Il y aurait beaucoup à dire sur le pianiste russe Emile Guilels (ou Emil Gilels, dans l’orthographe « internationale ») dans Beethoven. Une intégrale inachevée des sonates pour piano chez Deutsche Grammophon
mais au moins trois intégrales des concertos pour piano. Deux en studio, et une autre « live ».
Dans les années 50, Gilels grave les cinq concertos successivement avec André Cluytens (3), André Vandernoot (1,2) à Paris avec la Société des Concerts du Conservatoire, puis à Londres avec Leopold Ludwig (4,5) et le Philharmonia.
Dix ans plus tard, il trouve en George Szell et son orchestre de Cleveland un partenaire aussi exigeant que lui, et livre une vision étonnamment corsetée, longtemps desservie par une prise de son sans aération (le remastering qui a précédé l’édition du coffret Icon a heureusement corrigé la perspective).
Pour rappel, Melodia a édité un somptueux (et coûteux) coffret à l’occasion du centenaire du pianiste, où Beethoven a une place de choix. (Voir les détails du coffret ici : Gilels Centenaire / Bestofclassic)
Mais c’est l’éditeur hollandais Brilliant Classics qui a publié, il y a quelques années, sous deux couvertures différentes, un coffret prodigieux, une intégrale des concertos donnée en public en 1976, captée par la radio soviétique, où toute l’électricité, la technique phénoménale de Gilels s’expriment comme jamais il ne l’a fait en studio, avec un partenaire, Kurt Masur, à l’unisson de cette vision enthousiasmante.
Tout à fait d’accord avec vous quant au coffret Brilliant vendu à l’époque de sa sortie 3 francs-6 sous
– des concertos très joueurs quant aux 2 premiers ; sinon un relativement jeune Kurt Masur (49 ans à l’époque ; jeune finalement pour les chefs qui continuent parfois allègrement leurs carrières au delà de 80 ans ) tient la route face à un Gilels triomphant dans cet hiver moscovite ( 1976). Svetlanov lui a « prété »son bel orchestre symphonique d’état de l’URSS qu’il va diriger si longtemps ( 1965-2000 ).
– pas mal de sonates ou on regrettera passagèrement le coté ferraillant du piano ( enregistrements de 1972 à 1984 ) mais admirons l’enthousiasme et l’énergie du pianiste soviétique. Emotion extrème à écouter ces textes recréés par le lion russe et par exemple le mouvement lent de l’opus 10 n° 3 prend là des dimensions cosmiques
Nous sommes là au cœur de la « fonderie » Beethoven, remplie de glace et de feux .
Diable de pianiste et encore un natif d’Odessa comme Oïstrakh ou Milstein .
Il ne fera pas mieux dans ses remakes occidentaux 1/ pas sur que Szell soit le partenaire idoine de Gilels, l’exactitude un peu réfrigérante du premier semblant inhiber le second ?? 2/ un Gilels malade lors de l’intégrale studio inachevée de DG .