En 1973, j’y étais passé avec mon cousin (lire Le violon d’avant guerre). Je n’avais gardé aucun souvenir marquant de cette maison, ni de son intérieur, mais les partitions que m’avait offertes le gardien, je les ai toujours. Je suis retourné dans la maison de Georges Enesco ou George Enescu comme on dit en roumain, à Sinaia au pied des monts Bucegi. la villa Luminiș.
C’est un sentiment qui peut sembler risible, voire ridicule, mais c’est une émotion particulière qui vous gagne lorsqu’on entre dans l’intimité d’un artiste, violoniste, pianiste, pédagogue, compositeur aussi génial qu’Enesco. J’avais ressenti la même chose en visitant la maison de Sibelius à Ainola en 2006.
La maison n’est pas immense, le jardin alentour très modeste. On est accueilli par deux dames charmantes, d’un âge certain, qui pour l’une s’exprime dans un français très vieille école – c’est le privilège d’une génération (lire Bienvenue Monsieur le Président).
Dans l’entrée étroite, un portrait du maître des lieux par Corneliu Baba.
On nous donne des audio-guides pour visiter le seul premier étage, bien distribué.
Une agréable terrasse inspirante et un salon de réception modestement décoré.
Puis la pièce de musique, un escalier en colimaçon qui monte à l’étage malheureusement pas ouvert à la visite !
Sur le piano la partition du seul opéra – en français – d’Enesco, Oedipe.
A l’arrière, la chambre sans chichi de Maruca, l’épouse, la fantasque princesse Marie Cantacuzène (Maria Cantacuzino)
Et la chambre d’Enesco, à peine plus grande qu’une cellule de moine…
On ressort de cette visite ému mais frustré. Pas même un simple comptoir où l’on pourrait trouver, acheter, documents, biographies, disques, livres ou partitions. Rien. Et comme les magasins de disques ont disparu – on a eu beau les chercher à Bucarest, Brasov ou Constanta, on les a manqués s’ils existent encore !, aucune chance de rapporter quelques CD « maison ». Comme j’avais fait une razzia lors de mon précédent voyage en 2003, je me console à la perspective de retrouver ma discothèque dès mon retour.
Pour la plus célèbre des oeuvres d’Enesco, sa Rhapsodie roumaine n°1, ma version de chevet est définitivement celle, libre, improvisée, « native », du grand Constantin Silvestri – le même qui assura la création de la version roumaine d’Oedipe en 1958 -.
Au moment de terminer cet article, et de quitter ce cher pays de Roumanie, je tombe sur ce prodigieux document, une version spectaculaire et virtuose de cette Rhapsodie roumaine due à cette immense pianiste native de Brașov, tragiquement disparue à l’âge de 33 ans, Mihaela Ursuleasa
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