Châteaux normands

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Retour sur une récente escapade normande, et deux étapes littéraires et historiques. À Vascoeil d’abord (ci-dessus) la belle demeure d’un personnage que plus personne ne lit aujourd’hui : Jules Michelet  (http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Michelet). Auteur pourtant d’une monumentale Histoire de France, très lié aux philosophes des Lumières.

Puis à Miromesnil, où est né Guy de Maupassant  (https://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_de_Maupassant).

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Pour ceux que cela intéresse, le château propose des chambres d’hôtes (http://www.chateaumiromesnil.com)

 

 

Sur les falaises de craie

Très mauvaise idée que de vouloir entrer dans Étretat un dimanche de Pentecôte. Un peu surpris même que la municipalité laisse le flot de voitures pénétrer jusqu’au coeur de la cité, alors que d’évidence il n’y a aucune possibilité de parcage. On contourne la difficulté en empruntant la route côtière et un discret chemin vicinal avant une longue et vivifiante balade à pied sur le haut des falaises de craie.

ImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageFoulant cette lande, on se prendrait presque pour un personnage de Maurice Leblanc… ou d’Agatha Christie… On comprend pourquoi Maupassant, Flaubert, Gide ont fréquenté et aimé les lieux, pourquoi Monet, Courbet, Boudin et bien d’autres y ont trouvé inspiration à satiété.ImageImageImageEt puis pour toute une génération – la mienne – Étretat et son aiguille creuse, c’est Arsène Lupin et celui qui l’incarnait, Georges Descrières, dans cette série très seventies qui a fait les beaux soirs de la télévision française (et le succès d’une chanson de Jacques Dutronc) :

Port de mer

Décompression bienvenue et nécessaire après une intense première semaine à Radio-France, belles rencontres, parfois inattendues au détour des couloirs ou dans les ascenseurs. Une période passionnante. Et déjà deux beaux concerts, la Maîtrise mardi, le Choeur et l’Orchestre National jeudi à Saint-Denis.

On a donc improvisé une escapade en Normandie, pas celle du Débarquement, plus au nord vers Dieppe. Il y a bien vingt ans qu’on n’était pas passé par ici. Quelques images de DIeppe et de Fécamp… ce « port de mer, qui entend le rester et le restera« , pour reprendre l’une de ces formules creuses (juillet 1960) dont le général de Gaulle avait parfois le secret.ImageImageImageImage

ImageCi-dessus Dieppe , ci-dessous Fécamp et notamment son étonnant Palais Bénédictine, la fameuse liqueur créée par un enfant du pays Alexandre Le Grand -sic- ImageImageImageImageImageImageImage

 

Heureux

François Hudry a bien fait de le rappeler : http://www.qobuz.com/info/Editoriaux/Francois-Hudry-Cum-grano-salis/N-oublions-pas-Gluck175553.

2014 est une aubaine pour les marchands d’anniversaires, dans le désordre Rameau, Richard Strauss, Carl Philip Emanuel Bach… et Gluck – liste non exhaustive. On ne parle même pas des commémorations historiques, les 70 ans du Débarquement aujourd’hui, dans quelques semaines le centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Dans la masse des publications et rééditions que suscitent ces anniversaires, une mention spéciale à Decca qui propose une des plus intéressantes et intelligentes compilations des grands ouvrages lyriques de Christoph Willibald von Gluck :

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Contenu de cette précieuse boîte :

1. Orfeo ed Euridice, version viennoise en italien (1762) / McNair, Ragin, Sieden, Gardiner

2. Orphée et Eurydice, version parisienne en français (1774) / Croft, Delunsch, Harousseau, Minkowski

3. Alceste, version parisienne (1776) / Groves, Otter, Henschel, Beuron, Tézier, Testé, Gardiner

4. Paride ed Elena / Kozena, Gritton, Sampson, Webster, McCreesh

5. Armide / Delunsch, Naouri, Le Texier, Workman, Beuron, Kozena, Minkowski

6. Iphigénie en Aulide / Otter, Van Dam, Dawson, Aler, Cachemaille, Laurence, opéra Lyon Gardiner

7. Iphigénie en Tauride / Montague, Allen, Aler, Alliot-Lugaz, Argenta, Borst, opéra Lyon Gardiner

 

Retour et départ

C’est un retour, et c’est un nouveau départ.

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Retour dans une maison quittée il y a quinze ans, mais dans une fonction nouvelle. Et à dire vrai un sentiment étrange. D’abord les formalités. A l’entrée B de la Maison Ronde, les huissiers filtrent les auditeurs qui attendent d’accéder aux studios d’émissions, je serais passé inaperçu sans doute si je ne m’étais pas spontanément présenté à l’un d’eux. Mon nom n’est sur aucun registre, inconnu au bataillon, normal c’est mon premier jour.. On me laisse néanmoins accéder à l’étage de la Direction de la Musique, on m’explique qu’il faut me faire des badges, m’enregistrer dans le système. Retour au rez-de-chaussée dans les locaux de la Sécurité (qui n’ont pas changé depuis 15 ans !), certains agents semblent me reconnaître, mais on m’explique qu’il faut remplir un formulaire, l’envoyer à tel service, récupérer une photo, etc.. Autre question piège, l’usage du parking de la Maison ronde, c’est un autre service. Je passe le reste, la connexion au réseau, le téléphone, bref les outils de base…l’impression d’un retour en arrière !

Dans l’ascenseur, dans les couloirs, visages connus, qui m’abordent avec beaucoup de sympathie, d’autres moins connus que je soupçonne de s’être opportunément placés sur mon parcours, en demande d’un rendez-vous… le plus tôt possible évidemment.

Garder la tête froide, rester concentré sur les objectifs qu’on s’est fixés, dès ce premier jour avec les cadres de la Direction de la Musique écouter, rencontrer, tracer les perspectives. Répondre aux urgences bien sûr, mais pas dans la précipitation.

L’agenda se remplit à très grande vitesse, mais je ne veux pas en être prisonnier. Garder intactes ses réserves d’énergie et d’enthousiasme.

Même programme intense toute cette semaine, mais d’abord la musique, ce soir déjà au Festival de Saint-Denis, un concert très original de la Maîtrise de Radio-France et de sa cheffe Sofi Jeannin.

Et puis garder un oeil attentif – et affectueux – sur Liège, qui vient de lancer l’appel à candidature pour pourvoir à mon remplacement (avis aux amateurs !).

 

De l’utilité des concours

Le Concours international de musique Reine Elisabeth vient de s’achever à Bruxelles, cette année il était dévolu au chant. L’année dernière c’était le piano, l’année prochaine ce sera le violon (http://www.cmireb.be/cgi?lg=fr&pag=1692&tab=87&rec=70&frm=0&par=secorig1677).

À Paris, on a un peu de mal à saisir l’engouement que suscite ce concours en Belgique – la radio, la télévision suivent quasiment toutes les épreuves, les concerts des lauréats déplacent les foules, et les passions se déchaînent (lire par exemple : http://camillederijck.over-blog.com/2014/06/cmireb2014-les-regrets-et-les-joies.html )

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Depuis que je suis dans le métier, je n’ai cessé de m’interroger sur l’utilité, voire la pertinence de ce genre de compétitions. Je ne sais plus quel grand pianiste (Claudio Arrau ?) aurait déclaré que les concours c’était bon pour les chevaux… pas pour les musiciens !

J’ai moi-même siégé plusieurs fois (et avec beaucoup de bonheur) dans des jurys de grands concours (Genève, Besançon par exemple). Mais là n’est pas la question…

Les concours sont-ils utiles pour les musiciens, pour le public, pour la musique ?

Trois questions, trois réponses qui ne concordent pas nécessairement.

1. Le grand concours de réputation internationale est-il nécessaire pour un jeune artiste qui veut se lancer dans la carrière ? Réponse à la normande : oui et non. Je suis sûr qu’on arriverait à dresser des listes d’importance équivalente d’une part des grands musiciens qui n’ont jamais eu besoin de concours pour réussir, d’autre part d’autres grands musiciens qu’un (ou des) concours ont mis sur l’orbite d’une grande carrière.

Je ne sache pas que Richter, Arrau, Rubinstein ou Horowitz aient dû leur réputation et leur carrière à un concours. En revanche, l’incroyable succès d’une adolescente argentine à Genève puis à Varsovie (Martha Argerich) a agi comme une révélation pour toute l’Europe mélomane.

Le concours est aussi, malheureusement, un miroir aux alouettes pour des dizaines, voire des centaines, de jeunes talents qui ne survivent pas à l’épreuve et à la notoriété éphémère qui en résulte.

2. Le concours est-il utile pour le public ? Sans doute, la mention d’un prix, d’une distinction, d’un concours prestigieux dans la « bio » d’un artiste, a-t-elle une petite influence sur le public. En tous cas, en Belgique, l’estampille « Lauréat du Concours Reine Elisabeth » pèse d’un poids non négligeable dans la notoriété d’un musicien, et durablement (des pianistes comme Frank Braley ou notre regrettée Brigitte Engerer peuvent en attester).

Un concours (comme le Reine Elisabeth qui fait salles et audience combles chaque mois de mai) a-t-il des effets positifs sur la vie musicale, la fréquentation des salles de concert ou d’opéra ? J’ai beaucoup plus de doutes.