Le hasard, ou plus exactement le projet de faire étape dans une maison d’hôtes agréable sur le chemin du retour d’Italie, m’a fait choisir comme halte l’une des quatre sous-préfectures du Puy-de-Dôme, la bien tranquille cité d’Ambert, 6600 habitants.
On n’a pas remarqué beaucoup d’animation dans les rues du centre ville ancien…
Originale, cette mairie ronde, ancienne halle aux grains, construite en 1816.
Une bonne table, le M, d’une belle originalité, plats copieux, vins pour tous les goûts.
Je ne sais pas qui lit encore Jules Romains, encore moins l’un de ses romans, publié en 1913, Les Copains :
Au cours d’une soirée bien arrosée, une bande de copains (Broudier, Bénin, Lesueur, Omer, Huchon, Martin et Lamendin) décident de sanctionner les villes d’Ambert et d’Issoire car, à leurs yeux, elles font preuve d’insolence sur une carte de France. Après avoir consulté un somnambule en guise d’oracle pour vérifier la pertinence de leur décision, ils passent à l’action. C’est ainsi que la caserne d’Ambert recevra nuitamment une visite impromptue du ministre (en réalité Broudier), qui demande à voir des manœuvres immédiates dans la ville. Bénin se fait quant à lui passer pour un éminent théologien venu de Rome, et le curé lui laisse avec émotion la place en chaire pour le sermon : les paroissiens éberlués entendent une apologie (d’abord masquée puis débordante) de la luxure ! À Issoire, lors de l’inauguration d’une statue de Vercingétorix sur la place Sainte-Ursule, le héros gaulois (qui n’est autre que Lesueur, nu sur le cheval de bronze) répond grossièrement au discours du député.
Ces Copains donneront une chanson, et parmi les plus célèbres de son auteur, Georges Brassens
puis le film, pour lequel la chanson a été écrite, d’Yves Robert en 1965, avec une joyeuse bande d’acteurs, Noiret, Rich, Lonsdale, Bedos, Mondy...
Mais, en choisissant Ambert comme étape, j’ignorais que c’était la ville natale d’un compositeur que j’admire profondément depuis longtemps, Emmanuel Chabrier, qui, né le 18 janvier 1841, y grandit jusqu’en 1852. Encore quatre ans à Clermont-Ferrand avant que la famille ne s’installe à Paris.
Le monument et le jardin dédiés à Chabrier, à Ambert.
J’aime Chabrier pour son art d’échapper aux. classifications, sa totale liberté vis-à-vis des modes, des influences, sa manière d’écrire une musique si subtilement française. Aucun label n’a encore eu l’idée d’éditer une intégrale de son oeuvre, qui tiendrait en moins d’une douzaine de CD.
Son oeuvre d’orchestre, dominée par quelques tubes comme Espana, ou la Joyeuse marche, tient en un double CD. Paul Paray en a été l’interprète le plus éclairé, Plasson le plus complet.
Une version plutôt exotique d’Espana, dirigée par Placido Domingo lors de l’un des célèbres concerts berlinois de la Waldbühne :
Plus convaincante, cette version de la Fête polonaise dirigée par Neeme Järvi à la tête de l’orchestre symphonique de Detroit :
On aime beaucoup les Mélodies de Chabrier, tendresse, poésie, humour, et dans cette intégrale publiée par Hyperion il y a de quoi se régaler…
L’oeuvre pianistique, que j’ai toujours beaucoup de plaisir à jouer, a trouvé en Pierre Barbizet son interprète idéal
Deux subtiles versions des ouvrages lyriques de Chabrier à recommander :