Remaniement (bis)

Je me suis amusé à relire ce que j’avais écrit ici à la suite de précédents remaniements gouvernementaux sous la présidence Macron.

16 octobre 2018 : »Trop souvent dans le passé, remaniement a rimé avec reniement. Oubliées les promesses de campagne, perdus de vue les enthousiasmes des débuts, reniées les alliances politiques.

Celui qui vient d’intervenir, après une attente qui a paru insupportable au microcosme médiatique, a au moins le mérite d’échapper à cette sinistre litanie. On ferait presque le reproche au président de la République de conforter sa majorité, de mieux s’appuyer sur ses alliés, de faire plus largement confiance à des élus de terrain, au détriment de ces fameux représentants de la « société civile » qui ont toujours, cette fois comme par le passé, démontré leurs limites dans l’exercice d’une fonction ministérielle (qui se rappelle Pierre Arpaillange à la Justice, Francis Mer à l’Economie, Luc Ferry à l’Education ?).

Souvenons-nous, ce n’est pas si loin que ça, de la nomination surprise par Nicolas Sarkozy de Frédéric Mitterrand au ministère de la Culture en 2009. » (Remaniement, 16 octobre 2018)

23 mai 2022 : « Plus les années passent, moins je ressens la nécessité de m’indigner, de m’insurger, de critiquer. Non pas que les motifs de le faire aient disparu, on serait plutôt sur une tendance exponentielle inverse. 

Tenez, prenez le nouveau gouvernement ! J’ironisais gentiment vendredi sur l’attente insupportable que nous faisaient subir le président de la République et la nouvelle Première ministre (En attendant Borne I). Depuis qu’il a été annoncé, c’est le déferlement. Pas un seul, journaliste, observateur, commentateur, pour dire que, peut-être, avant de leur tomber dessus, on pourrait juste attendre de voir ce que vont faire les nouveaux nommés ! Pas beaucoup plus pour creuser un peu plus les portraits de celles et ceux qui font figures de proue de ce gouvernement, à commencer par la Première ministre – une « techno » on vous dit !

Que c’est fatigant ces caricatures ! Dans un sens ou dans l’autre… Ainsi, à écouter la longue, très longue, litanie d’autojustification de la ministre de la Culture sortante, la si médiatique Roselyne Bachelot, on pouvait avoir le sentiment d’y perdre au change avec l’arrivée d’une conseillère de l’ombre, inconnue du grand public, dotée d’un patronyme qui signale la « diversité », Rima Abdul Malak. Ceux qui ont eu affaire au ministère de la Culture ces dernières années n’ont pas du tout la même perception du bilan de la rue de Valois pendant la pandémie…En revanche, la nouvelle ministre c’est moins de paillettes mais plus de sérieux. Le milieu culturel ne l’a pas encore dézinguée. De bon augure ? » (Bienveillance, 23 mai 2022)

Quelques observations sur ce premier gouvernement Attal.

Enfin le retour de la politique

On a tellement dit, et souvent à raison, que le deuxième mandat du président de la République était encalminé, sans perspective, que la Première ministre sortante n’imprimait pas, que la plupart des ministres était inexistants dans l’opinion…qu’on doit d’abord relever qu’Emmanuel Macron fait ou refait enfin de la politique. Il semble presque rejouer sa propre aventure de 2016.

Il déjoue les analyses, les pronostics des commentateurs – et ça me réjouit ! – et fait turbuler le système, comme il l’avait fait en 2017. Il a parfaitement compris que la menace Le Pen (ou Bardella ?) ne pouvait pas être contrée par les invocations et les lamentations d’une classe politique démonétisée à gauche comme à droite. Le choix des mots de ses voeux du 31 décembre, et de ses récentes interviews, ne doit absolument rien au hasard. Comme Sarkozy l’avait fait, et plutôt réussi, en 2007, Macron veut assécher les raisons de voter pour le RN.

Tout le monde a relevé que les quelques gestes accomplis par Gabriel Attal à l’Education s’inscrivent dans cette stratégie. Le choix de ce ministre – devenu en quelques mois le plus populaire de la classe politique active – comme chef du gouvernement est le meilleur, sinon le seul que pouvait faire le président de la République pour reprendre la main sur son quinquennat.

Et maintenant ?

Ce qui est extraordinaire dans ce type d’épisodes de la vie politique, c’est, à de très rares exceptions près, l’absence de réflexion, de culture politique, d’indépendance d‘esprit, dont font preuve la presque totalité des journalistes qui bavardent à longueur de plateaux télé. Ils ont tous colporté les rumeurs, soigneusement distillées comme des leurres par la présidence de la République, et personne n’a émis l’idée qu’un Denormandie ou un Lecornu à Matignon n’avait aucune espèce de chance de provoquer un quelconque sursaut. Lorsque le nom de Gabriel Attal est arrivé, tout le monde a feint la surprise, et comme pour expliquer qu’ils ne l’avaient pas vu venir, on s’est évertué à expliquer que Macron redoutait la concurrence de ce jeunot (!), que celui-ci ne pourrait pas s’imposer aux poids lourds demeurés à leurs postes…

Heureusement que quelques chevronnés, comme l’ancien Premier ministre Raffarin, ou l’éternel Alain Duhamel, ont remis tout cela en perspective. Eh oui, il se pourrait bien que Macron ait mis en selle non seulement celui qui pourra combattre Bardella aux prochaines élections européennes de juin, mais aussi celui qui, en 2027, pourrait donner un sacré coup de jeune à la politique et ringardiser les Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon tentés par une quatrième candidature à la présidentielle. Qui vivra verra…

Dati à la Culture

Je n’ai aucun lien, ni sympathie ni antipathie, avec la nouvelle ministre de la Culture. Je regrette certes que Rima Abdul-Malak qui a été, de loin, l’une des meilleures titulaires du poste, soit, comme tant de ses prédécesseurs, privée du temps long nécessaire à l’action de fond. Mais j’admets que le coup joué par Emmanuel Macron en appelant Rachida Dati est triplement bien joué.

D’abord parce que, pour la première fois depuis Jack Lang, le poste de ministre de la Culture échoit à une pure politique, connue de tous, reconnue comme une boxeuse de première catégorie, qui ne se laisse pas faire ni impressionner. Aura-t-elle le temps, le courage, et le soutien de l’Elysée et de Matignon, pour faire enfin bouger, revivre, un ministère complètement pétrifié ?

Ensuite parce que, tirant les conclusions de la calamiteuse élection municipale de 2020 à Paris, Macron a joué la seule carte qui permettra en 2026 de battre une maire sortante complètement démonétisée : soutenir la seule personnalité qui se soit imposée contre Anne Hidalgo, et éviter une nouvelle débâcle pour des troupes macronistes inconsistantes.

Enfin parce que, de toute évidence, Rachida Dati constitue la plus belle prise de guerre pour faire éclater ce qui reste d’un parti – Les Républicains – en état de décomposition avancée depuis la présidentielle de 2022 et le score ridicule de sa candidate d’alors.

PS Je précise, avant que certains de mes lecteurs ne m’en fassent le reproche (ou le compliment) que je ne fais ici qu’apporter une analyse, nourrie de ma propre expérience, rien de plus, rien de moins.

Goût et dégoût

La différence entre l’Angleterre et la France ?

Tout ce qui s’est passé ces derniers jours.

Jubilé

Ils sont des millions à aimer leur vieille reine, à avoir attendu ses apparitions au balcon de Buckingham Palace. Ils sont fiers de leur chef de l’Etat, les Britanniques.

Quand on lit le message de remerciements de la reine, on comprend tout. La politique comme une noblesse du coeur.

Pourtant, la fête à peine terminée, le combat politique a repris ses droits : à l’heure où j’écris ces lignes, on ne connaît pas encore le résultat du vote de défiance demandé par les conservateurs envers leur Premier ministre Boris Johnson.

Les pauvres types

En France, l’insulte, l’invective, la spécialité du meilleur copain des dictateurs de la planète – Castro, Chavez, Poutine, il en faut d’autres ?), j’ai nommé le grand leader NUPESien, le sieur Mélenchon. Celui qui a largement et abondamment profité du système (élu sénateur à 35 ans et toujours payé par la politique depuis !) passe son temps à déverser son fiel. Il prétend devenir le prochain Premier ministre et appelle Emmanuel Macron « le gars ». Son séide Bompard apostrophe le président de la République d’un : « oh bonhomme tu feras ce qu’on te dira »…

Et ces types veulent réhabiliter la politique, inciter les citoyens à voter ?

Voilà l’image que JLM twitte hier soir en apprenant la défaite de Manuel Valls à l’élection anticipée des députés des Français de l’étranger.

Haro sur Manuel Valls, il faut s’acharner sur la bête à terre ! Le même soir, Ségolène Royal plastronne sur les plateaux de télévision en soutien à son nouvel ami NUPESien, et personne n’a le courage de rappeler à l’ex-finaliste battue de la présidentielle de 2007 (ça fait quinze ans tout de même !) qu’elle s’est aussi lamentablement ramassée comme candidate à l’élection des sénateurs représentant les Français de l’étranger.

Le pompon est détenu par les dames Simonet et Obono, des insoumises si soumises à leur chef, qui affichent le soutien du plus sulfureux des has been des travaillistes anglais, le bien peu respectable Jeremy Corbin.

Pauvre France !

Printemps qui commence

Une semaine après le second tour de l’élection présidentielle, je ne change pas une ligne à ce que j’écrivais ici : Gagnants et perdants. Le feuilleton Mélenchon continue, à l’heure où j’écris ces lignes, après les écolos, ce qu’il reste du parti socialiste et du parti communiste semble tout près d’une complète reddition. Quelques sièges de députés valent bien le reniement de quelques principes.

Reine de la nuit

Je l’aimais bien, Régine, disparue ce 1er mai. J’ai un vague souvenir du New Jimmy’s, sa boîte mythique, à la fin des années 70.

La morte oubliée

J’avais consacré, il y a plus de deux ans, un billet à une artiste est-allemande dont la notoriété n’a jamais franchi le rideau de fer, bien à tort : Le piano venu de l’Est, Annerose Schmidt.

Personne n’a relevé le décès, le 10 mars dernier, d’Annerose Schmidt, de son vrai Annerose Boeck. Il nous reste heureusement, sur les sites de téléchargement, et sous le label Berlin Classics, une belle documentation discographique de l’art de cette pianiste, notamment une intégrale des concertos de Mozart, que je chéris particulièrement.

Contrairement à ce qui est mentionné sur le bandeau inférieur, ce n’est pas le 21ème mais le 22ème concerto de Mozart qui est à entendre ici.

Kurt Masur, un héritage

Cette intégrale mozartienne avec Annerose Schmidt révèle un aspect peu connu de la carrière et de l’art du chef allemand Kurt Masur (1927-2015), qu’on ne retrouve pas dans l’intégrale que Warner publie de ses enregistrements réalisés pour Teldec et EMI, pour l’essentiel avec l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig, dont Masur fut le directeur musical de 1970 à 1996 – fameux bail ! -, et dans une mesure plus limitée avec le New York Philharmonic et le London Philharmonic qu’il dirigea après Leipzig.

Tous les détails de ce coffret à retrouver ici : Kurt Masur, l’héritage Teldec Warner.

Parmi les rééditions notables, une intégrale un peu oubliée, à tort, des poèmes symphoniques de Liszt.

Cécile Ousset introuvable

Dans ce coffret Masur, et dans d’autres, on trouve une pianiste, française, Cécile Ousset, contemporaine d’Annerose Schmidt, que j’avais rencontrée il y a quelques années (Frontières), à qui Warner consacre également une belle boîte :

Je suis pour le moins perplexe, après avoir écouté les enregistrements que je ne connaissais pas (Debussy, Chopin, Rachmaninov). Du piano solide, au fond du clavier, mais qui me semble bien court d’inspiration et de feu.

Gagnants et perdants

On ne peut pas dire que la politique ait encombré ce blog ces dernières semaines, alors que, je le rappelle pour ceux qui m’ont naguère reproché de m’écarter de la musique, c’est bien un blog personnel, où je m’exprime en toute liberté, sans engager qui que ce soit d’autre que moi !.

Michel Denisot twittait lundi : « En fait si j’ai bien compris les perdants ont gagné et le gagnant a perdu ?« 

C’est très exactement le sentiment que j’ai éprouvé tout au long de la soirée électorale du 24 avril.

Les chiffres

Les rares partisans du président réélu, sur les plateaux de télévision, avaient le plus grand mal à faire reconnaître qu’un score de 58,55 % au second tour c’est une vraie victoire, et qu’en démocratie une seule voix de majorité fait l’élection, quelle que ce soit sa nature – un maire, un député, un président. Et quasiment tous les commentateurs, à l’unisson des porte-parole du Lider Minimo JLM, de reprendre l’infox « le président le plus mal élu », etc..

Détesté

Mais, on nous l’a assez seriné, on n’a pas voté pour Macron mais contre Marine Le Pen, d’ailleurs Macron est « détesté » – petite musique entendue pendant tout le quinquennat passé, y compris parmi des proches -. Détesté pourquoi ? ah oui! les petites phrases, l’arrogance. Mais ses résultats, le bilan de son quinquennat ? à peine évoqués, même par ses soutiens. Le « quoi qu’il en coûte » qui a sauvé l’économie française, payé les salaires pendant la pandémie, empêché des pans entiers – la culture par exemple – de sombrer, la baisse spectaculaire du chômage, la baisse des impôts, tout cela est donc négligeable ?

Jadis on avait honte de dire qu’on allait voter Le Pen et les sondages sous-évaluaient régulièrement le vote d’extrême droite. Cette année singulièrement la honte a changé de camp, il fallait presque s’excuser, cacher qu’on pouvait choisir Macron par adhésion !

Opportuniste

Opportunisme : Comportement ou politique qui consiste à tirer parti des circonstances, en transigeant, au besoin, avec les principes (Le Petit Robert)

On voit bien que le vocable a une connotation péjorative, mais c’est peut-être l’adjectif qui peut définir le mieux Emmanuel Macron, depuis qu’il a décidé, en 2016, de lancer son mouvement En Marche, puis de se présenter à la présidence de la République. Une forme de virtuosité, d’intelligence (ah oui c’est vrai que l’intelligence est un grave défaut, l’arrogance on vous dit !) qui a pulvérisé le paysage politique ancien, comme le relevait Alain Duhamel (voir Emmanuel le hardi).

Le jeune président qui vantait les premiers de cordée, la start up nation, est le même qui a nationalisé l’économie pour sortir de la pandémie.

Evidemment, il y a des trous dans le bilan, des incertitudes dans le projet. Je n’ai pas grand chose à changer au texte que j’écrivais, à propos de la Culture, il y a cinq ans : L’Absente. Le Pass Culture, c’est bien, mais ce n’est ni une réflexion en profondeur, ni un projet d’envergure.

Et maintenant ?

Ce n’est pas la première fois ici que je cite Sylvain Fort, qui une fois de plus parle d’or dans L’Express :

« En France, on qualifia longtemps de « respiration démocratique » les scrutins majeurs – présidentielle, législatives, régionales, municipales – permettant aux citoyens de s’extraire de la hâte des jours, de se poser la question des enjeux essentiels et de choisir par le vote ceux qui les endosseraient le mieux. A l’issue de cette élection présidentielle 2022, une seule certitude s’impose : la France a le souffle coupé. La démocratie française tente de survivre dans un oxygène raréfié. La pulsation foncière de notre pays n’est plus le souffle long de la raison et de la délibération, mais la convulsion de spasmes successifs/…/

Dévitalisées par l’abstention, les élections intermédiaires donnaient à la présidentielle le rôle fondamental non point seulement de choisir le chef d’un régime fondé, on le sait, sur la toute-puissance du président, mais de laisser de côté un instant les oripeaux du travailleur-consommateur pour décider en citoyens de notre avenir collectif. Sarkozy, Hollande, Macron ne furent pas le choix de tous, mais ils furent le fruit d’un élan suffisamment large pour que le droit de gouverner ne leur fût point contesté

En 2022, cette salutaire halte démocratique est à son tour devenue un moment de crise. Le résultat du 10 avril a fait la part belle aux partisans de la rupture radicale, qui n’ont pas pleinement accepté le fruit d’un scrutin consacrant pourtant leur domination. Le nombre de citoyens persuadés que l’élection leur avait été volée, que le scrutin était trafiqué, que la démocratie est prise en otage est, en France, colossal. Alors que fleurit dans tous les programmes, sous l’influence clientéliste des gilets jaunes, la promesse du référendum d’initiative citoyenne, le vote traditionnel est devenu suspect, vérolé, et jugé fallacieux par ceux-là même qui s’y sont pourtant soumis... » (Sylvain Fort, L’Express, 26 avril 2022)

L’enjeu du quinquennat qui s’ouvre, comme des élections législatives, est herculéen : réparer la République, réparer la démocratie. Réapprendre à chacun le sens de la discussion, respectueuse des opinions, mais débouchant sur des décisions claires. Se départir de l’invective permanente, de la lâcheté de l’anonymat des réseaux sociaux, prendre le temps de la réflexion, de la délibération, de la recherche d’un accord. Et ne plus se situer dans ce rapport au pouvoir – caractéristique très française – qui fait qu’on attend tout de lui, tout en le criblant de flèches à la moindre difficulté.

Bouquet d’hommages

Michel Bouquet ou l’ambiguïté

C’est très certainement à juste titre que Michel Bouquet ploie sous les hommages unanimes et je n’aurai pas l’outrecuidance d’exprimer une voix divergente. M’en voudra-t-on si je ne suis pas un admirateur béat de l’acteur de théâtre des dernières années, ai-je le droit de trouver qu’à la fin Michel Bouquet faisait du Michel Bouquet, sans que son talent soit le moins du monde en cause ?

Pour tout dire, j’aime plutôt me rappeler l’exceptionnel acteur de cinéma, ces personnages d’une féroce ambiguïté que lui confièrent Truffaut, Chabrol et quelques autres plus oubliés dans les années 70.

Avant et après

J’avais oublié de signaler dans mes devoirs de vacances ce livre de poche commencé nonchalamment il y a quelques semaines, et achevé avant-hier. Alain Duhamel a publié cet essai au début de 2021, et comme toujours celui-ci ne se résume pas à son titre. C’est beaucoup moins un portrait, certes vif, acéré, sans complaisance aucune, du président-candidat, qu’une analyse particulièrement affinée de l’évolution des forces politiques… et des candidatures, alors vraisemblables, à l’élection présidentielle.

C’est un exercice très amusant que de commencer ce type de livre avant une élection et de le terminer une fois le résultat partiellement connu. Ce que Duhamel dit des candidats et candidates qui ont concouru est à la fois impitoyable et d’une justesse impérieuse (Hidalgo, Pécresse, Bertrand, Jadot, Mélenchon, etc.).

L’évidence

Je n’ai besoin d’aucun soutien, d’aucune justification, d’aucune excuse, pour affirmer que, le dimanche 24 avril, le choix, mon choix, est clair : je vote Macron. Même pas parce que je ne supporte pas, n’ai jamais supporté ni l’extrême droite, ni l’extrême gauche. Mais tout simplement parce qu’Emmanuel Macron c’est le seul qui défie la comparaison avec tous ses concurrents. Il est plein de défauts, d’oublis, de tout ce que les éditorialistes adorent reprocher à un président de la République. Mais c’est le seul. Aujourd’hui. Donc c’est lui dimanche prochain.

Servir plutôt que se servir

Les valeurs de Renaud Capuçon

Prononcer son nom sur certains réseaux sociaux vous expose à toutes sortes de railleries et d’apostrophes. Renaud Capuçon on aime ou on déteste !

Le violoniste que j’ai invité le 16 juillet prochain à Montpellier avec Michel Dalberto à jouer Fauré, Elgar et Richard Strauss (lefestival.eu) se livre, comme jamais, dans un long entretien au magazine Classica de juillet.

Ses admirateurs comme ses détracteurs devraient lire ce que dit Renaud Capuçon, sans aucune langue de bois :

Sur la crise sanitaire : « Je n’ai laissé voir que le côté bon élève gentil qu’on retrouve dans mon aspect physique ou ma manière de m’habiller. Or j’étais intérieurement désespéré. Pas pour moi, mais pour les autres. Je sais que l’Etat a fait beaucoup, bien plus que les autres pays du monde, mais si le musicien d’orchestre ou les intermittents ont été protégés, ce n’est pas le cas des solistes qui ont vu s’annuler tous leurs concerts de l’année contre une maigre obole de 1500 €. Il y a eu des gens connus qui n’arrivaient plus à payer leur loyer.. »

Un projet sans lendemain : « Au lieu de pleurer, j’ai imaginé le projet d’une gigantesque captation de toute la musique française, de Rameau à nos jours, pour donner du travail à tous et créer un document unique, payé par l’Etat, consultable partout et qui pourrait s’avérer un trésor national »…. Le violoniste dit en avoir parlé à Emmanuel Macron, Bruno Le Maire et Roselyne Bachelot, mais constate que ça n’a pas pu se faire : « Je n’en veux à personne, mais c’est dommage car c’était un vrai plan Marshall pour la culture, qui aurait mis tous les musiciens français, connus ou pas connus, à égalité et qui aurait rallumé la flamme »

Notre-Dame et les insultes : Renaud Capuçon évoque sa traversée de la crise sanitaire, les projets qu’il a imaginés avec de jeunes musiciens pour des captations, et un épisode qui l’a meurtri : « à Pâques en 2020, l’archevêché de Paris m’a demandé de jouer les Sept dernières paroles du Christ de Haydn avec mon quatuor à cordes. Je suis musicien, croyant, amoureux de Notre-Dame, j’ai tout de suite dit oui. Mais le général Georgelin a prévenu qu’il était impossible d’accueillir plus d’un musicien pour des raisons de sécurité. J’y suis donc allé seul. Après cette expérience, j’étais encore rempli d’émotion quand un ami m’a appelé. C’est par lui que j’ai appris le déchaînement d’insultes déversées sur ma page Facebook. Il y avait des violonistes, des personnes que je connaissais. J’étais abasourdi. Cette période révèle la vraie nature des gens »

Plus loin, Renaud Capuçon confesse une addiction paradoxale aux réseaux sociaux, mesure les avantages comme les inconvénients de la célébrité, de l’exposition (surexposition ?) médiatique..

Servir et non se servir de la musique : « Mon obsession, c’est que la musique ne soit jamais reléguée au second plan. Ne jamais perdre de vue le noyau, l’intégrité. Chaque jour je dois prendre des décisions, je suis très souvent sollicité pour des choses qui pourraient me tenter… J’ai refusé de participer à Prodiges* qui est une émission de divertissement. Je reste attaché à une certaine éthique, celle des Casals, Busch, Menuhin.

En un mot, j’aime et j’admire ceux qui ne se servent pas de la musique mais qui la servent.

Je n’ai pas regardé les dernières Victoires de la musique classique. Je reste marqué par une certaine époque et une certaine classe, celle d’un Jacques Chancel hier ou d’une Anne Sinclair aujourd’hui. Partager le beau avec un large public sans avilir. J’ai souvent l’impression que la télévision ignore ce qu’est un vrai talent ou un vrai musicien. Sur les chaînes publiques la musique fait partie du cahier des charges, mais on lui demande aussi de faire de l’audience alors même qu’il n’y a plus de publicité à cette heure-là. Il faudrait s’inspirer de la BBC qui opère une distinction entre culture et divertissement…. Ce n’est pas le nombre de followers qui doit décider qui joue bien une sonate de Mozart. La musique classique, c’est tout sauf ce monde-là ! »

Il faut lire toute la suite de l’entretien, largement consacrée au répertoire du musicien, à ses rapports avec les compositeurs d’aujourd’hui, à son activité d’enseignement et aux projets qu’il nourrit avec l’Orchestre de chambre de Lausanne dont il vient d’être nommé directeur artistique


Quant à moi, je ne suis pas surpris de lire cet entretien. Je connais Renaud depuis ses 18 ans ! Je l’ai vu se former, se forger son identité de musicien, progresser pas à pas, je l’ai invité plusieurs fois à Liège – Brahms, Rihm, Escaich, Beethoven… -. Je l’ai entendu créer les oeuvres de Dusapin, Mathias Pintscher. Je lui avais demandé, en 2017, de jouer à Montpellier le concerto de Khatchaturian, voici ce qu’il en disait au micro de France Musique : « C’est la première fois que je joue ce concerto. Au départ, je comptais présenter le n°1 de Prokofiev mais j’ai accepté le challenge de travailler un nouveau concerto car il était totalement dans le thème de cette soirée appelée « Aux confins de l’Empire ». Je suis très heureux de le jouer car c’est une œuvre que je connaissais mal. Elle a beaucoup d’allure et qui va plaire au public. C’est très daté dans l’écriture car quand on compare avec ce que pouvait composer Schönberg, Stravinsky ou Berg à la même époque ou plus tôt. Ce concerto illustre extrêmement bien l’époque, la Russie des années 1940.« 

J’ai hâte de le retrouver le 16 juillet prochain à Montpellier.

(* Prodiges est une émission de France 2, un « concours » pour jeunes musiciens avec un jury dont fait partie Gautier Capuçon, le frère violoncelliste de Renaud)

L’infantilisation comme mode de gouvernement ?

Me voici depuis dix jours dans un pays, l’Italie, qui a été l’un des premiers en Europe à subir la crise du COVID-19. Dans les lieux touristiques, les restaurants, les musées, tout le monde respecte les consignes – port du masque, distance, parfois prise de température – dans la bonne humeur et sans crispation apparente.

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(Bergame)

Je ne suis pas l’actualité italienne mais je n’ai pas l’impression que la crise sanitaire fasse la une des titres et des médias. Pas comme en Belgique ou en France où il ne se passe pas une journée que des titres auxquels je suis abonné en remettent une couche, avec une énième intervention du Monsieur Jourdain de la politique, ce Premier ministre qui surjoue son ancrage territorial et l’accent rocailleux de son Gers natal quand il a fait l’essentiel de sa carrière de haut fonctionnaire à Paris, et qui doit déjà sérieusement agacer celui qui l’a nommé, ou de tel de ses ministres qui appliquent rigoureusement les « éléments de langage » fournis par Matignon.

Il n’est pas jusqu’à la ministre de la Culture, la pourtant sympathique et compétente Roselyne Bachelot, qui semble avoir adopté la langue de bois de son prédécesseur : elle se promet « d’accompagner » le monde de la culture en engageant des « discussions » dès la semaine prochaine. Je n’ai rien lu d’elle protestant contre l’autorisation délivrée par le préfet de Vendée (donc l’Etat !) au Puy du Fou – juteuse entreprise privée – de s’affranchir de la règle des 5000 participants maximum !

D’autres et non des moindres – des sommités scientifiques (j’invite à lire le blog de l’ancien Recteur (Président) de l’Université de Liège, Bernard Rentier)  politiques, constitutionnelles – l’ont écrit : cette crise sanitaire a révélé et continue de révéler la dérive infantilisante de ceux qui nous gouvernent.

Le gouvernement de Twitter

On a tellement moqué Trump pour son usage immodéré de Twitter, mais je ne vois pas bien en quoi les élites françaises, tellement plus intelligentes et cultivées que le président américain, diffèrent de sa pratique.

Un feu de forêt, un accident de la route, une « incivilité « – ah qu’en termes élégants ces choses là sont dites ! – dans les transports, et c’est automatiquement une rafale de tweets tous sur le même modèle, avec les mêmes mots qui ne veulent plus rien dire. S’y ajoutent dès déplacements ministériels en grand appareil – au fait quel est le coût financier et écologique de ces expéditions aéroportées ? – qui, pardon de le dire brutalement, ne servent à rien ni à personne sauf à faire de belles (?) images censées impressionner le bon peuple et lui démontrer que ses gouvernants sont « sur le terrain » !

Bravo Macron !

Exception à cette règle, la réaction d’Emmanuel Macronà la tragédie de Beyrouth, son déplacement au Liban 48 heures à peine après les faits. Il fallait le faire, le président de la République l’a fait et bien fait !

Comme en 1992 François Mitterrand décidant nuitamment, après un sommet européen en Espagne, de se rendre à Sarajevo assiégée

Irresponsabilité

N’attribuons pas aux seuls politiques la responsabilité de la cacophonie qui s’est manifestée pendant de longues semaines dans la communauté scientifique. Sauf quand, sans rien y connaître, ils reprenaient à leur compte les hypothèses ou pire les certitudes que les nouvelles stars des plateaux télé énonçaient complaisamment.

On pensait que scientifiques et politiques avaient tiré les leçons de plusieurs mois de doutes, d’errements, d’incohérences.

En cette mi-août, on a en réalité l’impression que tout recommence comme avant : prédictions alarmistes, informations anxiogènes, édictées sans le minimum de rigueur, de vérification des données et des chiffres. L’important c’est de faire du titre, du « buzz »…

Et le plus insupportable de tout : alors que les messages officiels ne cessent d’appeler à la responsabilité individuelle – respect des gestes-barrière, port du masque, tests – le comportement même du gouvernement (je parle de la France, mais la Belgique voisine n’est pas mieux lotie !). les annonces contradictoires, floues placent les citoyens, les chefs d’entreprises, les « acteurs »culturels – pour reprendre la novlangue en vigueur – en situation de complète irresponsabilité.

J’en sais quelque chose comme responsable d’une équipe et organisateur d’un grand festival (lire Un festival malgré tout. Il a fallu à mes équipes et moi quasiment plus de temps pour lire, déchiffrer, des livres entiers de consignes, compléter des dossiers de plusieurs dizaines de pages de demande d’autorisation de spectacles (j’aurais dû demander un coup de pouce à Philippe de Villiers !), que pour monter la douzaine de concerts que, contre vents et marées administratifs, nous avons finalement organisés. Je peux l’avouer maintenant, j’ai reçu le jeudi 16 juillet l’autorisation du préfet de l’Hérault pour les concerts du week-end des 18 et 19 juillet ! 

Emmanuel Macron avait finalement reconnu, fin juin, qu’au lieu de tout décider uniformément d’en haut, il eût fallu faire confiance aux régions, aux collectivités territoriales, aux « acteurs de terrain » (novlangue bis).

Jouer la responsabilité plutôt que l’irresponsabilité !

Infantilisation

Prenons ou plutôt reprenons l’exemple des festivals, plus largement de la vie culturelle. 

D’abord ce triste constat : même si ce n’est jamais explicite, la culture reste toujours considérée par une majorité de politiques, et plus largement les dirigeants, comme une donnée accessoire, un divertissement, une variable d’ajustement des politiques publiques. Roselyne Bachelot et quelques autres ont beau rappeler que le secteur culturel pèse sept fois plus que l’industrie automobile dans le PIB, rien n’y fait, on doit penser que le sauvetage d’un pan aussi essentiel de notre économie peut attendre. 

Depuis des mois, on nous a placés – nous les responsables d’institutions, de salles, de festivals, nous les « acteurs culturels » (novlangue ter) – dans des situations intenables, insoutenables, parce que dépendant de décisions, ou d’indécisions d’un Etat central, d’une technocratie souvent compétente par beau temps, mais tétanisée dans la tempête. 

Pense-t-on vraiment qu’Olivier Py pour le festival d’Avignon, Jean-Louis Grindapour les Chorégies d’Orange, Pierre Audipour Aix-en-Provence, auraient été incapables de gérer leur édition 2020 en respectant toutes les mesures sanitaires, incapables d’accueillir leur public, de faire travailler leurs artistes ? Ah oui, mais c’était avant le 15 juillet, date fatidique énoncée par le gouvernement Philippe – sur quelle base scientifique, quels critères sanitaires ? – ! René Martin pour La Roque d’Anthéron, Eric Le Sage pour Salon-de-Provence, ont été plus malins que nous, ils ont continué de préparer leurs festivals en silence, en le reconfigurant – pas d’orchestre sur la grande scène de La Roque -.

À Montpellier, on a pu organiser deux concerts d’orchestre… dans un lieu clos (l’opéra Berlioz) les 10 et 11 juillet, avant le fameux week-end des 18/19 en plein air. 

Pense-t-on sérieusement qu’un directeur de festival, un responsable de salle, auraient pris un risque quelconque tant à l’égard du public que des interprètes ? La réponse des uns comme des autres a été évidente : salles combles, dans des jauges réduites des 2/3, répertoires choisis en fonction d’un nombre limité de musiciens sur scène. 

Quand je vois les annonces se succéder sur la rentrée dans les écoles, dans les entreprises, toutes sur un mode infantilisant, irresponsabilisant – si vous n’êtes pas sages cet été, attention le reconfinement vous guette ! – j’en viens à me demander sérieusement si l’infantilisation du citoyen n’est pas devenu un mode de gouvernement…

Expliquer que le risque zéro n’existe nulle part, que le bon sens adapté aux situations réelles est souvent la meilleure solution, cesser le mode compassionnel, émotionnel à propos de n’importe quel fait divers aussi pénible soit-il contribuerait peut-être à enrayer la désagrégation du politique, de la politique.

Fiction ou réalité ?

Je ne sais pas si je dois être rassuré par une série Le Baron noir dont je n’avais rien vu jusqu’à cet été.

Je trouve cette fiction assez remarquable, d’ailleurs est-ce une fiction ? Pour une fois une série « politique » n’est pas caricaturale, à l’exception peut-être de l’un ou l’autre acteurs – je ne trouve absolument pas crédibles Anna Mouglalis en présidente de la République ou Pascal Elbé en premier ministre centriste.

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En revanche, Kad Merad est une révélation en « grande gueule » de gauche, et – le plus étonnant – François Morel incarne de manière époustouflante un personnage qui ressemble à s’y méprendre à Jean-Luc Mélenchon !

JPRousseau | 16 août 2020 à 09:55 | Étiquettes : Aix en Provence, ANna Mouglalis, Audi, Avignon, Bachelot, Baron noir, Bayrou, Bergame, Beyrouth, Chorégies, culture, Dorandeu, Eric Le Sage, festival radio France, gouvernement, infantilisation, italie, Jean Louis Grinda, Kad Merad, La Roque d’Anthéron, Macron, Mélenchon, Mitterrand, Montpellier, Morel, Olivier Py, Orange, Pascal Elbé, Puy du Fou, René Martin, Rickwaert, Riester, Salon, Sarajevo, Thorigny | Catégories : actualité, Critique, Non Classé

 

Quand les sondages ont tort

Les soirées électorales se suivent… et se ressemblent.

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À entendre la grande majorité des intervenants sur les plateaux de télévision, c’est toujours la même musique : les électeurs ont quand même un culot incroyable, puisqu’ils démentent les sondages !

Et toutes les analyses de se faire non pas à partir de la réalité sortie des urnes, mais en rapport avec les sondages. On parle ainsi de victoire « inespérée », « inattendue » des Verts – mais par rapport à quoi? à ce qu’annonçaient les fameux sondages ! -, d’effondrement des Républicains – mais, pire encore, par rapport aux espérances trompettées par les soutiens de M. Bellamy, avec le soutien de médias importants !

Et puis bien sûr le « triomphe » de Marine Le Pen, « l’échec » d’Emmanuel Macron, etc. Résultat final, l’écart entre les deux listes n’est que de 0,9 % !

En politique, il vaut mieux éviter d’avoir la mémoire courte. La comparaison des résultats de 2014 et 2019 est édifiante et devrait inciter les responsables politiques et ceux qui font profession de journalisme à un peu plus d’exigence et de rigueur :

2014 :
François Hollande est président de la République
Abstention 57,57 %
Votants 42,43%

Front National 24,86%  24 sièges
UMP 20,81    20
Union de la Gauche 13,98  13
Union du Centre 9,94 7
Europe Écologie – Les Verts 8,95 6
Front de Gauche 6,33 3
Divers gauche 3,18 1
Total sièges 74

2019
Abstention 49,27 %
Votants 50,73

Rassemblement national 23,31% 23 sièges
La République en marche, Modem  22,41 23
Europe Écologie – Les Verts 13,47 13
Les Républicains (LR) 8,48 8
La France Insoumise (LFI) 6,31 6
Parti socialiste 6,19 6
Total sièges 79 (après que le Royaume-Uni aura quitté l’Union européenne !)

De même, lorsqu’on voit la composition du prochain parlement européen, il y a de quoi se réjouir que, dans la plupart des pays européens, les électeurs aient déjoué les prévisions des sondages… Les pro-européens ont gagné cette élection, les extrêmes sont loin de triompher !

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Il y a cinq ans, j’écrivais ceci : Changer

Je n’ai pas reconnu ma France hier soir.

Mais je ne me sens pas le droit d’insulter ces compatriotes qui ont mis beaucoup d’ombre sur le bleu de notre drapeau tricolore. Ni d’insulter qui que ce soit d’autre d’ailleurs. À un choc pareil, très largement irrationnel, dé-raisonnable, on n’oppose pas l’invective ou le mépris. On essaie de comprendre, et je ne suis pas loin de penser, comme plusieurs analystes l’ont fait remarquer hier soir, que depuis le 21 avril 2002 – pour rappel, l’élimination du candidat socialiste Lionel Jospin au 1er tour de l’élection présidentielle, et la présence au second tour de Jean-Marie Le Pen face au président sortant Jacques Chirac –  on n’a tiré aucun enseignement, on n’a rien changé au logiciel politique français. Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, comment s’étonner que triomphe la seule parole qui s’adresse à ces millions d’électeurs déboussolés, désarçonnés, révoltés, en leur promettant des lendemains qui chantent ? L’invocation de l’Histoire, la mémoire de ses horreurs, n’ont aucun poids, quand on n’a pour horizon que son malheur quotidien.

La parole publique doit changer, les hommes et les femmes de culture doivent changer, les politiques doivent  changer. Sortir de leur entre-soi, de leurs conventions, de leurs lamentations.

Il y a bientôt 25 ans, tous nos frères d’Europe orientale ont cru de toutes leurs forces que la liberté était possible, pour peu qu’on la veuille, que le changement était possible, pour peu qu’on le veuille. A-t-on déjà oublié la dernière Révolution du siècle passé ? (26 mai 2014)

Le seul changement intervenu depuis cinq ans, c’est effectivement l’éparpillement façon puzzle – pour paraphraser Michel Audiard dans Les Tontons flingueurs – qu’a provoqué l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Mais les raisons du succès de l’extrême droite, elles, n’ont pas changé…

 

 

 

Révolutions (2)

J’ai le mois de décembre révolutionnaire !

Amusant de relire cet article du 17 décembre 2016 : RévolutionsIl y est question de Macron, Mélenchon, Fillon et de quelques Russes.

En décembre 2017, j’avais fait un tour à Chemnitzcette cité industrielle de l’ex-RDA, appelée Karl Marx Stadt de 1953 à 1990, où ont eu lieu, l’été dernier, de violentes manifestations de néo-nazis

img_3835(La fameuse sculpture monumentale de Lev Kerbel décidée en 1953… finalement érigée en 1971 !)

Et il y a quelques jours, à Berlin retrouvailles inattendues avec Karl Marx et son camarade Friedrich Engels

img_0831Une petite place tout près de l’Alexanderplatzla plupart des touristes s’arrêtant à peine, et parmi ceux qui prenaient des photos, deux noms qui ne disaient rien à personne !

Peu avant de partir à Berlin, j’avais repéré et acheté chez mon libraire favori un petit bouquin au titre intrigant :

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Alain Badiou n’est pas ma tasse de thé, et ce qu’on appelle « la présentation de l’éditeur » ferait plutôt office de repoussoir :

Un voyage en Transsibérien ? Non, une méditation personnelle sur les deux révolutions du XXe siècle, les deux grandes victoires qui démontrèrent que l’impossible peut parfois survenir. Des « Thèses d’avril » de Lénine (1917) à la « Décision en 16 points » du Parti communiste chinois (1966), Badiou montre combien était intelligente et généreuse la pensée qui sous-tendait l’action révolutionnaire. Si pour finir ces deux révolutions ont échoué, victimes de la coalition disparate des cadres du parti, de l’armée comme toujours conservatrice et de l’esprit petit-bourgeois, leur histoire est pleine d’enseignements pour tous ceux qui croient en l’avenir du communisme.

La « générosité » de la pensée léniniste ou maoïste ? L’avenir – forcément radieux – du communisme ? On se pince… et puis on lit ! Et on redécouvre, en effet, des faits, des situations, des prises de position, qui ont été décisifs dans la « bascule » révolutionnaire des événements de 1917 en Russie et de la « révolution culturelle » chinoise de 1966.

J’ai toujours pensé que pour combattre une idéologie, un sectarisme, il fallait en connaître les ressorts et les origines. Et donc lire les penseurs, philosophes, sociologues qui les promeuvent et les défendent. En l’occurrence, la stature intellectuelle et le talent de plume d’Alain Badiou confortent son propos, s’ils n’excusent en rien ses errements, ses complicités avec les pires régimes qui soient.

 

Un thé à Tanger

J’ai cru ne pas y arriver. Ce « pont » de la Toussaint à Tanger aurait pu ne pas exister ! Une météo catastrophique sur Montpellier que je devais quitter hier après-midi, un vol qui risquait d’être annulé (et qui ne l’a heureusement pas été !), un TGV réservé par précaution (parti de Montpellier Saint-Roch avec 5 heures de retard !) Un passeport récupéré in extremis à Paris (alors que la compagnie aérienne marocaine m’avait simplement demandé un numéro de carte d’identité !), les embouteillages de veille de long week-end, mais finalement un excellent vol Orly-Tanger.

Le Maroc c’était un souvenir déjà ancien. En novembre 1997, Marrakech, la traversée de l’Atlas, Ouarzazate, Essaouira, Casablanca, multiples bonheurs.

Mais Tanger, jusqu’à présent un mythe, Paul Bowles, Matisse, un lieu un peu mystérieux, hors du temps. Des photos sur Facebook postées par des amis qui y ont leurs habitudes, un livre ou deux.. et me voilà décidé.

Au terme d’une première journée, fond d’air frais, mais soleil généreux, l’enchantement.

IMG_9619Le plus haut palmier du Maroc

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Vue sur la médinaIMG_9547

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IMG_9571Merveilles d’une casbah multicolore

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IMG_9609Le célèbre Café El-Hafa

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D’autres photos suivront… qui ne diront pas la magie des lieux, la gentillesse des Tangérois.

PS Je découvre, en lisant l’article Wikipedia consacré à Tangerdans la liste impressionnante de personnalités liées à cette ville, que Jean-Luc Mélenchon y est né en 1951. Il devrait venir s’y ressourcer pour y retrouver l’esprit bienveillant des lieux…

D’autres photos ici : Dans la casbah de Tanger