J’ai suffisamment raillé les émotions téléphonées, les R.I.P. automatiques des réseaux sociaux, pour revendiquer cette fois l’aveu d’une vraie tristesse à l’annonce de la mort de Bertrand Tavernier (lire Le Monde).
Comment dire ? Ce personnage était tellement tout ce que j’aime chez un humain, il ressemblait tellement à l’oncle qu’on rêve d’avoir, que sa disparition m’affecte comme le ferait celle d’un proche. Pourtant je n’ai jamais ni travaillé, ni côtoyé à quelque titre que ce soit Bertrand Tavernier. Tout juste l’apercevais-je parfois dans les rues de mon quartier parisien, le 3ème arrondissement, qu’il habita longtemps avant de quitter la capitale. J’en eus souvent l’envie, mais jamais je n’osai l’aborder pour lui dire bêtement : « J’aime qui vous êtes, j’aime ce que vous faites et ce que vous dites ».

Je ne vois rien de médiocre dans sa vie et son oeuvre, qui m’ont toujours semblé sous l’emprise de la gourmandise, d’une insatiable curiosité, nourrissant une culture phénoménale.
D’aucuns tentés par l’exhaustivité d’un bilan trouveront bien ici et là des failles, des faiblesses, des défauts dans sa filmographie. Je ne conserve, pour ma part, que de l’admiration pour les 25 longs-métrages qu’il laisse, et dont je pense avoir vu, souvent revu, la presque totalité.
J’ai beau chercher, je ne vois rien de médiocre, ni de banal.
Je vais me replonger dans ce formidable documentaire au long cours, qu’on eût rêvé voir se prolonger, tant l’oncle Bertrand savait nous raconter les si belles histoires du cinéma, de tous les cinémas.

On revoit avec émotion cet extrait d’un concert de janvier 2019, au cours duquel l’Orchestre philharmonique de Radio France jouait, sous la direction de Bruno Fontaine, la musique de Bruno Coulais composée pour le film-documentaire (qui a précédé la série plus développée) « Voyage à travers le cinéma français »
Plaisir de lire votre hommage à Bertrand Tavernier, force est de constater que beaucoup de gens, tout en ne le connaissant pas, se sentaient très proches de lui. C’était l’ami du cinéma. C’était aussi un ami proche en ce qui me concerne, et je vois très bien ce dont vous parlez en évoquant les abords de la rue du Perche où il résidait à cette époque, tout comme moi rue de Turenne. Sa disparition fiche un coup à tous ceux qui aiment le cinéma. Il y en a peu comme lui, c’était un être rare. Le nombre de gens qu’il a pu aider à pratiquer ce métier est incroyable. Merci pour ces lignes.