Je me pensais pas trop ignorant de la musique suédoise (Le Mozart suédois). À défaut de connaître leurs oeuvres en détail, les noms que je cite dans ce dernier article, et d’autres plus contemporains, me sont familiers.
Sauf un dont je n’avais pas entendu une seule note jusqu’à ce que je mesure ma bévue, aucune excuse valable, pas d’alibi autre qu’un préjugé stupide : oui je pensais qu’avec un prénom et un nom pareils Kurt Atterberg devait être allemand ou autrichien. Voici que, depuis une semaine, comme les garnements qui ont quelques larcins à se faire pardonner, j’ai mis les bouchées doubles pour combler mes lacunes, et rattraper des décennies d’ignorance.
Parce que la musique de ce contemporain suédois de Sibelius le Finlandais est tout simplement magnifique, admirable, même si elle n’épouse aucune des audaces du siècle (le vingtième). Romantique elle demeure, et pourtant elle existe d’elle-même sans recourir à l’imitation ou au plagiat. Nordique elle se proclame à l’évidence, les vastes étendues sont exaltées, sans que jamais les longueurs n’ennuient.
De Stockholm j’ai commandé et reçu au début de la semaine dernière la seule intégrale complète au disque des neuf symphonies menée par l’excellent chef finnois Ari Rasilainen.
Chez Chandos, le vétéran Neeme Järvi semble en passe d’avoir bouclé le cycle des oeuvres orchestrales d’Atterberg.
Des amis violoncellistes m’ont signalé le beau concerto écrit pour leur instrument, ici dans une interprétation historique dirigée par le frère du grand chef allemand Eugen Jochum
Quant au concerto pour piano, il a un furieux air de cousinage avec celui de Grieg dès les premières mesures :
Atterberg n’est pas un révolutionnaire, mais il fait la preuve qu’à rebours des modes et des chapelles, un créateur peut construire une oeuvre impressionnante, personnelle, extrêmement attachante.
En guise de conclusion, la plus fraîche, la plus « petite » des symphonies de Kurt Atterberg
ici dans la version récente de Neeme Järvi avec l’orchestre de la ville natale du compositeur.
non pas un Suédois, mais un Finlandais que j’entends ce 17 janvier, vers 10h20 dans En Pistes sur France Musique, Pekka Kuusisto sous les doigts du pianiste Paavali Jumppanen.