis au Kozerthaus de Berlin, confère un grand style à cette Cinquième.

Harold Farberman (1929-2018)

Quasi-inconnu sur le continent européen, le chef et compositeur américain Harold Farberman a gravé pour Vox plusieurs symphonies de Mahler, qui méritent qu’on s’y attarde.

Vaclav Neumann (1920-1995), le successeur de Karel Ancerl à la tête de l’orchestre philharmonique de tchèque, est cité par Merlin pour sa version de la Cinquième de Mahler gravée à Leipzig au mitan des années 60, l’une des plus rapides de la discographie. En revanche, Diapason n’évoque pas l’intégrale réalisée à la fin des années 70 à Prague.

A moins que j’aie mal lu et relu son article, Christian Merlin ne parle pas non plus de Giuseppe Sinopoli, dont les Mahler ne laissent personne indifférent.

Que le lecteur ne m’en fasse pas le reproche, je ne citerai pas ici toutes les versions de ma propre discothèque, ni évidemment celles que recense Diapason : Barbirolli, Bernstein, Abbado, Kondrachine, Tennstedt etc.

Inspirations

Rien ne m’irrite plus que l’usage de certains mots, certaines expressions, décalqués de l’anglo-américain, comme « inspirant ». D’un personnage décédé ou à qui on rend hommage, on dit qu’il a été « inspirant »… Il faudra que je trouve le temps de compléter mon Petit dictionnaire incorrect de mots actuels.

En revanche, ce week-end pascal m’a permis de puiser à plusieurs sources d’inspiration, spirituelle, intellectuelle, musicale.

Le Bec-Hellouin

Aussi étonnant que cela puisse paraître, lorsqu’il m’était arrivé dans le passé de me rendre sur les côtes normandes, par exemple au Festival de Pâques de Deauville, je ne m’étais jamais arrêté dans un. charmant village de l’Eure, persuadé que j’étais qu’il se trouvait… en Bretagne ! Pourtant quelque part dans les tréfonds de ma mémoire, l’Abbaye du Bec-Hellouin m’était familière.

Souvenirs peut-être d’une visite lointaine à Canterbury, siège, depuis le XVIème siècle, de l’église anglicane. Parce que le lien entre les deux cités, les deux abbayes, est historique, et se rappelle avec évidence au visiteur fâché avec l’histoire de France d’avant la Guerre de Cent ans. Plusieurs abbés du Bec (qui deviendra Bec-Hellouin en référence à son fondateur le bienheureux Herluin) – Lanfranc de Pavie et Anselme d’Aoste – seront aussi archevêques de Cantorbéry, comme on l’orthographiait jadis.

Des livres forts

J’ai acheté/téléchargé deux livres forts, tout sauf consensuels ou « médiatiquement corrects ».

Ce n’est pas la première fois que j’apprécie et soutiens le combat de Raphael Glucksmann, qui me semble bien seul à gauche à dire des vérités que les plus gueulards des prétendument « Insoumis » taisent soigneusement quand ils ne les nient pas purement et simplement.

Raphael Glucksmann : « C’est l’histoire de la guerre secrète menée contre nos démocraties. C’est l’histoire d’élites corrompues qui se sont vendues à des puissances étrangères hostiles à nos principes et à nos intérêts. C’est l’histoire de la grande confrontation avec la Russie de Vladimir Poutine que nos dirigeants n’ont pas voulu voir venir mais à laquelle nous ne pouvons plus échapper. Je n’invoquerai pas dans ces pages la morale ou les grands principes, mais la sécurité et la souveraineté. Je n’appellerai pas à l’idéalisme, mais au réalisme. Oui, au réalisme. 
La guerre qui ébranle l’Europe n’a pas commencé le 24 février 2022 et ne se limite pas aux frontières de l’Ukraine. Elle dure depuis des années et, dans sa forme hybride, touche le cœur même de nos cités. 
Cette guerre nous vise, nous n’avons pas le droit de la perdre. Il est temps de le comprendre et de l’assumer.
« 

A lire les tombereaux d’insultes qui pleuvent sur le journaliste François Krug, on se dit qu’il a peut-être touché juste, en remettant au jour le passé peu glorieux, voire hideux, de certaines gloires littéraires actuelles.

Présentation de l’éditeur : Ils sont trois visages et trois têtes de gondole de la littérature française : Michel Houellebecq, Sylvain Tesson, ou encore Yann Moix. Des parcours différents, mais un point commun, ignoré de leurs lecteurs.
Dans l’ombre, tous ont été, et sont restés, des « compagnons de route » de l’extrême droite. Cette enquête sur l’itinéraire de ces trois « stars », révèle comment s’est constitué une coterie littéraire très réactionnaire où se côtoient, depuis les années 1990, de petits et de grands écrivains, des éditeurs, des journalistes, des animateurs TV et des idéologues peu fréquentables. 
C’est l’histoire d’une génération qui, par goût de la provocation, mépris de son époque ou pure conviction, a franchi la ligne rouge – ou plutôt, brune.
Sait-on que Michel Houellebecq n’a jamais cessé de prendre sous son aile des royalistes de l’Action française puis des blogueurs stars de la « fachosphère » jusqu’aux dirigeants de Valeurs actuelles ? Sait-on que Sylvain Tesson, l’écrivain-voyageur, a fait ses débuts sur Radio Courtoisie, la station d’extrême droite ? Que son premier voyage, un tour du monde à vélo, se fit sous l’égide d’une association d’anciens de l’Algérie française et du FN ? Qu’il entretient des liens étroits avec la Nouvelle Droite ? Sait-on que les liens de Yann Moix avec des antisémites et même des négationnistes ont été plus étroits qu’il ne veut le dire ? Que ses douteux amis ont joué un rôle dans ses plus grands succès ? 
Une enquête implacable sur les dessous d’une histoire méconnue.

Une très bonne affaire

Il faut se précipiter sur jpc.de pour acquérir une édition limitée d’un coffret de 34 DVD, pour moins de 70 € (!) :

Tous ces DVD étaient déjà disponibles à prix fort, ou regroupés par chef d’orchestre, à l’exception de deux témoignages tout récents : le concert d’adieu de Zubin Mehta à l’Orchestre philharmonique d’Israel en 2019, et le documentaire réalisé sur Bernard Haitink après sa mort en 2019.

Revoir ces formidables figures, pour trois d’entre elles au crépuscule de leur vie – Barenboim, Ozawa, Mehta -, pour les trois autres toujours si vivantes dans notre mémoire, c’est éprouver une immense gratitude à leur égard sans nostalgie mais avec des bonheurs toujours renouvelés.

Prokofiev en boîte

Puisqu’il a été décidé que Serge Prokofiev, mort il y a 70 ans, méritait la une des deux magazines français de musique classique (lire Les deux Serge et Prokofiev etc.), réjouissons-nous de voir paraître un copieux coffret de 36 CD chez Warner.

Simple recyclage d’enregistrements déjà bien connus ? Pour partie oui, mais avec pas mal de redécouvertes. Et surtout un choix éditorial qui, dans un catalogue aussi vaste que celui des labels désormais regroupés sous la houlette de Warner (EMI, Erato, Teldec, etc.), prend des partis, retient telle version plutôt que telle autre.

Le piano

Ainsi, pour reprendre dans l’ordre de présentation des CD, dans les sonates pour piano, on retrouve partiellement la formidable intégrale de Vladimir Ovchinnikov, mais aussi l’énorme surprise qu’est la réédition de la 2ème sonate par le tout jeune Rafael Orozco.

Nikolai Luganski joue la 6ème sonate, et c’est, comme une forme d’hommage au pianiste franco-américain trop tôt disparu, à Nicholas Angelich que revient la 8ème sonate (comme son formidable cycle des Visions fugitives)

Les cinq concertos pour piano se partagent entre Andrei Gavrilov / Simon Rattle (1), le récent Beatrice Rana / Antonio Pappano (2), trois versions et non des moindres pour le 3ème, l’historique version du compositeur lui-même secondé par Piero Coppola et le LSO en 1932, Martha Argerich/Charles Dutoit et Alexis Weissenberg/Seiji Ozawa, Michel Béroff/Kurt Masur (4) et Richter/Maazel (5).

Le violon

C’est sans doute dans le chapitre « violon » et musique de chambre qu’il y a le moins de surprises : pour les deux sonates les inusables Repin et Berezovsky, pour les deux concertos les Oistrakh multi-réédités (j’aurais préféré les versions, pour moi insurpassées, de Nathan Milstein avec Giulini (1) et Frühbeck de Burgos (2)), mais aussi les moins connus Perlman avec l’apport de Rojdestvenski au podium.

Pierre et le Loup

Pour ce coffret, Warner avait l’embarras du choix dans les versions du conte musical Pierre et le Loup. Il y a pas moins de 6 versions, en français ,anglais, allemand, japonais, espagnol et néerlandais ! Avec d’illustres narrateurs : une version longtemps introuvable en allemand de Romy Schneider, à l’époque des Sissi, en espagnol avec Miguel Bosé, et en français c’est Claude Piéplu qui est annoncé sur la pochette… et c’est Peter Ustinov qu’on entend aux côtés d’Igor Markevitch et de l’Orchestre de Paris (1969). Le même Peter Ustinov, enregistré plusieurs années auparavant, est également présent dans la version anglaise avec Karajan et le Philharmonia (chef et orchestre qui manquent singulièrement de poésie !)

Les Ballets

C’est sans doute le point faible de ce coffret. En dehors des versions archi classiques d’André Previn de Roméo et Juliette et Cendrillon et du bien médiocre Fils prodigue de Lawrence Foster, rien dans les autres ballets et musiques de scène de Prokofiev à se mettre dans l’oreille ! En revanche une belle surprise avec les trois suites de Roméo et Juliette, dues à Armin Jordan et l’orchestre de la Suisse romande, passées sous les radars à leur sortie.

Rien de neuf non plus côté musiques de films ou assimilées : l’Alexandre Nevski d’André Previn manquant vraiment de « russité », l’impressionnant Ivan le Terrible de Riccardo Muti.

Les opéras

A l’instigation de Claude Samuel, les forces musicales de Radio France – Choeur et Orchestre National – avaient prêté leur concours à un très coûteux pour les finances d’Erato : le monumental Guerre et Paix sous la conduite passionnée de Mstislav Rostropovitch. L’Amour des trois oranges réunit la fine fleur du chant français sous la houlette nettement moins fervente de Kent Nagano.

Les symphonies

C’est toujours Rostropovitch et le National qu’on retrouve pour la plupart des symphonies (notamment pour les deux versions de 4ème), Previn conduisant les 1 et 7. On aurait pu imaginer un choix un peu plus vaste, notamment pour la 5ème symphonie…

Le livret du coffret est réduit au minimum, pas de détails sur les CD, les dates d’enregistrement etc… (tout cela c’est sur chaque pochette, écrit en minuscules minuscules !). Un bon texte de Loic Chahine en trois langues.

Précision : j’achète tous les disques et coffrets que je commente et présente dans mon blog. Je n’ai jamais demandé ni reçu ce qu’on appelle dans le jargon professionnel des « services de presse » (gratuits).

Des chefs étoilés

Je me dis, à l’occasion de la parution du Guide Michelin 2023, qu’il y a bien longtemps que je n’ai pas évoqué ici les bonnes tables que j’aime fréquenter. Promis c’est pour bientôt, surtout que les deux étoilés du Val d’Oise, où j’ai mes pénates, ont conservé leur macaron (pour ne pas les citer, le Chiquito à Méry-sur-Oise et L’Or Q’idée à Pontoise).

Je veux ici parler de deux très grands chefs… d’orchestre, qui sont depuis longtemps au firmament de nos amours musicales, à qui leurs éditeurs viennent de rendre un bel hommage discographique.

Abbado et la marque jaune

Comme naguère Deutsche Grammophon/Universal l’avait fait pour Karajan et Bernstein, le célèbre éditeur a réuni dans une grosse boîte très bien agencée la totalité du legs discographique pour Decca et DG de Claudio Abbado (1933-2014). Même s’il s’agit d’une édition limitée, le coffret n’est pas donné : plus de 700 € sauf sur Amazon.fr où il est accessible à 629 €.

L’éditeur a bien fait les choses: 257 CD et 8 DVD. Présentation par ordre alphabétique de compositeurs. Un beau livre richement illustré. Aucun inédit : tout ce qu’Abbado a enregistré depuis les premiers disques pour Decca au milan des années 60 jusqu’aux derniers avec son orchestre « Mozart » de Bologne ou le festival de Lucerne. Deux intégrales des symphonies de Beethoven (avec Vienne et Berlin, mais avec les Berliner seulement les captations faites en Italie, et non celles faites en studio à Berlin qu’Abbado avait finalement interdites), idem pour Brahms, pour Mahler quasiment trois intégrales partagées entre Berlin, Vienne et Chicago). La partie, pour moi, la plus intéressante, la plus émouvante aussi, est cette ultime série d’enregistrements réalisés à Bologne avec la formation fondée par le chef italien en 2004. Beaucoup m’avaient échappé, notamment ces Mozart si allègres, vif-argent. On ne peut s’empêcher d’être étreint par l’émotion lorsqu’on revoit les derniers concerts d’un homme dont le visage avait revêtu le masque de la mort qui allait finalement l’emporter au début de 2014.

Haitink et le Concertgebouw

Le lien entre l’orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam et le chef néerlandais Bernard Haitink (1929-2021) ne se réduit pas à la période, déjà considérable, pendant laquelle le second fut le directeur musical du premier, de 1964 à 1988. Les premiers enregistrements datent de 1959, les derniers des années 2010.

C’est ce que Decca a rassemblé dans un coffret luxueux – beaucoup moins cher qu’Abbado ! – Tous les détails ici : Bernard Haitink l’intégrale Concertgebouw

Comme je l’indique sur bestofclassic, le coffret regroupe tout ce que Bernard Haitink a enregistré avec la prestigieuse phalange amstellodamoise, et lorsqu’une intégrale comme les symphonies de Chostakovitch a été partagée entre Amsterdam et le London Philharmonic, l’éditeur a eu le bon goût de tout conserver !

Ce qui intéresse ici, c’est un grand nombre d’inédits en CD ou sur le marché international, comme des Dvorak, des Mendelssohn, c’est aussi, dans le cas de Bruckner et Mahler, l’ensemble des versions captées par le chef et l’orchestre, pas seulement celles retenues dans le cadre d’une intégrale. Et le cadeau des DVD – que j’avais déjà depuis longtemps achetés aux Pays-Bas- des concerts de Noël consacrés à Mahler.

Evoquant Bernard Haitink, je ne peux oublier les concerts qu’il a dirigés ces dix dernières années à la tête de l’Orchestre national de France. Je me rappelle en particulier celui du 23 février 2015, quelques semaines après l’inauguration de l’Auditorium de la Maison de la radio. J’étais bien sûr allé saluer le chef dans sa loge, qui était restée fermée un long moment, parce que, avec l’aide de son épouse, le vieil homme tenait à se changer et à se présenter « dans une tenue décente » (selon les mots de Madame !) à ceux qui venaient le féliciter. La modestie et la gentillesse de Bernard Haitink n’étaient pas feintes. C’est lui qui nous remerciait de l’avoir invité et écouté !

Nuit transfigurée

En cette veillée de Noël, plus que les habituels chants traditionnels, européens ou américains (lire White Christmas), j’ai eu envie de réécouter la Nuit transfigurée de Schoenberg. Le poème de Dehmel qui a inspiré ce chef-d’oeuvre au jeune Schoenberg n’est finalement pas si éloigné que cela de l’histoire de la Nativité, Marie et Joseph: « J’ai porté un enfant, mais pas de toi (Ich trag ein Kind, und nit von Dir), et un peu plus loin « Que cet enfant que tu accueilles Ne soit pas une charge pour ton âme » (Das Kind, das Du empfangen hast, sei Deiner Seele keine Last) »

J’ai découvert il y a peu de temps une version saluée unanimement par la presse musicale française et anglaise. Une absolue merveille.

Matthieu Herzog rejoint Karajan au premier rang de mes versions favorites de cette oeuvre. Ici Karajan, plus encore que dans enregistrement de studio de 1973, est phénoménal en public à Londres lors de sa dernière tournée avec les Berlinois.

Noël russe

Je l’ai déjà évoqué, mais j’ai une affection particulière pour la « Nuit de Noël« , un opéra bien méconnu de Rimski-Korsakov, que l’opéra de Francfort a eu la très bonne idée de monter l’an dernier.

Un peu plus courante au disque est la suite d’orchestre qu’en a tirée le compositeur lui-même, ici dans la version magique de Neeme Järvi.

En pensant très particulièrement à tous ceux qui ne vont pas fêter ce Noël dans la joie, les Ukrainiens agressés, envahis depuis 10 mois ces petits bijoux enregistrés par une modeste chorale suédoise il y a trente ans :

Vacances 2022 : Intrigue à la Villa Médicis

Rome, la Villa Médicis

Avant-dernier épisode de la série Vacances 2002, la Villa Médicis, où je n’ai pas mis les pieds cette année, mon séjour romain fut relativement bref – il m’en reste à raconter notamment sur les trésors du Vatican.

Ma première fois à Rome c’était en mars 1995 à l’occasion d’un week-end – qui a failli rater – de France Musique à la Villa Médicis. Week-end dont j’avais conservé un souvenir contrasté.

Le futur ministre ?

Je n’ai compris que bien plus tard le véritable enjeu de ce moment où France Musique n’était qu’un prétexte. Je suis tombé par hasard sur les mémoires de Jean-Pierre Angremy (de son nom de plume Pierre-Jean Rémy) où l’on comprend que le déplacement en grand appareil du PDG de Radio France Jean Maheu, du directeur de la musique Claude Samuel, du directeur de France Musique l’auteur de ces lignes, de quelques autres personnes forcément importantes, tous accompagnés de leurs conjoints, au prétexte d’assister à des concerts de pensionnaires de la Villa Médicis, dont l’écrivain à succès était alors le directeur transmis sur France Musique bien évidemment, ce déplacement donc avait pour objectif non avoué pour l’état major de la radio publique de se mettre au mieux avec celui qu’une rumeur insistante et récurrente présentait comme le probable, possible futur ministre de la Culture de Jacques Chirac bientôt élu président de la République. On était à un mois du premier tour de l’élection présidentielle de 1995, tandis que s’achevait la cohabitation Mitterrand-Balladur.

Extraits choisis de ce « Journal de Rome » :

« Noter l’arrivée de Jean Maheu et de sa femme, Isabelle. Nous nous embrassons, nous nous tutoyons. Il aurait souhaité lui-même venir à la Villa Médicis comme directeur. Un jour, brisant la glace, il m’a dit qu’il n’en était rien. Je n’en pense pas moins.
Ai-je dit que Stéphane Martin, qui fut longtemps son directeur adjoint de cabinet (1) et à qui je dois ma place ici, s’est fait l’écho, comme beaucoup d’autres, du bruit qui a couru selon lequel j’intriguerais, toujours dur et ferme, pour me retrouver à la Culture ? Claude Samuel me parlera également de l’affaire. Sophie Barrouyer de France Musique (2), aussi, comme Sophie Barruel (3), petite énarque au jeune mari aussi, comme également Jean-Pierre Rousseau.
Rumeur ou calomnie ? Je n’ai pas que des amis, c’est le moins que je puisse dire !
« 

(1) Stéphane Martin, qui a été un temps le bras droit de Claude Samuel à Radio France, est à l’époque directeur adjoint du cabinet de Jacques Toubon, ministre de la Culture. Il sera, de 1998 à 2020, le président du musée du Quai Branly

(2) J’ai l’impression que Pierre-Jean Rémy s’emmêle dans ses souvenirs, en évoquant la présence de Sophie Barrouyer…à qui j’avais succédé deux ans plus tôt (lire L’aventure France Musique)

(3) Erreur de PJR, il s’agissait de Sophie Barluet, prématurément emportée par une cruelle maladie en 2007, son « jeune mari » étant Alain Barluet, actuel correspondant du Figaro à Moscou. J’avais beaucoup apprécié Sophie Barluet comme directrice de cabinet de Jean Maheu et comme complice toujours bienveillante.

Liaison fatale ?

Suite du journal de Pierre-Jean Remy :

« SAMEDI 25 MARS. Toute la journée en direct, donc, de France Musique. En réalité, depuis vingt-quatre heures, les trois techniciens de France Musique se battent avec les Télécoms italiens, car on n’arrive pas
à obtenir les canaux pour transmettre vers la France via… eh bien via Rome, tout simplement ! En 1995. il est tout de même paradoxal de voir qu’il n’y ait pas moyen de lier la Villa Médicis, au-dessus de Rome, au
centre de la RAI, à Rome même. Les autres liaisons sont possibles, mais pas celle-là. Il est vrai que l’on ne travaille plus par liaison hertzienne, mais par liaison numérique câblée. Ceci expliquerait cela. Pendant vingt-quatre heures, on s’arrache progressivement les cheveux. Le 24 au soir, on est persuadé que rien ne pourra se résoudre. Samedi 25 au matin, rien ne fonctionne encore alors que la première émission en direct est prévue à 11 heures À 11 heures moins dix : miracle ! apothéose! Les canaux sont rétablis »

Pierre Jean Remy on the set of TV show « Vol de Nuit ». (Photo by Eric Fougere/VIP Images/Corbis via Getty Images)

Ce n’est faire injure à la mémoire de personne que de relater que cette situation a donné lieu à des énervements et des comportements proches du ridicule. Je savais, comme responsable de l’antenne, que les techniciens de Radio France faisaient tout leur possible pour trouver une solution (au pire on pouvait enregistrer les émissions et concerts prévus et les diffuser ultérieurement de Paris). Mais il fallait bien que le PDG de Radio France justifiât sa présence à Rome et manifestât son autorité. Il se mit en tête après avoir copieusement engueulé ses proches, dont moi évidemment, d’interpeller les plus hautes autorités du pays, en commençant tout de même par l’ambassadeur de France à Rome, son homologue de la RAI (je doute qu’il l’ait joint), voire le ministre italien des télécommunications, pour leur faire valoir l’imbroglio diplomatique qui résulterait de l’impossibilité pour France Musique de diffuser en direct de Rome… Pierre-Jean Rémy considérait tout cela avec un certain amusement, habitué qu’il était aux moeurs italiennes (il avait été en poste à Florence), surtout un week-end.

Finalement le direct

« C’est donc la première émission, le concert des Nouveaux interprètes, que je présente depuis le
grand salon. Un froid polaire me caresse les côtes. Le concert,c’est le trio Schumann, trois jeunes gens de Turin. Tout à fait honorable. On joue, entre autres, du Kreisler et un trio de Brahms. Entre les morceaux, je parle de la Villa, je décris le paysage : beaucoup d’amis de France m’entendront, qui me le diront.
Déjeuner, sieste rapide, puis, toujours en direct de la Villa, l’émission Les Imaginaires de
Jean-Michel Damian. Damian erre comme un malheureux heureux, souriant, barbu et ventripotent, mais pas plus
« .

S’ensuit un long développement sur les invités de Jean-Michel Damian, dont l’essentiel de l’émission est consacré à Ingres, le grand peintre originaire de Montauban, très lié à Rome et en particulier à l’Académie de France à Rome dont il est le directeur de 1835 à 1840. Damian laisse les spécialistes disserter en roue libre, le concert qui devait conclure l’émission sera réduit à portion congrue.

L’auteur à succès, Callas, Karajan

On a oublié aujourd’hui la place qui était celle de Pierre-Jean Rémy dans la vie intellectuelle, culturelle et mondaine française. Auteur à succès, il était de tous les cercles influents, recherchant les honneurs, mais sans être dupe de la comédie humaine, à laquelle il participait avec une manière de distance et d’auto-dérision. Dans ce Journal de Rome, il évoque, parlant de lui, une « culture superficielle, un vernis qui se craquèle comme les murs peints par Balthus dans la Villa Médicis », et on va le voir plus loin à propos de ses livres. Brillant, chaleureux, réservant ses flèches à ceux qui ne pourraient plus lui nuire, il veillait à entretenir ses réseaux. Après la Villa Médicis, j’ai eu quelques occasions de revoir PJR devenu en 1995 non pas ministre de la Culture, mais président de la Bibliothèque Nationale de France.

Suite de la journée France Musique à la Villa Médicis relatée par Pierre-Jean Rémy :

« La fin de la soirée sera encore plus chaotique dans la mesure où je donne simultanément un dîner pour vingt-cinq personnes et où je présente une soirée de France Musique de trois heures consacrée à Maria Callas. Pour me remettre dans le bain de Callas, j’ai été amené à relire mon livre : Dieu, qu’il était bon !

Et combien j’ai tout oublié… Je m’émerveille encore d’avoir été capable d’écrire ce livre, finalement si foisonnant et assez bien écrit, malgré des tics qui m’apparaissent à présent insupportables, des attendrissements ridicules ou des exclamations superfétatoires/…/ Donc, émission sur Maria Callas au cours de laquelle je présente d’une part la grande Tosca de Serafin, puis une série de cinq ou six enregistrements, dont La Gioconda, l’Elvire des Puritains, la mort d’Isolde, Traviata et Norma. Quelques discours attendris, quelques références subtilement piquées dans mes propres œuvres.« 

Et, dans le même temps, j’essaie de faire de timides apparitions à l’une des trois tables où je suis censé être assis. Présence de Massimo Bogianckino, terriblement fatigué. Présence du vieux compositeur Petrassi, quatre-vingt-onze ans à présent, l’une des dernières grandes figures vivantes de la musique européenne. Il est sourd et heureux d’être à la Villa Médicis. Sa femme, grande cavale de trente ou quarante ans de moins que lui, se dit heureuse aussi. Elle promet de nous inviter chez elle, de nous faire une pasta. La soirée se terminera tard. dans l’allégresse, on boira beaucoup.. »

Précisions : Bogianckino (1922-2019) a été, à l’instigation de Jack Lang, le directeur de l’opéra de Paris de 1983 à 1985, avant d’être maire socialiste de Florence. Quant au vieux Goffredo Petrassi (1904-2003), il ne m’avait pas semblé si sourd que cela….

En matière de musique, Pierre-Jean Rémy savait surfer sur les sujets grand public Après Callas, il a été le premier à publier une biographie en français du chef autrichien, Herbert von Karajan (1908-1989). Comme pour Callas, la critique aura beau jeu de repérer les inexactitudes, les approximations, le côté compilation brouillonne d’un ouvrage qui sort souvent de son sujet, pour déborder sur les goûts personnels de l’auteur en matière symphonique ou lyrique.

Je vais sans doute le feuilleter à nouveau…

Vacances 2022 : Rome, Tosca etc.

Puccini encore, et d’autres

Puccini (Puccini à Torre del Lago, La maison natale à Lucques) me poursuit, à moins que ce ne soit l’inverse. À Rome cette fois. Voir plus loin.

En me baladant dans la Ville éternelle, après la visite des musées du Vatican (ce sera pour une chronique ultérieure), sans but précis, je suis tombé sur des plaques rappelant certaines présences comme… Riccardo (!) Wagner !

Les lieux de Tosca

On renvoie à l’excellente fiche Wikipedia de l’opéra Tosca de Puccini, créé en 1900 au Teatro Costanza. Le premier acte se déroule à l’église Sant’ Andrea della Valle

On a trouvé sur YouTube cette étonnante représentation filmée en 2000 à l’Opéra de Rome (pour le centenaire de la création de Tosca). Il y a les deux ténors les plus célèbres du moment : Luciano Pavarotti en Cavaradossi… et Placido Domingo à la baguette !

Le deuxième acte se situe au Palais Farnese, siège de l’Ambassade de France à Rome depuis 1874, mais fermé à toute visite, à l’exception, semble-t-il, des journées du patrimoine.

Quant au troisième acte, il se déroule au Château Saint-Ange.

Il y a évidemment quantité de très belles versions de Tosca en CD comme en DVD.

J’en ai toujours deux auxquelles j’aime revenir : pour les sortilèges de l’orchestre puccinien, Karajan à Vienne en 1963 et, même si les « callasiens » préfèrent des versions antérieures, celle de Maria Callas, captée la même année à Paris avec Georges Prêtre

Vacances 2022 : Napoléon et l’île d’Elbe

Quatre jours en bord de mer à Punta Ala, et juste en face de nous l’île d’Elbe. Une visite s’imposait.

La fascination Napoléon

J’ai, à l’égard de Napoléon, ou j’ai eu jusqu’à présent, une attitude que les spécialistes de l’âme humaine pourraient qualifier de fascination/répulsion. J’ai peu lu sur lui – c’est une erreur que je répare peu à peu – je ne lui voue pas un culte comme pas mal de mes amis, et pourtant le personnage, ce qu’il a été, ce qu’il a laissé, ne laisse pas de m’intriguer.

L’île d’Elbe au moins je savais que c’était le premier exil de l’empereur (lire l’excellente notice de la Fondation Napoléon) du 4 mai 1814 au 26 février 1815. Il y avait au moins deux lieux liés à la présence de Napoléon sur l’île à visiter, mais j’avais oublié que les musées italiens évitent de travailler lorsque l’affluence touristique est la plus forte. Tout est fermé le week-end à partir du samedi 13h ! Je n’ai donc pu visiter que l’une des résidences napoléoniennes, à San Martino, dans la montagne à quelques kilomètres du chef-lieu de l’île Portoferraio : la Villa Napoleonica.

Impossible de visiter l’autre résidence de Napoléon sur les hauteurs de Portoferraio, sur la Piazza dei Mulini. Mais on aura pû gouter l’excellente eau minérale de la source Napoléon !

Napoléon et la musique

Contrairement à mes précédents billets, aucun rapport ici avec la musique – y a-t-il même un compositeur né sur l’île ? -. Pour ce qui est de Napoléon et la musique, je renvoie à l’article que j’avais publié lors du bicentenaire de la mort de l’empereur.

Dans cet article, j’ai oublié les deux oeuvres les plus spectaculaires et bruyantes écrites respectivement par Beethoven – la Victoire de Wellington – et Tchaikovski – l’Ouverture 1812 – inspirées à leurs auteurs par de cuisantes défaites napoléoniennes…

On sait pourtant l’admiration que portait Beethoven au général Bonaparte, au point d’avoir songé lui dédier sa Troisième symphonie, pour finalement rayer rageusement sa dédicace lorsque Bonaparte devint Napoléon 1er. La Victoire de Wellington, qui n’est franchement pas un chef-d’oeuvre, célèbre la victoire du duc de Wellington sur les troupes napoléoniennes le 21 juin 1813 à Vitoria-Gasteiz en Espagne.

Quant à l’ouverture solennelle 1812 (« L’ouverture sera très explosive et tapageuse. Je l’ai écrite sans beaucoup d’amour, de sorte qu’elle n’aura probablement pas grande valeur artistique. » dixit Tchaikovski lui-même !), écrite en 1880, pour « célébrer » le désastre de la campagne de Russie en 1812, avec la fameuse citation de la Marseillaise !

Vacances 2022 : Lucca, la maison natale de Puccini

On avait été ému de visiter la maison que le compositeur de La Bohème s’était fait construire à Torre del Lago et où il vécut plus d’une vingtaine d’années entre 1899 et 1921 (lire Puccini à Torre del Lago)

On l’a été plus encore dans sa maison natale à Lucques au deuxième étage du 9 Corte San Lorenzo

Pas tant pour l’atmosphère des lieux qui ne comptent plus guère de mobilier ou d’objets d’origine que pour l’abondance et la richesse des documents qui y sont exposés. Puccini est partout intensément présent : photos, lettres et cartes postales, partitions.

Documents ordonnés selon une muséographie intelligente et intelligible tant pour le novice que pour le spécialiste de l’œuvre de Puccini.

La chambre des parents Puccini où naquit et fut baptisé le petit Giacomo
La tenue de scène de Maria Jeritza, l’une des premières interprètes de Turandot.

Puccini meurt à Bruxelles le 29 novembre 1924, des suites d’une opération d’un cancer de la gorge. Après des obsèques à l’église royale Sainte-Marie de Schaerbeek, son corps est transporté à Milan où, le 3 décembre 1924, ses funérailles sont célébrées dans la cathédrale par l’archevêque Eugenio Tosi. À l’issue de celles-ci, sa dépouille est inhumée provisoirement au cimetière monumental de Milan, dans le caveau de famille d’Arturo Toscanini. Deux ans plus tard, le 29 novembre 1926, il est inhumé définitivement dans sa maison de Torre del Lago selon la volonté de son fils Antonio

Les inattendus (XI) : Gardiner et la Veuve viennoise

Au début du mois John Eliot Gardiner dirigeait un magnifique programme Berlioz / Elgar (lire Antoine et John Eliot en Italie). Rien que du très attendu de la part du chef britannique, dont on sait de longue dates les affinités avec Berlioz et dont on pense comme une évidence qu’il s’intéresse aux compositeurs anglais.

Mais, comme en témoigne, entre autres, le gros coffret publié par Deutsche Grammophon il y a quelques mois (Le jardinier de la musique), John Eliot Gardiner a souvent emprunté des chemins de traverse, qui n’ont pas manqué de surprendre…

Je me rappelle, en particulier, une soirée dans ce qui est, dans l’imaginaire collectif, la plus célèbre adresse parisienne, chez Maxim’s, rue Royale.

C’était fin 1994, Deutsche Grammophon avait fait les choses en grand pour célébrer la parution d’un coffret luxueux – La Veuve joyeuse de Lehar – avec une distribution qui ne l’était pas moins : John Eliot Gardiner dirigeant l’orchestre philharmonique de Vienne, Cheryl Studer, Bryn Terfel, Bo Skovhus, Rainer Trost, Barbara Bonney, le gratin de l’époque ! Et, comme une partie de l’opérette se déroule explicitement chez Maxim’s, le label avait invité presse et personnalités parisiennes à un souper fin rue Royale.

Comme le chante le prince Danilo, comme le chanta ce soir-là Bo Skovkus, « da geh ici zu Maxim, dort bin ici sehr intim »

Le baryton danois et la soprano américaine nous offrirent quelques extraits « live » de cet enregistrement.

Cette version a ses adeptes. On ne peut pas reprocher à Gardiner de se vautrer dans la crème fouettée. Mais on peut préférer des visions plus Mitteleuropa, avec des « veuves » plus idiomatiques que la voix passe-partout de Miss Studer. Même la trop sophistiquée Elisabeth Schwarzkopf se fait plus voluptueuse, sous la baguette – inégalée dans ce répertoire – d’Otto Ackermann en 1953, et même dix ans plus tard sous la houlette plus extérieure de Lovro von Matacic. Je me demande finalement si je n’ai pas une vraie préférence pour la sensuelle et subtile Elizabeth Harwood, trop tôt disparue à 52 ans, qui fait une formidable Hanna Glawari dans la version presque puccinienne de Karajan en 1972.

Quant à John Eliot Gardiner il a, outre cette Veuve joyeuse, gravé quelques disques avec les Wiener Philharmoniker, avant l’interruption de leur collaboration.