On apprenait ce soir le décès de Mirella Freni à 85 ans dans sa ville natale de Modène. Douze ans après son frère de lait, Luciano Pavarotti.
Je n’ai eu qu’une seule fois la chance de voir Mirella Freni sur scène, c’était à l’Opéra Bastille en 1994 – elle avait presque 60 ans ! – dans Adrienne Lecouvreur, l’opéra de Cilea.
Elle paraissait, elle qu’on ne connaissait que par le disque – et quels disques ! – ou quelques DVD – et on n’avait soudain plus d’yeux et d’oreilles que pour elle. Sans qu’il y eût dans son apprêt et son allure la moindre arrogance, la moindre démonstration d’un statut de diva qu’elle ne revendiqua jamais. On l’applaudit à tout rompre, comme pour la remercier d’avoir été ce soir-là sur la scène de Bastille plus belle, plus grande, plus exceptionnelle que dans tous ses disques qu’on connaissait par coeur.
Mirella Freni – ce n’est pas très original ! – c’est pour toujours la voix, l’incarnation du personnage de Mimi de La Bohème dans les deux versions qu’elle a enregistrées et que j’ai découvertes presque au même moment.
Captée en 1964 à Rome, sous la baguette si tendre du trop tôt disparu Thomas Schippers, la première Mimi de Freni est si juste, si vraie, plus authentique peut-être que la version grand luxe – qu’on adore ! – réalisée huit ans plus tard avec l’ami d’enfance et le grand Karajan
Entre Karajan et Freni, la relation artistique sera féconde et sans faux pas.
Autre rôle que Mirella Freni continuera d’incarner longtemps à mes oreilles, la Micaela de Carmen de Bizet. Pas moins de trois enregistrements officiels, dont l’un me semble idiomatique – chef et rôle-titre idéaux (Grace Bumbry et Rafael Frühbeck de Burgos)
On peut éviter les deux autres versions.
On retrouve Freni en même compagnie que dans le disque Frühbeck, mais à nouveau avec Karajan qui abuse un peu trop des effluves capiteux des Wiener Philharmoniker
Avec Karajan toujours, mais jamais sur scène à ma connaissance, pour le disque et la caméra de Jean-Pierre Ponnelle, elle est Madame Butterfly
Dans la discographie de la chanteuse, on trouvera encore bien des réussites.
Merci à Orfeo qui donne à entendre Mirella Freni à son meilleur dans les rôles de sa vie.
Et plus encore à Warner qui, en 4 généreux CD, retrace le parcours d’une musicienne tout entière vouée au meilleur de son art.