Pourquoi la Neuvième ?

Je n’ai pas eu, retrouvé, d’explication convaincante au pullulement de Neuvièmes de Beethoven en ce début d’année… Traditions nordique ? germanique ? japonaise ? Un anniversaire ? pas celui de l’oeuvre en tout cas, créée le 7 mai 1824 !

Le fait est que le Finnois Mikko Franck a introduit cette supposée tradition à Radio France en 2018, en faisant jouer chaque début janvier par l’Orchestre philharmonique de Radio France. Et c’est un autre Finlandais, le tout jeune Tarmo Peltokoski, à l’aube de son mandat à la tête de l’Orchestre du Capitole de Toulouse, qui vient de faire de même.

Les résultats cette année sont tout sauf probants. Qu’on en juge :

– ma propre critique pour Bachtrack : La Neuvième sans joie de Jaap von Zweden au Philhar’

– celle d’Erwan Gentric pour Diapason du même concert : Une symphonie n° 9 de Beethoven taillée à coups de serpe.

– pour Bachtrack toujours, la critique de Thibault d’Hauthuille du concert de Toulouse : La joie forcée de Tarmo Peltokoski.

Pas brillant tout ça !

Pour me rassurer, j’ai relu le papier que j’avais écrit à la fin du marathon Beethoven qu’avait dirigé Dinis Sousa à la Philharmonie de Paris en mai dernier : Le triomphe de la fraternité.

Extr. finale 9e symphonie Beethoven / Dinis Sousa dir. Monteverdi Choir & Orchestra

Quelques Neuvièmes inattendues

Ces déceptions de début d’année m’ont donné envie de fouiller dans ma discothèque non pas en quête de versions dites « de référence » connues et reconnues, mais de raretés ou du moins de chefs qu’on ne cite pas souvent – à tort – comme « beethovéniens »

Arvid Jansons / Berlin 1973

Dans la famille Jansons, il y a d’abord eu le père Arvid (1914-1984) et ce disque est – comme par hasard ! – le « live » d’un concert du 31 décembre 1973 !

Erich Leinsdorf / Boston et Berlin

On a trop négligé Erich Leinsdorf (1912-1993), né Viennois, mort Américain. Il a fait une somptueuse intégrale à Boston

Et j’ai ce « live » du 18 septembre 1978 capté à Berlin.

Rafael Kubelik / Munich 1982

La grandeur, le souffle… Magnifique Rafael Kubelik avec son Orchestre de la radio bavaroise !

Yehudi Menuhin / Strasbourg juin 1994

J’ai consacré tout un article à Yehudi Menuhin (1916-1999) … chef d’orchestre. On a beaucoup célébré le violoniste, à l’occasion du centenaire de sa naissance, et complètement oublié l’excellent chef qu’il a été. Ses symphonies de Beethoven mériteraient amplement une réédition.

Leopold Stokowski / Londres 1967

Eh oui Stokowski était aussi un immense beethovénien…

Chacun des « live » de ce coffret est prodigieux.

Kurt Sanderling / Berlin 1987

J’ai eu la chance d’entendre Kurt Sanderling (1912-2011) diriger l’Orchestre de la Suisse Romande à la fin des années 80 à Genève dans deux Neuvièmes : celle de Mahler, puis celle de Beethoven.

J’ai toujours aussi gardé en mémoire la façon extraordinaire qu’il avait de doser les interventions des différents pupitres de l’orchestre pour que la ligne mélodique soit toujours nettement dessinée. C’est un des problèmes auxquels les chefs se trouvent confrontés notamment dans le 1er mouvement de la 9e symphonie (et c’est tout ce que n’a pas fait Jaap van Zweden samedi dernier à Radio France).

Michael Tilson Thomas / Londres 1987

L’intégrale « allégée » des symphonies de Beethoven qu’avait gravée Michael Tilson Thomas à Londres en 1986 avec l’English Chamber Orchestra avait été accueillie au mieux avec une certaine curiosité, le plus souvent avec une condescendance certaine par une critique prompte à ranger les gens dans des cases. MTT dans Beethoven quelle idée ! Encore un préjugé à bannir (MTT Le chef sans âge)

Je ne peux refermer cet article qui évoque l’Ode à la joie et à la fraternité de Beethoven/Schiller sans rappeler les tragiques événements d’il y a dix ans, que j’ai vécus de si près : Le silence des larmes

Le baromètre des chefs

Le cas Roth

Il me faut revenir sur le billet que j’ai publié le 27 mai – Confidences et confidentialité – où j’évoque la situation du chef François-Xavier Roth. J’ai eu nombre de commentaires, d’interpellations, de réactions de la part d’amis, de musiciens et de musiciennes, qui me conduisent à préciser mon propos.

Lorsque j’écris  » il n’y a pas eu de violence sur autrui, ni fait pénalement répréhensible, juste des situations ridicules dont la seule victime est l’auteur » c’est au minimum incomplet, s’agissant des personnes, musiciens ou non, placés sous l’autorité artistique et/ou hiérarchique du chef. On pense évidemment en premier lieu aux artistes qui jouent au sein de l’orchestre Les Siècles, qui, à la différence des autres orchestres et institutions que dirige FXR (le Gürzenich à Cologne) n’est pas une structure permanente. Des amis musiciens me faisaient très justement remarquer que des SMS de nature sexuelle constituent bien une forme de harcèlement, réprimé par la loi. et qu’il faut bien du courage aux victimes de harcèlement pour engager une procédure judiciaire.

Pour le reste, la prudence me semble devoir être la règle dans les commentaires, l’expression sur les réseaux sociaux. À ceux qui sont en situation de responsabilité – et à eux seuls – d’exercer leurs droits et surtout leurs devoirs pour faire toute la lumière sur cette malheureuse affaire.

L’ascension d’un chef

Je ne veux faire aucun rapprochement hasardeux, mais c’est bien à cause d’un phénomène de même type que celui qui est reproché à Roth – le comportement du chef britannique John Eliot Gardiner à l’égard de l’un de ses interprètes (lire ici) – qu’un jeune chef portugais, Dinis Sousa, a surgi en pleine lumière depuis quelques mois. Il a dû remplacer en effet Gardiner dans la totalité des projets que ce dernier avait engagés avec ses forces du Monteverdi Choir and Orchestra.

Hier s’est achevé une forme de marathon Beethoven à la Philharmonie de Paris : en quatre concerts, le Monteverdi Choir et son jumeau orchestral ici dénommé Orchestre révolutionnaire et romantique, dirigés par Dinis Sousa, ont donné les symphonies 2,3,4,5,6,7 et 9 ainsi que la Messe en do.

J’invite à lire mes comptes-rendus sur Bachtrack, en particulier sur une mémorable Neuvième, une Héroïque impressionnante, et finalement tout cette aventure.

Au bonheur de la Pastorale

Le triomphe de la fraternité

L’apothéose finale

Je reviendrai sur ces concerts et sur la personnalité de ce jeune chef qui me paraît avoir tout compris des enjeux et des risques d’une carrière musicale à notre époque.

Pour le moment il n’y a pas de captation disponible des concerts de la Philharmonie, mais celle-ci, réalisée il y a moins d’un an à Newcastle, avec l’orchestre Northern Sinfonia, dont Dinis Sousa est le directeur musical, donne une assez juste idée de sa direction et de sa conception des symphonies de Beethoven :

Je reviendrai aussi sur le coffret que je viens de recevoir, qui récapitule le mandat du chef anglais Antonio Pappano avec la Santa Cecilia de Rome

Antonio Pappano que j’applaudissais il y a un mois à la Philharmonie de Paris. Lire : Pappano et le LSO. Il dirigeait la 2e symphonie de Rachmaninov, qu’il a gravée à Rome et qu’on retrouve dans ce coffret :

Pivot et la Neuvième

Bernard Pivot (1935-2024)

Tout le monde a rendu ou va rendre hommage à Bernard Pivot et ce n’est que justice.

J’ai moi-même raconté sur Facebook mon seul souvenir d’une rencontre avec lui :

« J’ai un seul souvenir, minuscule, d’un contact direct avec Bernard Pivot. Il y a une quinzaine d’années, je fréquentais le Balzar, à côté de la Sorbonne, à l’époque où l’on pouvait encore y manger convenablement. Il y avait des habitués, célèbres ou moins. Un jour on m’assied à côté de la table de Jean Tulard (qui se plaçait toujours face au miroir de dos à la salle). A peine étais-je installé que je vois s’approcher Bernard Pivot, qui prend place à ma droite. Inévitablement j’entends la conversation entre Pivot et Tulard et un troisième convive que je n’ai pas identifié. Je vois que Pivot regarde souvent en ma direction. Apercevant Le Monde du jour sur un coin de ma table, il en prend prétexte pour me demander où j’ai pu me procurer le journal normalement pas disponible en kiosque avant 14 h. C’est ainsi que nous avons échangé de délicieuses banalités et que j’ai eu l’impression que mon illustre voisin aurait bien aimé poursuivre la conversation avec l’inconnu que j’étais, plutôt qu’avec ses commensaux. J’eus aussi à ce moment-là la confirmation de l’influence du « Roi Lire » sur le monde des lettres, lorsque deux autres hôtes du Balzar s’en vinrent le saluer respectueusement : Jean-Noël Jeanneney et l’académicien Marc Fumaroli, tout en remerciements d’un article qu’avait dû lui consacrer Pivot.

La dernière apparition de Bernard Pivot à la télévision – dans C à vous je crois – m’avait profondément attristé. D’une absolue lucidité sur son état – ces mots qui désormais lui manquaient, s’absentaient – je m’étais dit que ce soir-là il prenait congé de nous. »

Mais on pourra voir et revoir bien sûr ses grandes émissions et ses interviews mythiques avec les plus grands auteurs du XXe siècle. Et surtout si l’on veut retrouver ce personnage si profondément sympathique, relire cette manière d’autobiographie

« Mots autobiographiques, mots intimes, mots professionnels, mots littéraires, mots gourmands… Tous ces mots forment un dictionnaire très personnel. Mais les mots de ma vie, c’est aussi ma vie avec les mots. J’ai aimé les mots avant de lire des romans. J’ai vagabondé dans le vocabulaire avant de me promener dans la littérature » (Bernard Pivot)

La Neuvième a 200 ans

Renaud Machart nous rappelle opportunément dans Le Monde que la Neuvième symphonie de Beethoven a été créée le 7 mai 1824 : ‘Il allait de soi qu’Arte, chaîne franco-allemande, fasse honneur à la Symphonie n9 de Ludwig van Beethoven (1770-1827), créée voici deux siècles exactement, le 7 mai 1824 : le compositeur allemand avait cru dans les promesses des Lumières et de la Révolution française avant de devenir – par-delà le bien et le mal – un symbole national allemand puis européen. » A suivre donc ce soir sur Arte et sur Arte.tv une soirée exceptionnelle.

La charge symbolique et politique de l’ultime symphonie de Beethoven reste puissante. On se rappelle tous ce concert extraordinaire au lendemain de la chute du Mur de Berlin, et les choeurs rassemblés sous la houlette de Leonard Bernstein transformant le texte de Schiller en « Ode à la Liberté« 

La fête à Lenny

Je ne reviendrai pas sur la Fête de la MusiqueJe n’ai rien à changer à ce que j’écrivais il y a deux ans : Fête ou défaite de la musique.

C’est à une tout autre fête que nous convie le numéro de juin-juillet de Diapason : la célébration d’un génie du XXème siècle, dont on commémorera le centenaire de la naissance le 25 août prochain, Leonard Bernstein.

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La une du magazine n’est, en l’occurrence, ni racoleuse, ni mensongère. Le dossier constitué sous l’égide – inattendue – d’Ivan Alexandre, dont on ne savait pas qu’il fût un spécialiste voire un fan de Bernstein, est un must. Pour embrasser toutes les facettes d’un génie protéiforme : pianiste, chef d’orchestre, compositeur qui s’est essayé à tous les genres, pédagogue, une vie personnelle au diapason de ses passions multiples.

Le Festival Radio France propose, cet été, du 16 au 27 juillet, de redécouvrir plusieurs aspects de la personnalité de Bernstein : des extraits de la série légendaire, jamais égalée,  parfois imitée, des Young People’s Concerts, des vidéos de répétitions et de concerts dirigés par Leonard Bernstein.

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Les éditeurs historiques (Sony ex-CBS, Deutsche Grammophon) ont mis le paquet pour célébrer ce centenaire pas comme les autres.

Il y a quelques mois, Sony proposait un coffret de 100 CD – avec pochettes originales, donc minutages chiches – « remastérisés » (voir : Bernstein remastered

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après avoir réédité déjà deux coffrets format 33 tours, comportant, pour le premier, la totalité des symphonies gravées pour l’essentiel à New York (voir Bernstein forever), pour le deuxième les oeuvres orchestrales et concertantes (voir Bernstein Centenary), un troisième et dernier est annoncé pour septembre avec les oeuvres vocales et chorales. Un fabuleux legs !

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Quant à DGG, après avoir imité Sony, en reprenant en 2 coffrets format 33 t. la totalité des CD parus sous l’étiquette jaune (voir Leonard Bernstein Collection), nous est proposé – à un prix relativement modéré pour un objet de cette qualité – un gros coffret reprenant l’intégralité des CD et des DVD – ainsi qu’un DVD Blu-ray audio des symphonies de Beethoven – parus sous étiquette DGG et Decca (y compris les premiers enregistrements Decca américains) :

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Chez Warner, on nous annonce pour septembre un coffret particulièrement bienvenu pour rappeler la collaboration du chef américain avec l’Orchestre National de France 

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(Voir tous les détails de la discographie de Bernstein iciBernstein Centenary)

Les livres aussi – en plus des magnifiques ouvrages contenus dans les gros coffrets DGG et Sony – nous dévoilent les facettes, parfois cachées, d’un personnage unique en son temps.

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Renaud Machart avait déjà consacré une belle monographie à Bernstein dans la collection Actes Sud / Classica. Il annonce pour la rentrée un second opus, qui nous restitue, longuement préfacées par ses soins, les six conférences données par le chef compositeur à Harvard en 1973. Fondamentales pour comprendre en quoi Bernstein fut le plus grand et le meilleur « vulgarisateur » de la musique.

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Intéressant aussi ce petit ouvrage de souvenirs du journaliste Jonathan Cott.

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Parmi les centaines de vidéos, heureusement disponibles sur les réseaux sociaux, il y a l’embarras du choix.

Cette Neuvième de Beethoven, captée quelques mois avant la mort de Bernstein, quelques semaines après la chute du Mur de Berlin :

https://www.youtube.com/watch?v=IInG5nY_wrU

Et celle-ci, vue des millions de fois, montrant le showman, le cabotin que Bernstein ne répugnait pas à être (et quelle leçon de direction !)

https://www.youtube.com/watch?v=oU0Ubs2KYUI

Et encore cette prodigieuse version de la Symphonie de Franck, avec l’Orchestre National en 1982 :

https://www.youtube.com/watch?v=uosj6PZLKKE

 

Des hommes de fer

Félicitations à l’orchestre d’harmonie de la Garde républicaine qui proposait, en ce 11 Novembre, un concert gratuit dans le cadre grandiose de Saint-Louis des Invalides à Paris. D’abord parce que c’est une formation d’excellence, qu’on ne peut réduire à ses seules prestations officielles, ensuite – et surtout – parce que le public populaire (le « grand public »!) qui se pressait dans la haute nef de la basilique a eu droit à un programme intelligent, qui ne cherchait pas le client, sans pour autant être en quoi que ce soit austère. La Marseillaise bien sûr, puis la Marche lorraine de Louis Ganne, la grandiose Fanfare for a common man de Copland.

Puis une suite – une découverte pour moi – Les Noces de cendre du compositeur marseillais Henri Tomasi (1901-1971) : http://www.henri-tomasi.fr/index.php?page=oeuvres&categorie=notice&id=13

Après l’intermezzo de L’Arlésienne de Bizet, la 9ème symphonie de Chostakovitch (dans une version pour orchestre d’harmonie). Ce n’est pas le lieu de critiquer l’interprétation, un peu timide et pâle (malgré de magnifiques solos du basson), mais d’expliquer la présence de cette oeuvre dans ce programme.

C’est la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Chostakovitch a écrit ces monuments que sont sa 7ème symphonie « Leningrad » (1941) et sa 8ème symphonie (1943). Tous s’attendent, Staline en tête, à ce que sa Neuvième symphonie célèbre la Victoire de l’Armée rouge, en s’inspirant, chiffre et circonstances obligent, d’une autre Neuvième. Raté, le compositeur qui a déjà eu maille à partir avec le tyran et ses sbires, lui sert une « petite » symphonie – moins de trente minutes, pour un orchestre modeste – qui n’est qu’ironie, sarcasme, et douleur dans le bref et poignant largo chanté par les trombones et le tuba repris par le basson. C’est l’ami de toujours, l’indéboulonnable patron de l’orchestre philharmonique de Leningrad, Evgueni Mravinski, qui crée l’oeuvre le 5 novembre 1945 dans la ville martyre (on n’a malheureusement pas de témoignage discographique de cette 9e par Mravinski)

https://www.youtube.com/watch?v=UpGLzI1_URY

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Sans refaire ici l’histoire complexe et compliquée des rapports entre créateurs, compositeurs, musiciens et le régime soviétique, particulièrement dans sa version stalinienne, on doit noter, une fois de plus, que, si à nos yeux d’Occidentaux donneurs de leçons, Prokofiev, Chostakovitch et bien d’autres se seraient trop souvent compromis avec le régime, acceptant des décorations (Prix Lénine, Prix Staline, Artiste du peuple etc.), des commandes à la gloire de l’URSS et de ses valeureux dirigeants, ils ont au contraire fait de la résistance de l’intérieur, avec et par leur art.

Face à l’Homme de Fer (Staline, littéralement Сталин, l’homme d’acier (сталь), il y  eut bien d’autres hommes de fer, comme Chostakovitch, Mravinski, Rostropovitch.

Staline justement fait l’objet d’un documentaire en trois volets (diffusé par France 2 le 3 novembre dernier) dans la série – stupidement intitulée – Apocalypse, d’Isabelle Clarke et Daniel Costelle.

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Il y aurait bien des critiques à faire, un portrait uniquement à charge – il est vrai que le bonhomme ne suscite pas vraiment la sympathie ! – une écriture vraiment peu subtile de l’histoire, des événements et de leurs acteurs (Lénine, Trotski, etc.), un commentaire univoque, mal dit par Mathieu Kassovitz, meilleur derrière une caméra que devant un micro. Mais la richesse des archives, pour beaucoup restituées dans leur couleur d’origine ou colorisées, les documents historiques, les témoignages sonores et/ou visuels, sont d’un bout à l’autre passionnants, édifiants même, au risque de choquer les belles âmes (les déportations, les exécutions massives, les boucheries sur le front, rien ne nous est épargné) et surtout de détruire à jamais la légende – qui a perduré même après la déstalinisation puis la chute de l’Union soviétique et du communisme – d’un Staline « petit père des peuples », héros de la lutte contre le nazisme.