Je n’ai lu les critiques qu’après avoir vu le film. Ceux du Monde ou de Télérama n’ont pas dû voir le même que moi…
Moi j’ai bien aimé Le Redoutable, affiché, à juste titre, comme une comédie de Michel Hazanavicius.
D’abord parce que j’avais lu les trois livres de souvenirs (lire Des livres pour rentrer) d’Anne Wiazemsky, petite-fille de François Mauriac, éphémère épouse de Jean-Luc Godard dont Un an après qui sert de trame à ce film :
À Paris, en 1967. Le célèbre réalisateur Jean-Luc Godard tourne son film La Chinoise. La tête d’affiche n’est autre que la femme qu’il aime, Anne Wiazemsky, de 17 ans sa cadette. Ils se sont rencontrés peu de temps avant, sur le tournage du film Au hasard Balthazar de Robert Bresson en 1966. Ils sont heureux, amoureux, séduisants, ils se marient.
À sa sortie, La Chinoise reçoit un accueil assez négatif et cela déclenche chez Jean-Luc une profonde remise en question. À cela vont s’ajouter les évènements de Mai 68. Cette crise que traverse le cinéaste va profondément le transformer. Il va passer d’un statut de réalisateur « star » à celui d’un artiste maoïste hors du système autant incompris qu’incompréhensible
« La traque des étudiants se poursuivait boulevard Saint-Germain et rue Saint-Jacques. Des groupes de jeunes, garçons et filles mélangés, se battaient à mains nues contre les matraques des policiers, d’autres lançaient différents objets ramassés sur les trottoirs. Parfois, des fumées m’empêchaient de distinguer qui attaquait qui. Nous apprendrions plus tard qu’il s’agissait de gaz lacrymogènes. Le téléphone sonna. C’était Jean-Luc, très inquiet, qui craignait que je n’aie pas eu le temps de regagner notre appartement. « Ecoute Europe numéro 1, ça barde au Quartier latin !« Nous étions le 3 mai 1968. » (A.W.)
D’abord la composition de Louis Garrel. Etonnante ! Il n’imite pas, il est Jean-Luc Godard, chuintement caractéristique et imperceptible accent suisse compris. Je suis moins convaincu par l’évanescente Stacy Martin qui peine à restituer les ambiguïtés de la jeune fille qu’était Anne Wiazemsky. Surtout j’aime, sans me poser de questions métaphysiques, le style décalé, irrespectueux, d’Hazanavicius (que j’appréciais déjà dans les deux OSS 117). On l’a compris, ce n’est en rien un biopic, oui le cinéaste suisse n’est pas toujours présenté sous son meilleur jour. Il n’en apparaît que plus attachant.
Excellente bande-son, et un mystère non résolu : peu avant la fin du film – que je ne vais pas dévoiler – on entend le dernier des Vier letzte Lieder de Richard Strauss, Im Abendrot. Mais je n’en ai pas reconnu l’interprète, ni trouvé la mention sur les sites que j’ai visités…
En attendant d’élucider cette voix mystère, voici la version de Kiri Te Kanawa, qui a annoncé prendre sa retraite lors des récents Gramophone Awards à Londres.
Une réflexion sur “L’insupportable Jean-Luc G.”