Vintage

Fischer-Dieskau chef

Comme si sa boulimie d’enregistrements d’opéra et de mélodies ne suffisait pas à le satisfaire, Dietrich Fischer-Dieskau, dont on a célébré le centenaire le 28 mai dernier (lire absolument les dossiers de Forumopera sur le sujet), a aussi exercé comme chef d’orchestre. Cet aspect de son activité n’a pas, à ma connaissance, fait l’objet de beaucoup de commentaires, ni même de rééditions discographiques. Et pourtant ce legs est loin d’être négligeable.

J’ai ressorti de ma discothèque quelques-uns des enregistrements de DFD chef d’orchestre.

D’abord un introuvable, une des plus belles versions de la 8e (l’Inachevée) et de la 5e symphonies de Schubert, où DFD dirige le New Philharmonia

Et plus récents, pour Orfeo, les magnifiques récitals lyriques qui rassemblent les deux époux : Julia Varady et Dietrich Fischer-Dieskau (lire Julia Varady 80)

Je ne résiste pas au bonheur de revoir cette « répétition » du couple sur une mélodie de Schubert :

Ne pas louper non plus ces deux disques – il doit y avoir d’autres archives ? – qui réunissent un tout jeune pianiste à l’époque, l’Ukrainien Konstantin Lifschitz, et le vieux maître au pupitre

Au moment de boucler ce paragraphe, je tombe sur ceci, dont j’ignorais même l’existence : DFD dirigeant l’orchestre philharmonique tchèque en 1976 !

Je doute que ce disque ait été réédité en CD, mais si c’est le cas, je suis preneur d’information complémentaire

Le chanteur de l’Est

Dix ans plus jeune que Fischer-Dieskau, il a très souvent fait partie des mêmes équipes d’enregistrement d’opéra, Peter Schreier (1935-2019) revient dans ma discothèque avec un coffret très bon marché (acheté sur jpc.de) délicieusement vintage.

S’il y a bien un mot qui ne se dit qu’en allemand pour les germanophones, c’est bien celui de Schlager, qu’on peut essayer de traduire par « tube« . On n’imagine pas, quand on n’a pas vécu même pendant des vacances, dans la sphère germanique, le succès phénoménal de groupes et de chanteurs de variétés, dont les noms nous sont totalement inconnus, et qui encore aujourd’hui réjouissent le public allemand

On admirera la couverture « d’époque » de l’un des CD de ce coffret Schreier, où l’on retrouve la soprano d’origine hongroise Sylvia Geszty (1934-2018)

Pour ce tube de la chanson napolitaine, on aurait pu avoir quelque chose de moins chargé côté orchestration (!!), et une voix à la couleur plus italienne, mais il y a quand même du soleil dans la voix de Peter Schreier

Dans cette video, le chanteur explique finalement qu’il se prête à des émissions de variété pour toucher des publics qu’il n’atteindrait pas à l’opéra ou en récital. Et c’est bien aussi et surtout cela qu’il faut retenir de ce grand interprète.

Le maître remasterisé

Carlo-Maria Giulini (1914-2005) a été dûment célébré par ses maisons de disques à l’occasion de son centenaire en 2014 (lire Giulini la classe et Vieux sages). Tout ce qu’il avait fait chez EMI avait déjà été rééédité en quelques coffrets, sauf les opéras. Vingt ans après sa mort, Warner publie cette fois un coffret qui comprend tous les enregistrements du chef italien pour les labels EMI/HMV/Columbia/Electrola. Et pour que nul ne l’ignore insiste en gros et gras sur le coffret : c’est Giulini remastered !

Je viens de recevoir ce coffret commandé il y a plusieurs semaines. Je n’ai pas encore remarqué de progrès spectaculaire par rapport aux précédentes éditions, mais j’aurai peut-être des surprises !

Excellent livret dû à la plume experte et toujours informée de Remy Louis, beaux documents photographiques.

L’éditeur présente comme un inédit le concerto pour piano n°3 de Beethoven avec le pianiste Hans Richter-Haaser, Il est vrai que celui-ci ne figurait pas dans le précédent coffret thématique Giulini Concertos mais EMI l’avait déjà publié dans un indispensable coffret consacré au grand pianiste allemand (lire L’autre Richter du piano). Et à l’inverse l’enregistrement légendaire du 1er concerto pour violon de Prokofiev avec Nathan Milstein qui s’y trouvait a disparu sans explication du nouveau coffret ! Dommage…

Et toujours mes brèves de blog : brevesdeblog

Arrivages de printemps

Après ceux de l’automne (Arrivages), les arrivages du printemps, ou plus exactement la somme de mes courses et commandes. Au gré de mes envies, de mes découvertes.

Les bonnes affaires

Toujours suivre sur le site allemand jpc.de les bonnes affaires, les déstockages qui réservent souvent d’étonnantes surprises à prix très doux, comme ce coffret de 10 CD qui est beaucoup plus et mieux qu’une habituelle compilation de tubes et de stars (à 9,99 €)

Exemples, le tout premier enregistrement de Joan Sutherland sous la direction du compositeur Arthur Bliss

ou cet air vraiment magique de l’opéra de Goldmark, La Reine de Saba, par Nicolai Gedda

Même en France, on compare toujours les prix : la FNAC ou Gibert ne sont pas toujours la garantie du meilleur prix. Cette belle réédition des enregistrements réalisés pour Supraphon par le chef croate Lovro von Matačić (1899-1985) est à commander directement sur le site du distributeur clicmusique.com.

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 3 en mi bémol majeur, op. 55 « Eroica »

Richard Wagner (1813-1883)
Suite orchestrale « Le Crépuscule des Dieux » (arr. de L. von Matacic)

Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
Symphonie n° 5 en mi mineur, op. 64
Symphonie n° 6 en si mineur, op. 74

Oldrich Korte (1926-2014)
Flutes Story

Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 5 en si bémol majeur, WAB 105
Symphonie n° 7 en mi majeur, WAB 107 « Symphonie des trémolos »
Symphonie n° 9 en ré mineur, WAB 109 « Inachevée

Géza Novák, flûte
František Cech, flûtes
Czech Philharmonic Orchestra
Lovro von Matacic, direction

On ne se lasse jamais du son d’ensemble de la Philharmonie Tchèque – l’orchestre légendaire de Talich, Ancerl puis Neumann – surtout dans la « rumeur » du Rudolfinum de Prague.

Toujours chez Clicmusique, cette réédition par le label italien Urania d’une version jadis parue sous étiquette Decca du Don Giovanni de Mozart capté en 1956 à Vienne avec une équipe de légende sous la houlette d’Erich Leinsdorf : Siepi, Corena, Valletti, Leontyne Price, Birgit Nilsson, excusez du peu

Ce n’est pas ma référence, mais on ne peut être insensible au côté si vintage de cette version.

Maazel à Pigalle

Je me rappelle très bien cette émission de télévision – ce n’était pas un Grand Echiquier je pense, mais plutôt une variété signée Gilbert et Maritie Carpentier autour de Serge Lama

Quelle ne fut pas ma surprise d’y voir le grand chef – il était alors le premier chef invité de l’Orchestre national de France – Lorin Maazel débarquer avec son violon ! Et encore plus lorsque quelques mois plus tard sortira un 33 tours vraiment improbable d’arrangements signés Maazel des grandes chansons de Serge Lama… enregistré non pas à Paris, mais à Cleveland.

J’ai précieusement gardé ce disque, doutant de jamais le voir édité en CD. Il aura fallu un nouveau coffret regroupant les enregistrements réalisés pour CBS par le couple Maazel/Cleveland pour y retrouver cette étonnante rareté.

Ce Lama/Maazel est le seul inédit d’une boîte qui regroupe une intégrale des symphonies de Beethoven – assez curieusement enregistrées, comme dans une boîte à chaussures – les 4, 5, 6 de Tchaikovski, quelques Richard Strauss.

Le coin des amis

Pierre Génisson joue – très bien – Mozart (lire Leur Mozart), mais avec la complicité de Bruno Fontaine et de quelques amis choisis, il marche sur les traces d’un Benny Goodman ou d’un Michel Portal, comme j’ai pu le constater mercredi soir au Bal Blomet (brevesdeblog)

Benoît Dunoyer de Segonzac (contrebasse), Bruno Fontaine (piano), Pierre Genisson (clarinette) @JPR

Je ne suis pas sûr d’avoir évoqué l’un des derniers disques d’Eric Le Sage – pas tout à fait une nouveauté puisque paru il y a plus de deux ans ! – Retard rattrapé pour un album intemporel joliment intitulé Jardins suspendus, avec de petits trésors de musique française

Gabriel Dupont Après-midi de dimanche from Les Heures dolentes; Clair d’étoiles from La Maison dans les dunes
Jean Cras Maritime from Paysages
Lili Boulanger D’un Vieux jardin from 3 Morceaux
Reynaldo Hahn Hivernale from Le Rossignol éperdu; Valse “A l’Ombre reveuse de Chopin”
Erik Satie Gnossiennes Nos. 1-3
Jacques Ibert Matin sur l’eau
Camille Saint-Saëns Valse nonchalante in D flat major op. 110
Vincent D’Indy Lac vert from Tableaux de Voyage op. 33
Louis Vierne Impression d’Automne op. 7 No. 2
Gabriel Pierné Prélude op. 3 No. 6
Louis Aubert Nocturne op. 7 No. 2
Germaine Tailleferre Valse lente
Gustave Samazeuilh Prélude from Le Chant de la Mer
Florent Schmitt Doux et calme from Musiques intimes Livre 1 op. 16
Cecile Chaminade Souvenance from Romances sans paroles op. 76
Arthur Honegger Souvenir de Chopin
Ernest Chausson Paysage op. 38
Francis Poulenc Valse des Musiques de Soie
Jehan Alain Comme une Barcarolle from Suite facile
Deodat De Severac Valse romantique
Nadia Boulanger Vers la Vie nouvelle
Cesar Franck Prélude op. 18

Et toujours : brevesdeblog

Monuments

J’ai déjà écrit ici, à l’occasion du décès d’une personnalité, ou d’un événement marquant, ma réticence à me mêler à l’émotion ou à l’admiration collectives et leur caractère automatique sur les réseaux sociaux (ah ces « RIP » qui nous envahissent… sans souvent que leurs auteurs sachent ce que cet acronyme signifie !)

Si je remonte le temps de ma semaine écoulée, j’ai été servi en monuments qu’il est convenu, convenable, d’admirer.

Nos meilleurs vieux : Zubin Mehta et Pinchas Zukerman

Trois semaines après le concert du Nouvel an, l’orchestre philharmonique de Vienne (183 ans d’existence) faisait halte au théâtre des Champs-Elysées avec une affiche qui ne pouvait manquer d’impressionner : le violoniste Pinchas Zukerman – 76 ans – et le chef d’orchestre Zubin Mehta – 88 ans – rescapé d’un cancer qui l’avait sévèrement secoué il y a sept ans. La critique de ce concert est parue sur Bachtrack. : Le rendez-vous de la nostalgie

Mais pour ces seules images, je devais y être

Il est tout de même rare dans un vie de mélomane de pouvoir entendre une oeuvre, la 9e symphonie de Bruckner, qu’on a découverte avec une version enregistrée par le même chef et le même orchestre… il y a 60 ans !

Le monument David Lynch

Mercredi on apprenait la mort de David Lynch… un monument du cinéma !

Oserai-je reprendre le texte que j’avais écrit à la mort de Jean-Luc Godard ? Vous remplacez Godard par Lynch… et ça marche !

« Le monument Godard

Ce n’est pas surprenant, mais ça reste agaçant : Jean-Luc Godard meurt et tous les médias, sans exception, balancent les mêmes titres, les mêmes clichés, que tout le monde reprend sur les réseaux sociaux. Pour ne pas être pris au dépourvu, on cite les trois ou quatre films qu’on se doit d’avoir vus : A bout de souffle, Pierrot le fou, Le Mépris (ah les fesses de Bardot !), Détective (pour et parce ce que Johnny). On évoque sa personnalité, ses écrits, bref un monument qu’on est prié d’admirer.

Un ami avouait sur Facebook : « Je ne suis jamais parvenu à voir un film de Godard jusqu’au bout. Ceci n’est pas un jugement de valeur mais un constat personnel. Son univers m’ennuie terriblement, profondément… » J’ai fait l’effort, quant à moi, pour les quatre films cités plus haut, et même quelques autres (La Chinoise, Prénom Carmen…). Vaines tentatives. » (JPR, 15 septembre 2022)

Pour être tout de même sur une note positive, j’ai bien aimé Lost Highway et Mulholland Drive.

Pourquoi pas une renarde en français ?

J’adore Janáček inconditionnellement. Aussi ai-je été particulièrement heureux de chroniquer la reprise à l’Opéra Bastille de La petite renarde rusée pour Bachtrack : lire Le bestiaire enchanté de Janacek.

(Photo Vincent Pontet / Opéra de Paris)

(Photo Vincent Pontet / Opéra de Paris)

Il y a l’embarras du choix pour les grandes versions. Préférence pour cette extraordinaire collection enregistrée par Charles Mackerras avec les Viennois

Mais il existe aussi des suites d’orchestre tirées des opéras de Janacek, et celle que Vaclav Neumann avait réalisée de La petite renarde est particulièrement réussie

Que sont-ils ou elles devenu(e)s ?

J’ai toujours été intéressé, fasciné parfois, intrigué souvent, par le sort de ceux ou celles qui sont tôt devenus célèbres, qu’il s’agisse d’artistes, de musiciens, de responsables politiques ou autres personnalités. Pourquoi, à un moment donné, disparaissent-ils de nos radars, des réseaux d’information, des véhicules de la notoriété ?

C’est à cette fin que j’avais créé à France Musique la série « Mémoire retrouvée » à l’été 1994. Ma première idée de titre était d’ailleurs… le titre de cet article : Que sont-ils devenus ? Comme me l’avaient fait alors remarquer des collaborateurs de la chaîne, cela risquait d’être vexant, au moins discourtois, pour quelques unes des personnalités que nous allions interroger, qui s’étaient certes retirées de la carrière active, mais qui n’avaient pas forcément disparu de nos mémoires. C’est ainsi que ma chère Mildred Clary avait réalisé en 1997 trois émissions de Mémoire retrouvée avec Renata Scotto, que France Musique a rediffusées en août 2023 lors du décès de la cantatrice italienne (à réécouter ici)

Au gré de mes voyages dans ma discothèque, je retrouve finalement un grand nombre de musiciens, dont je me demande ce qu’ils sont devenus.

Le violoncelliste Julian Lloyd Webber

Il porte un patronyme très familier aux amateurs de comédie musicale, puisque c’est le frère d’Andrew Lloyd Webber, le compositeur entre autres de The Phantom of the Opera, Evita ou Cats. J’ai un seul disque de Julian, que je n’ai jamais entendu en concert.

Comment s’est-il, lui le Britannique, retrouvé à enregistrer à Prague avec l’orchestre philharmonique tchèque et son chef d’alors, Václav Neumann (1920-1995). Mystère ! Mais le disque est beau.. et généreux (avec les concertos de Dvorak et Elgar)

Le ténor Luca Canonici

Ce devait être en janvier 1989, un concert-événement filmé (pour une fois) par la télévision suisse romande, à Genève, avec l’Orchestre de la Suisse romande dirigé par Armin Jordan. La star de la soirée (la télévision avait fait spécialement confectionner une affiche dont elle tenait toute la place !) était Barbara Hendricks, mais je ne me rappelle plus qui a eu l’idée de lui adjoindre un jeune ténor qui avait remplacé José Carreras dans La Bohème le film que Luigi Comencini avait réalisé à partir de la bande-son enregistrée par James Conlon

Pour tout dire, je ne suis pas le seul, ce jour-là, à être tombé sous le charme de Luca Canonici, beaucoup plus convaincant en Rodolfo que B.H. en Mimi. Et dans tous les autres airs en solo ou en duo dont il nous régala.

Je revis le jeune ténor italien une seule fois, à l’été 1990, à Aix-en-Provence où il chantait dans L’élixir d’amour de Donizetti. J’avais passé une partie de l’après-midi à l’hôtel du Roi René à recueillir les confidences d’un ami que la maladie allait emporter trois ans plus tard… C’est dire si la rencontre inopinée de Luca Canonici dans le hall de l’hôtel fut une distraction bienvenue : nous tombâmes dans les bras l’un de l’autre. Je le vis préoccupé – le stress d’avant représentation ? -, il me confia ne pas savoir mettre sa cravate. L’amitié tient parfois à bien peu de choses : je lui refis sa cravate dans un grand éclat de rire. Et depuis lors, je ne l’ai jamais revu. Je n’ai eu que ses rares disques pour garder la trace de ces fugaces souvenirs.

En allant sur sa chaîne YouTube, je découvre qu’un peu à la manière d’un Roberto Alagna, le sexagénaire Luca Canonici, ne dédaigne pas pousser la chanson

La mezzo-soprano Doris Soffel

A Genève, j’ai le souvenir de l’avoir vue et entendue plusieurs fois, dans Mahler, comme dans Rossini. Aussi belle qu’immédiatement sympathique, drôle, ne s’économisant jamais, l’anti-diva !

Je découvre cette mélodie de Massenet magnifiquement dite par Doris Soffel.

Suite à un prochain épisode.

Crème fouettée

Les opéras de Smetana

Connaissez-vous Frédéric Triplecrème ? Je vous en ai parlé en début d’année, et j’ai oublié depuis de célébrer le bicentenaire de sa naissance, le 8 mars 1824. Il s’agit bien sûr du Tchèque Bedřich Smetana, au prénom imprononçable (voir Comment prononcer les noms de musiciens ?), Bedřich étant la variante tchèque de Frédéric, et Smetana étant le nom usuel en Europe centrale d’une spécialité laitière qui ressemble beaucoup à notre crème fraîche, en plus épais !

On ne peut pas dire que le bicentenaire du compositeur tchèque ait suscité une vague de publications discographiques. On est d’autant plus reconnaissant à Supraphon d’avoir regroupé, dans un coffret très soigné, l’intégrale des opéras de Smetana (présentation complète sur le site de l’éditeur : Smetana l’intégrale des opéras)

On recommande ce site pour l’achat de ce coffret à petit prix.

Pour beaucoup d’entre nous, ce coffret est largement terra incognita. Si La Fiancée vendue est un tube dans tous les théâtres d’Allemagne et d’Europe centrale, elle est si rare en France qu’elle n’a fait son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris… qu’en 2008 (lire sur Forumopera). Certes on joue plus souvent l’ouverture et quelques pièces d’orchestre spectaculaires.

Dans ce coffret, c’est la version idiomatique de Zdeněk Košler, l’un des grands chefs tchèques du XXe siècle (on lui consacrera bientôt un billet)

Pour tout le reste, il faut se laisser emporter par le flot d’une musique d’un romantisme exacerbé, la langue tchèque n’étant pas plus un obstacle à la compréhension que ne l’est le russe dans les opéras de Moussorgski ou Tchaikovski !

On recommande l’écoute dans l’ordre chronologique, et on aura une très belle surprise avec le premier ouvrage lyrique de Smetana, Les Brandebourgeois de Bohême :

Crème fouettée parisienne

Il y a plusieurs mois, fouillant dans le rayon classique de Gibert Joseph, boulevard St Michel à Paris, j’entendais une version en français de La Chauve souris que je ne connaissais pas. Je demandai à la vendeuse si je pouvais acheter le CD d’occasion qu’elle était en train de diffuser. Elle refusa de me le céder en raison de son mauvais état, mais j’avais oublié qu’elle avait pris mes coordonnées lorsque je reçus il y a quelques jours un appel m’informant que ma commande était prête…. Quelle surprise de découvrir ce double CD et ses interprètes ! Surprise accrue en lisant un remarquable texte de présentation (Strauss, de Vienne à Paris) signé de l’ami Benoît Duteurtre (lire Le dernier étonnement de Benoît Duteurtre).

Contrairement à ce qui est indiqué, les larges extraits de La Chauve-Souris et du Baron Tzigane sont dans une excellente stéréo, Valses de Vienne ayant été enregistrées en mono en 1956.

C’est le cas de dire qu’on entend ici la crème des chanteurs français du tournant des années 50/60, ainsi que deux chefs dont j’ignorais ces enregistrements et qu’on n’attendait pas forcément dans ce répertoire.

Franck Pourcel (1913-2000) c’est une sorte de précurseur d’André Rieu, dans mon souvenir les grands classiques joués comme de la variété. Ici il n’a absolument rien à envier aux maîtres de l’opérette viennoise. Sa Chauve-Souris est un pur régal.

Quant à Alain Lombard, il traite cette opérette avec une profondeur (trop ?) qu’on n’imaginait pas. Et quel cast ! Janine Micheau compose une bohémienne (Czipra, ou Saffi en français) grand luxe.

Et pour le plaisir Mado Robin… comme à Vienne !

La Cinquième de Merlin

Après un récent concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne (voir Bachtrack : Des Wiener Philharmoniker double crème), j’avais consacré un billet à la Cinquième symphonie de ChostakovitchUne Cinquième très politique -. Voici que le numéro de juin de Diapason propose une autre Cinquième, et pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agit de celle de Mahler, dans un copieux dossier – analyse de l’oeuvre et discographie comparée – signé Christian Merlin.

Le même Christian Merlin signe d’ailleurs l’autre imposant dossier de ce numéro, sur un sujet qu’il connaît par coeur pour lui avoir consacré le meilleur ouvrage qui existe en français : l’orchestre philharmonique de Vienne précisément !

J’ai aperçu avant-hier, juste avant un concert, l’ami Merlin et lui ai dit combien sa discographie comparée de la 5ème de Mahler me réjouissait. Parce qu’au terme d’un travail colossal, des centaines d’heures d’écoute, le résultat déjoue pas mal d’idées reçues sur les versions considérées comme « de référence' » et d’autres qu’il était de bon ton d’ignorer ou de laisser de côté.

On ne va pas dévoiler ici les éléments de ce savant dossier, mais comme mes propres choix rejoignent en grande partie ceux de Christian Merlin et de Diapason, il ne sera pas très difficile de s’y retrouver.

  1. Karajan

« Il a été méprisé par la critique dans la 5ème. Pourtant quelle autre version est aussi entêtante ? … Sa direction est une lame de fond, un kaléidoscope de sensations, de la mélancolie morbide à l’ivresse étourdissante en passant par l’élégance viennoise ». Christian Merlin évoque ici la célèbre version de studio de 1973.

Mais, ajoute Merlin, « si vous mettez la main sur le live de 1978 à Salzbourg… vous entendrez un chef qui prend tous les risques » (Le CD est disponible sur le site d’Yves St.Laurent)

Tout simplement phénoménal !

2. James Levine / Philadelphia Orchestra

Merlin trouve aussi que James Levine ici, comme en général dans le répertoire symphonique, n’a jamais été considéré à la hauteur d’un talent qu’il ne déployait pas qu’à l’opéra. J’ai le souvenir de la sortie en petit coffret économique des gravures mahlériennes de Levine à Philadelphie. De cette Cinquième « on sort K.O. debout » comme l’écrit Christian Merlin

Pour les autres versions que je cite, je n’établis pas d’ordre de préférence. Je les mentionne ici, parce que Christian Merlin ne les a pas retenues dans sa confrontation, et que, sans remettre en cause les références reconnues, elles ont, outre leur relative rareté, le mérite d’accroître encore notre curiosité.

Tenant d’une grande tradition germanique, élève lui-même (comme peu le furent) de Karajan, Günther Herbig qui officia longtemps en Allemagne de l’Est, puis au Kozerthaus de Berlin, confère un grand style à cette Cinquième.

Harold Farberman (1929-2018)

Quasi-inconnu sur le continent européen, le chef et compositeur américain Harold Farberman a gravé pour Vox plusieurs symphonies de Mahler, qui méritent qu’on s’y attarde.

Vaclav Neumann (1920-1995), le successeur de Karel Ancerl à la tête de l’orchestre philharmonique de tchèque, est cité par Merlin pour sa version de la Cinquième de Mahler gravée à Leipzig au mitan des années 60, l’une des plus rapides de la discographie. En revanche, Diapason n’évoque pas l’intégrale réalisée à la fin des années 70 à Prague.

A moins que j’aie mal lu et relu son article, Christian Merlin ne parle pas non plus de Giuseppe Sinopoli, dont les Mahler ne laissent personne indifférent.

Que le lecteur ne m’en fasse pas le reproche, je ne citerai pas ici toutes les versions de ma propre discothèque, ni évidemment celles que recense Diapason : Barbirolli, Bernstein, Abbado, Kondrachine, Tennstedt etc.

Vacances 2022 : les pins et les fontaines de Rome

Villa cardinalice

On a parfois – souvent même – de belles surprises en réservant ses hôtels via un site spécialisé – Booking.com pour ne pas le nommer. Cela a été vrai des deux hôtels trouvés à Lucques puis à Punta Ala. C’est encore plus évident avec ce qu’on n’ose pas qualifier d’hôtel, pourtant bon marché, dans la banlieue de Rome, la Villa Grazioli sur les hauteurs de Grottaferrata. Ce palais, construit en 1580, pour le cardinal Antonio Carafa, jouxte un autre palais sur la commune voisine de Frascati, la Villa Aldobrandini, où Goethe séjourna.

La Villa Grazioli à Grottaferrata

La Villa Aldobrandini à Frascati.

Les pins et les fontaines de Rome

Evidemment quand on évoque les pins et les fontaines de Rome, on pense à deux des oeuvres les plus célèbres de Respighi : Les Pins de Rome (1924) et Les Fontaines de Rome que j’avais programmées en 2017 au Festival Radio France (lire Fontaines centenaires) à l’occasion des cent ans de leur création à Rome.

Quelques-unes des innombrables fontaines qu’on peut voir à Rome, dont celles que dépeint Respighi.

Je ne change pas d’avis quant à ma version préférée de ces deux poèmes symphoniques

Jeunes baguettes

Il y a deux mois, j’applaudissais le nouveau directeur musical de l’Orchestre de Paris, Klaus Mäkelä (Yuja, Klaus et Maurice), 26 ans !

Quand je lis le compte-rendu de Remy Louis d’un concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France, où le quasi-vétéran (36 ans tout de même !) Santtu-Matias Rouvali a dû être remplacé par Tarmo Peltokoski, un compatriote – finlandais – de 21 ans ! – lire Les débuts fracassants de Tarmo Peltokoski, j’ai l’impression d’une course à la jeunesse chez les organisateurs, les responsables d’orchestres ou d’institutions musicales.

Il y a encore une vingtaine d’années, recruter un chef de moins de 40 ans paraissait audacieux, voire risqué, surtout pour un poste de directeur musical. On n’aura pas la cruauté de citer les exemples de ces jeunes chefs qui n’auront fait qu’un petit tour à ce genre de poste.

Je me réjouis, par exemple, de recevoir à nouveau à Montpellier, le 19 juillet prochain, le chef anglais Duncan Ward (33 ans!), à la tête de l’Orchestre des jeunes de la Méditerranée (voir lefestival.eu). J’avais assisté en octobre dernier à sa prise de fonction comme chef de la Philharmonie Zuidnederland à Maastricht.

Jeudi dernier, c’était, à la Philharmonie de Paris, une autre jeune baguette, Thomas Guggeis, 29 ans, qui remplaçait Daniel Barenboim, souffrant, à la tête du West-Eastern Divan Orchestra.

Une Patrie universelle

Au programme de ce concert, le cycle « Ma Patrie » de Smetana, une suite de six poèmes symphoniques, dont la célèbre Moldau, que je n’avais plus eu l’occasion d’entendre en concert depuis que je l’avais programmé en janvier 2010 à Liège, avec François-Xavier Roth et l’Orchestre philharmonique royal de Liège (Festival Visa pour l’Europe).

Thomas Guggeis est indéniablement à son affaire dans un cycle où les décibels d’une orchestration wagnérienne peuvent souvent masquer les inspirations populaires du compositeur tchèque. On se demande si le résultat eût été le même avec Barenboim au pupitre. On a entendu un camarade regretter une certaine neutralité interprétative et l’absence de cette nostalgie slave qui devrait s’attacher à Smetana. On a aussi appris que le jeune chef qui avait fait plus d’un tour d’essai avec l’orchestre du Capitole de Toulouse, qui cherche depuis des mois un successeur à Tugan Sokhiev, n’a pas été retenu par les musiciens…

Revenons à Ma Patrie, et à ce qu’il faut bien appeler un cliché – la « nostalgie slave » -. Même si, d’évidence, comme des centaines d’autres oeuvres, ces poèmes symphoniques puisent aux sources de l’inspiration populaire, ils n’en ont pas moins détachables de leur contexte géographique ou historique et constituent des oeuvres « pures ». Personne ne conteste à des chefs et orchestres occidentaux le droit et la légitimité d’interpréter les symphonies de Tchaikovski, qui pourtant puisent abondamment – au moins autant que les Borodine, Moussorgski et autres compositeurs du Groupe des Cinq – dans le terreau traditionnel.

Ce n’est pas parce que le chef d’origine tchèque Rafael Kubelik (lire Les fresques de Rafael), a gravé à plusieurs reprises des versions de référence de ce cycle que celui-ci est chasse gardée des interprètes natifs de Bohème ! Ici on écoute un moment extrêmement émouvant : la captation du concert donné en 1990 par Kubelik à Prague, qu’il avait quittée en 1948, un an après la chute du mur de Berlin.

Mais je veux signaler une autre très grande version, beaucoup moins connue, celle de Paavo Berglund et de la somptueuse Staatskapelle de Dresde.

Sous les pavés la musique (X) : Igor Markevitch chez Deutsche Grammophon

Et voilà la suite de Igor Markevitch la collection Philips (lire Sous les pavés la musique IX). A la différence du coffret Eloquence Philips, ce nouveau coffret Eloquence ne recèle pas d’inédit ou de rareté. Tous les disques réunis ici avaient déjà été réédités séparément ou en de petits coffrets, sauf peut-être les symphonies de Beethoven (il y en a une partie ici, l’autre partie dans le coffret Philips, et l’ensemble était disponible dans un coffret DG japonais, trouvable aussi en Allemagne)

Références et raretés

Quatre grandes périodes d’enregistrement pour la marque jaune :

  • de 1953 à 1955 avec l’Orchestre philharmonique de Berlin, des versions bien connues de Berlioz (une première Fantastique ainsi qu’Harold en Italie), de Tchaikovski (la Pathétique), mais surtout les 3ème et 4ème symphonies de Berwald (pour les Berliner un coup unique!), et les 3ème et 4ème de Schubert, qui étaient de vraies raretés au disque.
  • à New York à peu près à la même époque, un orchestre constitué pour la circonstance (en fait des musiciens du Philharmonique) enregistre avec Markevitch deux symphonies de Beethoven (3 et 6) ainsi que la Première de Brahms
  • de 1957 à 1960, malheureusement trop souvent en mono (alors que les Américains et Decca enregistraient en stéréo depuis 1954), une série légendaire de captations avec l’orchestre des Concerts Lamoureux. Joyau de cette série, une Symphonie fantastique qui fait d’abord entendre la splendeur des vents français (ce basson !) et un chef qui fait du 4ème mouvement une véritable Marche au supplice (écoutez le terrifiant grincement du trombone basse, qui viendrait rappeler aux insouciants qu’il ne s’agit ni d’une marche triomphale ni d’une cavalerie légère !)
  • en 1965, les équipes de DG se transportent à Prague, pour nous offrir deux versions jamais démodées du requiem en ré mineur de Cherubini, et une étonnante Messe de Sainte-Cécile de Gounod avec un trio de chanteurs inattendus dans ce répertoire.

Un mot d’une oeuvre – Les Choéphores – de Darius Milhaud (lire l’excellent papier de Jean-Charles Hoffelé : Le chef-d’oeuvre de Darius) que j’ai toujours trouvée très.. datée. Ecrite en 1915 – c’est la mode des oeuvres avec récitant (Honegger – Le Roi David – Debussy – Le Martyre de Saint-Sébastien – Stravinsky – Oedipus Rex), elle n’a connu que deux versions au disque : celle de Markevitch en 1957 (mono), suivie de celle de Bernstein à New York en 1961 (stéréo)

CD 1 Cherubini: Requiem in D minor for male chorus & orchestra

  • Czech Philharmonic Chorus
  • Czech Philharmonic Orchestra
  • Igor Markevitch

Mozart: Mass in C major, K317 ‘Coronation Mass’

  • Maria Stader (soprano), Oralia Dominguez (mezzo-soprano), Ernst Haefliger (tenor), Michel Roux,
  • Choeurs Elisabeth Brasseur
  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

CD 2 Mozart: Symphony No. 34 in C major, K338

  • Berliner Philharmoniker
  • Igor Markevitch

Mozart: Symphony No. 38 in D major, K504 ‘Prague’

  • Berliner Philharmoniker
  • Igor Markevitch

Mozart: Symphony No. 35 in D major, K385 ‘Haffner’

  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

Gluck: Sinfonia in G major

  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

CD 3 Mozart: Bassoon Concerto in B flat major, K191

  • Maurice Allard (bassoon)
  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

Haydn: Sinfonia Concertante in B flat major, Op. 84, Hob. I / 105

  • Georges Alès (violin), André Remond (cello), Émile Mayousse (oboe), Raymond Droulez (bassoon)
  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

Cimarosa: Concerto in G major for two flutes

  • Aurèle Nicolet (flute), Fritz Demmler (flute)
  • Berliner Philharmoniker
  • Igor Markevitch

Schubert: Symphony No. 3 in D major, D200

  • Berliner Philharmoniker
  • Igor Markevitch

CD 4 Beethoven: Egmont Overture, Op. 84

Beethoven: Leonore Overture No. 3, Op. 72b

Beethoven: Fidelio Overture Op. 72c

Beethoven: Coriolan Overture, Op. 62

Beethoven: Zur Namensfeier overture, Op. 115

Beethoven: Consecration of the House Overture, Op. 124

  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

CD 5 Beethoven: Symphony No. 3 in E flat major, Op. 55 ‘Eroica’

  • Symphony of the Air
  • Igor Markevitch

CD 6 Beethoven: Symphony No. 6 in F major, Op. 68 ‘Pastoral’

  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

CD 7 Brahms: Symphony No. 1 in C minor, Op. 68

  • Symphony of the Air
  • Igor Markevitch

CD 8 Brahms: Symphony No. 4 in E minor, Op. 98

  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

Berlioz: Harold en Italie, Op. 16

  • Heinz Kirchner (viola)
  • Berliner Philharmoniker
  • Igor Markevitch

CD 9 Berlioz: Symphonie fantastique, Op. 14

Cherubini: Anacréon Overture

Auber: La muette de Portici: Overture

  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

CD 10-11 Berlioz: La Damnation de Faust, Op. 24

  • Richard Verreau (Faust), Consuelo Rubio (Marguerite), Michel Roux (Méphistophélès), Pierre Mollet (Brander)
  • Chœurs Elisabeth Brasseur, Chœur d’Enfants de la RTF
  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

CD 12 Gounod: Symphony No. 2 in E flat

Bizet: Jeux d’enfants (Petite Suite), Op. 22

Debussy: La Mer

Debussy: Danses sacrée et profane

  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

CD 13 Rimski Korsakov: Russian Easter Festival Overture, Op. 3

Rimski Korsakov: May Night Overtur

Rimski Korsakov: Le Coq d’Or Suite

Borodin: In the Steppes of Central Asi

Liadov: From the Apocalypse, Op. 66

Glinka: Ruslan & Lyudmila Overture

  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

CD 14 Tchaikovski: Symphony No. 6 in B minor, Op. 74 ‘Pathétique’

  • Berliner Philharmoniker
  • Igor Markevitch

Tchaikovski: Francesca da Rimini, Op. 32

  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

CD 15 Wagner: Lohengrin: Prelude to Act 3

Wagner: Parsifal: Prelude to Act 3

Wagner: Tannhäuser: Overture

  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

Wagner: Tannhäuser: Venusberg Music (bacchanale)

Wagner: Siegfried Idyll

Wagner: Die Walküre: Ride of the Valkyries

  • Berliner Philharmoniker
  • Igor Markevitch

CD 16 Milhaud: Les Choéphores, Op. 24

  • Genevieve Moizan (soprano), Hélène Bouvier (mezzo-soprano), Heinz Rehfuss (baritone)
  • Chorale de l’Université de Paris
  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

Honegger: Symphony No. 5 ‘Di tre re’

Roussel: Bacchus et Ariane, Op. 43 – Suite No. 2

  • Orchestre des Concerts Lamoureux
  • Igor Markevitch

CD 17 Berlioz: Symphonie fantastique, Op. 14

Moussorgski/Ravel: Pictures at an Exhibition

  • Berliner Philharmoniker
  • Igor Markevitch

CD 18 Berwald: Symphony No. 3 in C major ‘Sinfonie singulière’

Berwald: Symphony No. 4 in E flat major ‘Sinfonie naïve’

Schubert: Symphony No. 4 in C minor, D417 ‘Tragic’

  • Berliner Philharmoniker
  • Igor Markevitch

CD 19-20 Haydn: Die Schöpfung

  • Irmgard Seefried, Richard Holm, Kim Borg, Chor der St Hedwigs-Kathedrale
  • Berliner Philharmoniker
  • Igor Markevitch

Mozart: Mass in C major, K317 ‘Coronation Mass’

  • Maria Stader, Sieglinde Wagner, Helmut Krebs, Josef Greindl, Chor der St Hedwigs-Kathedrale
  • Berliner Philharmoniker
  • Igor Markevitch

CD 21 Gounod: Messe solennelle de Ste Cécile

  • Irmgard Seefried, Gerhard Stolze, Hermann Ute, Czech Philharmonic Chorus
  • Czech Philharmonic Orchestra
  • Igor Markevitch

Les raretés du confinement (II)

Comme je l’écrivais le 11 novembre dernier – Les raretés du confinement :

« Depuis le reconfinement intervenu en France le 30 octobre dernier, j’ai entamé une nouvelle série d’enregistrements, tirés de ma discothèque personnelle, qui présentent un caractère de rareté, une oeuvre inhabituelle dans le répertoire d’un interprète, un musicien qui emprunte des chemins de traverse, un chef qui se hasarde là où on ne l’attend pas… « 

Récapitulons donc la deuxième décade de ce confinement, qui n’est pas près de se terminer même si on nous promet des « allègements ».

12 novembre

L’art du chef allemand Hermann Scherchen (1891-1966) a été abondamment documenté ces dernières années, et récemment par la réédition de son cycle des symphonies de Beethoven.

Mais sauf erreur je n’ai jamais vu reparaître un disque (partagé avec Julius Rudel) d’ouvertures d’Offenbach et Suppé publié jadis par MCA Classics. Et pourtant Scherchen dirigeant Offenbach c’est quelque chose !

13 novembre

En hommage à toutes les victimes des attentats du 13 novembre 2015, cette version inattendue et bouleversante de la Quatrième symphonie de Mahler dirigée par… David Oïstrakh, enregistrée à Moscou en 1967

14 novembre

La cantatrice américaine Teresa Stich-Randall (1927-2007) est restée dans la mémoire collective et discographique comme une interprète d’élection de Mozart (à Aix-en-Provence) et Richard Strauss. Dans un disque portrait enregistré en 1962 elle explore d’autres répertoires, comme cet air « Depuis le jour« , sommet d’érotisme, tiré de l’opéra Louise de Gustave Charpentier (1860-1956)… et non Marc-Antoine Charpentier comme indiqué sur la pochette du disque !!

15 novembre

J’ai une passion pour les mélodies avec orchestre de Richard Strauss. En dehors des Vier letzte Lieder et une petite dizaine d’autres très souvent enregistrées, la discographie des 200 mélodies – dont plus d’une trentaine avec orchestre – est plutôt maigre. J’aime beaucoup ce disque – devenu introuvable, jamais réédité semble-t-il – du ténor Siegfried Jerusalem accompagné par Kurt Masur et le Gewandhausorchester de Leipzig

16 novembre

Le 7 novembre j’évoquais la formidable version de la 4ème symphonie de Brahms enregistrée à Londres, en 1962, par Fritz Reiner avec le Royal Philharmonic Orchestra. En 1959, le chef américain d’origine hongroise grave, pour Decca, avec les Vienna Philharmonic / Wiener Philharmoniker le Requiem de Verdi et d’ébouriffantes Danses hongroises de Brahms (ainsi qu’un bouquet de Danses slaves de Dvorak).Le sévère Fritz Reiner se lâche complètement dans cette 6ème danse hongroise, fait rugir les pupitres viennois, et donne une touche authentiquement magyar à ces oeuvres si rebattues.

17 novembre

Le chef australien d’origine américaine Charles Mackerras est né le 17 novembre 1925 (et mort il y a dix ans le 14 juillet 2010). Il a laissé une abondante discographie où figurent des Mozart, Haydn, Beethoven exceptionnels, bien sûr les opéras de Janacek et la musique tchèque dont il avait appris les secrets auprès de Vaclav Talich. Comme beaucoup de ses contemporains, Charles Mackerras pratiquait un art, aujourd’hui oublié, celui de l’arrangement. On connaît Gaîté parisienne fabriquée par Manuel Rosenthal à partir d’airs d’Offenbach, un peu moins les suites d’orchestre tirées des opéras de Richard Strauss par Antal Dorati ou Erich Leinsdorf, moins encore le formidable Graduation Ball, un ballet signé Dorati à partir de pièces de Johann Strauss.

Mackerras lui s’est livré à deux arrangements très réussis, Pineapple Poll à partir d’opérettes d’Arthur Sullivan et The Lady and the Foll qui compile habilement airs plus ou moins connus d’opéras de Verdi.

18 novembre

Vous avez aimé avant-hier Fritz Reiner dans une foudroyante 6ème danse hongroise de Brahms avec les Vienna Philharmonic / Wiener Philharmoniker ? que penserez-vous de cette 5ème danse hongroise cravachée (et jouée comme le faisaient les ensembles de musique tzigane dans les restaurants et cabarets de Budapest) ?

19 novembre

Le samedi 23 décembre 1995, j’avais décidé de consacrer, sur France Musique, toute une journée à Elisabeth Schwarzkopf (1915-2006), pour son 80ème anniversaire. La cantatrice avait accepté de quitter sa maison près de Zurich, de venir passer la journée à Paris. Le regretté Jean-Michel Damian (Une voix de radio)l’avait reçue dans son émission de l’après-midi, qui exceptionnellement avait lieu dans le Studio 104 (à l’époque le plus grand) de la Maison de la Radio, archi-comble en cette avant-veille de Noël. J’avais signalé à J.M.Damian que l’enregistrement préféré de la cantatrice elle-même était l’opérette Wiener Blut de Johann Strauss qu’elle avait enregistrée en 1953 avec le jeune Nicolai Gedda, et en particulier ce duo. Une réussite miraculeuse, la perfection stylistique de l’accompagnement du chef suisse Otto Ackermann, cette sublime valse suspendue…. à 1’18

20 novembre

Un disque trouvé jadis à Londres et depuis précieusement conservé, réédité récemment dans la collection Eloquence, l’ambiance unique des dernières nuits des Prom’s et en 1972 la participation exceptionnelle de la grande Jessye Norman dans deux des WesendonckLieder de Wagner, la direction du si regretté Colin Davis (1927-2013)

21 novembre

Ce n’est pas la part la plus importante du legs discographique du regretté Mariss Jansons (1943-2019) mais le chef letton donne le panache nécessaire à ce morceau de bravoure célèbre du violoniste et compositeur roumain Grigoraș Dinicu (1889-1949) Hora staccato

22 novembre

En ce dimanche 22 novembre, jour de la Sainte-Cécile, patronne des musiciens, la messe solennelle de Sainte-Cécile de Gounod (1816-1896) s’impose, une oeuvre bien peu jouée et enregistrée aujourd’hui. Igor Markevitch en a laissé en 1965 une version magnifique, qui bénéficie de la splendeur des choeurs tchèques et de l’Orchestre philharmonique tchèque et d’un trio de solistes exceptionnel, Irmgard Seefried, Gerhard Stolze et Hermann Uhde. Lire ici l’histoire de cette sainte chère aux musiciens : Une patronne vierge.