Troisième et avant-dernier article de cette mini-série consacrée au chef américain Arthur Fiedler (lire Le chef américain et Les racines européennes) dont la longévité – près de cinquante ans – à la tête des Boston Pops, lui a permis de côtoyer toutes les stars de son temps. L’abondante discographie qu’il a signée parvient à peine à restituer la richesse de cet héritage partagé. Heureusement les documents vidéo sont de moins en moins rares (ils l’ont été longtemps en raison de règles drastiques de protection des droits d’auteur et des droits des interprètes aux Etats-Unis)
Le pianiste virtuose américain a signé peut-être la référence absolue de Rhapsody in Blue et du concerto en fa de Gershwin avec Arthur Fiedler. Version toujours rééditée et d’une richesse inépuisable.
Témoignage de cette amitié, ce concert de 1974 qui réunit le pianiste et le chef américains dans le concerto en fa de Gershwin :
Toujours parmi les invités réguliers d’Arthur Fiedler, singulièrement pendant le festival d’été de Tanglewood – qui est en quelque sorte la résidence estivale de l’orchestre de Boston – le jazzman Duke Ellington.
Le bicentenaire de l’indépendance des Etats-Unis en 1976 est évidemment l’occasion de fêtes spectaculaires pour les Boston Pops et Arthur Fiedler. A cette occasion, ils accueillent le chanteur et guitariste country Roy Clark
Quand je ne trouve pas mon bonheur chez Melomania – la meilleure adresse de Paris pour les discophiles « classiques » – ou chez Gibert – qui a complètement réaménagé son rayon disques classiques, en le replaçant là où il était il y a une vingtaine d’années, avec à sa tête une jeune femme très compétente – je me connecte régulièrement sur des sites comme prestomusic ou jpc.de pour dénicher de bonnes affaires (le site allemand présente l’avantage de frais de port peu élevés sans risque de taxation douanière)
Sans ordre de préférence, les quelques cadeaux que je me suis faits :
Une affiche extraordinaire pour célébrer le centenaire de Leonard Bernstein (1918-1990) à Tanglewood où tout a commencé et fini pour le génial chef et compositeur.
Quel bonheur de retrouver notamment Michael Tilson Thomas dans des extraits de West Side Story
Seul (petit) bémol l’ouverture de Candide anémiée d’Andris Nelsons qui loupe ainsi son hommage à Lenny.
Il y a encore une dizaine de jours, une grande partie de la collection Audiophile du célèbre label américain Vox était bradée. En vérifiant aujourd’hui, je m’aperçois que j’ai commandé juste à temps. A l’exception d’un Chopin par Abbey Simon, les disques que j’ai achetés ont tous retrouvé leur prix d’origine
Mais j’ai complété ma discothèque avec les six symphonies de Tchaikovski dirigées par Maurice Abravanel (1903-1993) à la tête de son orchestre de l’Utah.
Etrangement je ne me suis jamais vraiment intéressé à ce chef qui a pourtant un parcours étonnant et qui a initié de très larges publics à des oeuvres et des compositeurs (comme Mahler) qu’on était bien loin de fréquenter dans la cité des Mormons, Salt Lake City
Et sur jpc.de on trouve dès maintenant une intégrale des symphonies de Haydn, qui n’est pas encore distribuée en France semble-t-il, une intégrale très particulière puisque l’orchestre – les Heidelberger Sinfoniker – et le chef principal – Thomas Fey – se sont presque exclusivement consacrés à cette entreprise redoutable, entamée en 1999 et achevée en 2023. Une intégrale enfin réunie dans un coffret de 36 CD (pour moins de 70 €). L’initiateur de ce projet, Thomas Fey, a malheureusement dû interrompre l’aventure en 2014 et n’a jamais pu la reprendre. C’est un autre chef allemand, de vingt ans son cadet, Johannes Klumpp, qui a repris le flambeau et achevé l’intégrale. Celle-ci n’est pas présentée dans l’ordre chronologique, mais par affinités thématiques, historiques ou musicales. L’écoute n’en est que plus passionnante.
Je signale sur prestomusic une offre particulièrement impressionnante de coffrets à prix réduits (jusqu’au 5 janvier 2025).
En regardant le concert de Nouvel an hier, en direct de la salle dorée du Musikverein de Vienne, vide de tout public, j’avais la confirmation d’un phénomène si souvent observé : le fringant Riccardo Muti qui dirigeait son premier concert de l’An en 1993 a laissé la place à un bientôt octogénaire (le 28 juillet prochain) qui empèse, alentit, la moindre polka, wagnérise les ouvertures de Suppé, et surcharge d’intentions, de rubato, les grandes valses de Johann Strauss.
Près de 2 minutes de plus que le vieux Karajan, perclus de douleurs, mais comme régénéré ce 1er janvier 1987 au contact de ses chers Wiener Philharmoniker.
Le cas de Muti n’est pas isolé : on avait pu relever pareil phénomène avec le regretté Mariss Jansons (L’héritage d’un chef) – 1943-2019 -. Nous avons la chance, pour plusieurs oeuvres symphoniques importantes, de disposer de plusieurs versions enregistrées par le chef letton, dans ses postes successifs, à Oslo, Amsterdam et Munich.
Dans le cas de la Deuxième symphonie de Sibelius, la comparaison entre Oslo et la radio bavaroise est éloquente, ce n’est pas seulement affaire de tempo, mais d’énergie, d’élan. Ce qui n’amoindrit pas notre admiration pour un chef qu’on a découvert et aimé dès le mitan des années 80.
J’ai eu la chance d’assister à quelques concerts du grand Carlo Maria Giulini dans les années 90.
Je me rappelle, en particulier, un concert de l‘Orchestre de Paris, à la salle Pleyel. Au programme, la 40ème symphonie de Mozart et la Septième de Bruckner. Terrible souvenir : Mozart soporifique, Bruckner interminable. Et quelques mois plus tard un Requiem de Verdi sublime, ardent, bouleversant.
Comparaison là encore éloquente entre le Giulini des années 60 et celui de la fin des années 80 (Vieux sages)
Des symphonies de Brahms, Giulini a laissé trois enregistrements, le premier avec le Philharmonia (et Chicago pour la 4ème) dans les années 60, le second à Los Angeles fin 70 début 80, le troisième à Vienne dans les années 90. De la jeunesse à la maturité, le parcours est fascinant, même si on peut se lasser de tempi si lents à la fin.
Le cas d’Otto Klemperer (1885-1973) est plus complexe. À peine quinze ans séparent ces deux enregistrements : la 25ème symphonie de Mozart avec le Philharmonia en 1956 – l’une des plus vives, à fond Sturm und Drang de toute la discographie de l’oeuvre – et une Septième de Beethoven en public en 1970, lentissime.
Et puis il y a les exemples inverses, des chefs qui semblent non seulement n’être pas atteints par les offenses de l’âge, voire du grand âge, mais qui semblent rajeunir, se ressourcer à un élan vital inépuisable.
Le cas le plus impressionnant est certainement Herbert Blomstedt, né en 1927, que j’ai eu la chance d’applaudir à la Philharmonie de Paris il y a presque trois ans : L‘autre Herbert/
Quand un nonagénaire rencontre une pianiste dont on a peine à croire qu’elle fêtera ses 80 ans en juin, cela donne ce Beethoven si juvénile, vital, essentiel, enregistré en juin dernier à Lucerne !
Quand on pense aux grands chefs du passé, sur qui l’âge n’avait pas prise, viennent immédiatement les noms de Charles Munch, emporté en pleine activité à 77 ans, Pierre Monteux, mort à 89 ans en 1964 après avoir signé avec le London Symphony, en 1961, un contrat de 25 ans (!), ou Paul Paray. mort à 93 ans sans jamais avoir ralenti son activité.
Il n’est que d’écouter leurs enregistrements des dernières années ! A-t-on déjà entendu plus furieuse Surprise de Haydn ?
Un jeune homme on vous dit ! Vrai dans ce coffret Decca
plus encore dans ce fabuleux coffret de prises de concert en excellente stéréo : les Bostoniens ont parfois du mal à suivre, mais quelle jubilation !
Quant à Paul Paray, on a l’embarras du choix entre les ultimes enregistrements réalisés avec un orchestre monégasque assez médiocre – mais quelle vitalité ! – et les splendides captations en « Living présence » à Detroit. Bien sûr toute la musique française, mais aussi – et ô combien ! – les romantiques allemands. Des Schumann prodigieux par exemple :
C’est sans doute la mélodie, la chanson, la plus célèbre au monde.
Elle vient de Good Morning to All, une chanson enfantine écrite et composée en 1893 par deux sœurs américaines, Patty et Mildred Hill, à l’époque institutrices dans une école de Louisville (Kentucky). La première attestation écrite de l’association entre la mélodie et les paroles de Happy birthday to you date de 1912, mais ne crédite pas les auteures. Une division de Warner/Chappell Music Inc. dépose une demande de protection juridique de la chanson en 1935 au nom de Preston Were Orem et Ron Forman, histoire de générer de fructueux droits d’auteur (jusqu’à atteindre 2 millions de dollars par an !). Jusqu’à ce qu’un juge fédéral (dans l’affaire Rupa Marya/Warner Chappell Music), le 22 septembre 2015, décide que la chanson faisait partie du domaine public… depuis 1921 !
Ce qui n’a pas empêché maints arrangements (et maints arrangeurs !), le plus célèbre étant celui de Stevie Wonder en 1981.
Ci-dessous quelques exemples, réussis, de variations sur le célébrissime thème.
J’ignore à quelle occasion Rostropovitch dirigea cet « arrangement » dû à John Williams, mais à voir Seiji Ozawa assis sur le tabouret du violoncelliste, on peut supposer que ce fut en 1995, à Tanglewood (l’académie d’été du Boston Symphony), pour célébrer les anniversaires de Seiji Ozawa (1935) , Itzhak Perlman (1950), Leon Fleisher et Yo Yo Ma, tous des habitués du lieu et du festival !
L’arrangement du chef russe Misha Rachlevsky est tout aussi surprenant.
J’ai trouvé quelques sympathiques manifestations de « joyeux anniversaire », les plus émouvantes étant celles qui nous permettent de retrouver le très regretté Mariss Jansons
On admire le travail de l’arrangeur de ce Happy Birthday qui surprend Roger Norringtonau moment où celui qui en fut le directeur musical de 1998 à 2011 commence à répéter l’Héroique de Beethoven avec l’orchestre du Südwestrundfunk de Stuttgart
Ici David Robertson surpris par les musiciens du New York Philharmonic (avec la complicité du violoniste Gil Shaham)
Lorsque Gustavo Dudamel commence à répéter la Cinquième symphonie de Mahler, c’est l’orchestre qui fait une ovation à son cor solo
On admirera autant la prestation, la virtuosité que la tenue du pianiste français Cyprien Katsarisqui nous régale d’extraordinaires variations sur « Happy Birthday » à l’intention de Yehudi Menuhin (pour ses 80 ans ?)