Venu une première fois à Naples en 2002, je n’avais pu ni entrer ni a fortiori assister à une représentation du célèbre théâtre San Carlo.
Cette fois j’ai au moins pu le visiter et constater, même sans qu’aucune musique n’y soit produite, que sa réputation acoustique exceptionnelle n’est pas surfaite.
La façade et les abords extérieurs sont dans un triste état. L’intérieur a heureusement été restauré dans ses premières splendeurs.
Ce qu’on voit de la loge royale
(Le grand foyer ajouté en 1937)
Le San Carlo a été un foyer considérable de création lyrique (450 premières mondiales !) : on renvoie à l’excellent article paru sur Forumopera : Le théâtre San Carlo de Naples.
Il faudrait bien plus d’un article pour évoquer le rôle de Naples dans l’histoire de la musique, de l’opéra. Mais je ne peux m’empêcher un clin d’oeil à Marc Voinchet, Jany Macaby et les 30 clavecinistes réunis autour de Frédérik Haas qui, il y a tout juste un mois – le 14 juillet 2018 – lançaient le marathon Scarlatti qui allait illuminer tout le Festival Radio France 2018, Domenico Scarlatti étant l’un des plus illustres enfants de Naples, où il est né le 26 octobre 1685.
Prenons des chemins buissonniers et amusons-nous, en cette mi-août, à musarder chez les compositeurs que Naples a, de près ou de loin, inspirés.
Richard Strauss, par exemple, et son poème symphonique Aus Italien dont les 3ème et 4ème volets évoquent les plages de Sorrente et la vie napolitaine (ici sous la baguette d’un Napolitain pur jus, Riccardo Muti)
Richard Strauss cite, au début de ce 4ème mouvement, l’une des chansons napolitaines les plus célèbres Funiculi Funicula, qui n’appartient pourtant pas au répertoire populaire mais qui a connu un succès foudroyant dès sa création en 1880.
Nelson Goerner jouait, le 17 juillet dernier, au Festival Radio France, une jolie suite de Poulenc de 1925, simplement intitulée Napoli
Je viens d’en trouver une version, que je ne connaissais pas, que je ne soupçonnais même pas, sous les doigts de…Claudio Arrau
Dans les Années de Pélerinage de Liszt, le triptyque Venezia e Napoli qui forme le supplément de la Deuxième année (Italie) se clôt par une virtuose Tarentelle.
Naples a aussi séduit Tchaikovski : son Capriccio italien en porte la marque évidente.
Comme la Danse napolitaine de son Lac des cygnes
Rossini, dont 6 ouvrages ont été créés au San Carlo de Naples, compose en 1835 sa Danza, qui ressemble tellement à une chanson traditionnelle qu’on en oublierait presque les auteurs. Une Danza qui a donné lieu à de multiples arrangements et orchestrations, comme Respighi (la Boutique fantasque).
Britten se livre à de brillants exercices d’orchestration de pièces de Rossini, comme cette Tarentelle des Soirées musicales op.9 (1936)
Liste non exhaustive et, pour se faire plaisir, une belle compilation de chansons napolitaines irrésistibles…
et surtout le charme inaltéré du plus italien des crooners américains, Dean Martin :
Voir aussi Sur les traces de Stendhal