J’avais commencé fin 2013 une série d’articles sur de grands chefs d’orchestre qui n’ont jamais eu les honneurs des médias et/ou qui sont restés dans l’ombre de collègues plus célèbres (lire Lovro von Matacic, Martin Turnovsky, Constantin Silvestri, Otmar Suitner).
La disparition de l’un, il y a quelques jours, et de l’autre, il y a trois ans, a tout juste été mentionnée d’une ligne sur les sites spécialisés. Je n’ai pas le souvenir d’articles plus développés dans les magazines musicaux. Le Slovène Anton Nanut est mort le 13 janvier 2017, le Croate Milan Horvat est mort tout aussi discrètement le 1er janvier 2014.
Pourtant leurs noms sont sur quantité de pochettes de CD à prix super budget, qu’on ne trouve pas dans les grandes surfaces culturelles, mais dans les hypermarchés d’Europe centrale ou du Nord, entre les produits de douche et les yaourts, ou dans les magasins de soldes permanents. Evidemment cette production – très importante – n’a jamais fait l’objet de critiques de la part des magazines spécialisés (qui ne chroniquent que les disques qu’on leur envoie). Au point qu’on a pu se demander si c’était de vrais noms et de vrais chefs ! J’avais eu le même doute avec de formidables disques de piano (superbes Scarlatti, Beethoven, Chopin) achetés à 1 € en Hollande ou en Belgique (Anvers) signés Dubravka Tomšič, une artiste slovène comme Anton Nanut.
Anton Nanut a réalisé l’essentiel de sa carrière et de ses enregistrements avec l’excellent orchestre de la radio-télévision slovène de Ljubljiana (prononcer : Liou-bli-ana). Comme cette 4ème symphonie de Mahler. Le petit chanteur soliste du finale n’est pas un inconnu, il s’agit de Max Emanuel Cenčić, le contre-ténor star lui-même !
Un autre beau témoignage : le 1er concerto de Brahms avec la pianiste et le chef slovènes
Sur amazon.de, on peut trouver quelques CD à tout petit prix, et en téléchargement un bel aperçu de l’art du chef disparu.
Ou ce double album Mahler qui réunit Nanut et Horvat
La discographie disponible de Milan Horvat – qui lui a fait l’essentiel de ses enregistrements avec l’orchestre de la radio autrichienne (ORF) – n’est guère plus nombreuse, mais elle couvre un très vaste répertoire, témoignant de l’inlassable curiosité du chef croate.
C’est par des CD bradés, dirigés par Horvat, que j’ai découvert les trois premières symphonies de Franz Schmidt
J’ai eu le privilège d’entendre l’Orchestre National de Belgique sous la direction de Milan Horvat. C’était en 1965 et en 1966 en remplaçement d’André Cluytens, très malade. C’étaient des concerts inoubliables. Un grand chef !
Je possède des CD de Dubravka Tomšič. Magnifiques Scarlatti, superbes Beethoven par ex. Pourquoi na-t-elle pas été invitée à donner des récitals à Paris?
Parce que, comme les chefs dont je parle, elle n’est pas dans les circuits des organisateurs de concerts…