J’ai à plusieurs reprises évoqué ici mes quelques rencontres avec le chef anglais Roger Norrington (88 ans !). Extraits choisis :
Avec l’Orchestre de chambre de Paris (28 mai 2015)
Ce n’était pas la foule des grands soirs mais le programme autant que les interprètes justifiaient qu’on soit présent au Théâtre des Champs Elysées ce mardi soir. Très british indeed !
Roger Norrington, Ian Bostridge, Purcell (la suite Abdelazer or the Moor’s Revenge, dont le rondeau a servi de thème à Britten pour son fameux Young person’s guide to the orchestra), Britten justement et son Nocturne, pour ténor et orchestre, d’un accès moins aisé que la Sérénade antérieure, la sublime Fantaisiede Vaughan Williams sur un thème de Thomas Tallis, et last but non least la 103eme symphonie de Haydn qui s’ouvre par un spectaculaire « roulement de timbales »
Beethoven, Haydn et Disques en Lice
L’autre souvenir est lié à l’émission Disques en lice, fondée en décembre 1987 sur Espace 2, la chaîne musicale et culturelle de la Radio suisse romande, par François Hudry, à laquelle j’ai participé sans interruption jusqu’à mon départ de la Suisse pour France Musique (à l’été 1993).
La grande affaire de ces années-là avait été l’intégrale très admirée et très controversée des symphonies de Beethoven que Roger Norrington avait réalisée pour EMI avec les London Classical Players. Norrington avait devancé Harnoncourt et Gardiner dans cette entreprise, il prétendait se fier strictement aux indications métronomiques de Beethoven lui-même. Quel décrassage, quel dégraissage pour nos oreilles ! Et voici qu’un jour (pour la centième de l’émission ?) François Hudry avait invité Norrington à venir lui-même parler de ses interprétations, en l’occurrence de la 6e symphonie « Pastorale » de Beethoven
Et l’émission et le repas qui suivit furent bien trop courts… Sir Roger étant un formidable personnage, savant, gourmand, jouissant de la musique comme des farces qu’il fait aux musiciens et au public.
Je me rappelle alors lui avoir demandé s’il comptait graver Haydn. Il se tâtait encore, connaissant la difficulté de l’entreprise. La réponse vint quelques années plus tard, pour ce qui est des symphonies « londoniennes » et tout récemment pour le cycle des « parisiennes« . Evidemment indispensable !

Roger Norrington et François Hudry (Photo F.H.)
Sans attendre son 90ème anniversaire, et parce que le chef a lui-même annoncé mettre un terme à sa carrière, Erato (Warner) réédite tout ce que Norrington a enregistré avant qu’il ne prenne la direction de l’orchestre de la radio de Stuttgart (et qu’il regrave une grande partie de son répertoire pour Hänssler avec des bonheurs plus fluctuants !)

Rien d’inconnu dans ce coffret, mais des versions qu’on avait parfois oubliées. La presque totalité enregistré avec l’ensemble London Classical Players, fondé par Roger Norrington en 1978 et dissous en 1997, regroupant des musiciens participant à d’autres formations, comme The Orchestra of the Age of Enlightenment.
Contenu du coffret Warner/Erato :
Beethoven : Symphonies + concertos clavier (Melvyn Tan)
Berlioz : Symphonie fantastique + Ouverture Les Francs-juges
Brahms : Symphonies + Variations Haydn + Ouverture tragique + Requiem allemand
Bruckner : Symphonie 3
Haendel : airs d’opéras (David Daniels) + Water Music, Royal Fireworks
Haydn : Symphonies 99-104
Mendelssohn : Symphonies 3 et 4
Mozart : Symphonies 38-41 + concertos 20/23/24/25 (Melvyn Tan), concerto 16 (Knauer) + Requiem
Mozart : Don Giovanni
Mozart : la Flûte enchantée
Purcell : The fairy queen
Gala Rossini + ouvertures
Schubert : Symphonies 4,5,6,8,9, ouverture Die Zauberharfe
Schumann : Symphonies 3,4, ouverture Genoveva
Smetana : Ma Patrie
Wagner : ouvertures
Weber : Symphonies 1 et 2, Konzertstück (Melvyn Tan)