Retour de Bucarest

J’aurais bien prolongé mon trop bref séjour à Bucarest. À propos de la Roumanie, j’ai employé l’expression de « pays cousin », c’est flagrant à Bucarest, où pourtant plus personne ne parle le français.

La langue roumaine est une langue… romaine, latine, pour l’essentiel, même si lexicalement elle emprunte beaucoup au russe.

Douceur de vivre

On ne peut pas – ce serait ridicule et déplacé – porter un jugement sur la qualité de vie d’une ville après y avoir passé quelques jours. Je constate simplement que Bucarest, que j’ai vue pour la première fois il y a 46 ans, puis deux mois après la révolution de décembre 1989 qui a destitué Ceaucescu, puis à nouveau en 2003 et en 2017, est une ville extrêmement attachante, où la douceur de vivre semble naturelle. Les nombreux parcs, jardins, étangs, promenades au coeur de la cité, des pistes cyclables parfaitement aménagées sur toutes les grandes avenues (la maire de Paris et ses adjoints responsables des « mobilités » pourraient utilement s’en inspirer), une jeunesse omniprésente, des terrasses de cafés accueillantes, confortent cette image.

La gastronomie a retrouvé tous ses droits dans une capitale qu’on a connue très pauvre en bonnes tables. Dans le restaurant « L’Atelier » installé dans l’hôtel Belle époque, j’ai pu déguster les meilleures cuisses de grenouille que j’aie jamais mangées depuis… 1973 et une très longue et silencieuse balade en barque dans le delta du Danube avec un pêcheur de grenouilles qui s’était conclue par une succulente fricassée préparée par la femme du pêcheur !
Le Théâtre National

Il ne faut pas redouter les contrastes architecturaux, l’héritage des années communistes, mais aussi celui de l’entre-deux-guerres où Bucarest était surnommée le Petit Paris.

Le palais du Parlement ou Maison du Peuple

On peut continuer de se désoler du projet pharaonique conçu par Ceaucescu qui abrite aujourd’hui le Parlement et nombre d’institutions démocratiques roumaines. On peut regretter que plusieurs quartiers, qui n’étaient pas forcément les plus anciens ni les plus agréables de Bucarest aient été rasés pour édifier ce palais mégalomaniaque et le quartier qui l’entoure. On peut aussi – ce qui est mon cas – trouver que l’ensemble a de l’allure et que les aménagements sont plutôt réussis.

Et contrairement à ce qui a pu être dit, les églises sont restées nombreuses, bien préservées ou restaurées, dans la capitale roumaine.

L’élégante église Kretzulescu qui a été aux premières loges de la Révolution de décembre 1989.

Une ville-musique

L’Athenaeum de Bucarest est une salle de concert mythique, construite en 1889.

Mais, comme je l’ai écrit – Bucarest en fête – c’est pour la musique, et le Festival Enesco, que je suis venu en ce mois de septembre.

C’était assez émouvant, pour lui, pour le public, de revoir l’enfant du pays, Cristian Măcelaru, diriger deux concerts de l’Orchestre national de France.

Sarah Nemtanu, premier violon de l’ONF, est d’origine roumaine par son père Vladimir, né et formé à Bucarest.
Maxim Vengerov en forme éblouissante, soliste du concert du 13 septembre.

Et Bucarest est une ville où on trouve encore des disques : dans le hall de la Sala Palatului, pas moins de trois stands mieux garnis que n’importe quel rayon classique d’une FNAC parisienne. Et à l’extérieur, j’ai repéré au moins deux magasins bien fournis.

Electrecord était – je pense devoir en parler au passé – le grand label classique roumain (un peu à l’instar de Medodia en Russie), et cela faisait des années qu’on ne trouvait que très partiellement ses galettes. La radio roumaine a ses propres éditions. C’est évidemment avec bonheur que j’ai trouvé, et acheté, ceci :

Enregistrements introuvables en France ou sur les sites de téléchargement ! Soit dit en passant, le CD a encore du bon !

Et puis aussi ceci, l’intégrale de l’œuvre orchestrale d’Enesco par un chef aujourd’hui septuagénaire, Horia Andreescu qui n’a pas, en Europe de l’Ouest, la notoriété que son talent devrait lui valoir.

Journal du Portugal (I) : Lisbonne et Porto

Lorsque j’ai annoncé à mes proches que j’avais choisi le Portugal pour mes vacances d’été, j’ai vu nombre de sourires s’afficher : « Vous n’allez pas être seuls »…

Il faut croire, en effet, que les Français en particulier s’y sont précipités en masse. Qu’on parcoure les rues de Lisbonne ou Porto, voire les cités plus petites de l’Alentejo, on constate vite cette présence qui n’est pas toujours – euphémisme – ni la plus discrète, ni la plus raffinée. Pourquoi faut-il que mes compatriotes, dès qu’ils sont plus de trois ou quatre, se fassent remarquer en parlant fort et mal à propos, pensant que personne ne les comprend ?

Un souvenir me revient d’un lointain voyage (1973) en Roumanie. Je visitais, avec un cousin, un monument de la ville d’Alba Iulia, un seul petit bar s’y trouvait, avec bien peu de choses à proposer. Le lieu était désert. À une autre table étaient assis deux garçons qui parlaient fort, apostrophaient le serveur en le traitant de tous les noms… en français. Nous avons vite commandé et bu un breuvage approximatif, et en partant je n’ai pu m’empêcher d’aller « féliciter » les deux autres consommateurs de l’excellente image qu’ils venaient de donner  de notre pays. Ils détalèrent vite fait le rouge au front.

Lisbonne donc semble être à 75 % française durant l’été. Mais j’avais déjà observé le phénomène lors d’un précédent voyage à l’automne 2016 (Lisboa mer amor).

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Quelques bonnes surprises culinaires : le soir de notre arrivée (un dimanche soir) nous arrivons un peu par hasard dans un nouvel établissement… français, ouvert au mois de mai sur une ravissante placette de l’Alfama (Grenache),

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le lendemain nous trouverons dans le quartier du Barrio Alto une petite adresse à l’écart de « la » rue des restaurants de fado, Fado ao Carmo

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Par chance, le musée Calouste Gulbenkian (voir Collection Gulbenkian I et Gulbenkian modernen’attire pas les foules…

Porto nous réservera d’autres surprises, d’abord météorologiques, trois jours sous les nuages et la pluie… et un afflux proportionnel de touristes obligés de quitter bord de mer et plages. La ville est conforme à l’image qu’on en a, toute en escarpements et ruelles obscures côté vieux Porto, et sur l’autre rive du Douro, côté Vila Nova de Gaia, les chais et caves de porto, et pour les relier le fameux pont Eiffel (qui n’est pas de Gustave Eiffel lui-même mais de l’un de ses disciples).

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Au chapitre restauration, en dehors de l’inévitable porto consommé sur la place de la Ribeira, on a exploré des quartiers moins fréquentés. N’eût été un service invraisemblablement long, on eût conseillé l’Artesão Bistrô – mais une heure entre chaque plat a de quoi dissuader le plus patient des gastronomes. Explication : le chef est seul en cuisine, et veut tout faire et contrôler lui-même ! A l’écart du centre, la très bonne surprise est venue de 4 Royal, cuisine portugaise de très belle venue, impeccablement servie, jolie carte de vins du pays, le tout à prix très modérés. Plus « authentique » encore, dans un cadre qui semble n’avoir pas bougé depuis cinquante ans, le restaurant Rito qui affiche la couleur – Cozinha Regional – plats simples en quantités plus que généreuses, service exclusivement masculin.

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Et puis on quitte Porto et ses froideurs humides, pour gagner l’est du Portugal, et la capitale du nord de l’Alentejo, Evora. De magnifiques découvertes nous attendent…

Le roi est mort

Personne n’en a parlé, trop vieux, oublié, et surtout coincé dans une actualité qui a tout écrasé. J’avais été surpris de voir son buste l’été dernier dans un parc de  Tulcea, j’avais visité le berceau de la famille royale à Sinaia : le roi Michel de Roumanie est mort le 5 décembre, à 96 ans (lire Le roi Michel est mort dans Le Monde).

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Comme le rappelle Le Monde, c’est le dernier chef d’Etat survivant de la Seconde Guerre mondiale, mais c’est de l’histoire ancienne, rapportée aux feux de l’actualité.

Autre secousse dans le monde musical cette fois: la chute du roi du Metle chef d’orchestre américain James Levine, qui a été pendant 40 ans, de 1976 à 2016, le très respecté et admiré directeur musical de l’opéra de New York, est accusé, plusieurs décennies après les faits, d’abus sexuels sur de jeunes musiciens (lire James Levine suspendu du Met

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Je ne connais pas les faits dont on accuse le chef d’orchestre (qui les nie : James Levine nie les allégations d’abus sexuels), je ne peux m’empêcher d’être frappé par la vague de puritanisme qui semble saisir l’Amérique de Trump, et qui n’épargne aucun milieu, aucun domaine comme le relate Le Monde :

Hémorragie

Le Met se trouve dans la situation de nombreux studios et chaînes de télévision américaines, qui décident de se séparer de ou de suspendre leurs vedettes, souvent âgées, en raison de révélations sur leur comportement sexuel.

Depuis l’enquête, début octobre, du New York Times sur le comportement de prédateur sexuel du producteur de cinéma Harvey Weinstein, de nombreuses célébrités américaines ont été mises à pied ou renvoyées pour harcèlement sexuel ou comportement inapproprié. Le journaliste Charlie Rose, 75 ans, a vu ses contrats avec CBS, PSE et Bloomberg rompus brutalement. La star de NBC News, Matt Lauer, 59 ans, présentateur vedette de la matinale depuis vingt ans, a été licencié juste avant l’ouverture de son émission pour « violation flagrante des principes de l’entreprise ». Chez Fox News, Bill O’Reilly, 68 ans, avait été licencié dès avril pour des faits similaires. Quant au New York Times, qui a révélé l’affaire, il a suspendu un de ses reporters chargé de suivre l’administration Trump, après des accusations de harcèlement, lorsqu’il travaillait chez Politico.

La politique n’est pas épargnée : le candidat républicain à l’élection sénatoriale de l’Alabama, Roy Moore, 70 ans, fait face à des multiples accusations de harcèlement sexuel, datant de la fin des années 1970 jusqu’au début des années 1990, portées par des femmes parfois mineures à l’époque des faits. Il a maintenu sa candidature, pour un scrutin attendu le 12 décembre. (Le Monde, 4 décembre 2017).

Comprenons-nous bien, si les faits sont avérés, ils ne sont en rien excusables, mais pourquoi les victimes ont-elles attendu si longtemps, le retrait de Levine de la direction du Met et sa santé chancelante, pour se manifester ? Je n’aime pas ceux qui tirent sur une ambulance. Je n’aime pas cette Amérique oublieuse du talent des siens.

C’est à se demander si la comédie musicale The Book of Mormon, vue samedi dernier sur Broadway ne va pas être retirée de l’affiche, sous la pression des ligues de vertu, tant le spectacle déroge à la bienséance politiquement correcte. Une dame d’un certain âge, sans aucun doute membre de l’église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours – les Mormons – haranguant la file des spectateurs qui attendaient d’entrer dans le Eugene O’Neill Theaternous menaçait des pires punitions si nous persistions à voir ce spectacle d’horreur et de débauche !

Pour en revenir à l’actualité funèbre du jour, j’ai bien aimé le papier de Michel Guerrin dans Le Monde : « Johnny, c’est Victor Hugo ».

Extraits : C’est bien connu, une personnalité qui meurt devient un saint que l’on pare de toutes les vertus et de tous les talents. Prenez Johnny Hallyday. Peu importe qu’on l’aime ou pas, qu’on soit ému ou indifférent. Sa disparition devient dévotion.

On le vérifie sur les réseaux sociaux. Mais aussi à travers les réactions des responsables politiques. Chacun, de gauche à droite, quoi qu’il en pense, doit se prosterner, avec plus ou moins d’inspiration et de poncifs – monument, totem, roi, héros, etc. Il doit y aller de son couplet, donner dans la surenchère, appeler aux obsèques nationales.

Je n’ai pas suivi la très longue cérémonie d’hommage populaire à Johnny Hallyday, j’avais une fête familiale d’anniversaire.

En revanche, j’ai regardé avec intérêt le documentaire de Daniel Rondeau rediffusé sur France 2 cet après-midi. Sobre, informatif, touchant souvent, donnant à voir et entendre un personnage plus complexe que l’image qu’on a de lui… Un film enregistré au printemps dernier, un document-testament.

J’ai aimé quand Johnny Hallyday parle si simplement de son amitié pour Jacques Brel

Châteaux des Carpathes

Il y a dix jours, je quittais à regret une ville – Brașov– et un pays – la Roumanie – que, quarante-quatre ans après un premier voyage, j’ai redécouverts avec passion.

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Le Château des Carpathes est un roman de Jules Verne dont je ne connaissais que le titre.

 

L’opéra qu’en a tiré  Philippe Hersant m’est plus familier. Créé au Festival Radio France le 1er août 1992, l’ouvrage a beaucoup contribué à la reconnaissance et à la notoriété du compositeur français, qui s’est frayé une voie originale et singulière dans un paysage de musique contemporaine largement dominé par Boulez et ses disciples.

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Quand on prend le temps de parcourir les paysages contrastés, montagnes couvertes de forêts profondes, vallées sinueuses, du massif des Carpathes  en Roumanie (et en partie en Bulgarie), ce que j’ai eu la chance de faire à quatre reprises en quarante ans, on comprend que Jules Verne, Bram Stoker (Dracula) y aient puisé inspiration et installé des personnages fantasmatiques.

C’est bien dans ces régions montagneuses du centre et du nord de la Roumanie, partagées entre Transylvanie, Moldavie, Bucovinequ’on perçoit le mieux la richesse – et le poids – d’une histoire mouvementée, le mélange de cultures, de langues (allemand, hongrois, roumain, russe), le brassage des religions, qui font la singularité de cette région d’Europe.

Des photos, des images de ce parcours estival :

Cliquer sur les liens Brasov la ville couronnée

Châteaux des Carpathes : Pelisor

Châteaux des Carpathes : la résidence royale de Peles

L’horreur Dracula

Le monastère de Bistrita

Piatra Neamt

Secu hors du temps

L’ermitage de Sihastria

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Les Immortelles d’Agapia

La citadelle de Neamt

Le monastère de Varatec

 

 

 

Le compositeur maudit

Je l’écrivais hier (La maison de Georgeles magasins de disques semblent avoir disparu de Roumanie, à moins que je les aie mal cherchés. Dans l’une des boutiques du château de Bran (L’horreur Draculaj’ai trouvé un seul et unique CD du label roumain Electrecord d’un compositeur dont j’ignorais le nom comme l’oeuvre : Ciprian Porumbescu

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La photo de couverture n’a rien de très séduisant, le détail des plages et des interprètes m’interpellait déjà plus favorablement. Ce Ciprian Porumbescu a toutes les caractéristiques du compositeur maudit, romantique et romanesque.

Né en 1853, il meurt la même année que Wagner (1883) à 29 ans d’une tuberculose qu’une santé fragile dès l’enfance et une vie mouvementée sur le plan personnel et politique n’ont évidemment pas arrangée.

Ciprian a cependant laissé près de 250 oeuvres. Né en Bucovine ukrainienne, il étudie à Suceava et Cernăuți (aujourd’hui Tchernivtsi en Ukraine, arrosée par une rivière au doux nom de Prout!). Mais c’est à Vienne auprès d’Anton Bruckner et Franz Krenn que le jeune homme se perfectionne en même temps qu’il étudie la philosophie. Il enseignera brièvement le chant choral à BrașovÀ Vienne il observe avec intérêt le succès des opérettes d’Offenbach, Strauss, Suppé, Porumbescu écrit la première opérette roumaine, sur des thèmes moins frivoles que celles qu’il a entendues à Vienne, la création à Brasov en 1882 de Crai Nou/La Nouvelle lune est un triomphe. Ci-dessous un extrait délicieusement vintage d’un film à la gloire du jeune compositeur.

Mélodies et rythmes traditionnels roumains font revivre la légende populaire de la fête de la Nouvelle Lune censée exaucer les voeux de bonheur des amoureux.

L’inspiration populaire est tout aussi évidente dans cette charmante Ballade pour violon et orchestre datant de 1880.

(Stefan Ruha est accompagné par l’orchestre symphonique de Cluj-Napoca – la ville des débuts de Julia Varady – dirigé par Emil Simon)

Lorsque la version orchestrale de sa Rhapsodie roumaine – initialement écrite pour piano – fut créée, sous sa direction, en 1882, on ne manqua pas de trouver des parentés avec le Liszt des Rhapsodies hongroises.

Porumbescu est un fervent nationaliste, membre d’une assemblée d’étudiants en pointe dans la résistance à la domination austro-hongroise, Arboros. En 1877, pour avoir soutenu publiquement une manifestation à la mémoire du prince Ghica, exécuté un siècle plus tôt par l’occupant ottoman, le jeune compositeur subit trois mois de cachot, qui seront fatals à sa santé.

(Une courte danse, la hora de Brașov)

La maison de George

En 1973, j’y étais passé avec mon cousin (lire Le violon d’avant guerre). Je n’avais gardé aucun souvenir marquant de cette maison, ni de son intérieur, mais les partitions que m’avait offertes le gardien, je les ai toujours. Je suis retourné dans la maison de Georges Enesco ou George Enescu comme on dit en roumain, à Sinaia au pied des monts Bucegi. la villa Luminiș.

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C’est un sentiment qui peut sembler risible, voire ridicule, mais c’est une émotion particulière qui vous gagne lorsqu’on entre dans l’intimité d’un artiste, violoniste, pianiste, pédagogue, compositeur aussi génial qu’Enesco. J’avais ressenti la même chose en visitant la maison de Sibelius à Ainola en 2006.

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La maison n’est pas immense, le jardin alentour très modeste. On est accueilli par deux dames charmantes, d’un âge certain, qui pour l’une s’exprime dans un français  très vieille école – c’est le privilège d’une génération (lire Bienvenue Monsieur le Président). 

Dans l’entrée étroite, un portrait du maître des lieux par Corneliu Baba.

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On nous donne des audio-guides pour visiter le seul premier étage, bien distribué.

IMG_1785Une agréable terrasse inspirante et un salon de réception modestement décoré.

 

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Puis la pièce de musique, un escalier en colimaçon qui monte à l’étage malheureusement pas ouvert à la visite !

 

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IMG_1795 2Sur le piano la partition du seul opéra – en français – d’Enesco, Oedipe.

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A l’arrière, la chambre sans chichi de Maruca, l’épouse, la fantasque princesse Marie Cantacuzène (Maria Cantacuzino)

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IMG_1802Et la chambre d’Enesco, à peine plus grande qu’une cellule de moine…

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On ressort de cette visite ému mais frustré. Pas même un simple comptoir où l’on pourrait trouver, acheter, documents, biographies, disques, livres ou partitions. Rien. Et comme les magasins de disques ont disparu – on a eu beau les chercher à Bucarest, Brasov ou Constanta, on les a manqués s’ils existent encore !, aucune chance de rapporter quelques CD « maison ». Comme j’avais fait une razzia lors de mon précédent voyage en 2003, je me console à la perspective de retrouver ma discothèque dès mon retour.

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Pour la plus célèbre des oeuvres d’Enesco, sa Rhapsodie roumaine n°1ma version de chevet est définitivement celle, libre, improvisée, « native », du grand Constantin Silvestri – le même qui assura la création de la version roumaine d’Oedipe en 1958 -.

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Au moment de terminer cet article, et de quitter ce cher pays de Roumanie, je tombe sur ce prodigieux document, une version spectaculaire et virtuose de cette Rhapsodie roumaine due à cette immense pianiste native de Brașov, tragiquement disparue à l’âge de 33 ans, Mihaela Ursuleasa

 

 

 

 

L’imposture et l’Histoire

De loin, et même de près, ça ressemble à Disneyland. Ils sont venus visiter une résidence royale, l’une de ces forteresses qui se dressent dans toute la Transylvanie ? Non ils affluent, par centaines de cars, pour voir le château de DraculaC’est une imposture, mais ça marche ! Récit et photos : L’horreur Dracula

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Pourtant, discrètement, à l’écart du flot de touristes et des échoppes d’objets artisanaux, un autre musée, tout simple, s’offre au visiteur : Un village reconstitué d’authentiques fermettes, maisons, pressoir, atelier ou étable. L’histoire authentique d’une région s’y découvre, et c’est simplement beau.

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Comme une réplique, en modèle réduit mais non moins intéressant, du Musée du Village roumain à Bucarest, qu’a visité Emmanuel Macron.

Autre étape beaucoup plus intéressante, à mi-chemin entre Bran et Brasov, la forteresse de RâșnovBien restaurée, ouverte au public récemment. Une partie de l’histoire mouvementée de cette région s’y exprime.

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Bine ai venit / Добре дошли / Bienvenue Monsieur le Président

Monsieur le Président de la République,

Tandis que je m’apprête à quitter la Roumanie à la fin de mes vacances, vous y arrivez ce jeudi et serez vendredi en Bulgarie.

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Permettez-moi d’abord de vous féliciter d’avoir choisi ces deux pays, parmi les derniers à avoir intégré l’Union européenne, pour la première tournée des capitales européennes que vous aviez annoncée dès votre élection. La Bulgarie, et plus encore peut-être la Roumanie, nous aiment nous, la France, les Français.

Savez-vous que, lorsque je suis venu pour la première fois en Roumanie, à l’âge où vous découvriez tout à la fois l’amour et le théâtre, la plupart des adultes que je rencontrais parlaient tous français, qu’ils professaient tous une passion pour De Gaulle (c’était trois ans après sa mort, cinq ans après sa visite historique) ? Aujourd’hui les jeunes Roumains parlent à peine l’anglais… Mais Paris, la France, les fait toujours rêver.

Je sais que vous venez à Bucarest et à Sofia y évoquer la réforme de la directive européenne dite « des travailleurs détachés » (Le Monde : Macron mise sur les divisions des pays d’ex-Europe de l’Estet qu’ici beaucoup redoutent votre idée, et craignent que le développement économique que l’arrimage de ces deux vieilles nations à l’Europe a entrainé – la Roumanie a l’une des plus fortes croissances de toute l’Union – ne soit compromis, voire ruiné par de nouvelles règles. Vous avez certainement raison et vos raisons de déclarer ce que vous avez dit dans la ville natale de Mozart il y a quelques heures : « La directive travailleurs détachés telle qu’elle fonctionne est une trahison de l’esprit européen dans ses fondamentaux. Le marché unique européen et la libre circulation des travailleurs n’a pas pour but de favoriser les pays qui font la promotion du moindre droit social »
Monsieur le Président, même si votre visite est évidemment beaucoup trop courte et ne vous permettra pas de percevoir les réalités de ces deux peuples frères et cousins, dites leur, je vous prie, combien la France leur est attachée.

Aux Roumains, parce que les liens de culture, de langue – le roumain est une langue latine, si proche de la nôtre – sont de toute éternité. Bucarest était même surnommée le Petit Paris durant l’entre-deux-guerres. Tant de créateurs, d’interprètes ont fait le voyage Paris-Bucarest dans les deux sens, Enesco, Ionesco, Cioran, Istrati… Parce qu’on roule encore beaucoup français dans les villes et sur les routes du pays (Renault et sa filiale Dacia, Peugeot tiennent la dragée haute aux constructeurs allemands). Parce qu’aux abords des centres urbains, ce sont les enseignes françaises – Auchan, Carrefour – qui équipent les nouvelles zones commerciales.

Aux Bulgares, qui ont élu en novembre 2016, un président manifestement plus porté vers la Russie que vers l’Europe, parce que la France représente pour toute une jeunesse en quête d’idéal un phare, une idée d’avenir. C’était évident à chaque fois que l’on me demandait d’où je venais. Paris ville lumière !

La Roumanie, j’y suis venu à quatre reprises depuis 1973Malgré la fuite des cerveaux, des médecins, des mathématiciens, des chercheurs, qui a suivi la chute de Ceausescu le 22 décembre 1989, ce pays a fait des progrès considérables. Sans renier son histoire, le charme de ses traditions – oui, il y a encore des voitures à cheval en Moldavie, en Transylvanie ! – la Roumanie s’est puissamment modernisée. Des villes, encore en triste état, au début des années 2000 se sont refait une beauté. Les infrastructures routières, touristiques et hôtelières ont fait des pas de géant. C’est un élan qu’il faut encourager, soutenir. Pour le bien des Roumains eux-mêmes.

La Bulgarie, je l’ai découverte cet été. J’y ai vu des paysages et des campagnes magnifiques, des sites abandonnés aussi, mais des villes fières, propres, écologiques – Paris et bien d’autres villes françaises pourraient en prendre exemple – Des bords de mer exceptionnels comme à Burgas ou Varna. Et une envie évidente de mettre en valeur un patrimoine archéologique et historique encore largement inexploité, inexploré, comme ces centaines de tombeaux thraces. Qui mieux que la France, en Europe, pourrait y contribuer ?

Monsieur le Président, ce soir vous aurez la chance d’assister au concert que donnent Martha Argerich et Daniel Barenboim dans le cadre du Festival de Salzbourg.

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Vous n’aurez évidemment ni le temps ni même l’opportunité de prendre connaissance de mon message.

Je compte cependant sur vous pour dire haut et fort à nos amis roumains et bulgares qu’ils ne sont pas un problème, ni pour la France ni pour l’Europe, que leurs travailleurs « détachés » ne sont pas de mauvais citoyens européens, que ce qui nous unit à eux est plus fort, beaucoup plus fort qu’une directive mal appliquée ou détournée de ses fins initiales.

Donnez-leur toutes les raisons de croire à l’Europe fraternelle et solidaire que vous avez promue et défendue pendant votre campagne électorale !

Bon voyage Monsieur le Président !

L’Être et le Neamț

Les monastères les plus connus de Roumanie sont situés dans la région septentrionale de la Bucovine. Mais, dans les vallées du Neamț au coeur de la Moldavie historique, se trouve une concentration de hauts lieux de la spiritualité orthodoxe qui n’ont rien à envier à leurs voisins par la beauté de leurs sites, la richesse de leur histoire et l’intensité de la vie monastique.

L’église du monastère de Varatec se distingue de toutes ses voisines par la forme ronde de ses clochers (photos : Le monastère de Varatec

Quant au monastère de Neamț (prononcer Neamts), c’est à la fois le plus ancien, le plus austère et le plus emblématique de la grande figure politique et religieuse de la Moldavie du XVème siècle, Etienne le Grand (Ștefan cel Mare)

On a beaucoup aimé le monastère de Secu (prononcer Sé-cou) sur la commune de Vânători-Neamț

Dominant la vallée et la ville de Târgu Neamț, il faut évidemment voir la Citadelle de Neamț, après avoir emprunté un chemin certes goudronné mais escarpé (recommandé pour les sportifs, déconseillé aux mauvais marcheurs !)

Puis reprenant la route du sud qui va vers le chef-lieu administratif de la région, la ville de Piatra Neamț, on s’arrête à Agapiaqu’on retrouve avec émotion, quarante-quatre ans après y avoir dormi dans l’une des maisons des soeurs qui habitent les lieux depuis le XIXème siècle. Aujourd’hui les lieux brillent comme un sou neuf, et les nonnes sont plus nombreuses que jamais (350) mais elles n’hébergent plus le visiteur de passage. Les nombreuses pensions et auberges des alentours – qui n’existaient pas il y a encore vingt ans – ont pris le relais.

A l’époque de ce premier passage (1973) j’avais lu avec passion tous les livres d’un personnage complètement oublié et controversé Virgil Gheorghiu qui a vécu dans sa chair et dans son oeuvre toutes les contradictions de la Roumanie du XXème siècle. Célèbre par son roman La Vingt-Cinquième heure, porté au cinéma par Henri Verneuil avec Anthony Quinn,

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Gheorghiu décrit dans Les Immortels d’Agapia une Roumanie rurale, âpre voire cruelle.

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Photos à voir ici : Les immortelles d’Agapia

Tout au fond d’une vallée se cache un très bel ensemble qui vaut d’être visité, le monastère de Sihastria qui compte plusieurs églises d’époques différentes.

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Voir les photos : L’ermitage de Sihastria.

A quelques encâblures à l’ouest de Piatra Neamt, sur la route de Bicaz, se cache, en dehors des circuits touristiques, un magnifique ensemble – presque mon préféré de tout le parcours, n’étaient les souvenirs qui me lient à Agapia – celui du monastère de BistrițaToutes les photos à voir ici : Le monastère de Bistrita.

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La grande ville de la région, Piatra Neamțconserve encore quelques beaux vestiges de son glorieux passé

Le musée et le théâtre de Piatra Neamț (d’autres photos ici : Piatra Neamț)

La route – recommandée – qui va de Bicaz à Târgu Neamț longe le lac Izvorul Muntelui, fermé par un impressionnant barrage.

Toutes les photos de la route des monastères de Moldavie roumaine : Le monde en images

Une ville en ruines

 

On avait le souvenir de Constanțareine des villes roumaines de la Mer Noire. Prestige lié à une histoire mouvementée, à la présence d’un port de première importance. On a retrouvé une ville en ruines, délabrée, détruite en son propre sein. Même le bâtiment emblématique de la ville, le magnifique Casino de 1910 est à l’abandon depuis un quart de siècle.

Alors que les grosses berlines allemandes et les 4X4 pullulent en ville, les pouvoirs publics, les investisseurs privés laissent le coeur de ville dans un état lamentable.

 

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A deux pas du Casino, c’est le mythique Hotel Palace qui est fermé pour une durée indéterminée, et flanqué d’un immeuble en béton lui aussi abandonné en l’état !

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L’Amirauté, siège de l’état-major de la Marine militaire roumaine, présente encore belle allure, mais on n’est pas certain que l’intérieur soit aussi reluisant que l’extérieur !

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Dans les rues et places du centre historique, la consternation saisit le visiteur. Pour quelques bâtiments bien conservés, ce ne sont que ruines, béances, constructions ou rénovations interrompues…

IMG_1115Une réplique de la fameuse louve romaine trône face au musée d’Art de la ville. Une statue du poète des Métamorphoses contemple le désastre de la place qui porte son nom  , c’est ici à Tomis qu’Ovide est mort en exil en 17 ou 18 de notre ère.

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IMG_1092Le grand musée archéologique de Constanta et en face ceci :

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à l’arrière du musée, tout un symbole

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Dans la rue principale…

 

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Deux belles églises, une mosquée, la première construite en béton en 1910.

IMG_1077(La cathédrale orthodoxe SS. Pierre et Paul)

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IMG_1116(L’église grecque orthodoxe)

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Et du centre historique, vue imprenable sur l’immense port de Constanța

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Vue de l’autre côté sur une mer Noire qui peut être déchaînée

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A deux pas du Casino, c’est le mythique Hotel Palace qui est fermé pour une durée indéterminée, et flanqué d’un immeuble en béton lui aussi abandonné en l’état !

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L’Amirauté, siège de l’état-major de la Marine militaire roumaine, présente encore belle allure, mais on n’est pas certain que l’intérieur soit aussi reluisant que l’extérieur !

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Dans les rues et places du centre historique, la consternation saisit le visiteur. Pour quelques bâtiments bien conservés, ce ne sont que ruines, béances, constructions ou rénovations interrompues…

IMG_1115Une réplique de la fameuse louve romaine trône face au musée d’Art de la ville. Une statue du poète des Métamorphoses contemple le désastre de la place qui porte son nom  , c’est ici à Tomis qu’Ovide est mort en exil en 17 ou 18 de notre ère.

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IMG_1092Le grand musée archéologique de Constanta et en face ceci :

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à l’arrière du musée, tout un symbole

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Dans la rue principale…

 

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Deux belles églises, une mosquée, la première construite en béton en 1910.

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Et du centre historique, vue imprenable sur l’immense port de Constanța

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Vue de l’autre côté sur une mer Noire qui peut être déchaînée

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