Le mot vieillard vous choque ? Encore une preuve de notre univers coincé, compartimenté. Non Monsieur, on ne dit pas vieillard pour un vieil homme, on ne dit plus vieillard pour quelqu’un dont on respecte le grand âge et la sagesse. Senior ++++ peut-être ?
Je suis sûr que ça le ferait bien rire que je le traite de vieillard, précisément parce que ça ne se fait pas, ça ne se fait plus !
Il aura 91 ans au mitan de l’année 2016 et il court les plateaux de télévision depuis si longtemps qu’il est incrusté dans nos étranges lucarnes autant que dans nos mémoires.
Et voici que lui que j’ai peu lu, parce que je n’ai jamais pris ses livres pour de la très grande littérature, et ses romans pour des histoires dignes de grand intérêt, j’ai envie de lui dire : Merci Monsieur après avoir lu son dernier opus. Son ultime ?
On m’objectera que Jean d’Ormesson n’a cessé de se raconter, de s’inventer des vies, des aventures – c’est le propre du romancier – Ici rien n’est paraître, tout est souvenir authentique, faussement pudique, et c’est tout le XXème siècle qui défile. Parce que le petit Jean n’a pas eu une existence ordinaire, dans une enfance heureuse trimballée de Munich à Bucarest et jusqu’au Brésil. Que la lignée paternelle a de la branche. Et que, mine de rien, l’heure approche où il lui faudra prendre congé. Il se livre comme jamais, le style est éloquence sans grandiloquence, dandysme sans cynisme. On se régale, en se disant que pareil brillant ne se retrouvera pas de sitôt dans la littérature d’aujourd’hui.
Une réflexion sur “Le vieillard qui ne radote pas”