Le site historique de la Bibliothèque Nationale de France, établi entre les rues Vivienne et de Richelieu dans le centre de Paris, a été fermé pendant des années – la dernière fois qu’on y était venu, Jean-PierreAngrémy (Pierre-Jean Rémy de son nom de plume) en était le président (entre 1997 et 2002). Il vient de rouvrir après une complète restauration, ou plutôt une métamorphose.
Redécouverte des lieux hier dimanche.
L’entrée se fait rue Vivienne (il est recommandé de réserver à l’avance, même si la file d’attente des visiteurs n’est pas dissuasive
La fameuse « salle ovale » surprend toujours par ses proportions… et par le silence qui y règne. Ce dimanche, la salle de lecture est comble. On entend à peine la rumeur des visiteurs qui en font le tour.
A l’étage, la galerie Mazarin, elle aussi restaurée dans sa splendeur originelle, expose quelques-uns des trésors de la BNF, et notamment quelques manuscrits de partitions célèbres, qu’on savait déposés ici mais qu’on n’avait jamais vus.
Au milieu le manuscrit du Sacre du Printemps d’Igor Strawinsky, à droite la Symphonie Fantastique de Berlioz !
De gauche à droite, la sonate Appassionata de Beethoven, le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier, le Don Giovanni de Mozart.
Il faudra revenir, revenir souvent !
En relation avec le manuscrit de Stravinsky… et une récente visite de l’exposition consacrée à Pierre Boulez dans l’autre site de la BNF (lire Découvrir Boulez), la toute première version gravée par Pierre Boulez du Sacre du printemps.
Les amis de Karine
On ne pouvait imaginer terminer mieux ce dimanche pluvieux qu’avec ce concert célébrant les 25 ans de carrière de Karine Deshayes à l’Opéra Comique.
(Ci-dessus, le 15 juillet 2017 à Montpellier, après une représentation en concert des Puritains de Bellini, avec le chef Jader Bignamini)
Je ne sais par où commencer si je dois égrener mes souvenirs d’une chanteuse, d’une musicienne sur qui l’âge semble n’avoir aucune prise – elle a fêté ses 50 ans en début d’année -. Peut-être, comme je le rappelais hier soir à l’actuel directeur de la chaîne Marc Voinchet, l’opération que nous avions menée avec France Musique, toute une semaine de directs à l’Opéra de Lyon en septembre 1998 : Karine Deshayes, Stéphane Degout et quelques autres de leurs camarades, aujourd’hui au faîte de leur carrière, y avaient fait leurs débuts radiophoniques ! Noter que la soirée d’hier sera diffusée le 26 décembre sur France Musique !
Il y avait donc foule hier, place Boieldieu, dans la salle et sur la scène. Pour un programme peut-être trop copieux, qui n’a pas laissé s’installer le côté bande de copains qu’on eût aimé, et que Karine sans aucun doute avait souhaité. Mais on ne boudera pas son plaisir, et si tout ne fut pas de la même eau, on retiendra des presque deux heures ininterrompues que dura cet « instant lyrique », des séquences émouvantes et surtout la confirmation d’un talent, d’une personnalité que l’expérience et la maturité embellissent.
Philippe Jaroussky s’étant fait porter pâle – il devait chanter le célèbre « duo des fleurs » de Lakmé – c’est l’une des plus glorieuses Lakmé de l’histoire – entendue et applaudie sur cette même scène de l’Opéra Comique en 1998 – Natalie Dessay.. qui remplaça Jaroussky !
A la fin de ce concert, tout le monde rejoint Karine Deshayes pour le nostalgique Youkali de Kurt Weill.
Mais la soirée n’était pas tout à fait terminée, puisque, à peine sorti de l’Opéra Bastille où il chantait Don José dans Carmen, Michael Spyres se transformait en Pollione pour la Norma incandescente de Karine Deshayes !
Et tout le monde cette fois de venir saluer la « Reine des bulles » comme l’a si justement surnommée Natalie Dessay, le goût pour le champagne et les bulles de Karine Deshayes n’étant pas une légende !
Générique de cette soirée :
Catégorie chanteurs : Karine Deshayes, Natalie Dessay, Delphine Haidan, Cyrille Dubois, Michael Spyres, Paul Gay
Catégorie pianistes : Antoine Palloc, Mathieu Pordoy, Bruno Fontaine, Johan Farjot
Catégorie instrumentistes : Geneviève Laurenceau (violon) , Christian-Pierre La Marca (violoncelle), Arnaud Thorette (alto), Pierre Génisson (clarinette), André Cazalet (cor)
Quand on est soi-même responsable d’un festival.. qui a commencé ce lundi, c’est toujours compliqué d’aller visiter les collègues – l’an dernier, l’ami Jean-Louis Grinda pour un Samson et Dalila d’anthologie à Orange, il y a plus longtemps encore, 2018, pour la dernière de Bernard Foccroulle à Aix-en-Provence. Avignon n’en parlons pas..rien depuis 2014 !
La seule date d’échappée possible cette année c’était ce 12 juillet, le choix entre Moïse et Pharaon de Rossini et la Salomé d’Elsa Dreisig. Finalement Rossini, en raison de sa rareté, mais un grand regret de ne pas avoir vu ni entendu la jeune soprano franco-danoise !
Philippe Venturini dans Les Échos (Rossini en version JT) dit bien ce qu’on peut penser de ce spectacle, long, trop long. Certains tressent des louanges au metteur en scène Tobias Kratzer (la nouvelle coqueluche des scènes lyriques ?): d’accord il « contemporéanise » le sujet, il n’est ni le premier ni le dernier, mais le manichéisme à deux balles, l’humanité à gauche de la scène, la froideur technocratique à droite, ça me gonfle.
Pour les chanteurs, je serai plus indulgent que les critiques de la première : Michele Pertusi n’est pas si « usé » qu’on l’a écrit, il campe un Moïse crédible (Roselyne Bachelot a twitté : « il ressuscite Charlton Heston » !), Pene Pati (Aménophis) avait retrouvé son timbre solaire, Jeanine de Bique, que j’entendais pour la première fois, m’a fait belle impression en dépit d’une diction encore perfectible, mais c’est la jeune mezzo russe Vasilisa Berjanskaia qui m’a le plus séduit dans cette production.
Ici dans la production du festival de Pesaro l’an dernier.
A Aix, j’ai loupé la création de Pascal Dusapin et je m’en suis excusé auprès de lui (eh oui il assistait avec son épouse Florence Darel à la représentation de Moïse mardi soir !). Vaines excuses, je n’avais qu’à m’y prendre autrement, mais il sait depuis longtemps mon admiration et mon affection inconditionnelles.
En revanche, j’en suis désolé pour mes amis qui le vénèrent, je me refuse à participer à la cohorte des thuriféraires de Romeo Castellucci, parce que je ne vois non seulement aucun intérêt à des mises en scène du Requiem de Mozart ou de la 2ème symphonie de Mahler, mais j’y vois surtout une trahison de l’oeuvre de ces compositeurs. Il faut déjà supporter à l’opéra les avanies, les fantasmes de bric et de broc d’une génération de metteurs en scène qui nous infligent leurs réinterprétations des chefs-d’oeuvre du répertoire. Donc non et non !
Vincent à Saint-Rémy-de-Provence
J’habite à quelques centaines de mètres des lieux où Vincent Van Gogh a vécu ses dernières semaines, du cimetière d’Auvers-sur-Oise où il a été enterré en juillet 1890 et rejoint, en 1914, par son très aimé frère Theo (mort un an après Vincent aux Pays-Bas – c’est sa veuve qui décide de réunir dans un même tombeau les deux frères). Je connaissais à peu près tous les lieux qu’a fréquentés le peintre, sauf le cloître Saint-Paul de Masole de Saint-Rémy-de Provence, mi-hospice, mi-asile, aujourd’hui toujours maison de santé et de retraite, où Van Gogh passa une année, de mai 1889 à mai 1890 et peignit pas loin de 150 toiles !
C’est l’une des nouvelles productions de la saison de l’Opéra de Paris : Cendrillon, l’opéra de Massenet.
On est allé voir cette Cendrillon vendredi dernier, avec quelques réticences : les premières critiques n’étaient pas très flatteuses (Cendrillon rate le coche), on craignait d’être déçu par rapport au souvenir qu’on avait d’un spectacle très réussi il y a une dizaine d’années, à l’Opéra Comique, mis en scène par Laurent Pelly.
Crainte injustifiée : la mise en scène de Mariame Clément est astucieuse et poétique, les impressionnants décors de Julia Hansen composent un spectacle très plaisant (Forumopera : La machine féerique). Certes, la diction française des principaux rôles est encore perfectible, mais Tara Erraught en Lucette/Cendrillon, Anna Stephany (qu’on avait applaudie l’été dernier au Festival Radio France) en prince charmant, Daniella Barcelona en marâtre, tout comme la fée de Kathleen Kim, incarnent parfaitement leurs personnages, et tous leurs comparses sont dignes d’éloge. On se demande, en revanche, ce qui a motivé le choix de Carlo Rizzi, d’ordinaire abonné à l’opéra italien, pour diriger un Massenet méconnu.
D’autres Cendrillon
Il faut lire l’article remarquablement documenté de Wikipedia sur Cendrillon. J’avoue que je ne connaissais guère que les « versions » de Charles Perrault et des frères Grimm de ce conte très très ancien !
En musique, on connaît bien l’opéra-bouffe de Rossini, la Cenerentola, dont le livret repose sur le conte de Perrault.
Eblouissante Agnes Baltsa sous la direction d’un chef inattendu dans ce répertoire et qui a signé plusieurs réussites rossiniennes, Neville Marriner
Il faut évidemment connaître l’une des rares versions au disque de la Cendrillon de Massenet, malgré la diction marshmallow de Federica von Stade
On doit aussi citer le grand ballet de Prokofiev, que le théâtre Marinski de Saint-Pétersbourg presse d’écrire, après le succès de Roméo et Juliette. Prokofiev entreprend sa Cendrillon en 1941, mais ne l’achève qu’en 1944. La première a lieu le 21 novembre 1945 au Bolchoi à Moscou.
Une autre Cendrillon est, elle, beaucoup moins connue, et tout à fait contemporaine de celle de Massenet. Il s’agit d’un ballet dû au roi de la valse, compositeur de La Chauve-Souris, Johann Strauss fils, connu sous son titre allemand Aschenbrödel, la dernière oeuvre du maître, qui meurt en 1899.
Reprenons le fil après l’interruption involontaire survenue il y a une semaine (Une expérience singulière) non sans avoir exprimé ma gratitude aux amis et lecteurs de ce blog pour leurs messages de soutien et de réconfort.
J’avais donc reçu un coffret de 36 CD, commandé il y a plusieurs semaines :
Decca a entrepris, semble-t-il, de rééditer, au fil des ans, le legs discographique considérable du chef anglais d’origine hongroise, Georg Solti (né le 21 octobre 1912 à Budapest et mort le 5 décembre 1997 à Antibes). En 2017, un énorme pavé de 108 CD reprenait tous les enregistrements réalisés à Chicago (lire : Solti à Chicago). Normal après tout, puisque Solti a été le patron du Chicago Symphony durant 22 ans, de 1969 à 1991, et directeur musical honoraire jusqu’à sa mort.
Ce nouveau coffret « londonien » couvre une première période de 1949 au début des années 70 – avec le London Symphony, le London Philharmonic et l’orchestre de l’opéra royal de Covent Garden – puis plus tardivement dans les années 90 essentiellement avec le LPO.
Ce coffret est un bon résumé de ce qu’on a aimé… et moins aimé chez ce grand chef.
Les gravures londoniennes des oeuvres qu’il a enregistrées plusieurs fois ou avec plusieurs orchestres sont toujours préférables – c’est vrai pour Bartok et Mahler. L’énergie débordante, la précision rythmique, qui sont la marque du jeune Solti y sont flagrantes, y compris dans des répertoires inattendus : la Gaîté parisienne de Rosenthal d’après Offenbach, gravée en 1958 avec l’orchestre de Covent Garden, est menée à un rythme d’enfer.
Plus les années passent, plus Solti succombe à une sorte de perfection marmoréenne, glacée comme dans les symphonies londoniennes de Haydn, gravée dans les années 80 (quelle lourdeur dans les menuets !). il n’est que de comparer les mêmes symphonies enregistrées avec le même orchestre (le London Philharmonic) avec Eugen Jochum ! Chez Jochum, tout vit, tout pétille… avec Solti on passe complètement à côté de l’esprit même du compositeur.
Les Anglais, Elgar, Walton, réussissent particulièrement à Solti. On se demande ce qu’il aurait fait des symphonies de Vaughan Williams par exemple.
Mozart: Symphony No. 25 in G minor, K183
London Symphony Orchestra
Sir Georg Solti
Mozart: Symphony No. 38 in D major, K504 ‘Prague’
London Symphony Orchestra
Sir Georg Solti
Mozart: Piano Concerto No. 20 in D minor, K466
Sir Georg Solti (piano/conductor)
Chamber Orchestra of Europe
Mozart: Piano Concerto No. 24 in C minor, K491
Alicia de Larrocha (piano)
Chamber Orchestra of Europe
Mozart: Piano Concerto No. 25 in C major, K503
Alicia de Larrocha (piano)
London Philharmonic Orchestra
Mozart: Piano Concerto No. 26 in D major, K537 ‘Coronation’
Alicia de Larrocha (piano)
Chamber Orchestra of Europe
Mozart: Piano Concerto No. 27 in B flat major, K595
Alicia de Larrocha (piano)
London Philharmonic Orchestra
Mozart: Concerto for 2 Pianos and Orchestra No. 10 in E flat, K365
Daniel Barenboim (piano), Sir Georg Solti (piano/conductor)
English Chamber Orchestra
Mozart: Concerto for Three Pianos & Orchestra, K242
András Schiff (piano), Daniel Barenboim (piano), Sir Georg Solti (piano/conductor)
English Chamber Orchestra
Haydn: Symphonies Nos. 93 – 104 (the London Symphonies)
London Philharmonic Orchestra
Beethoven: Symphony No. 4 in B flat major, Op. 60
London Philharmonic Orchestra
Beethoven: Violin Concerto in D major, Op. 61
Mischa Elman (violin)
London Philharmonic Orchestra
Mendelssohn: Symphony No. 3 in A minor, Op. 56 ‘Scottish’
London Symphony Orchestra
Mahler: Symphony No. 1 in D major ‘Titan’
London Symphony Orchestra
Mahler: Symphony No. 2 ‘Resurrection’
London Symphony Orchestra, Heather Harper, Helen Watts
Mahler: Symphony No. 3
London Symphony Orchestra, Helen Watts
Mahler: Symphony No. 9
London Symphony Orchestra
Liszt: Les Préludes, symphonic poem No. 3, S97
London Philharmonic Orchestra
Liszt: Prometheus, symphonic poem No. 5, S99
London Philharmonic Orchestra
Liszt: Festklänge, symphonic poem No. 7, S101
London Philharmonic Orchestra
Liszt: Wandererfantasie (Schubert), S366
Jorge Bolet (piano)
London Philharmonic Orchestra
Elgar: Symphony No. 1 in A flat major, Op. 55
London Philharmonic Orchestra
Elgar: Symphony No. 2 in E flat major, Op. 63
London Philharmonic Orchestra
Elgar: Violin Concerto in B minor, Op. 61
Kyung Wha Chung (violin)
London Philharmonic Orchestra
Elgar: Falstaff – Symphonic Study in C minor, Op. 68
London Philharmonic Orchestra
Elgar: In the South (Alassio), Op. 50
London Philharmonic Orchestra
Elgar: Cockaigne Overture, Op. 40 ‘In London Town’
London Philharmonic Orchestra
Elgar: Pomp and Circumstance Marches Nos. 1-5, Op. 39
Holst: The Planets, Op. 32
London Philharmonic Orchestra
Walton: Belshazzar’s Feast
London Philharmonic Orchestra
Walton: Coronation Te Deum
London Philharmonic Orchestra
Bartók: Piano Concertos Nos. 1, 2 & 3
Vladimir Ashkenazy (piano)
London Philharmonic Orchestra
Bartók: Violin Concerto No. 2, Sz 112
Kyung Wha Chung (violin)
London Philharmonic Orchestra
Bartók: Music for Strings, Percussion & Celesta, BB 114, Sz. 106
London Philharmonic Orchestra
Bartók: Music for Strings, Percussion & Celesta, BB 114, Sz. 106
London Symphony Orchestra
Bartók: Dance Suite, BB 86, Sz. 77
London Philharmonic Orchestra
Bartók: Dance Suite, BB 86, Sz. 77
London Symphony Orchestra
Bartók: Concerto for Orchestra, BB 123, Sz.116
London Symphony Orchestra
Bartók: The Miraculous Mandarin, Op. 19, Sz. 73 (suite)
London Symphony Orchestra
Bartók: Duke Bluebeard’s Castle, Sz. 48, Op. 11
London Philharmonic Orchestra, Sylvia Sass, Kolos Kovats
Kodály: Háry János Suite
London Philharmonic Orchestra
Kodály: Psalmus hungaricus, Op. 13
London Philharmonic Orchestra
Kodály: Dances of Galanta
Kodály: Variations on a Hungarian Folksong ‘The Peacock’
London Philharmonic Orchestra
Rachmaninov: Piano Concerto No. 2 in C minor, Op. 18
Julius Katchen (piano)
London Symphony Orchestra
Stravinsky: Oedipus Rex
London Philharmonic Orchestra
Gounod: Faust – Ballet Music
Royal Opera House Covent Garden
Offenbach/Rosenthal: Gaîté Parisienne
Royal Opera House Covent Garden
Rossini: L’Italiana in Algeri Overture
London Philharmonic Orchestra
Rossini: Il barbiere di Siviglia Overture
London Philharmonic Orchestra
Verdi: La forza del destino Overture
London Philharmonic Orchestra
Suppe: Leichte Kavallerie Overture
London Philharmonic Orchestra
Suppe: Dichter und Bauer Overture
London Philharmonic Orchestra
Suppe: Ein Morgen, ein Mittag, ein Abend in Wien Overture
London Philharmonic Orchestra
Suppe: Pique Dame Overture
London Philharmonic Orchestra
Verdi: La forza del destino Overture
Verdi: La traviata: Prelude to Act 1
Offenbach: Barcarolle (from Les Contes d’Hoffmann )
Royal Opera House Covent Garden
Verdi: La traviata: Prelude to Act 3
Rossini: Semiramide Overture
Royal Opera House Covent Garden
Ponchielli: Dance of the Hours (from La Gioconda)
Royal Opera House Covent Garden
Rossini: L’Italiana in Algeri Overture
Royal Opera House Covent Garden
Glinka: Ruslan & Lyudmila Overture
London Symphony Orchestra
Mussorgsky: Khovanshchina – Introduction
London Symphony Orchestra
Mussorgsky: A Night on the Bare Mountain
London Symphony Orchestra
Borodin: Prince Igor Overture
London Symphony Orchestra
Borodin: Prince Igor: Polovtsian Dances
London Symphony Orchestra
On garde pour la fin ce que je considère depuis toujours comme ma version de chevet du Deuxième concerto de Rachmaninov. Julius Katchen et Solti c’est une assurance anti-guimauve et la garantie d’une virtuosité assumée.
Il est mort il y a vingt ans, le 16 avril 2001. Il n’a jamais été une star de la baguette, même s’il a attiré très tôt l’attention du public, de ses confrères chefs, par des dons précoces.
Peter Maag est l’un des rares chefs d’orchestre suisses, avec Ernest Ansermet, Armin Jordan ou Silvio Varviso à avoir fait une carrière internationale au XXème siècle. Né le 10 mai 1919 à Saint-Gall, il est mort à Vérone. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’avait pas le sens de l’auto-promotion et ne recherchait ni les honneurs ni les postes.
La collection Eloquence de Decca vient rappeler, en un coffret de 20 CD, l’originalité du talent de Peter Maag, des disques réalisés pour l’essentiel au début de sa carrière pour Decca ou, plus rarement, pour Deutsche Grammophon.
Mozart d’abord, dont Peter Maag fut l’un des hérauts. Malheureusement une discographie très hétérogène, avec des labels, des orchestres très divers.
Une leçon de style, comme dans Schubert, Mendelssohn ou Brahms.
Peter Maag n’a jamais eu de poste fixe, sauf à Berne dans les années 1990. Il était trop indépendant, ou trop dépendant de ses humeurs, refusant le poids de la célébrité. Après avoir triomphé à l’opéra au début des années 60, il se retire deux ans durant dans un monastère bouddhiste !
Maurizio Jacobi évoque de jolis souvenirs des dernières années italiennes de Peter Maag :
D’un point de vue artistique, il était certainement un grand chef d’orchestre ; quelques gestes, souvent sans baguette et avec des mains qui semblaient rétrécies ; mais des gestes essentiels et très clairs. Et puis, il avait un sens de la narration fluide et de la structure globale. Il avait beaucoup de métier, mais c’était avant tout un artiste ; s’il n’était pas d’humeur, il semblait s’ennuyer ; d’où une certaine réputation de discontinuité, et pourtant il y avait toujours un moment où l’on avait l’impression, même dans les répertoires les plus connus, de découvrir des beautés que l’on n’avait jamais saisies auparavant : de vrais trucs de musicien.
Personnellement, je préfère encore cela à la perfection ou à l’exécution parfaite de chefs d’orchestre célèbres dirigeant des orchestres d’une impeccable froideur. Maag en revanche ne dédaignait pas de diriger des orchestres « mineurs », dont il pouvait tirer un son bien à lui, transparent, jamais écrasant même dans les fortissimi. Il cherchait un équilibre « mozartien » ; et justement, Mozart est un compositeur d’une mystérieuse ambiguïté, avec un risque très élevé d’interprétation incomplète ou de fausse représentation. Avec Mozart notamment, Maag a atteint des sommets d’interprétation, anticipant même les critères philologiques actuels, qu’il n’appréciait pas particulièrement. (in Wanderersite.com).
Merci à Cyrus Meher-Homji, le responsable de cette collection Eloquence, qui explore, remet au jour, revivifie des trésors parfois oubliés ou négligés de l’immense fonds Decca, Philipe ou Deutsche Grammophon.
C’est à lui qu’on doit ces 20 CD
Seule déception de ce coffret, le disque de concertos de Schumann et Chopin enregistré pourtant en 1962 – en stéréo – Londres par le magnifique pianiste chinois disparu il y a quelques mois, Fou Ts’ong. Prise de son très médiocre en mono ! Cyrus Meher-Homji a reconnu que les bandes originales avaient été perdues, et qu’il ne disposait que de cette prise.
Mozart: Serenade No. 4 in D major, K203 ‘Colloredo’
Orchestre de la Suisse Romande
Peter Maag
Mozart: Serenade No. 9 in D major, K320 ‘Posthorn’
Orchestre de la Suisse Romande
Peter Maag
Mozart: Symphony No. 28 in C major, K200
Orchestre de la Suisse Romande
Peter Maag
Mozart: Symphony No. 29 in A major, K201
Orchestre de la Suisse Romande
Peter Maag
Mozart: Symphony No. 34 in C major, K338
Orchestre de la Suisse Romande
Peter Maag
Mozart: Symphony No. 32 in G major, K318
London Symphony Orchestra
Peter Maag
Mozart: Symphony No. 38 in D major, K504 ‘Prague’
London Symphony Orchestra
Peter Maag
Mozart: Clarinet Concerto in A major, K622
Gervase de Peyer (clarinet)
London Symphony Orchestra
Peter Maag
Mozart: Horn Concertos Nos. 1-4
Barry Tuckwell (horn)
London Symphony Orchestra
Peter Maag
Mozart: Piano Concerto No. 13 in C major, K415
Julius Katchen (piano), Peter Maag
New Symphony Orchestra of London
Mozart: Piano Concerto No. 20 in D minor, K466
Julius Katchen (piano), New Symphony Orchestra of London, Peter Maag
Mozart: Violin Concerto No. 3 in G major, K216
Joshua Bell (violin), Peter Maag
English Chamber Orchestra
Mozart: Adagio for Violin and Orchestra in E, K261
Joshua Bell (violin), Peter Maag
English Chamber Orchestra
Mozart: Violin Concerto No. 5 in A major, K219 ‘Turkish’
Joshua Bell (violin), Peter Maag
English Chamber Orchestra
Mozart: Rondo for Violin and Orchestra in C, K373
Joshua Bell (violin), Peter Maag
English Chamber Orchestra
Mozart: Notturno in D major K286
Peter Maag
London Symphony Orchestra
Mozart: Serenade No. 6 in D major, K239 ‘Serenata Notturna’
Peter Maag
London Symphony Orchestra
Mozart: Lucio Silla, K135: Overture
Peter Maag
London Symphony Orchestra
Mozart: Thamos, König in Ägypten, KV 345: four interludes
Peter Maag
London Symphony Orchestra
Mozart: German Dances (6), K509
Peter Maag
London Symphony Orchestra
Mozart: German Dances (6), K600
Peter Maag
London Symphony Orchestra
Mozart: German Dances (4), K602
Peter Maag
London Symphony Orchestra
Mozart: German Dances (3), K605
Peter Maag
London Symphony Orchestra
Mozart: Madamina, il catalogo è questo (from Don Giovanni)
Fernando Corena (bass), Peter Maag
Orchestre de la Suisse Romande
Mozart: Se vuol ballare (from Le nozze di Figaro)
Fernando Corena (bass), Peter Maag
Orchestre de la Suisse Romande
Mozart: Ah se in ciel, benigne stelle, K538
Jennifer Vyvyan (soprano), Peter Maag
London Philharmonic Orchestra
Mozart: Mass in C minor, K427 ‘Great’ – Et incarnatus est
Jennifer Vyvyan (soprano), Peter Maag
London Philharmonic Orchestra
Mozart: Exsultate, jubilate, K165 – Alleluia
Jennifer Vyvyan (soprano), Peter Maag
London Philharmonic Orchestra
Mendelssohn: Symphony No. 3 in A minor, Op. 56 ‘Scottish’
Peter Maag
London Symphony Orchestra
Mendelssohn: Hebrides Overture, Op. 26
Peter Maag
London Symphony Orchestra
Mendelssohn: A Midsummer Night’s Dream – incidental music, Op. 61
Peter Maag
London Symphony Orchestra
Chopin: Les Sylphides (arr.Douglas)
Peter Maag
Paris Conservatoire Orchestra
Rossini: Guillaume Tell Overture
Peter Maag
Paris Conservatoire Orchestra
Rossini: La Cenerentola Overture
Peter Maag
Paris Conservatoire Orchestra
Rossini: Semiramide Overture
Peter Maag
Paris Conservatoire Orchestra
Rossini: La gazza ladra Overture
Peter Maag
Paris Conservatoire Orchestra
Delibes: La Source – suite
Peter Maag
Paris Conservatoire Orchestra
Tchaikovsky: Piano Concerto No. 1 in B flat minor, Op. 23
Peter Jablonski (piano), Peter Maag
London Symphony Orchestra
Grieg: Piano Concerto in A minor, Op. 16
Peter Jablonski (piano), Peter Maag
London Symphony Orchestra
Paër: Leonora
Siegfried Jerusalem (tenor), Ursula Koszut, Giorgio Tadeo, Edita Gruberova (soprano), Peter Maag
Heureusement qu’il y eut Catherine Ringier, Alain Souchon, Benjamin Biolay – que des jeunes pousses de la chanson ! – pour donner un peu d’allure à une cérémonie qui n’en eut aucune : la 46ème édition des Césars était un ratage, une caricature, le comble de l’entre-soi, rien ni personne qui donne envie au public de retrouver le chemin des salles obscures. Lire ce texte de Nathalie Bianco (Un presque sans-faute)
En ce 13 mars, la culture n’est donc toujours pas déconfinée, et Roselyne Bachelot continue de croiser les doigts pour que les lieux de culture rouvrent…. dans le courant du deuxième trimestre !
2 mars : Gainsbourg et Brahms
Serge Gainsbourg (1928-1991) disparu il y a 30 ans a beaucoup emprunté à la musique classique. En particulier à Brahms, le 3ème mouvement de sa Troisième symphonie (pour Baby alone in Babylon). Lire : Les classiques de Gainsbourg) John Barbirolli dirige en 1967 les Vienna Philharmonic / Wiener Philharmoniker
3 mars : La Veuve de Karajan
Je considère depuis longtemps Die lustige Witwe / La Veuve joyeuse comme un absolu chef-d’oeuvre. En ces temps si incertains, on ne se lasse pas d’écouter cette valse si érotique, si bienfaisante, par des interprètes aussi exceptionnels.: Elizabeth Harwood, René Kollo, Herbert von Karajan et les Berliner Philharmoniker
4 mars : Nelson et Martha dansent
Quand deux géants s’amusent avec le troisième mouvement – « Brasileira » – de Scaramouche de Darius Milhaud. Ça danse et ça chaloupe – et c’est d’une mise en place périlleuse. Et ça nous fait un bien fou sous les doigts complices du Brésilien Nelson Freire et de l’Argentine Martha Argerich :
5 mars : Verdi revisité
Quand les musiciens se prêtent aux petits et aux grands arrangements (lire Petits et grands arrangements) cela peut donner des résultats étonnants. Honneur aux Britanniques ou quand Charles Mackerras revisite Verdi avec le ballet The Lady and the Fool (1954) :
6 mars : Les matinées et les soirées de Benjamin B.
Quand Benjamin Britten « arrange » Rossini (lire Petits et grands arrangements) cela donne deux suites d’orchestre, l’une pour le matin, l’autre pour le soir ! Richard Bonynge dirige les Matinées et les Soirées musicales de Rossini/Britten :
7 mars : Capriol suite
Dans mon article (Petits et grands arrangements) j’aurais pu ajouter le nom du compositeur anglais Peter Warlock, de son vrai nom Philip Heseltine, né en 1897, mort prématurément à 36 ans en 1930 (suicide ou accident ?), auteur d’une Capriol Suite (1926) inspirée de l’Orchésographie du compositeur français Thoinot Arbeau (1520-1595).
Neville Marriner dirige « son » Academy of St Martin in the Fields
8 mars : atout cheffes
Ce n’est pas parce que les cheffes d’orchestre sont moins nombreuses que les hommes qu’elles ont moins de talent ! Revue non exhaustive dans ce billet : Atout cheffes/ Un disque redécouvert dans ma discothèque, Tchaikovski dirigé par la cheffe britannique Sian Edwards, la fougue romantique de Roméo et Juliette :
9 mars : hommage à Renée Doria
J’ai toujours aimé cette voix si française. Renée Doria. Telle une ombre légère, est partie rejoindre les étoiles, quelques semaines seulement après avoir fêté ses 100 ans.
A l’occasion d’une critique pour Forumopera (lire Les Chants d’un voyageur déconfiné) j’ai découvert un personnage dont le nom ne m’était pas inconnu – Roy Douglas (1907-2015 !), mais dont je n’avais pas mesuré l’importance dans la vie musicale britannique du XXème siècle.
Roy Douglas c’est celui qui a composé, en 1936, la musique du ballet Les Sylphides à partir de pièces de Chopin. Ballet dont Karajan a gravé, en 1961, avec Berlin, une version définitive.
Mais Douglas – mort à 107 ans ! – a bien d’autres faits d’armes à son actif, comme arrangeur, assistant, et parfois compositeur à la place d’un autre !
Roy Douglas collabore d’abord, dès 1937, avec Richard Addinsell (1904-1977), compositeur de musiques de film, resté célèbre pour son Concerto de Varsovie, une brève oeuvre concertante pour piano et orchestre alla Rachmaninov, écrite pour le film Dangerous Moonlight (1941) de Brian Desmond Hurst qui traite de la lutte des Polonais face à l’envahisseur nazi.
Il semble bien que Roy Douglas – qui est rarement crédité de ce « tube »- soit non seulement l’orchestrateur mais aussi le véritable créateur de cette pièce. On conseille vivement ce disque, pour le fantastique pianiste Philip Fowke, malheureusement peu connu en dehors du Royaume-Uni
Après Addinsell, Roy Douglas va « assister » William Walton (1902-1983) puis Ralph Vaughan Williams (1872-1958), pas moins !
Ainsi c’est Roy Douglas qui va orchestrer six des neufs mélodies du cycle des Songs of Travel que Vaughan Williams a écrits pour voix et piano en 1914, c’est lui qui va mettre en forme, préparer nombre de partitions d’orchestre de RVW qui passait pour être difficile à déchiffrer, et dont les dernières années (Vaughan Williams est mort en 1958) ont été compliquées par des problèmes de santé.
Charles Mackerraset Sullivan
Les « opérettes » de Gilbert et Sullivan sont au Royaume-Uni ce que Johann Strauss et Lehar sont à Vienne ou la Zarzuela à Madrid.
Comme nombre de ses confrères, le grand chef australien Charles Mackerras a réalisé des suites d’orchestres à partir d’ouvrages lyriques. C’est ainsi qu’il produit un prodigieux pot-pourri des thèmes des ouvrages de Sullivan, un feu d’artifice orchestral
Mackerras récidive en 1954 pour un ballet – The Lady and the Fool – composé d’airs peu connus de Verdi.
Un disque à conseiller chaleureusement :
Britten et Rossini
Parmi les « arrangeurs » britanniques de grand luxe, il faut évidemment citer Benjamin Britten qui s’est livré à de petits bijoux d’orchestration d’oeuvres tardives de Rossini, en 1936 les Soirées musicales et en 1941 les Matinées musicales
PS. J’apprends, au moment de boucler ce billet, la disparition de Patrick Dupond, un danseur étoile dont les plus jeunes générations ne peuvent imaginer la star qu’il fut sur les scènes du monde entier. Il faudra revoir ces ballets qu’il illumina de sa grâce et de sa virtuosité.
90 ans depuis septembre, cet Australien ne restera pas dans l’histoire de la musique et du disque que comme l’époux de la Stupenda – c’est ainsi qu’on surnommait sa compatriote, disparue il y a dix ans, la cantatrice Joan Sutherland, dont il a dirigé quasiment tous les enregistrements d’opéras.
Une idée pour Roselyne Bachelot : s’il y a un chef d’orchestre qui mériterait la Légion d’honneur, c’est bien Richard Bonynge.
Le superbe coffret que Decca édite en cette fin d’année en témoigne à la perfection : aucun chef n’a autant servi et enregistré la musique française que lui.
Entendons-nous, Richard Bonynge n’a jamais cherché à concurrencer Munch, Paray, Martinon et autres hérauts de Berlioz, Ravel, Debussy, mais le travail de recherche qu’il a inlassablement entrepris pour mettre au jour, réhabiliter, éditer tout un trésor de partitions oubliées du XIXème siècle français, est proprement hallucinant
Personne ne prétend, lui moins encore, que tout ce répertoire n’est fait que de chefs-d’oeuvre, l’inspiration tire souvent à la ligne, et il ne faut pas chercher autre chose que du divertissement, de l’écoute agréable et légère, dans ces ballets, connus (Delibes, Tchaikovski) ou inconnus. Mais que tout cela est fait avec un chic, une allure, magnifiées par des prises de son dans la plus pure tradition Decca.
Il faut aussi louer l’éditeur Decca : les rééditions de cette qualité se font rares, les galettes sont parées de leurs couvertures d’origine, le livret est richement documenté et permet de s’y retrouver très facilement dans les compositeurs, les oeuvres, les interprètes.
Merci Monsieur Bonynge !
Le contenu de ce coffret de 45 CD :
Adam: Le Diable à quatre; Giselle (2 versions); Le Corsaire Auber: Marco Spada; Gustave III – Ouverture & ballet; Concerto pour violoncelle Delibes: Coppelia; Sylvia (2 versions) Leoni: Prayer and the Sword Burgmüller: La Peri Chopin: Les Sylphides Thomas: Hamlet Verdi: Le trouvère, ballet Massenet: Manon (ballet); Le Carillon; Scènes Alsaciennes et Dramatiques; Fantaisie pour violoncelle et orchestre; La Cigale; Valse tres lente; Le Cid; Meditation de Thais (Nigel Kennedy) Berlioz: Les Troyens, ballet Weber/Berlioe: Aufforderung zum Tanz Lecocq: La Fille de Madame Angot Donizetti: La Favorita, ballet Messager: Les deux Pigeons Minkus / Delibes: La Source Drigo: La Flûte magique Minkus / Lanchbery: La Bayadere Gounod: Faust, ballet Offenbach: Le Papillon Popper: Concerto pour violoncelle (Silverstein) J. Strauss II: Aschenbrödel/Cendrillon; Ritter Pasman; Le beau Danube (Désormière); Die Fledermaus, Ouverture et ballet Tchaikovski: Casse-Noisette, Le lac des cygnes, La Belle au bois dormant Händel: Alcina, ballet Rossini / Respighi: La Boutique fantasque Rossini/Britten: Soirées musicales, Matinees musicales Meyerbeer: Les Patineurs Ouvertures du XVIIIème siècle Ouvertures d’opéras français L’art de la Prima ballerina Hommage à Pavlova Entractes et ballets d’opéras français
Orchestre de la Suisse Romande / London Symphony Orchestra / Covent Garden / National Philharmonic Orchestra / English Chamber Orchestra
J’avais prévu de longue date un séjour en Ombrie près de Gubbio, séjour un temps compromis par la crise sanitaire et finalement maintenu.
Ce n’est qu’après avoir confirmé ma présence à mes hôtes que je me suis aperçu que la charmante cité balnéaire de Pesaro – où certains de mes chers amis font une sorte de pèlerinage annuel en dévotion à l’enfant du pays, Rossini – était à une bonne heure de route de ma villégiature.
Comme tous les autres festivals, Pesaro a été près d’annuler – Karine Deshayes devait y faire ses débuts dans Elisabetta regina d’Inghilterra – et s’est finalement résolu à produire une édition 2020 « adaptée « . Deux spectacles d’opéra seulement : une création ll cambialedimatrimonio et une reprise d’une mise en scène de…2001 Il Viaggio a Reims. Et des récitals !
En prévision de mes vacances – qui seront italiennes cet été – j’ai lu ou relu quelques bons ouvrages
On aime le point de vue que choisit Sylvain Fort pour aborder un compositeur qui a suscité une abondante littérature :
Verdi est un compositeur pour notre temps. Mystérieusement, il porte, comme son oeuvre, des traits qui caractérisent notre époque. Traits non seulement esthétiques, mais aussi moraux et, en un sens, politiques. Verdi, au long de ses opéras, parle des humiliés, des offensés, des mal-lotis ; il donne voix à ce que l’humiliation sociale suscite : la colère, la peur, et donc le désir de vengeance, l’instinct de sacrifice, le goût idéaliste des causes perdues, l’avidité du pouvoir. Aucun autre compositeur d’opéra n’a fait entendre de façon aussi puissante les élans profonds des âmes blessées, pour la simple raison que Verdi les a ressentis dans sa chair, en a fait l’épreuve dans sa vie d’homme. Ainsi ses opéras continuent-ils, aujourd’hui encore, de déchirer le voile des conventions et des accommodements faciles, alors que nous vivons toujours sous l’empire de ces conventions, des préjugés, des apparences. Verdi fut un homme en colère, un anticonformiste poussant parfois jusqu’à la cruauté l’expression de ses indignations ou de sa rage face à certaines situations. C’est cette insoumission foncière face aux injonctions de la mode, de la censure et des convenances, qui donne à son oeuvre la puissance qui lui a permis de traverser le temps et de rencontrer aujourd’hui encore nos rêves et nos révoltes.
Et comme je vais, pour la première fois, visiter Pesaro – la ville natale de Rossini – et son célèbre festival, je me suis replongé dans ce « Rossini » dû à Jean et Jean-Philippe Thiellayl’actuel président du Centre National de la Musique.
J’assisterai dans quelques jours à une représentation, sur la piazza del popolo de Pesaro, du Voyage à Reims
Il Viaggio a Reims est une « pièce de circonstance » créée le au Théâtre Italien de Paris pour célébrer le couronnement du roi Charles X. Charles X a succédé à son frère Louis XVIII le et s’est fait sacrer le en la cathédrale de Reims. Le cosmopolitisme des personnages est destiné à souligner la portée mondiale de l’événement. La distribution de la première réunit dix des meilleurs chanteurs européens de l’époque, Giuditta Pastainterprétant le premier rôle féminin, Corinne
L’œuvre a été abandonnée par Rossini après seulement cinq représentations. Il en réutilise de grands passages pour son opéra Le Comte Ory en 1828. À partir des années 1970, l’opéra commence à susciter un nouvel intérêt ; la partition est reconstruite par la musicologue Janet Johnson avec l’aide de Philip Gosset. Le Rossini Opera Festival (Festival de Pesaro) reprend l’œuvre pour la première fois le sous la direction de Claudio Abbado.
Notre cher Claudio Abbado laisse deux enregistrements « live » de ce Voyage à Reims :