Ça me fait le coup à chaque fois que j’entends Martha Argerich en concert, j’ai besoin de me replonger dans sa discographie, d’y redécouvrir des pépites.
C’était dimanche soir à la Philharmonie, à un horaire inhabituel (19h30 au lieu de 20h), un concert de l’orchestre philharmonique de Rotterdam dirigé par Lahav Shani, un concert que de bien tristes sires entendaient interdire (lire Le piano de la haine), comme ils avaient tenté de le faire le 6 novembre dernier.
Interdire Martha Argerich ? Il faut oser..
Martha et Schumann
Heureusement aucun incident n’a perturbé un concert, certes un peu écourté. Lire mon papier sur Bachtrack : Argerich et Rotterdam brefs mais intenses à la Philharmonie


Qui se serait plaint – pas moi en tout cas – d’entendre la pianiste – 84 ans ! – à nouveau dans le concerto de Schumann, où on l’avait entendue ici même il y a 18 mois (Martha Argerich réinvente le concerto de Schumann) ? Qui n’aurait pas fondu de bonheur à l’écoute de ce bis extrait des Scènes d’enfants ?
Le miracle Argerich, c’est, dans cette oeuvre dont elle détient tous les secrets depuis des années, de renouveler toujours notre écoute, notre voyage chez Schumann. Je note au passage que le concerto a été créé il y a 180 ans, le 4 décembre 1845 à Dresde !
Entre les disques de studio et les « live » il ne doit pas y avoir moins d’une dizaine de versions dues à Martha Argerich, la moins recommandable de mon point de vue étant celle que dirige Harnoncourt, coincée, guindée, raide, là où tout doit être souplesse et atmosphères changeantes.
Sur YouTube j’ai trouvé plusieurs versions, dont celle récente captée à Vienne avec Zubin Mehta
et une autre qui date de 1976 avec un chef qu’aimait beaucoup Martha Argerich, Bernhard Klee disparu le 10 octobre dernier.
La comparaison entre les diverses versions n’a guère de sens, tant la pianiste réinvente l’oeuvre et se réinvente à chaque concert.
Les amis de Martha
Entre les coffrets Deutsche Grammophon, Warner, Sony « officiels » et les éditions des « live » de Lugano et Hambourg, on mesure d’une part les permanences d’autre part les audaces du répertoire de la pianiste argentine, mais surtout les amitiés qu’elle a tissées au fil des ans et des rendez-vous festivaliers. On a toujours vu tourner autour d’elle quantité de gens, souvent jeunes, qui entendaient profiter de son aura : il y a eu beaucoup d’appelés et peu d’élus, mais ceux qui sont restés dans le premier cercle, et dont on retrouve d’éloquents témoignages dans ces coffrets, sont aussi admirables que talentueux.






Je retrouve d’abord avec une particulière émotion les quelques enregistrements de notre cher Nicholas Angelich
Avec mon très cher Tedi Papavrami, c’est une complicité plus récente, mais d’autant plus ardente qui se manifeste depuis quelques années avec Martha A.

En 2019 à Hambourg, le violoniste et la pianiste avaient donné la sonate « à Kreutzer » de Beethoven, en 2023 ils la redonnaient dans le cadre du festival suisse des Variations musicales de Tannay dont Tedi Papavrami est l’inspirateur autant que le héraut.
En 2018, nouveauté dans le répertoire d’Argerich, elle donnait avec Tedi Papavrami et son complice de toujours, le violoncelliste Misha Maisky, le Triple concerto de Beethoven à Hambourg
On n’évoque pas ici les amis de toujours de Martha, les GIdon Kremer, Misha Maisky, Stephen Kovacevich (qui fut son mari), pour n’évoquer que les vivants. Il est une autre pianiste dont on sait l’amitié de très longue date avec elle, mais qui n’avait pas été documentée jusqu’à une période récente, c’est Maria Joao Pires. Et plus rare encore la présence d’Anne Sophie Mutter pour un trio de Mendelssohn d’anthologie.
Et toujours mes brèves de blog



























































