Bi…ou tricentenaire

L’autre Scarlatti

Je me rappellerai longtemps la folle aventure des 555 sonates de Scarlatti données au cours de l’été 2018 dans toute l’Occitanie dans le cadre du Festival Radio France.

Ce très précieux legs est disponible sur le site de France Musique en 185 épisodes !

Mais celui qu’on célèbre aujourd’hui n’est pas le fils, Domenico, mais le père Alessandro Scarlatti, mort il y a 300 ans, le 24 octobre 1725 à Naples. De nouveau on invite à se tourner vers France Musique pour découvrir et décrypter « l’énigmatique Alessandro Scarlatti » avec Clément Rochefort et Xavier Carrère.

Je veux saluer ici un coffret qu’on n’attendait pas vraiment, mais qui constitue une très belle introduction à l’oeuvre si profuse du père Scarlatti

Difficile de détailler ces 9 CD, mais on est en très bonne compagnie avec Gérard Lesne, Véronique Gens, il Seminario Musicale, Fabio Biondi, Nancy Argenta et bien d’autres du même acabit, nombre de cantates, de motets, les oratorios Il Sedecia re di Gerusalemme, La santissima Trinita, les concerts grossi, etc.

C’est sans doute l’enregistrement le plus ancien du coffret, mais je l’ai eu longtemps sur un CD en collection très économique, avec la merveilleuse Helen Donath et notre Maurice André national :

Chiche bicentenaire

On en reparlera abondamment le moment venu : le bicentenaire de la naissance de Johann Strauss, c’est dans quelques jours.

Vendredi et samedi dernier, l’Orchestre national de France annonçait un « Gala Johann Strauss ». Franchement chiche comme programme : une ouverture (du Baron Tzigane), une seule valse et quatre polkas, dont une de Josef le frère ! On peut réécouter ce concert sur France Musique et vérifier les éloges que j’ai faits du chef, Manfred Honeck et des musiciens du National, sur Bachtrack : L’hommage du National et Honeck à Strauss fils.

Je ne pense pas que Manfred Honeck le Viennois – il a été violoniste au Philharmonique de Vienne jusqu’en 1991 – ait beaucoup de concurrents pour diriger cette musique. Mais on préfère sans doute inviter le 1er janvier des chefs plus « people » pour le traditionnel concert du Nouvel an (Nézet-Séguin le 1er janvier 2026 fera-t-il mieux que le petit tour de Dudamel en 2017 ?) !

Comme je l’écris pour Bachtrack, Honeck fait plus d’une fois penser, dans sa gestique, à un grand aîné qu’il a eu tout loisir d’observer lorsqu’il jouait dans l’orchestre, Carlos Kleiber…

On recherchera les quelques disques de la famille Strauss qu’il a enregistrés avec Bamberg ou les Wiener Symphoniker

Dans mes prochaines brèves de blog je reviendrai sûrement sur l’épisode peu glorieux du « casse » du Louvre…

Merci pour la beauté !

Un retour et un adieu

À propos du concert que dirigeait ce jeudi soir Daniel Barenboim à la tête de l’Orchestre de Paris, le titre et le contenu de mon article pour Bachtrack sont explicites : L’apothéose de Barenboim à la Philharmonie de Paris.

C’est peu dire que l’émotion nous a submergés tous, musiciens et public.

Modernités

Juste avant ce concert, j’ai visité l’exposition ouverte depuis mercredi au rez-de-chaussée de la Philharmonie : Kandinsky, la musique des couleurs.

Ceux qui fréquentaient le Centre Pompidou connaissaient déjà les oeuvres exposées ici et la relation de Vassily Kandinsky (1866-1944) avec la musique, Schoenberg en particulier. Mais ici on vous confie à l’entrée un casque audio, malheureusement difficilement réglable – qui permet d’entendre autant que voir les oeuvres et leur contexte.

Quitte à heurter certains de mes lecteurs, je n’ai toujours pas été convaincu – après la visite de cette exposition – par les tentatives de Kandinsky de s’adonner à un « art total » notamment à la musique, pas plus que je n’ai jamais été convaincu des talents de peintre de Schoenberg. Non pas qu’il faille qu’un artiste reste enfermé dans son domaine de prédilection, mais je crains qu’à de très rares exceptions près, le génie ne se partage pas. Admiration donc intacte pour Kandinksy peintre, maître de l’abstraction et de la couleur.

Je garde ma liberté d’accoler à ces toiles les musiques qui me viennent…et je comprends la fascination qu’ont pu exercer les trois pièces pour piano op.11 de Schoenberg sur Kandinsky

Roberta Alexander (1949-2025)

On a appris hier le décès, à 76 ans, de la soprano américaine, installée depuis 1975 à Amsterdam, Roberta Alexander.

Je dois à cette artiste certaines de mes plus belles curiosités, certains de mes plus grands bonheurs musicaux.

C’est par et grâce à elle que j’ai découvert ce petit chef-d’oeuvre de Samuel Barber : Knoxville, Summer of 1915.

Avec elle, j’ai trouvé la version idéale des oeuvres vocales du compositeur néerlandais Henrik Andriessen (lire Vendredi saint)

Roberta Alexander a contribué à faire connaître en dehors de ses Pays-Bas natals, l’oeuvre superbe d’Alphons Diepenbrock (Le Hollandais oublié). Mais elle a évidemment aussi et surtout chanté Mozart, Mahler et ce qu’on appelle le grand répertoire. Avec ce quelque chose, ce vibrato serré, dans la voix, qui la rendait unique.

PS À propos de Schoenberg, cité à propos de Kandinsky, s’est développée sur Facebook l’une de ces discussions qu’affectionnent certains sur l’orthographe des noms allemands et russes de musiciens. Il faudra que j’y revienne dans une prochaine brève de blog !

Sur le pont

Pour Alma

Vendredi dernier, j’étais au Théâtre des Champs-Elysées pour applaudir surtout Joyce DiDonato, comme je l’ai écrit pour Bachtrack (Joyce DiDonato rehausse le concert du National). J’avais tenté le titre : Joyce DiDonato sur le pont pour Alma Mahler, pour souligner le fait que la vraie réussite de ce concert était l’interprétation par la chanteuse américaine d’un bouquet de mélodies d’Alma Mahler, et accessoirement que le pont… de l’Alma est voisin de la salle de l’avenue Montaigne.

Dans mon article, je n’ai pas pu reproduire tous les extraits d’une lettre que cite Hélène Cao dans son texte de présentation. C’est le 19 décembre 1901, deux mois avant leur mariage, que Gustav Mahler envoie ceci à Alma : « Tu n’as désormais qu’une seule profession – me rendre heureux ! Je sais bien que tu dois être heureuse (grâce à moi !) pour me rendre heureux. Mais les rôles dans ce spectacle qui pourrait devenir une comédie aussi bien qu’une tragédie (ni l’un ni l’autre ne serait juste) doivent être bien distribués. Et celui du « compositeur », de celui qui « travaille », m’incombe. Le tien est celui du compagnon aimant, du camarade compréhensif » . Sacré macho le père Gustav ! On comprend mieux pourquoi le compositeur n’a pas fait grand chose pour soutenir et diffuser les oeuvres de sa jeune épouse. C’est en 2003 seulement que Jorma Panula orchestre les Lieder qu’on a entendus vendredi soir… et c’est du pur Mahler !

J’avais depuis longtemps un autre disque, que je n’avais écouté que distraitement… à tort !

Une musique à écouter assurément !

Hommage

Je viens d’apprendre le décès à 80 ans d’un personnage – André Piguet – que j’ai connu il y a une trentaine d’années comme un membre très actif des Amis de l’Orchestre de la Suisse romande, et retrouvé, toujours aussi pointu et amical, lorsque j’ai fait une brève mission auprès de l’OSR il y a neuf ans (lire Nouveaux publics).

Il était rugueux, détonnant dans le milieu genevois si policé, et passionné. Je découvre, à l’occasion de son décès, qu’il est l’auteur d’un ouvrage que je vais m’empresser d’acheter. La présentation qu’il en fait lui-même dit assez la force de son caractère. Hommage !

« Des milliers de concerts à son actif, un public fervent, une riche discographie, une large reconnaissance internationale, un partenariat organique avec le Grand Théâtre, des appuis convergents confirmés dans le temps : l’OSR peut paraître inébranlable. Pour beaucoup, il fait partie du paysage culturel, tout comme le Cervin est inscrit dans le ciel de Zermatt.Le mélomane ne saurait céder à l’endormissement, dans la confortable certitude de sa pérennité. La lucidité commande de le considérer comme un miracle permanent…« 

André Piguet et moi – et nous n’étions pas les seuls dans ce cas ! – partagions une passion jamais émoussée pour notre cher Armin Jordan

Dans mes prochaines brèves de blog humeurs et impressions après les récentes séquences politiques.

Grandeurs et petitesses

L’actualité nous régale de quantité de petitesses et, heureusement, de quelques grandeurs.

Pas d’amalgame

J’ai suivi la belle et sobre cérémonie d’entrée au Panthéon de Robert Badinter. Plusieurs amis ont souligné l’intérêt que l’ancien ministre de la Justice portait à la musique classique. Il paraît même que c’était un client régulier de feu Melomania. Je ne l’y ai jamais vu. En revanche, du temps de la grandeur passée du festival d’Evian – alors piloté par Antoine Riboud et Rostropovitch – il n’était pas rare de le voir, lui et son épouse Elisabeth, parmi les invités « connus ».

La cérémonie elle-même a été rythmée par de belles séquences musicales. On passera sur la pénible prestation de Julien Clerc, mais cette chanson illustrait une prise de position importante un an avant l’abolition de la peine de mort. Juste un peu agaçant de lire en bandeau « The Goldberg Variations » lorsqu’on entend Glenn Gould jouer la célèbre aria initiale.

Parenthèse, les Variations Goldberg étaient au programme de La Tribune des critiques de disques de France Musique dimanche dernier. Si j’y avais participé, je pense que j’aurais souscrit au résultat des débats de mes camarades. En 2016, au Festival Radio France à Montpellier, j’avais invité Beatrice Rana à donner pour la première fois en public ces Variations qu’elle devait enregistrer quelques semaines plus tard, et en 2021 j’avais convié Gabriel Stern, dans des conditions climatiques et acoustiques difficiles pour lui. Je suis heureux que cet artiste trop discret soit mis en lumière par ce beau disque

A propos de Robert Badinter, j’avais rappelé un épisode (lire La voix des justes), plusieurs fois cité au cours de la cérémonie, et notamment par le président de la République, un épisode auquel j’ai été associé, par une tribune que j’avais adressée au Monde, en septembre 1983, et que mon fils avocat a retrouvée dans les archives du journal.

Le Monde titrait, le 6 septembre 1983 : Le Juge et la victime

«  »Le projet de loi relatif à l’exécution des peines présenté début août par le garde des sceaux au conseil des ministres, puis l’article de Robert Badinter (le Monde du 18 août 1983), après la tuerie d’Avignon, ont suscité de nombreuses réactions.Daniel Lecrubier met en lumière les avantages de la future législation, mais aussi ses limites. Bernard Prévost, de son côté, accumule les réserves.On trouvera aussi, dans cette page, un témoignage de Roger Knobelspiess et une importante prise de position de Jean-Pierre Rousseau, membre du conseil politique du C.D.S« 

Il faut rappeler qu’à l’époque le CDS était dans l’opposition. C’est sans doute pourquoi Le Monde avait publié mon texte.

Extraits :

Je n’ai évidemment pas une ligne à retrancher ou réécrire dans ce texte d’il y a plus de trente ans. Sauf que j’ai cessé d’adhérer au CDS, comme à toute autre formation politique, depuis 1995 !

La paix enfin ?

Peut-on voir un signe du destin dans le fait qu’au moment où la France faisait entrer au Panthéon l’un de ses grands hommes qui, plus et mieux que tous les médiocres commentateurs au petit pied qui sévissent sur les réseaux sociaux et certains plateaux de télévision, a su ce qu’il en coûtait d’être juif dans la France de 1940, Israel et le Hamas signaient, en Egypte, un accord de paix, où pour une fois la manière forte et décomplexée de Trump a fait effet. L’espoir est enfin de retour !

Lecornu bis

Au moment précis où je sortais hier soir du théâtre des Champs-Elysées, une alerte du Monde s’affichait sur mon portable : Lecornu reconduit. Le Canard enchaîné de mercredi était prémonitoire (voir Pendant ce temps).

Programme intéressant, en particulier les mélodies d’Alma Mahler chantées par Joyce DiDonato. Compte-rendu à lire sur Bachtrack.: Joyce DiDonato rehausse le concert du National.

Et comme toujours la possibilité de (ré)écouter le concert sur France Musique.

Pour les brèves de blog, je pense qu’on attendra prudemment la fin du week-end !

Pendant ce temps…

La vie politique française est, ce mercredi, assez justement résumée dans cette une du Canard enchaîné :

Je ne pensais pas tirer sur une ambulance en écrivant ma brève de blog dimanche soir (Rien compris).

Attendons la suite, les suites même..

Pendant ce temps, la (vraie) vie continue..

Antigone et Dusapin

Je l’avais noté de longue date sur mon agenda : c’était ce mardi soir la création du dernier opus de Pascal Dusapin, Antigone, que le compositeur lui-même définit comme un « oratoriopéra ».

J’avais couvert pour Bachtrack la reprise en mars dernier à l’Opéra de Paris de Il Viaggio, Dante, créé au festival d’Aix-en-Provence (L’épure de Dusapin face aux visions de Claus Guth) et, en novembre 2023, à l’Opéra Comique, un spectacle qui m’avait enthousiasmé, Macbeth Underworld, mis en scène par Thomas Jolly (Un opéra pour notre temps).

Une heure et quarante minutes d’une partition puissante, comme toujours d’une richesse orchestrale sidérante, un plateau vocal exceptionnel, et en maître d’oeuvre Klaus Mäkelä à la tête d’un Orchestre de Paris superlatif. J’attends avec impatience les comptes-rendus qu’en feront mes camarades de la presse, de Bachtrack en particulier !

Laurence B. la radio-active

Bien trouvé ce titre pour des mémoires qui ne disent pas leur nom.

Laurence Bloch n’est pas ce que j’appellerais une amie – le mot est tellement galvaudé dans le microcosme médiatique ! – mais ce fut une collègue que j’ai côtoyée à deux reprises, et pour qui j’ai de l’admiration et une réelle affection. Lorsque j’arrive, en 1993, à la direction de France Musique, Laurence est directrice-adjointe de France Culture depuis 1989. Elle restera à ce poste auprès des directeurs successifs de la chaîne, Jean-Marie Borzeix, Patrice Gélinet et Laure Adler. Je la retrouverai au printemps 2014, lorsque je reviendrai à Radio France, appelé par Mathieu Gallet à la Direction de la Musique. Dans la vague de nominations à laquelle procède le nouveau PDG, Laurence Bloch devient directrice de France Inter. Elle le restera jusqu’en 2022, mais ne quitte pas pour autant Radio France, puisque, durant deux ans, elle supervise les antennes auprès de la présidente Sibyle Veil. Et comme elle l’écrit dans les premières pages de ce bouquin attachant – parce que la langue de bois n’est pas vraiment sa spécialité ! – elle a repris du service à la demande de la ministre de la Culture, Rachida Dati, pour travailler au projet de fusion des entités radio et télévision du service public. Pas sûr qu’elle ait fait le bon choix pour cette dernière mission… impossible !

Le crépuscule

On peut difficilement contredire Alain Duhamel dans son jugement sur Emmanuel Macron. En juin 2024, j’écrivais un billet tristement prémonitoire : Le choc de juin.

A l’heure où j’écris ces lignes, on n’en sait toujours pas plus sur ce qui peut, ce qui va se passer dans les prochaines semaines.

Je conseille ce bouquin d’un jeune journaliste, dont les analyses et la plume me paraissent particulièrement affûtées :

« Les fins de règne des présidents ont toujours été douloureuses. Celle d’Emmanuel Macron l’est plus encore, car c’est lui qui a précipité son crépuscule par la dissolution de 2024. Avec cet acte incompréhensible, le chef de l’État a tué sa majorité, interrompu ses réformes, saccagé son propre camp. Et sa politique de la terre brûlée ne semble pas connaître de limites, alors que s’ouvre une guerre de succession entre des prétendants qu’il n’aime pas. Édouard Philippe, Gabriel Attal, Gérald Darmanin, Bruno Retailleau, François Bayrou, Michel Barnier, Bruno Le Maire… tous se sont confiés sur leurs rapports ambigus avec le président et leurs ambitions pour la suite. À travers des scènes inédites et une cinquantaine de témoignages, ce livre dévoile les coulisses d’un pouvoir à l’agonie et dessine les contours de l’après. Il révèle qu’en miroir de cette comédie politique se joue aussi une tragédie : celle d’un président qui, jusqu’au bout, veut rester seul en scène. » (Présentation de l’éditeur)

Je vais attendre quelques heures avant de publier de nouvelles brèves de blog !

Le bon usage

Je n’ai pas attendu d’être voisin de la famille BescherelleValmondois) pour m’intéresser à la langue française, à son bon usage et à ses évolutions, le nombre d’occurrences sur ce blogLe français est un combat – en témoigne (avez-vous testé ma dernière chère dictée ? ).

L’étymologiste musicien

Sur les réseaux sociaux se développent depuis quelques mois des profils, des sites, qui traitent de la langue française, corrigent nos erreurs, dictent le bon et le vrai, parfois de manière simpliste ou caricaturale – mais c’est bien le signe d’un intérêt grandissant, notamment des plus jeunes, pour les étrangetés de notre langue. L’un de ces profils n’a pas pu m’échapper : il s’appelle, dans la vraie vie, Sébastien Grimaud, il est musicien, professeur de latin-grec, et, sur les réseaux, il est Etymocurieux

Ouest France lui a consacré un beau portrait : Le prof de latin-grec est l’Etymocurieux d’Instagram

L’intéressé lui-même accepte la rançon de son succès : il y a tant d’esprits tordus qui ne comprennent pas qu’un jeune homme au look très actuel s’exprime aussi bien, et puisse être aussi un bon musicien. Mais il y a, heureusement, beaucoup plus (plus de 40.000 abonnés à sa chaine YouTube) d’adeptes de cette pédagogie souriante et cultivée.

Merci professeur !

Pour peu qu’on voyage un peu et qu’on regarde TV 5 Monde, souvent la seule chaîne francophone disponible, on a forcément déjà vu ce visage devenu familier.

On ne connaît pas forcément son nom – Bernard Cerquiligni – ni son oeuvre, abondante et nécessaire, dans le domaine de la langue française.

Un de ses derniers ouvrages a attiré mon attention – et pour cause puisque – je l’ignorais – Bernard Cerquiligni est comme moi – Les pièges du français – est un chaud partisan, et même dans son cas, un acteur de la simplification de notre langue.

« Force est de se rendre à l’évidence : la réforme de l’orthographe de 1990, dont Bernard Cerquiglini fut l’un des maîtres d’oeuvre, n’a pas rencontré le succès escompté. Pourquoi d’ailleurs aurait-elle réussi là où toutes les autres ont échoué ? Car elles furent nombreuses, les tentatives de remédier à « l’absurdité de notre orthographe, qui est en vérité une des fabrications les plus cocasses du monde » (Paul Valéry). Pédagogues, grammairiens, linguistes et écrivains, de Ronsard à Queneau, de Louis Meigret à Ferdinand Brunot, tous se sont heurtés au mieux à des réticences, au pire à une levée de boucliers. À qui la faute ? Bernard Cerquiglini rouvre l’enquête et part à la recherche des coupables, ces opposants à la simplification orthographique. Ah ! Si seulement nous étions tous adeptes du « phonocentrisme », nous pourrions écrire les mots comme nous les prononçons. Mais précisément : et si notre langue ne se prêtait pas à un tel idéal de graphie ? Ne vaudrait-il pas mieux réformer les réformateurs ? Retour sur un crime dont les complices ne sont pas nécessairement ceux qu’on croit.. » (Présentation de l’éditeur)

Le débat reste ouvert…

Et toujours humeurs et réactions sur mes brèves de blog

Ceux qu’on aime

Hector Magotte (1934-2025)

Je pense souvent à Liège, on n’oublie pas quinze ans de vie et de travail. Je me demande ce que deviennent les uns ou les autres, que j’ai de près ou de loin connus. C’était le cas récemment pour un personnage qui a beaucoup compté pour moi : il était le presque inamovible échevin de la Culture (adjoint au maire) de Liège et surtout président de l’Orchestre philharmonique de Liège, lorsque j’ai été recruté comme directeur général il y a exactement 26 ans, le 1er octobre 1999 (lire Liège à l’unanimitéHector Magotte est décédé le 26 septembre dernier à l’âge de 91 ans. Ses obsèques ont lieu aujourd’hui à Liège.

Je retrouve un article de La Libre Belgique de 2001 qui décrit bien la personne que j’ai connue, échevin de la Culture pendant 18 ans, profondément humaniste, amoureux de culture et d’histoire, un homme de bien comme il n’en existe plus guère. Il n’a jamais été remplacé, même s’il a eu des successeurs dans cette fonction.

Meurtre à Tours ?

Je connaissais Denis Raisin-Dadre évidemment de réputation – j’aurais pu le citer dans mon récent article Les défricheurs pour tout ce qu’il a fait pour nous restituer des pans entiers de répertoire de la Renaissance. Il est mort ce 29 septembre à Tours, dans des circonstances suspectes, puisque le procureur de la République a déclenché une enquête pour meurtre…

Brigitte Engerer rééditée

Il y a des rééditions aussi bienvenues qu’incompréhensibles. Je me réjouissais de voir Harmonia Mundi regrouper dans un coffret les enregistrements que la toujours si regrettée Brigitte Engerer (1952-2012) avait donnés au label français – après une très belle série pour Philips (lire Pour Brigitte).

CD1 MoussorgskLes Tableaux d’une exposition + pièces pour piano

CD2 Beethoven  Rondos, Variations sur Les Ruines d’Athènes, Lettre à Elise, Sonate 31

CD3/4 Chopin Nocturnes

CD5 Schumann Scènes d’enfantsCarnaval / Schumann-Liszt Er sit’s, Frühlingsnacht, Liebeslied / Clara SchumannGeheimes Flüstern

Beau texte d’hommage d’Alain Lompech !

On peut imaginer l’émotion que je ressens encore aujourd’hui à revoir et réécouter justement cette mélodie de Schumann transcrite par Liszt, Liebeslied, jouée par Brigitte Engerer à Liège lors de la Nuit du piano que je lui avais demandé de parrainer, et même d’organiser. 

Mais pourquoi diable si Harmonia Mundi voulait rendre à Brigitte le juste hommage qui lui est dû, pourquoi ne pas avoir intégré à ce coffret les six disques de musique de chambre qu’elle a aussi enregistrés et qui sont mentionnés dans le livret du coffret ? Question sans réponse…

PS Il faut regarder jusqu’au bout cette vidéo de la Nuit du Piano : on y voit et entend un duo unique, qui ne s’est jamais reformé depuis, entre les fabuleux Severin von Eckardstein et Benedetto Lupo, donnant une extraordinaire version de la Suite pour 2 pianos de Rachmaninov !

Diversités

Je viens d’enchaîner trois soirées aussi différentes que possible, mais passionnantes parce qu’il est rare de passer d’un univers à l’autre dans un laps de temps aussi resserré.

Sauvé par Lambert

Je me rappelle avoir programmé Le Roi David d’Arthur Honegger à Liège il y a largement plus de vingt ans, déjà à l’époque je souhaitais avoir Lambert Wilson comme récitant, mais je n’avais pas son contact et je ne voulais pas passer par un intermédiaire. Par un ami commun, Paul M. j’avais obtenu son 06, il m’avait répondu très agréablement, au milieu de travaux de peinture de son appartement ! Et rappelé quelques jours plus tard pour me dire que, malheureusement, il n’était pas disponible aux dates prévues. J’attendrai 2016 et le concert d’ouverture du Festival Radio France pour travailler avec lui, et cette fois c’est lui qui m’avait sollicité !

(Montpellier, juillet 2016 : Lambert Wilson et JPR)

Jeudi dernier, Radio France proposait ce Roi David d’Honegger qui est devenu rare au concert. J’y suis donc allé, et l’ai couvert pour Bachtrack : Le Roi David sauvé par ses interprètes

(Photo Edouard Brane/Radio France)

Le concert est (ré)écoutable sur France Musique.

La Philharmonie en joie

En choisissant de « couvrir » le concert du Chineke! Orchestra à la Philharmonie vendredi soir, je m’interrogeais sur la pertinence d’un programme censé valoriser la « diversité » – l’un de ces concepts qui servent autant qu’ils desservent la cause qu’ils sont censés défendre. J’avais acheté il y a peu un disque de cet orchestre, consacré à la compositrice Florence Price, donc je savais à quoi m’attendre quant à la qualité de la formation.

Comme je l’écris pour Bachtrack (L’éclatant succès du Chineke! Orchestra), toutes mes réserves, si j’en avais, ont été vite levées devant l’enthousiasme des interprètes et d’un public qui manifestement – il y avait beaucoup d’invitations de Télérama – était en grande partie composé de novices.

Les solistes du triple concerto de Beethoven, Tai Murray, Sheku et Isata Kanneh-Mason, le chef Roderick Cox et le Chineke! Orchestra.

Le violoncelliste anglais, très bien entouré (Benjamin Grosvenor au piano, Nicola Benedetti au violon et Santtu-Matias Rouvali à la direction) est à retrouver sur ce disque récent :

Mais le vrai choc, la surprise de la soirée, c’est cette Negro Folk Symphony de William Levi Dawson (1899-1990), empoignée avec une joie communicative par Roderick Cox

Avantage à Roderick Cox dans cette version toute récente disponible sur les sites de streaming

Les contes de l’Opéra-Comique

Samedi, retour dans l’une de mes salles préférées de Paris, l’Opéra-Comique, pour le spectacle qui ouvre la saison, les Contes d’Hoffmann d’Offenbach.

Mes impressions à lire sur Bachtrack : Des Contes d’Hoffmann déconcertants à l’Opéra-Comique.

Je n’ai pas entendu samedi dernier l’un des airs que j’aime le plus dans cet ouvrage, mais il paraît qu’il n’est pas « original ». N’empêche que José Van Dam sait faire « scintiller les diamants » d’Offenbach !

Les à-côtés, les coulisses de ces trois soirées et bien d’autres réactions à lire dans mes brèves de blog.

Les défricheurs

On pensait l’époque des pionniers, des défricheurs, révolue en matière de disque classique. Les « majors » qui faisaient la loi depuis le milieu du siècle précédent, ont non seulement réduit la voilure, avec, dans le cas de Deutsche Grammophon une politique artistique devenue erratique, mais se contentent le plus souvent d’exploiter, d’autres diraient de liquider, leurs prestigieux fonds de catalogue. Il reste heureusement des aventuriers, des audacieux qui croient qu’il y a encore tant de répertoires à découvrir, d’artistes à promouvoir, de territoires à défricher.

Les frères A et B

C’était le gag le plus répandu dans le microcosme musical classique : à moins de les rencontrer tous les deux – ce qui m’est souvent arrivé depuis une quinzaine d’années que je les connais (lire L’exploit des infatigables Dratwicki) – on a une chance sur deux de tomber à côté. Est-ce Alexandre ou Benoît ? Mais l’un n’est jamais loin de l’autre…

Le numéro d’octobre de Diapason consacre tout un papier à Alexandre Dratwicki.

« Hier il coachait des chanteurs autour d’une production et mettait la dernière main à une biographie de Caroline Branchu (« la créatrice du rôle-titre de La Vestale sous l’Empire »). Demain il s’envole pour le Canada où se tient un premier festival en partenariat avec le Palazzetto Bru Zane. C’est bien simple, il est infatigable, intarissable… et incollable. Docteur en musicologie formé au Conservatoire de Metz puis à la Sorbonne, Alexandre Dratwicki veille, depuis son installation à Venise en 2009, sur les activités multiples du Centre de musique romantique française créé et présidé par Nicole Bru : exhumer des partitions oubliées, piloter des colloques, susciter des premières au disque. Au-delà des réalisations publiées sous le label maison et saluées par une pluie de Diapason découverte et de Diapason d’or, on avoisine désormais les trois cents CD ou DVD ». (Diapason, octobre 2025)

Je visitais l’autre jour le rayon classique de Gibert, comme celui de la Fnac Montparnasse : la collection des livres-disques du Palazzetto Bru Zane est en effet impressionnante (voir l’un des derniers-nés sur Bizet : Les perles méconnues).

Cette hyper-activité ne va pas sans contrarier ou susciter des jalousies. On peut avoir l’impression que les frères D. préemptent le travail, les recherches de leurs confrères moins bien soutenus (tout le monde n’a pas la chance de bénéficier du mécénat de riches veuves). Ils font en tout cas un travail que ne font pas ou ne font plus des institutions dont c’est a priori la mission. Mais ceci est un autre débat…

Oskar ou l’inconnu de Vienne

Aussi incroyable que cela paraisse, il existe encore des compositeurs complètement oubliés de l’histoire. Avec le formidable coffret – un objet d’art à soi seul – que publie Olivier Lalane sur son label Voilà – on ne peut plus ignorer qui était Oskar C. Posa , quasi contemporain d’Arnold Schoenberg, né et mort à Vienne.

Un éloquent papier de Pierre Gervasoni dans Le Monde de ce dimanche salue comme il se doit le tour de force que constitue cette édition :

« Découvert sur une affiche de concert de 1905, son nom a suscité la curiosité d’Olivier Lalane, qui, après cinq années de recherches dignes d’un Indiana Jones de la planète musicale, met à l’honneur Oskar C. Posa (1873-1951) par le biais de deux CD panoramiques (l’un instrumental, l’autre vocal) introduits par un livre luxueusement documenté. » Pierre Gervasoni, Le Monde 28/09/2025).

Et pour les humeurs et les actualités du moment (qui ne manquent pas !) c’est toujours sur mes brèves de blog

Nostalgie

Claudia Cardinale (1938-2025)

Depuis la mort d’Alain Delon (lire Ce que ne m’a jamais dit Alain Delon), je me demande quels qualificatifs on pourra trouver pour saluer les stars de cette génération, encore vivantes comme Brigitte Bardot, Sophia Loren, ou fraîchement disparues comme Robert Redford et Claudia Cardinale

En dehors de la coquetterie d’une chevelure toujours d’un noir de jais, l’actrice disparue hier n’a jamais usé d’artifices pour masquer les flétrissures de son âge. Et pourtant et peut-être pour cela, nous l’avons toujours aimée, dès ses premiers rôles jusqu’à ses rares apparitions des dernières années. Dans le regard, dans le sourire, il y a toujours eu chez Claudia Cardinale, cette séduction bienfaisante, qui n’était jamais vulgaire ni racoleuse. Un peu comme d’Audrey Hepburn, il émanait de C.C. un charme irrésistible, une gentillesse innée. Elle n’est pas morte pour ceux qui aiment le cinéma et je vais, comme des milliers d’autres, m’empresser de revoir d’abord les films que j’ai chez moi, et ceux que des amis sûrs, comme Jean-Marc Luisada, ne manqueront pas de me conseiller :

Et puis cette musique d’une insondable tristesse – fabuleux Fellini et Nino Rota –

Otto Gerdes l’inconnu

C’est un nom que j’avais souvent vu à l’arrière des pochettes de disques Deutsche Grammophon, Otto Gerdes (1920-1989). Une fois ou deux je l’avais vu comme chef d’orchestre. Je redécouvre son legs discographique grâce à un récent coffret de la collection Eloquence.

Je conseille la lecture de l’article de Christophe Huss dans Le Devoir, l’excellent journal canadien : Otto Gerdes, directeur artistique et chef..

Peut-être pas indispensable, mais avec quelques pépites qui ne sont pas négligeables, comme une très belle version de Tannhäuser et une « Nouveau Monde » de haute volée avec Berlin.

Robert Soëtens : un appel à l’aide

Parce que j’ai évoqué ici, au moins une fois, la figure de Robert Soëtens, créateur entre autres du 2e concerto pour violon de Prokofiev, mort centenaire en 1997, je suis régulièrement sollicité, encore tout récemment, par des lecteurs, journalistes, musicologues et autres qui s’intéressent à un personnage exceptionnel qui a traversé le XXe siècle, et connu de près l’élite musicale de la première moitié (Ravel, Milhaud, Prokofiev, etc.). Parce que Robert Soëtens m’avait confié un exemplaire du manuscrit de ses Mémoires (j’y fais référence dans cet article : Années 20).

Mais je n’arrive plus à remettre la main sur ce dossier (dans un carton vert, pourtant bien visible). Impossible que je l’aie jeté par mégarde.. J’ai dû le prêter (à quelqu’un de France Musique? de Radio France?). C »est pourquoi je fais appel ici à mes lecteurs, qui peuvent m’aider à retrouver ces précieux documents, en en parlant autour d’eux. Je vous en suis par avance infiniment reconnaissant.

Humeurs du jour à suivre sur mes brèves de blog