France Musique était hier soir en direct du Victoria Hall de Genève. Clément Rochefort nous faisait vivre « comme si on y était » l’un des concerts programmés pour le centenaire de l’Orchestre de la Suisse romande. La chaîne française est à l’unisson de cet anniversaire avec chaque après-midi l’excellente série Arabesques (de F.X. Szymczak).
Le programme de ce 27 novembre était, à dessein, emblématique d’une tradition (celle de l’orchestre, fondé par Ernest Ansermet) et d’une ambition (celle du nouveau chef Jonathan Nott) : 3ème symphonie d’Honegger, une création suisse d’un compositeur britannique qui a la cote, James MacMillan, Gershwin et Bernstein pour le côté festif.
On sait mon attachement à cette phalange centenaire. C’est avec et pour l’OSR que j’ai commencé, en 1986, mon parcours professionnel dans le domaine de la musique et des médias, comme je le racontais ici (Etat de grâce) : « J’ai souvent évoqué ici , et dans de précédentes éditions de ce blog, l’attachement presque filial qui me liait au chef suisse (Armin Jordan). Il était le patron de l’Orchestre de la Suisse Romande, lorsque, il y a exactement trente ans aujourd’hui, j’ai intégré la Radio suisse romande comme « producteur responsable de la musique symphonique » (ça ne s’invente pas un titre pareil), empruntant un nouveau chemin professionnel – la radio, la musique – que je n’ai jamais regretté d’avoir choisi ! J’ai coutume de dire qu’Armin m’a tout appris d’un métier où l’expérience, la sensibilité, le sens des rapports humains, la perception des forces et des fragilités des artistes ne sont inscrits dans aucune règle »
J’ai tant de souvenirs de cette période (1986-1993) au cours de laquelle j’ai côtoyé les musiciens, les responsables de l’Orchestre, bâtissant tant de projets et de programmes. Il faudra que j’en raconte certains, si je ne l’ai pas déjà fait (comme une longue tournée en 1987 au Japon et en Californie avec Gidon Kremer et Martha Argerich).
Ce sera ma modeste contribution à ce centenaire, qui n’a pas tout à fait l’envergure qu’on eût souhaitée. Le programme de ce « Premier siècle » tel qu’annoncé sur le site de l’orchestre : Le premier siècle de l’OSR me paraît bien mince, et pour tout dire, pas à la hauteur de l’événement. Je ne peux pas incriminer l’équipe qui a pris les commandes de l’OSR il y a quelques mois, après des années de présidence erratique, mais qu’il est dommage de ne pas avoir exploré et exploité les trésors qui dorment dans les archives de la Radio suisse romande, pour proposer une édition discographique d’ampleur qui restitue les grands concerts de l’OSR sous de prestigieuses baguettes !
Heureusement que des passionnés comme François Hudry ont pu faire profiter les auditeurs de la Radio suisse (Un alerte centenaire) de France Musique de leur connaissance intime d’une phalange qui reste associée, dans l’esprit public, à son charismatique fondateur Ernest Ansermet (lire Ernest Ansermet mon idole).
Heureusement que Decca, qui avait déjà copieusement réédité la majeure partie des enregistrements réalisés par le label britannique au Victoria Hall (lire La modernité d’Ernest Ansermet, Un chef suisse sans frontières, Ansermet et les Russes) a prévu, au printemps 2019, une monumentale édition Ansermet (160 CD!) préparée par François Hudry.
Mais cela ne concernera jamais que la moitié de l’histoire de l’OSR, et seulement son fondateur. Quid du legs discographique considérable des chefs invités (Weller, Lopez Cobos, Dutoit…) et des successeurs d’Ansermet (Kletzki, Sawallisch, Stein, Jordan, Luisi, Steinberg, Janowski, Järvi) ? Warner a fait une partie du chemin concernant Armin Jordan :
Les premiers concerts de Jonathan Nott (qui a pris ses fonctions il y a un an) avec l’OSR laissent augurer un renouveau artistique bienvenu.
Le programme du premier disque du tandem OSR/Nott ne laisse pas de surprendre. Je n’ai pas bien compris le lien entre la suite du ballet Crème fouettée (Schlagobers) de Richard Strauss, Jeux de Debussy et les Melodien de Ligeti. Cela a au moins le mérite de l’originalité…
Très et nécessaire hommage !