Avant d’évoquer les premiers jours de fête du #FestivalRF21, une pensée amicale et solidaire pour tous mes amis de Liège et de Belgique, pour toutes les victimes des terribles inondations qui ont frappé l’est de la Belgique et la région de Cologne que je connais bien.
(La Meuse au centre de Liège il y a 3 jours / Photo G. Gilson sur Facebook)
Je sais que ni le courage ni la solidarité ne manqueront à ceux qui doivent maintenant réparer, nettoyer, restaurer…
Chaque concert est une fête
Entre une proclamation, une promesse, et la réalité, il peut parfois y avoir un fossé. Le pari que nous avions fait en annonçant le 7 avril dernier une édition complète (155 concerts) du Festival Radio France Occitanie Montpellier est très largement relevé, comme en témoignent les premiers jours du Festival.
Mardi matin, j’étais heureux de retrouver « en vrai » les musiciens de l’Orchestre national de Montpellier et leur chef Michael Schonwandt pour la première répétition de leur concert de ce soir
Mercredi jour de fête nationale, on y était enfin, sur la place de l’Hôtel de Ville de Montpellier, après un montage compliqué.
(Le maire de Montpellier, Michael Delafosse, ouvre le concert du 14 juillet sur le parvis de l’Hôtel de Ville)
(de gauche à droite les artistes du 14 juillet : Isabelle Georges, Roland Romanelli, Claude Salmieri, Benoît Dunoyer de Segonzac, Frederik Steenbrink)
Après le feu d’artifice républicain du 14 juillet, les Feux d’artifice royaux de Haendel tirés par un Hervé Niquet en pleine forme à la tête des choeurs et de l’orchestre du Concert spirituel.
Mais avant le concert du soir, le festival offrait, comme chaque année, deux concerts, les « Découvertes » à 12h30, « Musique ensemble » à 18 h. Honneur d’abord au Quatuor Hanson qui ouvrait le feu salle Pasteur…
et à 18h ma très chère Sophie Karthäuser, et un autre ami cher, Cédric Tiberghien, que je n’avais plus revus, l’une et l’autre, depuis quelques années déjà.
Hier soir, très attendus par le millier de spectateurs réunis à l’opéra Berlioz (la jauge maximale que nous avions retenue pour éviter le recours au pass sanitaire), Renaud Capuçon et Michel Dalberto ont donné un programme plus que rare, devant une salle impressionnante de silence et de concentration. Un concert à réécouter sur francemusique.fr
Un copieux programme attend les festivaliers ce week-end, à découvrir ici.
Et si ce jour de Fête Nationale pouvait réhabiliter ce beau mot et cette belle idée de civisme ?
Après les annonces du président de la République lundi soir, je me suis tenu à l’écart des réseaux sociaux, d’abord parce qu’en tant que responsable de festival, j’ai les mains dans le cambouis. Bien sûr ça ne nous arrange pas de devoir changer tout notre dispositif d’accueil et d’organisation des concerts à partir du 21 juillet – je n’ai toujours pas compris le pourquoi de cette date, alors que les cafés, restaurants et autres lieux accueillant du public sont soumis au nouveau régime à partir du 1er août – voir ici ma déclaration à France 3 (à 4’38)
Mais nous allons tout mettre en oeuvre pour que les concerts du Festival restent une fête, un plaisir. Dans une sécurité sanitaire maximale.
Dictature ?
Le fait de se soumettre à une obligation vaccinale constituerait, selon certains, une atteinte intolérable aux droits de l’homme, voire la manifestation d’une dictature.
J’ai relevé hier deux textes qui n’émanent pas, c’est le moins qu’on puisse dire, de soutiens d’Emmanuel Macron. Ils n’en revêtent que plus de force.
Du sénateur socialiste de l’Hérault Hussein Bourgi :
« Vous avez dit Dictature?
Depuis hier je vois fleurir les posts enflammés et indignés signifiant que la France aurait basculé dans la dictature (sic). Rien que ça !
J’ai beau guetter et tendre l’oreille. Je n’ai entendu aucun coup feu. Je n’ai pas vu l’armée déployée plus que de raison dans les rues. Je n’ai pas aperçu de dépouilles sur les trottoirs.Je n’ai pas connaissance de cohortes d’opposants au régime qui seraient exécutés séance tenante ou arrêtés par je ne sais quelle milice. J’ai beau scruter les chaînes de TV et de radios, elles débitent toujours les mêmes mièvreries. Point de chants nationalistes, ou glorifiant le président de la République.
Mieux il semblerait qu’il n’y ait ni pénurie, ni rationnement, ni file d’attente devant les commerces. Alors de quelle dictature, parle-t-on ? On m’aurait menti ? Ou aurais-je mal compris ?
J’estime que tous ceux et toutes celles qui utilisent le terme de dictature sont des salauds qui piétinent la mémoire et les corps des victimes des vraies dictatures. Ces dictatures d’hier et d’aujourd’hui qui ont fait des dizaines de millions de morts. Par respect pour ceux-ci, personne ne peut et ne doit galvauder le terme de dictature au risque de basculer dans le relativisme et le révisionnisme.
Alors de grâce, chers complotistes, chers révolutionnaires de salon, chers résistants intermittents de Facebook, rappelez-vous que les mots ont un sens.Ne rajoutez pas l’indignité à l’outrance qui est devenue votre seconde nature !La langue française est riche, cherchez bien, et vous trouverez assurément d’autres mots plus appropriés que le mot dictature.
Je terminerai par un message spécial à destination de tous les salopards qui osent faire un copier coller d’un message mettant en garde contre la Shoah vaccinale .Je classe systématiquement votre courriel dans la corbeille et vous place dans la poubelle car c’est la bonne et juste place pour les ordures. » (Facebook, 13 juillet 2021)
Du député européen Raphael Glucksmann :
En voyant la révolte contre le pass sanitaire au nom des « libertés », on comprend qu’il y a un immense malentendu dans notre pays sur la liberté et la contrainte en démocratie.
Je suis libre tant que ma liberté individuelle ne nie pas celle des autres ou de l’ensemble. Simple.
Or, dans ce cas précis, ne pas me faire vacciner condamne potentiellement toute la nation au confinement à moyen terme. Donc voir mes droits d’accès limités parce que je décide de faire peser un risque sur l’ensemble, ce n’est pas attaquer mes droits, c’est normal. Basique.
Depuis des mois, j’écoute attentivement les arguments de celles et ceux qui doutent des vaccins anti-covid. Délai d’autorisation de mise sur le marché jugé trop rapide, défiance légitime vis à vis de « Big Pharma », défiance vis à vis des autorités de régulation, etc. Le doute n’est pas une mauvaise chose, au contraire: il constitue le point de départ de toute interrogation intéressante sur le monde et la base de la citoyenneté.
Mais quand le doute se transforme en suspicion généralisée, ce n’est plus du doute. Cela devient un rejet de toutes les contraintes collectives qui nous permettent de faire société. Au Parlement européen, je combats les multinationales, « Big Pharma » , le scandale que constitue la privatisation de notre santé… Donc je connais la nocivité de ces labos. Mais je connais aussi le processus de validation scientifique d’un vaccin et je peux vous dire que les vaccins en question ont subi un grand nombre d’essais cliniques et de vérifications indépendantes.
La vaccination est aujourd’hui la seule manière de nous sortir de la pandémie et de son cortège de morts, de malades, de faillites, de dépressions, d’effondrements. Si nous ne voulons pas d’un nouveau confinement, il n’y a pas d’autre solution. Alors s’il vous plaît, si vous êtes en âge de le faire : vaccinez-vous. Pour arrêter la transmission du virus et par souci des autres et de l’intérêt général.
P.S : Je dis ce que je pense, je ne suis là pour flatter personne et ne cours après aucune voix. Vous n’êtes pas obligé d’être d’accord et vous pouvez évidemment le dire. Par contre on doit rester dans le cadre d’un échange poli, sans insulte et sans haine.
Sur cette histoire de vaccin, rappelons deux ou trois faits :
Les personnels soignants sont déjà obligés d’être vaccinés contre l’hépatite B.
Quand un voyageur se rend dans certains pays, il est soumis à l’obligation de certains vaccins (contre la fièvre jaune par exemple)
Enfin les gens de ma génération ont dû se faire vacciner contre des maladies aujourd’hui éradiquées (polio, tuberculose, variole), les enfants d’aujourd’hui sont soumis à une obligation de 11 vaccins !
Le 14 juillet en musique
Ce soir à Montpellier, c’est la fête partout, sur le parvis de l’Hôtel de Ville, au nord de la ville à l’amphithéâtre du Domaine d’O (tout le programme ici)
Quel bonheur de retrouver Isabelle Georges et Roland Romanelli pour la création de 17 nouvelles chansons en ce soir de fête nationale ! Souvenez-vous, ils étaient déjà présents au Festival le 15 juillet 2018 – le soir de la victoire des Bleus !
En 1851, Schumann compose cette ouverture Hermann und Dorothea en référence au récit épique de Goethe. Les citations de La Marseillaise sont explicites.
Les quelques jours qui précèdent l’ouverture d’un festival – en l’occurence le Festival Radio France Occitanie Montpellier – constituent un mélange parfois (d)étonnant d’excitation, d’énervement – les retards, les ratés, les urgences – d’enthousiasme… et de sérénité.
J’ai bien aimé cette une de l’hebdomadaire La Gazette de Montpellier. La photo est celle de Philip Venables, l’iconoclaste auteur de l’opéra Denis et Katya, donné en français et en création européenne les 26, 28 et 29 juillet.
Franck et Chamayou
Belle double page avec les coups de coeur de la rédaction pour huit artistes invités du festival, avec une jolie coquille pour Bertrand Chamayou qui est annoncé comme « jouant la symphonie Urbs Roma de Saint-Saëns »… L’ouvrage est bien au programme du concert du 20 juillet – l’Orchestre national de France et son chef Cristan Macelaru en seront les interprètes – et Bertrand jouera bien deux oeuvres concertantes pour piano et orchestre, dont les titres peuvent égarer un journaliste non familier de la musique classique : les Variations…symphoniques (!) et Les Djinns de César Franck.
Alexandre Tharaud
Il y a deux jours, j’avalais une salade dans un sympathique bistrot proche de la place de la Comédie à Montpellier. Un homme, mince et jeune d’allure, déjeunait à la table d’à côté, je lui trouvais un air de ressemblance avec Alexandre Tharaud, jusqu’à ce que je me rende compte que c’était bien lui. Longue conversation sur la crise sanitaire. Et lui de se/nous rappeler notre première rencontre, en 1991, dans le cadre de la fondation Juventus dans les Salines royales d’Arc-et-Senans : il avait joué sa propre transcription de La Valse de Ravel ! Depuis, il a fait la carrière que l’on sait, et il se produit ce week-end dans un concert bien à son image, singulier, original, avec Angélique Kidjo : voir Les Mots d’amour
14 juillet
On y est arrivé ! Montpellier va fêter en grand le 14 juillet, et le Festival y sera pour quelque chose. Mais c’est typiquement le genre de projet compliqué à monter en temps d’incertitude sanitaire, les lieux, les horaires, les configurations ont dû évoluer au fil des semaines et de ces tout derniers jours.
En 1998, le soir de la finale de la Coupe du monde de football, j’assistais à une représentation de l’un des ouvrages les plus intimistes de Britten, Curlew River, dans la cour de l’hôtel Maynier d’Oppède à Aix-en-Provence.
On peut difficilement imaginer plus grand contraste entre l’atmosphère de cette pièce et l’exubérance qui commençait à monter dans tous les foyers de France. Les dernières notes de Britten étaient à peine achevées, qu’une immense clameur envahit les rues d’ordinaire bien calmes du centre d’Aix. La France était championne du monde, et même les plus rétifs des spectateurs aixois à cette fête du football ne tardèrent pas à rejoindre le Cours Mirabeau où la foule se rassemblait, heureuse, joyeuse et bon enfant.
Vingt ans plus tard, les hasards de la programmation, à moins qu’il ne s’agisse – soyons immodeste pour l’occasion ! – d’un sens certain de l’anticipation, ont fait que le Festival Radio Franceavait prévu, mardi dernier, un concert de l’Harmonie de la Garde Républicaine, le soir de la demi-finale (voir Douce France) et hier soir, quelques heures après une finale de folie, le grand spectacle de chanson française imaginé autour d’Isabelle Georges, Frederik Steenbrink, Roland Romanelli, Jeff Cohen, Fayçal Karoui et l’excellent orchestre de Pau Pays de Béarn, un spectacle placé sous l’égide du thème de ce Festival 2018, l’éternelle chanson de Charles Trenet… Douce France.
Une soirée vraiment formidable, à la hauteur de l’événement qui a fait vibrer tout un peuple…
Je l’aimais bien parce que c’était une authentique musicienne, et parce que c’était l’accordéon, un instrument qui m’a toujours ému, dans quelque répertoire que ce soit.
J’ai un souvenir merveilleux du Casse Noisettede Maurice Béjartdonné au Châtelet à Paris en 2000, dans lequel Yvette Horner était la « Fée marraine »(elle apparaît à 41′)
Et l’accordéon, onirique, poétique, on l’entendra encore, le 15 juillet prochain, au Festival Radio France,sous les doigts de Roland Romanelli, aux côtés d’Isabelle Georges, Frederik Steenbrink et de l’orchestre de Pau dirigé par Fayçal Karoui. (à 2’03 sur cette vidéo)
Si on y inclut la soirée de la Saint-Sylvestre à Dresde, on aura célébré à quatre reprises l’arrivée de l’an neuf. De quoi frôler l’indigestion !
Retour sur le concert de Nouvel an du 1er janvier à Vienne. Petit cru malgré l’affiche. On avait pourtant bien aimé Riccardo Muti dirigeant les Wiener Philharmoniker en 1993, 1997 ou 2004. Qu’est-il arrivé au fringant chef napolitain de naguère ? Que cette édition 2018 semblait corsetée, laborieuse, à cent lieues de l’élégance et du charme auxquels Muti nous avait accoutumés…
Et ce cérémonial compassé, ces images kitschissimes des châteaux et jardins de Vienne, et ces couples de danseurs filmés en extérieur, l’été dernier ?
Samedi dernier en revanche, c’était une toute autre proposition, au Zénith de Pau. Trois ans après la reprise de Broadway symphonique, Isabelle Georges, Frederik Steenbrink, retrouvaient l’Orchestre de Pau Pays de Béarn et Fayçal Karoui, avec des comparses de luxe, Jeff Cohen au piano et Roland Romanellià l’accordéon, pour un Nouvel an de chanson française, où se mêlaient joie et nostalgie, tendres souvenirs et messages d’espérance.
Quelle merveille, cet accordéon si poétique du légendaire accompagnateur de Barbara, dans une chanson qu’on ne présente plus !
Hier soir – ce soir en direct sur France-Musique! – beaucoup mieux qu’une réplique parisienne du concert viennois avec l’Orchestre National de France et Emmanuel Krivine. Un menu de fête choisi tout exprès par un chef qui n’a pas son pareil pour composer un programme, et un test imparable pour mesurer le niveau de cohésion, de Zusammenmusizieren, d’une phalange vraiment peu familière de ce répertoire et de son directeur musical. Ceux qui écouteront le concert ce soir en direct ou en podcast sur francemusique.frpartageront l’enthousiasme qui a été le mien et celui d’un Auditorium de Radio France comble hier soir.
Rien n’est plus difficile que ces musiques « légères », les Strauss bien sûr, mais aussi les danses de Dvorak, Brahms, les valses des ballets de Tchaikovski. Emmanuel Krivine et l’ONF nous les ont servies leichtfüssig – d’un pied léger (pour reprendre le titre d’une polka de Joseph Hellmesberger junior)
Emmanuel Krivine qui adore s’adresser au public – il faudrait songer à lui mettre un micro-cravate, une grande partie de la salle ne l’entendant pas ou mal ! – confiait le souvenir qui l’avait marqué du Grand Echiquier de Jacques Chancel : Karajan et le Philharmonique de Berlin en direct toute une soirée à la télévision française en 1980 !
J’ai exactement le même souvenir qu’E.Krivine, en particulier quand Karajan explique, avant de la diriger, comment est construite la Valse des délires de Josef Strauss (le frère de Johann qui disait de lui : « Je suis le plus connu, mais lui est le plus doué« ). On entre dans la valse, et dans ce rythme caractéristique à 3/4, sans même s’en apercevoir. Le public d’hier, et de ce soir, a donc eu droit à cette valse qui était si chère à Karajan.