Obaldia, Mildred, le Balzar et les branches de sassafras

Même en prenant de l’âge – ce que la nature se charge de me rappeler (Une expérience singulière) – je n’éprouve pas la nostalgie ou le regret du temps enfui, du « c’était mieux avant ».

Et pourtant surgissent, de temps à autre, des bouffées de souvenirs qui ramènent à la douceur des choses, ravivent de belles émotions.

Ainsi la mort de René de Obaldia, disparu à l’âge respectable de 103 ans, m’évoque immédiatement la figure de sa première épouse, Mildred Clary (1931-2010), une inoubliable voix de France Musique, une femme lumineuse que j’ai beaucoup aimée.

Olivier Greif chez Mildred Clary

Dans le portrait que j’avais fait d’elle (France Musique : les fortes têtes), je n’avais pas raconté ce qui fut ma dernière rencontre avec elle. Mildred m’avait invité dans son tout petit appartement de la rue Aubriot, dans le Marais, pour un dîner qui réunissait, entre autres, le compositeur Olivier Greif – quelques semaines avant sa brutale disparition – le chef de choeur anglais John Poole (qui avait animé le Groupe vocal de France). Un dîner délicieux comme notre hôtesse. A plusieurs reprises, Mildred Clary me réinvita, mais mon activité à Liège ne m’a plus jamais permis d’honorer ses invitations, et c’est avec une infinie tristesse et d’infinis regrets que j’appris son décès en 2010 après une brève et foudroyante maladie.

Olivier Greif est un compositeur, une personnalité hors normes, et surtout hors dogmes, et il est heureux qu’il soit toujours admiré, joué, par toutes les générations d’artistes.

Le Balzar n’est plus ce qu’il était

Longtemps le Balzar, à côté de la Sorbonne, dans le Quartier Latin à Paris, a été l’une de mes tables régulières. Non pas parce que la cuisine y est exceptionnelle, mais parce que le personnel – maîtres d’hôtel, garçons – formait une chaleureuse équipe et que s’y retrouvaient quelques figures connues. On se rappelle avoir souvent côtoyé Jean Tulard, avoir voisiné avec Bernard Pivot, aperçu Jean-Noël Jeanneney, l’académicien aujourd’hui disparu, Marc Fumaroli, et même à deux reprises Micheline Presle !

Et puis la crise sanitaire, une activité moins parisienne pour moi, ont espacé mes visites. Je suis retourné au Balzar mercredi à l’invitation d’amis chers. Et, en dehors du décor qui n’a heureusement pas changé, je n’ai quasiment rien retrouvé de ce que j’aimais dans ce lieu. Un service déplorable (un serveur masque baissé à qui il fallait demander et redemander de l’eau, du pain, des couverts et qui semblait n’en avoir « rien à cirer »). La clientèle habituelle semblait aussi avoir déserté. Même le traditionnel baba au rhum paraissait plus fade…

Je vais me consoler de cette étrange impression en lisant le nouveau Pivot :

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s