Les anniversaires 2025 (I) : Johann Strauss

Franchement on se demande bien ce qui a poussé l’Orchestre philharmonique de Vienne à choisir Riccardo Muti pour diriger le concert du Nouvel an 2025 et célébrer le bicentenaire de la naissance du plus célèbre Strauss de la famille, Johann, né le 25 octobre 1825 et mort le 3 juin 1899 à Vienne. Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu et entendu depuis longtemps un concert aussi soporifique, ennuyeux, et pour tout dire complètement hors sujet.

Déjà il y a quatre ans j’écrivais : « En regardant le concert de Nouvel an hier, en direct de la salle dorée du Musikverein de Vienne, vide de tout public, j’avais la confirmation d’un phénomène si souvent observé : le fringant Riccardo Muti qui dirigeait son premier concert de l’An en 1993 a laissé la place à un bientôt octogénaire (le 28 juillet prochain) qui empèse, alentit, la moindre polka, wagnérise les ouvertures de Suppé, et surcharge d’intentions, de rubato, les grandes valses dJohann Strauss. » (2 janvier 2021)

Même dans le célébrissime Beau Danube, on a envie de lui dire : « Laisse aller c’est une valse » !

Je suis sévère ? alors, juste pour mémoire, l’ouverture du Baron Tzigane qui était au programme ce 1er janvier, et le 1er janvier 1992 sous la baguette de Carlos Kleiber !

Pourquoi n’avoir pas invité dès cette année Yannick Nezet-Seguin annoncé le 1er janvier 2026 ? Il aurait au moins donné un coup de jeune à cette institution.

On aura au moins eu le plaisir d’entendre l’excellent François-Xavier Szymczak commenter pour France Musique et pour France 2 ce concert de Nouvel an, avec une pensée pour Benoît Duteurtre qui officiait à cette place. On a même aperçu FX dans l’espèce de documentaire/reportage que Stéphane Bern nous sert chaque année sur un mode plus décontracté, moins pompeux qu’à l’ordinaire : on aurait bien prolongé la halte que les deux ont faite dans la maison de Johann Strauss et le musée consacré à la famille (Documentaire à revoir sur France.TV)

On peut, on doit même, aussi lire le numéro double de Classica.

J’ai si souvent lu des platitudes, des approximations, y compris dans des ouvrages prétendument sérieux, sur la famille Strauss, que je dois saluer la qualité des dossiers consacrés à Johann (noter en passant la qualité de sa fiche Wikipedia). Je ne suis pas d’accord avec toutes les préconisations discographiques. J’ai déjà eu ici (Les perles du 1er janvier) et j »aurai encore bien des occasions cette année de célébrer Johann Strauss le fils.

Juste pour se rappeler un chef – Georges Prêtre – qui, à 86 ans, dirigeait sans partition et avec une gaîté contagieuse, en l’occurrence une polka rapide de Johann Strauss le père : le Carnaval à Paris

Paris n’a jamais su ou voulu célébrer ses musiciens : à l’exception de l’avenue Mozart dans le 16e arrondissement, on cherchera en vain les places, les avenues Vivaldi, Beethoven ou même Lully, Rameau ou Ravel… Il y a quelques années, je suis passé par hasard sur la place Johann Strauss… Pas sûr que beaucoup de Parisiens sachent où elle se trouve !

Et puis on pourra surtout réécouter sur France Musique le concert plus viennois que nature qu’ont donné lundi et mardi l’Orchestre national de France et l’ensemble Janoska, et lire la critique que j’en ai faite pour Bachtrack : Le Nouvel An viennois de l’Orchestre national.

3 réflexions sur “Les anniversaires 2025 (I) : Johann Strauss

  1. Un peu rapide le jugement sur Paris. D’abord, il existe des rues Lully (Lulli) et Rameau (toutes deux dans le 2ème arrondissement), ensuite, quid de la place Franz Liszt, de la rue Pergolèse, de la rue Auber, de la rue Rossini, de la rue Halévy, de l’avenue Berlioz, du square Spontini, de la rue Brahms (certes récente), de la rue Saint-Saëns, de la place Francis Poulenc, et du square du même nom, de l’allée Darius Milhaud (récente, elle aussi), pour ne citer que celles qui me viennent à l’esprit. En revanche, pas de boulevard du grand ronchon… Bonne année 2025 à vous.

    1. Nullement « rapide » mon jugement sur Paris. Il se trouve qu’à un moment, dans le cadre d’un projet que j’avais – et qui ne s’est jamais réalisé – sur les compositeurs français ou étrangers à Paris, et leurs résidences, j’ai fait une sorte de recensement des noms de rues, places, avenues portant des noms de musiciens. Ce que vous dites en fait confirme mon jugement : les compositeurs ont la portion congrue, et souvent dans des lieux exigus (la place Francis Poulenc est ridiculement petite, en face du Sénat). Pour Vivaldi, il faut chercher une « allée » aux fins fonds du 12e sur le tracé de la Coulée verte. Mais les « injustices » sont légion à Paris : pourquoi 3 fois Grenelle (rue, quai, boulevard), 3 fois Voltaire (quai, boulevard, rue) et 1 seule rue étroite scindée en deux portions pour mon illustre homonyme ? Bonne année à vous aussi !

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