J’avais déjà relayé sur ce blog un éditorial aussi savoureux que percutant de Forumopera: À lire avant d’aller au concert ou à l’opéra. Le site récidive avec Excusez-moi de dire merci. Je ne peux qu’en conseiller la lecture, ainsi que des commentaires qui accompagnent ces deux éditoriaux.
Je ne suis pas de ceux que gênent des applaudissements entre les mouvements d’un concerto ou d’une symphonie (après tout, personne ne trouve à redire à ceux qui saluent une performance vocale dans un opéra), c’est plutôt rassurant quant au renouvellement du public du concert classique. Je me rappelle le conseil d’un directeur de France-Musique à ses producteurs chevronnés (était-ce moi ? si non e vero e ben trovato !) : « Il y a toujours un auditeur qui entend la 5ème symphonie de Beethoven pour la première fois… »
Infiniment plus agaçant et irrespectueux tant de la musique que des interprètes, ces spectateurs qui n’attendent même pas la fin de l’accord final pour applaudir, voire hurler « bravo ». Justement parce qu’on peut être très ému, bouleversé, enthousiasmé par ce qu’on vient d’entendre, on devrait vouloir en profiter jusqu’au bout, jusqu’à ce que les dernières notes aient fini de résonner. La vraie vulgarité est dans cette attitude des pseudo-« connaisseurs » !
Dans l’excellent Les grands pianistes du XXème siècle d’Alain Lompech, que je relis périodiquement, d’un beau portrait d’Arthur Rubinstein, je tire ces lignes :
« Arthur Rubinstein, pianiste, musicien, acteur, conteur, écrivain, homme et citoyen aura incarné jusqu’à son dernier souffle le meilleur de cette culture et de cette civilisation européennes nées des Lumières qui se sont effacées aux portes d’Auschwitz/…../ A Marbella il avait noué une relation particulière avec une enfant de cinq ou six ans à qui il parlait à travers une trouée de la haie qui séparait sa propriété de celle d’un avocat chilien qui avait fui la dictature de Pinochet. A la mère française qui reconnaissant le musicien, s’excusait de la gêne que sa fille avait pu provoquer, Rubinstein répondit : « C’est votre fille ? Nous avons une discussion très intéressante, nous parlons de la vie »
Politesse, courtoisie, élégance, des notions désuètes ? Sûrement pas.
Si vous avez un cadeau à (vous) faire pour ces fêtes pascales, un indispensable, comme un concentré de l’art unique d’un interprète unique :