Retour sur la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris : tous, même les grincheux et coincés que je brocardais dans mon dernier billet (Hymnes à l’amour), ont noté que Thomas Jolly n’avait pas oublié de faire une place à la musique et aux musiciens classiques. Comment aurait-il pu négliger ce qui fait une part essentielle de son activité de metteur en scène (Macbeth Underworld de Pascal Dusapin, Fantasio d’Offenbach – les deux donnés à l’Opéra-Comique – Roméo et Juliette de Gounod à l’Opéra de Paris, pour ne citer que les plus récentes productions, et bien sûr Starmania à la Seine musicale) !
Mais le plus remarquable, et c’est une vraie différence avec les quelques très rares émissions de télévision dévolues à la musique classique, Thomas Jolly a respecté les artistes, les compositeurs et les oeuvres, même dans la contrainte d’un spectacle d’une telle ampleur qui n’avait certes pas prévu le déluge qui a arrosé la cérémonie ! Il a aussi évité d’inviter les stars habituelles des plateaux télé, on ne citera pas de noms (l’un d’eux, sans doute vexé de ne pas être de la fête, a ostensiblement posté vendredi une photo de lui avec ses deux filles à la plage !). Il a ainsi fait découvrir à des millions de téléspectateurs, en France et dans le monde, des talents qui n’étaient souvent connus que d’un cercle restreint de mélomanes.
Reprenons le fil de la cérémonie
Félicien Brut
Félicien a été un abonné du Festival Radio France, où je n’oublie pas qu’il avait accepté de relever le défi d’un « Festival autrement » à l’été 2020 après que nous avions dû annuler l’édition prévue pour cause de pandémie (voir Demandez le programme) :
Il avait remis cela en 2021 – La fête continue – avec une belle bande de copains, Jordan Victoria, Thomas Enhco, Thibaut Garcia, Édouard Macarez pour un hommage survolté à Piazzolla !
Mais l’image de Félicien Brut (on ne prononce pas le « t » final) juché sur le pont d’Austerlitz, apparaissant après l’écran de fumée tricolore, au tout début de la cérémonie, restera, pour lui, pour les Auvergnats (lire dans La Montagne : Félicien Brut a illuminé la cérémonie d’ouverture), pour nous tous, un moment de grâce poétique.
Marina Viotti
La grande soeur de Lorenzo Viotti, la fille chérie du chef Marcello Viotti (1954-2005) a fait le bonheur des mélomanes parisiens ces deux dernières saisons, après sa nomination aux Victoires de la musique classique en 2023. Dans la cérémonie d’ouverture, elle a fait partie de l’un des tableaux les plus puissants, en interprétant la chanson révolutionnaire Ah ça ira avec le groupe de heavy metal Gojira, et surtout un extrait de Carmen
Jakub Jozef Orlinski
L’apparition de Jakub Józef Orliński, en breakdancer puis chanteur, fut un peu décousue et mal filmée.
Mais cela m’a rappelé combien l’artiste est aussi doué que très sympathique. Souvenir d’une belle soirée au Festival Radio France en juillet 2021.
Alexandre Kantorow ou le piano englouti
On se rappellera longtemps cette image d’Alexandre Kantorow (maintes fois célébré sur ce blog) jouant les Jeux d’eau de Ravel sous le déluge…
La nouvelle Marseillaise
Quelle idée géniale d’avoir confié à l’une des jeunes chanteuses françaises les plus prometteuses, lauréate du concours Voix d’Outre Mer 2023, Axelle Saint-Cirel, le soin de chanter La Marseillaise !
On se souviendra d’elle comme d’une autre de ses illustres aînées, Jessye Norman, sur la place de la Concorde pour le bicentenaire de la Révolution, en 1989.
Il faut évidemment aussi mentionner la Maîtrise, le Choeur de Radio France et l’Orchestre national de France, leur chef Cristian Macelaru… qui n’ont pas non plus échappé à la pluie et qu’on a à peine aperçus…
Après les épisodes I (piano), II (Scarlatti 555), III (17 opéras), je poursuis la remontée dans les souvenirs du Festival Radio France Montpellier, que j’ai dirigé de 2014 à 2022. En égrenant les noms de ces dizaines de violonistes, altistes, violoncellistes, violistes, guitaristes, qui ont fait le bonheur des dizaines de milliers de spectateurs d’un festival qui fêtera l’an prochain son quarantième anniversaire ! À nouveau, je remercie ces merveilleux musiciens qui restent pour longtemps inscrits dans nos mémoires.
Violon
Dorota Anderszewska, 1er violon de l’Orchestre national Montpellier Occitanie, est un pilier du Festival
Kristine Balanas (16)
Marc Bouchkov (16)
(Marc Bouchkov, Christian-Pierre La Marca, JPR, Philippe Cassard)
Julien Bouclier (15)
Renaud Capuçon (17) (21)
en 2017 Renaud avait inscrit, à ma demande, le concerto de Khatchaturian à son répertoire, aux côtés de l’Orchestre national de France dirigé par Emmanuel Krivine, en 2021 il était revenu jouer avec Michel Dalberto les sonates de Fauré (N°1) et de Richard Strauss.
Marina Chiche (19)
Amaury Coeytaux (16)
Alexandra Conunova (15)
Johan Dalene (21)
Nicolas Dautricourt (17)(19)
Kristi Giezi (19)
Tatiana Grindenko (19)
Maxime Grizard (22)
Gidon Kremer (19)
C’est sans doute à Gidon Kremer que je dois le souvenir le plus bouleversant du Festival 2019 : avec sa partenaire de l’époque, Tatiana Grindenko, ils ont redonné à Montpellier l’oeuvre d’Arvo PärtTabula Rasa qu’ils avaient créée à Tallinn en 1977 !
Theotime Langlois de Swarte (22)
Geneviève Laurenceau (18) (21)
Maité Louis (21)
Daniel Lozakovich (19)
C’est un prodige de 18 ans, le violoniste suédois Daniel Lozakovich, qui a ouvert le Festival 2019 avec l’orchestre national d’Estonie dirigé par Neeme Järvi. Nul n’a oublié le fabuleux concerto de Beethoven qu’ils ont donné ce soir là.
Daniel Matejča (22)
Le grand vainqueur incontesté du concours Eurovision des jeunes musiciens, qui se tenait pour la première fois en France, à Montpellier, est le Tchèque Daniel Matejča (17 ans) phénoménal dans le concerto n°1 de Chostakovitch
Clara Mesplé (15)
Deborah Nemtanu (16)
Solenne Païdassi (15)
Tedi Papavrami (19)
Alena Piorunska (22)
Nemanja Radulovic (18)
C’est peu de dire que le violoniste d’origine serbe Nemanja (prononcer Ne-ma-nia) Radulović a reçu l’ovation due à une rock star en jouant le concerto de Tchaikovski.
Mohammed Sami (16)
Tatiana Samouil (18)
Il est resté un très beau disque du récital qu’ont donné ma chère Tatiana Samouil et David Lively :
Mari Samuelsen (19)
Vikram Sedona (19)
Alma Serafim Kraggerud (22)
Alexandra Soumm (17)
Gabriel Tchalik (16)(19)
Veriko Tchumburidze (17)
Jordan Victoria (21)
Daniel Vlashi (15)
Eva Zavaro (22)
Alto
Violaine Desqueyroux (22)
Nils Monkemeyer (16)
Timothy Ridout (19)
Violoncelle
Nicolas Altstedt (19)
Emeraude Bellier (15)
Xavier Chatillon (17)
Gaspar Claus (15)
Marc Coppey (16)
Marc Coppey jouait la superbe pièce concertante d’André Caplet – Epiphanie – avec l’orchestre national de France dirigé par John Neschling, oeuvre qu’il avait enregistrée à Liège sur la recommandation d’Henri Dutilleux lui-même !
Parce que la musique de chambre a toujours occupé une place essentielle dans la programmation du Festival Radio France, les duos, trios, quatuors avec cordes, ont été nombreux à être invités, souvent pour leurs premiers concerts publics.
Agate (22)
Akhtamar (17) (21)
Alborea (21)
Armida (15)
Arnold (21)
Atanassov (15)
Busch (17)
Cambini (17)
Diotima (16)
Duo Coloquintes (17)
George Sand (16)
Gerhard (18)
Hadès (16)
Hanson (20)(21)
Je n’oublie pas que grâce au quatuor Hanson et quelques autres musiciens, le Festival 2020, annulé pour cause de pandémie, a tout de même pu proposer à un public restreint de beaux moments de musique
La célèbre Maison ronde du quai Kennedy, inaugurée par le général de Gaulle en 1963, a changé de nom hier : c’est désormais la Maison de la radio et de la musique.
Y avait-il une raison de rebaptiser la maison de la radio ? La sortie d’une crise qui a profondément affecté Radio France, comme tous les Français, en a été le prétexte.
Mais, comme l’a rappelé excellement Jean-Michel Jarre, la radio de service public, est depuis toujours une maison de musique, pas seulement parce qu’on y donne plus de 300 concerts par an, pas seulement parce qu’elle héberge quatre formations prestigieuses – l’Orchestre National de France, l’Orchestre philharmonique de Radio France, le Choeur et la Maîtrise de Radio France – (lire Ma part de vérité), mais aussi parce que, depuis des décennies, on y a expérimenté, créé, innové dans le champ des musiques électroniques, les techniques de captation, de prise de son – les équipes de Radio France sont réputées et recherchées pour cela -. Et bien entendu, parce que, depuis la mi-novembre 2014, cette maison dispose de deux magnifiques salles de concert (voir La Fête), l’Auditorium et le Studio 104.
On a retrouvé avec plaisir bien sûr les actuels dirigeants de la Maison de la radio … et de la Musique, la présidente de Radio France depuis 2018, Sibyle Veil, le directeur de la musique et de la création Michel Orier, les patrons de toutes les chaînes du groupe, à commencer par Marc Voinchet (France Musique) et Sandrine Treiner (France-Culture), rejoints pour la photo par la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, qui, règles électorales obligent, est restée muette.
(de gauche à droite, Jean-Michel Jarre, Didier Varrod, Sibyle Veil, Michel Orier, Roselyne Bachelot)
Beaucoup de visages familiers, Frédéric Lodéon, les anciens présidents de Radio France, Jean-Paul Cluzel (celui qui avait lancé le chantier de l’Auditorium en 2005), Mathieu Gallet (qui l’avait inauguré en 2014), le président du CSA Roch-Olivier Maistre, Antoine de Caunes, Nicolas Droin (le directeur de l’Orchestre de chambre de Paris), beaucoup de musiciens, le quatuor Hermès, Félicien Brut, Edouard Macarez, Marie Perbost, le Bastet (l’ensemble de contrebasses du Philharmonique de Radio France), des gens qu’on connaît bien au Festival Radio France
Ce n’est pas la première fois que je commente, voire que j’accueille, ici, les propos de Sylvain Fort (lire par exemple Perdre la face ?). Il faut reconnaître que, cette semaine dans L’Express, il a fait.. fort !
La virulence des réactions – sur Facebook notamment – n’a pas tardé, avec pour circonstances aggravantes, forcément aggravantes, pour l’auteur de l’article le fait d’être un ex-collaborateur, et donc toujours suppôt, du président de la République, et de soutenir Renaud Capuçon ! Sylvain Fort s’est fendu d’une mise au point aussi nécessaire que bienvenue :
« J’ai publié récemment dans L’Express un point de vue intitulé « La culture ne se confine pas », qui suscite l’émoi de certains artistes de musique dite « classique ». J’y explique tout simplement que la fermeture des salles ne doit pas mettre un terme à la vie culturelle. Qu’il existe bien des moyens de faire vivre la culture : le numérique, les captations, mais aussi le contact vivant avec le public hors des salles traditionnelles, surtout dans une période de grand esseulement et de grande détresse de nombre de nos concitoyens. Cela, les artistes classiques ne m’ont pas attendu pour le mettre en œuvre. Nombre d’artistes « classiques » se sont crus invités par cet article à se produire gratuitement dans des conditions précaires, et ont vu là une invitation bien arrogante. D’abord parce qu’ils ne peuvent pas se permettre le luxe de se produire gratuitement, ensuite parce qu’ils se produisent volontiers hors les murs. Il est étrange que ces artistes-là se soient sentis visés par l’article. D’abord parce qu’il est dit explicitement que cette exhortation ne saurait concerner les plus précaires. Ensuite parce que toute la fin de l’article rend hommage précisément à ceux qui savent aller au-devant des publics en dehors des cadres institutionnels. Enfin, plus secondairement, parce que depuis vingt ans, notamment sur Forum Opéra, j’interroge avec inquiétude le sort des artistes classiques, la malédiction des contrats précaires, la gangrène de la gratuité. C’est le sens même de l’éditorial de ce mois-ci sur Forum Opéra. Les artistes visés sont ceux au contraire qui pourraient, financièrement, sortir de leur zone de confort, mais qui ne le font pas. Qui pourraient, par leur talent et leur notoriété, apporter beaucoup à la collectivité nationale, mais qui ne le font pas.Récemment, Philippe Torreton a eu cette prise de conscience et a déclaré « c’est dommage que l’Etat ne nous ait pas demandé d’aller jouer dans les EPHAD ». Oui, il existe des privilégiés de la culture. Oui, il existe des artistes qui traversent cette crise sans inquiétude financière parce qu’ils ont gagné beaucoup d’argent ou parce que leur situation contractuelle les place à l’abri du besoin. Oui, il existe des artistes qui certes sont mis à mal par cette épidémie, mais qui la traverseront parce qu’ils ont une rente de situation, un lien avec le public, une notoriété qui les protègent du pire (et que souvent ils doivent à leur talent, quoique pas toujours). Ces artistes-là, les a-t-on vu se mettre au service de leur public ? La vérité, c’est qu’ils ont disparu des radars. Les mêmes qui rappliquent aux cérémonies des Césars, à Cannes, sur les plateaux de télévision, les télés-crochet, se font aimer et fêter ont simplement démissionné de leur fonction sociale pendant cette crise. C’est un fait. Au contraire, il est des artistes qui ont vu leur monde s’écrouler, leur public disparaître, leur portefeuille se vider, et qui n’avaient ni les moyens ni l’énergie d’aller au-devant des difficultés. Il est des artistes qui à longueur d’année donnent de leur personne pour nos aînés, les enfants, les malades. Mais que la crise présente a écrasés. Les artistes classiques sont dans cette situation. Il est paradoxal qu’en lisant l’article ils aient pensé que cela parlait d’eux et non des puissances établies qui auraient pu faire tellement et n’ont rien fait. Je suis désolé qu’ils aient pris pour eux, dont depuis vingt ans je dis la fragilité et la grandeur, ce qui était destiné à une population bien plus gâtée et bien moins active. L’Express n’est pas une publication de musique classique et ne s’adresse pas à un lectorat qui, quand on parle d’artistes, pense spontanément à un ensemble baroque plus qu’à une vedette de la chanson. Je regrette ce malentendu et ce qu’elle a pu causer de désarroi car je n’ignore rien de la situation des artistes classiques ou par extension du théâtre et de la musique, qui souffrent de cette situation. Surtout, dans une période aussi dure, je regrette d’avoir causé du désarroi à celles et ceux qui, précisément, nagent déjà dans des océans d’incertitude. J’espère qu’ils accepteront les excuses que je leur présente très modestement. » (sur Facebook 15/01/21)
Une polémique inutile ?
Je ne suis pas le plus mal placé pour apprécier la situation qui est celle du monde de la culture depuis bientôt un an.
Le 23 mars 2020 (Confinement) : « Difficile pourtant de rester rationnel, de s’en tenir aux faits/…./De ne pas céder à son tour à un vertige anxiogène et paralysant »
Le 15 avril 2020 j’écrivais cette Lettre à mes amis et aux autres : « J’ai résolu de ne participer à aucun débat, aucune polémique sur rien ni personne durant cette crise inédite » et, neuf jours avant de devoir annuler la quasi-totalité de l’édition 2020 du Festival Radio France Occitanie Montpellier, ceci :
Il n’est pas un jour, une heure, où je ne pense à mes amis musiciens, et au-delà d’eux à tous ceux qui font métier d’artiste.
Je me suis toujours demandé, depuis que j’ai la chance de travailler avec vous, pour vous, comment vous faisiez pour supporter l’incertitude, l’insécurité, qui est votre lot commun. Votre carrière, vos engagements, vos ressources, votre vie en somme, dépendent de tellement de facteurs que vous ne maîtrisez pas.
Aujourd’hui, et depuis plusieurs semaines, qui que vous soyez, célèbre ou débutant, riche ou pauvre, vous êtes doublement confinés, vous voyez s’annuler tous les projets, tous les engagements qui formaient votre horizon.
Et vous lisez sur les réseaux sociaux les pires nouvelles, colportées comme vérités d’évidence… Comme s’il fallait rajouter du désespoir à la morosité ambiante.
Oui c’est à vous, amis musiciens, que je pense en premier lorsque je dois prendre, lorsque je devrai prendre des décisions quant à la réalisation du festival que je dirige. Pourquoi baisser les bras avant même qu’on y soit, peut-être, contraint ? Pourquoi ne pas imaginer d’autres solutions que le tout ou rien ? Il y a tant de manières de vivre, de faire vivre la musique. Ce ne sont pas les idées qui nous manquent. Nous ne renoncerons jamais à explorer toutes les pistes, et à vous permettre de nous réenchanter.
C’est la promesse que je vous fais. »
Le 25 avril 2020, j’avais le Coeur lourd et, je le crois, une certaine lucidité :
Une certitude : le déconfinement se fera dans un désert culturel. Et les dégâts de la crise sanitaire pour tout le monde de la culture seront considérables, souvent irrémédiables. Dégâts artistiques, économiques, mais d’abord dégâts humains.
On voit bien, ici et là, resurgir la vieille rengaine populiste : la culture est un petit milieu privilégié (avec un régime d’assurance chômage qui serait trop favorable), et on aura bien d’autres soucis après la crise que de faire revivre les théâtres, les salles de concert, les festivals, qui vivent pour la très grande majorité de subventions publiques…
Le 17 juin 2020, j’annonçais un Festival autrement et le 30 juillet la réalisation, partielle certes, mais affirmée, de la promesse que j’avais faite aux musiciens (cf. plus haut) : Un festival malgré tout
Je ne change rien à ce que j’ai écrit en 2020, ni les espoirs, ni les constats.
Je réaffirme juste ceci : On ne fait jamais avancer une cause, sa cause, en se plaçant dans la position de la victime, du spectateur passif, du critique permanent.
Même si ça défoule, à quoi bon perdre son temps et son énergie à tirer sur ces gouvernants incapables ? Qui eût fait mieux ? Moi aussi, je préférerais que les salles de spectacle, de concert soient ouvertes, et je sais que personne n’y risquerait sa santé ! Moi aussi je préférerais que la vie reprenne dans les cafés, les restaurants. Moi aussi je préférerais que personne ne tombe malade.
Les mêmes qui, majoritaires, exprimaient leur défiance quant à la vaccination contre la Covid-19, manifestent maintenant leur impatience devant les lenteurs de cette même vaccination !
Je prépare, avec toute une équipe plus enthousiaste que jamais, un festival 2021 dont le slogan est déjà tout un programme :
Je pense que cette longue, évidemment trop longue et insupportable, période de confinement de la culture aura peut-être eu quelques effets positifs, comme celui d’obliger artistes et organisateurs à inventer de nouveaux formats, de nouvelles formes, de nouvelles formules et d’atteindre ainsi ces fameux publics trop longtemps tenus à distance de la chose culturelle.
J’y reviendrai plus longuement. Je suis un incorrigible optimiste !
Finalement, le Festival 2020 a bien eu lieu du 10 au 30 juillet, et ce fut une fantastique aventure collective d’une équipe mobilisée comme jamais pour réussir ce qui relevait, il y a encore quelques semaines, du pari impossible.
On est évidemment loin des records d’audience des années passées – plus de 104000 spectateurs pour plus de 150 concerts ! – mais on est tout de même fiers d’avoir permis à 5000 personnes d’assister à 13 concerts à Montpellier, dans le strict respect des normes de sécurité sanitaire.
(Visite des représentants des très fidèles soutiens du Festival : de gauche à droite Michel Orier, directeur de la Musique et de la création de Radio France, Michaël Delafosse, nouveau Maire et président de la Métropole de Montpellier, Eric Penso, nouveau maire de Clapiers et Vice-président Culture de la Métropole de Montpellier, Renaud Calvat, Vice-président Culture du Département de l’Hérault. Manque sur la photo le fidèle entre les fidèles Hussein Bourgi, conseiller régional qui représentait Carole Delga, présidente de la Région Occitanie)
Les meilleurs moments – archives, des entretiens inédits avec de grandes figures du festival – de la Radio du Festival seront bientôt disponibles sur la chaîne YouTubedu Festival Radio France. Et le bilan complet du Festival est à retrouver sur : lefestival.eu
Il y a une semaine j’annonçais une surprise. Elle a eu lieu, comme l’a écrit Michèle Fizaine dans Le Midi Libre
« Samedi soir, le festival de Radio France ressuscite, après la mort de 165 concerts. Le matin, toutes les réservations sont parties en quelques minutes ! »
Une heure et quart de concert où l’Orchestre national Montpellier Occitanie, dirigé par son jeune – et très talentueux – chef assistant, le Suédois Magnus Fryklund, a donné le meilleur de lui-même dans un programme adapté aux normes sanitaires. Pas de grand effectif, mais une très poétique Cinquième symphonie de Schubert, une Petite suite de Debussy dans l’orchestration si délicate d’Henri Büsser – qui a été pour beaucoup une découverte, ainsi que deux fanfares pour conclure : celle qui ouvre La Péri de Paul Dukas, et la Fanfare for the common man de Copland.
Une semaine plus tard, nous y voilà : tout un week-end de musique « en vrai ». Les dernières autorisations sont arrivées… hier ! Mais j’expliquais, avant-hier, au micro de France Bleu Gard Lozère – à réécouter ici – que si j’avais attendu d’avoir toutes les permissions, nous n’aurions jamais imaginé le Festival Autrement, ces douze concerts du week-end qui vont permettre de renouer, au moins un peu, cet indispensable lien entre les musiciens et le public.
Voilà le programme de ce week-end :
Samedi, sept concerts dans l’écrin des jardins de la Maison des Relations internationales de Montpellier
à 12h et 14h30 Made in Brass, le sextuor de cuivres de l’Orchestre national de Montpellier
à 13h15 et 15h45 le jeune Quatuor Hanson jouant Mozart et Ravel
à 17h et 18h15 un autre quatuor, de clarinettes, le bien nommé quatuor Anches Hantées
et à 19h30 les merveilleux Tromano
Le samedi soir à 20h30 cap sur le parc départemental du château d’O, au nord de Montpellier. Première des deux soirées jazz de ce « Festival Autrement » avec le trio Barolo
Suite du week-end le dimanche 19 dans les mêmes lieux – l’amphithéâtre des Micocouliers et le parvis du château d’O.
à 15h 30 Ingmar Lazar joue Haydn et Beethoven
à 17h le violoncelliste Christian-Pierre La Marca et le pianiste Nathanaël Gouin, qui devaient initialement chacun jouer séparément, l’un à Fontfroide, l’autre à Toulouse, se retrouvent à Montpellier pour un somptueux programme.
à 18h30 un improbable et excitant duo accordéon contrebasse avec les deux compères Félicien Brut et Edouard Macarez.
Et pour finir sous les étoiles, un autre trio de jazz, à 20 h 30 autour de Paul Lay