Une journée à Paris

Durant ma diète des festivals, j’ai passé deux jours à Paris. Sans raison, sans obligation. Juste pour le plaisir de me livrer à mon exercice favori : parcourir la ville à pied.

Fashion victims

La rue où j’habite est déserte, sauf à son extrémité où dès 9 h du matin une file s’est formée à l’approche de l’un de ces magasins éphémères qui ont remplacé quasiment toutes les enseignes classiques.

Il y a quelques semaines, un dimanche matin, à quelques mètres, c’était une autre file constituée exclusivement de jeunes femmes voilées qui attendait de pouvoir acheter des abayas dans une boutique tout aussi éphémère…

Je ne vais plus au Café Charlot surtout depuis la réponse inepte qu’on avait faite à ma remarque sur TripAdvisor. J’ai repris mes habitudes au Progrès, malgré les échafaudages qui enserrent le bâtiment et recouvrent la terrasse, mais le petit soleil du matin parvient à s’y glisser.

Le figaro du boulevard Beaumarchais

Je vais boulevard Beaumarchais chez mon figaro habituel (!) me faire rafraîchir la tête en prévision des vacances. Et j’emprunte le bus 96 pour rejoindre le secteur de l’Odéon. Du monde en ce milieu de matinée, pas mal de personnes âgées (il faudra quand même que je me résolve à me compter parmi elles !) et de familles de touristes. Un petit garçon anglais que son père a assis à côté de moi se réveille à la vue de Notre-Dame.

Je descends au carrefour de l’Odéon et vais faire une petite visite chez Gibert. rayon classique d’abord. Tout un bac bien rempli de CD à 6,99 €, avec un paquet de parutions récentes. Je m’en fais un bouquet :

Je ne suis pas très convaincu du caractère « vendeur » de disques programmes avec des titres passe-partout (comme celui de Nathanaël Gouin) ou énigmatiques (comme celui de Pontier), mais l’un et l’autre sont très intelligemment composés. Quant au Brahms de Laloum, il manquait à ma collection de 3e sonates de Brahms 🙂

Le Debussy/Satie de Fazil Say n’est pas récent, mais il manquait à ma discothèque. Quant au CD d’Edgar Moreau – qui lui aussi succombe à la manie des titres (mais quand même plus originaux que la collection de son confrère Gautier C. que Warner ne cesse de recycler !) – il vaut pour un programme remarquable dont on comprend le fil rouge : de Bloch Schelomo et From Jewish Life, le concerto pour violoncelle de Korngold, Kol Nidrei de Bruch et une transcription des deux mélodies hébraïques de Ravel. Et ce sont les Lucernois chers à mon coeur qui l’accompagnent.

Je passe ensuite du côté librairie, où comme d’habitude, je choisis un peu au hasard, quitte parfois à me retrouver avec des bouquins en double. Je me dis que ces trois-là iront bien pour lire dans l’avion ou sur un transat.

J’ai réservé une table chez Lipp. Le maître d’hôtel qui m’accueille a toujours ce faux air de Paul Meurisse. Il m’avait prévu à l’intérieur, je préfère la terrasse. Autour de moi presque exclusivement des touristes, les « habitués » ont pris leurs quartiers d’été.

Du melon, une tranche de pâté en croûte comme on n’en fait plus.. que chez Lipp, une salade et un verre de saumur feront l’affaire. En revenant des toilettes, j’avise un vieillard décati sur une banquette faisant face à un homme plus jeune : Gabriel Matzneff a vraiment tout perdu de la superbe qu’il affichait effrontément quand il était encore fréquentable et fréquent sur les plateaux de télévision. Je n’ai jamais lu aucun de ses livres, ni aimé le personnage. Une répulsion originelle.

Je reprends ma déambulation en passant devant le porche de Saint-Germain-des-Prés

La rue Bonaparte, puis la rue Jacob – je ne sais plus à quel numéro il est indiqué que Wagner a séjourné quelques mois en 1847 – pour rejoindre la rue de Seine.

la fameuse coupole de l’Institut

En débouchant sur le parvis de l’Institut, j’avise une exposition à entrée libre d’oeuvres de l’académicien Pierre-Yves Trémois (1921-2020). Le nom ni la « signature »graphique de ce dessinateur/peintre ne me sont inconnus, mais je découvre ces toiles que je ne connaissais pas.

L’exposition « L’anatomie du trait » est visible jusqu’au 25 septembre.

Je franchis la passerelle des Arts, d’ordinaire noire de monde. Pour la première fois depuis longtemps, je prends place sur un banc et durant de longues minutes, je regarde la Seine et les bateaux-mouches qui s’y croisent. Dans aucune autre capitale au monde on n’a cette proximité avec le fleuve qui traverse la cité, a fortiori ces deux îles (Saint-Louis et la Cité) qui rendent plus bucolique encore la promenade du piéton.

Je traverse la majestueuse Cour Carrée du Louvre, dont les abords ont enfin été débarrassés des cabines de chantiers qui les encombraient depuis des lustres. J’emprunte la rue Jean-Jacques Rousseau, si penaude et étroite que je me demande à chaque fois pourquoi une telle différence de traitement avec ses camarades de l’époque, Diderot et Voltaire (celui-ci ayant droit, à Paris, à une rue, un quai et un boulevard !). Je vais faire un tour à la FNAC, dans ce qui reste du rayon classique, surpris par l’affluence juvénile et féminine : en fait l’agitation se fait devant tout un mur dédié au K-Pop (j’ignorais le phénomène jusqu’à ce que j’en découvre des adeptes au sein de ma propre famille !)

Je ressors assez vite du forum des Halles, pour rejoindre les rues plus familières du Marais. Le ciel menace mais j’aurai encore le temps de boire un thé à la terrasse des Marronniers. Je cherche un bon moment le nom de l’acteur qui vient de s’asseoir à deux chaises de moi. Je l’ai souvent vu dans des seconds rôles, mais j’ai surtout le souvenir de ses « stand-up » vraiment très drôles il y a une trentaine d’années. Je découvre sur YouTube une série désopilante « Marguerite et François »Laurent Spielvogel joue alternativement Marguerite Duras et François Mitterrand.

Je poursuis mon chemin dans le dédale de petites rues que je connais par coeur, comme la rue des Rosiers, où je trouve l’affluence inhabituelle pour un mardi après-midi. Tout un groupe d’enfants et d’adolescents vêtus comme pour aller à la synagogue s’affaire autour de deux stands que je ne prends pas le temps d’examiner. Un jeune garçon m’aborde : « Pardon Monsieur, êtes-vous de confession juive ? » Je lui réponds par la négative dans un sourire. Je le sens comme gêné.

Mais j’aurais pu lui raconter les origines de ma famille maternelle, d’un patronyme – Zemp – qui n’a rien de germanique, mais qui puiserait plutôt ses racines du côté de juifs hongrois qui auraient trouvé refuge et accueil bienveillant en Suisse orientale il y a quelques siècles.

Je regagne mes pénates en passant par la rue de Thorigny, où le musée Picasso ne semble pas attirer la foule habituelle.

Je vais retourner dîner chez Nicolas Flamel – une adresse dont j’avais parlé il y a plus de deux ans dans un article, dont il faudrait que je révise plusieurs paragraphes Bonnes Tables). Troisième chef en moins de trois ans, mais le jeune Italien Marco Sergiampietri qui est aux manettes depuis janvier semble bien reparti pour regarnir sa table d’une étoile Michelin.

Humeurs et réactions à suivre sur mes brèves de blog

Tables d’ailleurs et d’ici

J’ai souvent remarqué que les grands musiciens, les chefs d’orchestre en particulier, étaient de fins gourmets. Entre « chefs » on se reconnaît semble-t-il !

Parti loin de France pendant près de trois semaines (Kirghizistan, Ouzbékistan), j’avais hâte de retrouver la diversité – unique au monde – des cuisines françaises.

Tables kirghiz et ouzbek

Pour ceux de mes lecteurs qui s’aventureraient en Asie centrale, je veux tout de même signaler quelques adresses qui sortent un peu de l’ordinaire des plats traditionnels ou qui les subliment. De manière générale, on évite les adresses conseillées par les agences/guides touristiques sur place. A Bichkek, on n’a rien trouvé de transcendant, même si le restaurant du Novotel s’en sort plutôt bien à des prix toujours raisonnables. A Tachkent, le restaurant italien de l’hôtel Hyatt sert du raffiné, mais pousse vraiment trop sur les prix. On trouvera tout aussi bon, et même plus original, et beaucoup moins cher dans un charmant établissement, très couru des locaux, le Syrovarnya.

Dans l’antique cité de Khiva, on recommande sans hésiter… ce que les guides recommandent : le restaurant Terrassa, vue imprenable sur la place centrale, service, accueil et prix tout doux pour une cuisine locale savoureuse.

A Boukhara, on évite absolument le restaurant Old Bukhara, très quelconque à tous points de vue, malgré une situation enviable au centre de la vieille ville. En revanche, la très belle découverte – le lieu magique comme l’assiette – c’est l’Ayvan Restaurant, dans une rue un peu à l’écart de la place centrale. Exceptionnel !

A la différence de Khiva ou Boukhara, où le visiteur peut se promener dans un périmètre central, trouver boutiques, cafés, restaurants facilement, Samarcande est une ville très étendue, répartie en quartiers qui ont chacun leurs spécificités. Inutile de chercher petites échoppes et cafés sympa autour des grands monuments comme le Reghistan : comme c’était le seul convenable à proximité à pied de notre hôtel, on a cédé deux fois aux charmes d’un tout nouvel établissement, Emirhan – réservation conseillée pour dîner en terrasse avec vue sur l’arrière du Reghistan ! Sans être exceptionnelle, une cuisine très honnête et diversifiée, service diligent et addition raisonnable.

On a été plus réservé sur un autre restaurant « historique » du quartier russe, Platan.

Nemausus

Il y a malheureusement plusieurs mois que j’ai dû renoncer à une petite tradition qui consistait à aller déjeuner avec ma mère une à deux fois par an dans un restaurant de Nîmes. Le Skab, 7 rue de la République, ne nous a jamais déçus.

La brasserie de l’hôtel Imperator (L’Impé !) nous avait plutôt séduits, dans le cadre redessiné d’un établissement mythique de Nîmes. Manifestement je ne suis pas le seul à avoir déchanté quant à la qualité du service et même de la cuisine.

Sur la toute proche place d’Assas (à deux pas de la Maison carrée), il y a le meilleur et l’arnaque. Pour un rapide déjeuner avec une de mes soeurs, la Table d’Assas nous semblait idoine. Alors qu’à Samarcande j’avais dégusté une excellente et authentique salade César, je croyais trouver ici au moins aussi bon, dans la ville romaine jadis contrôlée par l’empereur Auguste ! Mal m’en a pris. Et la réponse du restaurateur à mon avis sur TripAdvisor vaut son pesant de sesterces : Braves gens qui pensez naïvement manger du « fait maison » dans un restaurant qui affiche fièrement son 5e rang au classement du site…. détrompez-vous, c’est le patron qui l’écrit :

Mon avis : « On n’avait pas encore repéré ce restaurant à Nîmes, on s’est dit qu’on avait peut-être manqué quelque chose à lire les avis très flatteurs qui précèdent. On aurait aimé manger du « fait maison », au lieu de quoi dans une salade césar qui n’en avait que l’apparence, à part de la laitue fraîche, tout le reste était signé Métro (ou similaire), des croûtons sortis d’un sachet, le poulet en nuggets façon McDo, bref rien à voir avec une vraie salade César. Dessert idem. Et des prix déraisonnables. On ne renouvellera pas l’expérience« 

La réponse intégrale non corrigée du « directeur général » :

« Bonjour Monsieur 
À quel moment, avez vous lu sur notre carte Salade Caesar Faite Maison ???
Quel Restaurateur fait ses Caesar 100% maison avec des chickens croustillants préparés minute ?
Soyons sérieux !!!!!
La réalité n’est pas ce que vous voyez dans Top Chef 
ou les candidats ont 1 heure pour préparer un plat qu’ils enverront en plus froid, Imaginez nos restaurants avec 200 couverts/ jour travailler à ce rythme !!!
Il y a en France d’excellents Artisans, faisant du travail d’une extrême qualité, Pour nos chickens par exemple
nous Sélectionnons de la volaille française, et ceux-ci sont élaborés avec des filets de poulet entier et non reconstituer avec une panure aux céréales.

Idem pour les croûtons, issus d’une société, et ayant presque I siècle d’existence et dont la réputation n’est plus à faire.
alors, pour continuer dans le délire de l’imaginaire de ceux qui se permettent de juger, sans avoir notion de la quantité de travail, de la faisabilité, et du coup que cela représenterait à la carte pour nos clients, il est important de comprendre que nous faisons une majeure partie de nos préparations maison, mais que lorsque sur des tâches chronovores sur lesquelles des artisans font un superbe travail nous n’avons aucun souci de collaboration en toute transparence pour nos clients puisque nous n’affichons pas de faux Label Fait Maison ou Maître Restaurateur comme tant d’autres.
Quant à nos prix, ils sont affichés et apparemment ne dérangent nullement nos 200 clients quotidiens.
Cordialement 
Ingrid S 
La Table d’Assas

Au moins c’est clair…

En revanche, le lendemain avant un concert dans les Jardins de la fontaine, j’avais réservé juste en face, sur la même place : Livia a Tavola. Pour une fois je souscris pleinement au classement de TripAdvisor qui place ce nouveau restaurant italien en premier. Très conseillé évidemment.

Vers et revenant de Nîmes

Pour ce déplacement de quelques jours j’avais opté pour la voiture, et décidé de prendre mon temps sur un parcours Paris-Montpellier-Nîmes, si souvent fait à toute allure, par l’autoroute. A chaque fois que je fais halte à l’écart de ces grands axes, je m’émerveille de trouver partout de petits hôtels charmants, des restaurants simples et délicieux, de plus en plus souvent tenus par des jeunes couples. Inventaire de mes découvertes de la semaine passée .

A Salbris (Loiret), à quelques kilomètres de La Motte Beuvron, patrie des Soeurs Tatin,

la vie de château s’offre au voyageur pour moins de 100 € la nuit et un menu gastronomique à moins de 50 €. C’est le Domaine de Valaudran.

Pour effacer un souvenir très ancien et très pluvieux, je me suis arrêté à l’heure de midi au Puy en Velay. Au pied de la cathédrale, Les Flâneurs sont la très bonne surprise du chef-lieu de la Haute-Loire.

Sur la route du retour, c’est en Lozère à Florac, annoncé comme « village-étape », qu’on a trouvé de nouveau une adresse qu’on regretterait presque d’avoir visitée si brièvement : Le restaurant Adonis de l’hôtel-logis de France des Gorges du Tarn. Une équipe jeune, extrêmement accueillante et attentive, avec l’apéritif une tapenade aux figues fraîches à tomber (j’en aurais bien emporté quelques flacons s’ils avaient existé !), une crème froide de courgettes délicieuse et un filet de dorade accompagné de préparations inouïes de légumes.

De l’intime au général

Un blog en accès libre, c’est devenu comme les réseaux sociaux. Risqué, voire dangereux, quand on évoque l’intime, le personnel. Je n’oublie pas qu’il y a deux ans, ma vie aurait pu basculer (Des Champs-Elysées à l’hôpital)

En famille

La semaine écoulée a été prodigue en moments forts : l’anniversaire de J.B. le 13 novembre, juste nous quatre, ses parents et son frère aîné (celui qui a été mêlé au procès-fleuve du 13 novembre 2015, auteur d’une magnifique plaidoirie : Croire au matin). J’avais choisi Drouant, parce que c’était un lundi soir et que la table y est toujours bonne. Le vol-au-vent Jean Cocteau tient sa réputation !

Puis ce furent deux petites journées d’une famille recomposée, la visite à ma très vieille mère sur les hauteurs de Nîmes dans ce qui est désormais la résidence de sa vie finissante. Famille recomposée car c’était la première fois, depuis si longtemps que la mémoire a dû en effacer la trace, que mes deux soeurs et moi nous nous retrouvions autour d’elle.

De la chambre qu’elle partage avec une autre pensionnaire, elle peut observer les oiseaux et les écureuils qui l’accompagnent dans les errements de sa mémoire. Chaque visite nous confirme une lente et inexorable dérive vers l’absence, parsemée pourtant de moments joyeux, de souvenirs heureux, qu’il faut chérir quand ils viennent. Admiration en tout cas pour ces « soignants » (encore ce jargon techno) qui font la vie plus douce…

Vendredi soir nous avions décidé de fêter l’anniversaire d’une rencontre qui a changé ma vie et la sienne, il y a quelques lustres. dans un lieu magique, considéré pour la 7e année consécutive comme le meilleur restaurant du monde. Et d’y être chaleureusement accueillis par le maître des lieux, Guy Savoy

(French chef Guy Savoy cooks in the kitchen of his Michelin three-starred restaurant « Restaurant Guy Savoy » in the Monnaie de Paris on September 21, 2017, in Paris. / AFP PHOTO / Eric Feferberg)

Des lectures

Je déguste le troisième tome des Mémoires de Franz-Olivier Giesbert. C’est bien écrit, très bien même, les portraits de politiques notamment ciselés à la pointe sèche, souvent d’une drôlerie irrésistible (l’allure d’un Fabius, la poignée de main de Balladur, etc.), une autodérision permanente. Et beaucoup d’informations « de l’intérieur ».

Dans un genre très proche, avec un égal talent de plume (comme Catherine Nay, Michèle Cotta est passée par la case Françoise Giroud à L’Express), ce récit à la première personne de cette Cinquième république qu’elle a vécue dès ses débuts.


Et enfin un autre livre, qui vient d’obtenir le prix Médicis, et qui se lit avec un plaisir de gourmet

« Toute mon adolescence, j’ai entendu parler des personnages d’ À la recherche du temps perdu, persuadée qu’ils étaient des cousins que je n’avais pas encore rencontrés. À la maison, les répliques de Charlus, les vacheries de la duchesse de Guermantes se confondaient avec les bons mots entendus à table, sans solution de continuité entre fiction et réalité. Car le monde révolu où j’ai grandi était encore celui de Proust, qui avait connu mes arrière-grands-parents, dont les noms figurent dans son roman. 
J’ai fini, vers l’âge de vingt ans, par lire la Recherche. Et là, ma vie à changé. Proust savait mieux que moi ce que je traversais. il me montrait à quel point l’aristocratie est un univers de formes vides. Avant même ma rupture avec ma propre famille, il m’offrait une méditation sur l’exil intérieur vécu par celles et ceux qui s’écartent des normes sociales et sexuelles. 
Proust ne m’a pas seulement décillée sur mon milieu d’origine. Il m’a constituée comme sujet, lectrice active de ma propre vie, en me révélant le pouvoir d’émancipation de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de réconciliation avec le Temps.
 » (Présentation de l’éditeur)

J’en ai profité pour aller boire un cocktail dans un tout nouvel établissement du centre de Paris, juste à côté du Carreau du Temple, la Maison Proust

Bonnes tables

J’avais coutume, dans mes précédents blogs, et même une fois sur celui-ci (Revue de tables) en 2015 (!), d’évoquer les restaurants que j’aime… ou que j’aime moins. J’avais découvert, par la même occasion, que certains de mes lecteurs, suivaient, ou critiquaient, mes avis, alors que je n’ai jamais eu la prétention de me substituer à un inspecteur du guide Michelin (bien qu’il me soit arrivé quelquefois d’être traité comme l’un d’eux par des restaurateurs sans doute surpris par la présence d’un homme seul !).

Je reviendrai le moment venu sur mes bons souvenirs à Montpellier (2890 jours, mes années Montpellier).

Je partage ma vie de pseudo-retraité entre Paris et le Val d’Oise, où les lieux agréables ne manquent pas. J’en évoquerai quelques-uns dans un ordre qui ne suit que mes humeurs.

Mauvaises surprises

Commençons par les désagréments – heureusement moins nombreux que les bonnes surprises.

. Chez André : avant un concert au Théâtre des Champs-Elysées, je voulais tester cette brasserie rue Marbeuf qui envahit les réseaux sociaux de sa publicité. Il était 18h15, le restaurant était quasi vide, mais le maître d’hôtel m’a dispensé de confirmer mon essai (lire ici : Visite sans retour.

Le Cabouillet : c’est une maison historique au bord de l’Oise à L’Isle Adam. On en aimait le charme désuet du temps des anciens propriétaires, une bonne cuisine de province, un peu chère, mais un service comme on n’en fait plus. On a continué de fréquenter l’établissement et son agréable terrasse en été. La carte avait changé, était devenue beaucoup plus chère, et avait surtout l’inconvénient de ne jamais bouger. Jusqu’au jour où on m’a facturé un verre de rosé 20 € !

La Grange de Belle-Eglise a conservé son étoile Michelin, on se demande pourquoi : je n’ai pas changé d’avis par rapport à ce que j’écrivais en juin 2020 (lire Etoile injustifiée)

Quand on veut se risquer à du roboratif, on n’est jamais déçu par la générosité des plats de L’Affiche :

En dépit des apparences, un cassoulet tout ce qu’il y a de plus digeste !

Maîtres cuisiniers à Auvers

Depuis que l’auberge Ravoux – la maison où Van Gogh avait sa chambre les derniers mois de sa vie en 1890 a fermé – c’était avant le confinement – puis rouvert épisodiquement, j’ai jeté mon dévolu sur deux adresses qui ne déçoivent jamais, qui démontrent au contraire leur souci du client, l’envie de bien travailler de bons produits.

Le Relais des peintres ,à Auvers-sur-Oise même, est devenue une étape régulière, tenue par deux frères talentueux – Sergio Pastoressa est devenu le week-end dernier Maître Cuisinier de France ! Distinction ô combien justifiée !

Délicieuse choucroute de la mer !

A quelques encablures d’Auvers, à Hérouville-en-Vexin, depuis deux ans, on n’a jamais pris en défaut Les Vignes Rouges, bel établissement historique, revu et rénové avec beaucoup de goût, jouxtant la belle église du village, qui ressemble à s’y méprendre à celle d’Auvers-sur-Oise !

Autre adresse notable qui a évolué ces dernières années du correct au banal et maintenant à l’excellent, le Maupertu au bord de la route d’Auvers à Pontoise.

Des étoiles

Il.y deux restaurants étoilés dans le Val d’Oise, les deux à quelques kilomètres d’Auvers : Le Chiquito à Méry sur Oise, L’Or Q’idée à Pontoise. Entre les deux mon coeur ne balance pas, puisque je les visite à intervalles réguliers, n’omettant jamais de féliciter les deux cheffes à l’oeuvre (Anne-Sophie Godry qui a repris les commandes du Chiquito, et Naoëlle d’Hainaut à Pontoise) et, lorsqu’elles me demandent mon avis, de faire telle ou telle suggestion. Il y a des souvenirs plus forts que d’autres pour nouer une relation forte : le samedi 14 mars 2020, prenant tout le monde de court, le premier ministre d’alors, Edouard Philippe, annonçait la fermeture le soir même de tous les établissements recevant du public pour cause de pandémie. Ce même soir, j’avais réservé à L’Or Q’idée : en arrivant au restaurant, c’est moi qui annonçai à Mathieu d’H….la mauvaise nouvelle. Quelques mois plus tard, nous fêtions ensemble la réouverture des restaurants.

Le confort bourgeois du Chiquito et le bonheur créatif dans l’assiette.

A L’Or Q’idée la surprise est toujours au programme.

Paris secret

À Paris, c’est, surtout depuis la crise Covid, l’aventure permanente. Tel établissement jadis réputé a sombré (Le Balzar, dans le quartier Latin, qui était une de mes tables favorites, a sombré corps et biens, le Petit Commines ne sait plus ce qu’est l’accueil du client), sans parler bien sûr de tous ceux qui ont disparu…

Il reste quand même de fières adresses, comme ma plus récente découverte, à l’ombre du Panthéon, dans la très discrète rue Laplace, La Table de Colette. Pour un déjeuner sain ,original et bon marché, pas mieux !

Toujours dans le centre de Paris, pour le déjeuner, La Méditerranée place de l’Odéon, reste un must. Des années que je n’y avais plus mis les pieds. Erreur ! Fruits de mer, poissons délicieux, prix modérés au déjeuner (un menu à 37 €; qui dit mieux ?). Un voiturier qui plus est…

Dans les quartiers plus canaille (on ne parle plus du Marais, où toutes les adresses sympathiques de jadis ont disparu), du côté de Belleville ou Oberkampf, on a un gros faible pour Les 3 Bornés (fine allusion à la toute proche rue des Trois Bornes), 71 rue Jean-Pierre Timbaud. C’est bon, c’est sain, c’est généreux, et ce n’est pas l’assommoir côté addition. Dans la rue Amelot, le détour chez Qui plume la lune s’impose.

Encore plus central dans Paris, deux adresses incontournables. Dans ce qui est censé être la plus vieille maison de Paris, l’Auberge Nicolas Flamel est une absolue merveille. Six ou sept visites, et jamais de routine, ni de répétition. Et contrairement à nombre d’étoilés, on peut encore trouver de la place presque le jour même (le chef nous ayant expliqué qu’il veut éviter le « syndrome » Michelin – restaurants réservés des mois à l’avance – et se garder la liberté d’accueillir ses hôtes au dernier moment.

Dans le même quartier, pas encore étoilé (mais ça ne saurait tarder), Dessance, 74 rue des Archives, chef hispanique en cuisine (ouverte), menus tout végétarien ou terre et mer. Accueil, service, au petit point, et dans l’assiette un festival de saveurs.

Des chefs étoilés

Je me dis, à l’occasion de la parution du Guide Michelin 2023, qu’il y a bien longtemps que je n’ai pas évoqué ici les bonnes tables que j’aime fréquenter. Promis c’est pour bientôt, surtout que les deux étoilés du Val d’Oise, où j’ai mes pénates, ont conservé leur macaron (pour ne pas les citer, le Chiquito à Méry-sur-Oise et L’Or Q’idée à Pontoise).

Je veux ici parler de deux très grands chefs… d’orchestre, qui sont depuis longtemps au firmament de nos amours musicales, à qui leurs éditeurs viennent de rendre un bel hommage discographique.

Abbado et la marque jaune

Comme naguère Deutsche Grammophon/Universal l’avait fait pour Karajan et Bernstein, le célèbre éditeur a réuni dans une grosse boîte très bien agencée la totalité du legs discographique pour Decca et DG de Claudio Abbado (1933-2014). Même s’il s’agit d’une édition limitée, le coffret n’est pas donné : plus de 700 € sauf sur Amazon.fr où il est accessible à 629 €.

L’éditeur a bien fait les choses: 257 CD et 8 DVD. Présentation par ordre alphabétique de compositeurs. Un beau livre richement illustré. Aucun inédit : tout ce qu’Abbado a enregistré depuis les premiers disques pour Decca au milan des années 60 jusqu’aux derniers avec son orchestre « Mozart » de Bologne ou le festival de Lucerne. Deux intégrales des symphonies de Beethoven (avec Vienne et Berlin, mais avec les Berliner seulement les captations faites en Italie, et non celles faites en studio à Berlin qu’Abbado avait finalement interdites), idem pour Brahms, pour Mahler quasiment trois intégrales partagées entre Berlin, Vienne et Chicago). La partie, pour moi, la plus intéressante, la plus émouvante aussi, est cette ultime série d’enregistrements réalisés à Bologne avec la formation fondée par le chef italien en 2004. Beaucoup m’avaient échappé, notamment ces Mozart si allègres, vif-argent. On ne peut s’empêcher d’être étreint par l’émotion lorsqu’on revoit les derniers concerts d’un homme dont le visage avait revêtu le masque de la mort qui allait finalement l’emporter au début de 2014.

Haitink et le Concertgebouw

Le lien entre l’orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam et le chef néerlandais Bernard Haitink (1929-2021) ne se réduit pas à la période, déjà considérable, pendant laquelle le second fut le directeur musical du premier, de 1964 à 1988. Les premiers enregistrements datent de 1959, les derniers des années 2010.

C’est ce que Decca a rassemblé dans un coffret luxueux – beaucoup moins cher qu’Abbado ! – Tous les détails ici : Bernard Haitink l’intégrale Concertgebouw

Comme je l’indique sur bestofclassic, le coffret regroupe tout ce que Bernard Haitink a enregistré avec la prestigieuse phalange amstellodamoise, et lorsqu’une intégrale comme les symphonies de Chostakovitch a été partagée entre Amsterdam et le London Philharmonic, l’éditeur a eu le bon goût de tout conserver !

Ce qui intéresse ici, c’est un grand nombre d’inédits en CD ou sur le marché international, comme des Dvorak, des Mendelssohn, c’est aussi, dans le cas de Bruckner et Mahler, l’ensemble des versions captées par le chef et l’orchestre, pas seulement celles retenues dans le cadre d’une intégrale. Et le cadeau des DVD – que j’avais déjà depuis longtemps achetés aux Pays-Bas- des concerts de Noël consacrés à Mahler.

Evoquant Bernard Haitink, je ne peux oublier les concerts qu’il a dirigés ces dix dernières années à la tête de l’Orchestre national de France. Je me rappelle en particulier celui du 23 février 2015, quelques semaines après l’inauguration de l’Auditorium de la Maison de la radio. J’étais bien sûr allé saluer le chef dans sa loge, qui était restée fermée un long moment, parce que, avec l’aide de son épouse, le vieil homme tenait à se changer et à se présenter « dans une tenue décente » (selon les mots de Madame !) à ceux qui venaient le féliciter. La modestie et la gentillesse de Bernard Haitink n’étaient pas feintes. C’est lui qui nous remerciait de l’avoir invité et écouté !

Journal du Portugal (IV) : de soleil et d’eau

Pas de vacances au Portugal sans le soleil, les plages, les fontaines, l’Atlantique, le Tage (à Lisbonne), le Douro (à Porto). Clichés attendus, souvenirs d’un pays qu’on aimera revoir, continuer à découvrir.

IMG_4720Lisbonne, Rossio

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IMG_4945Porto, le Douro par temps gris

IMG_5023Ponte de Limaprésentée comme « la plus vieille ville » du Portugal

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IMG_5499Rêveries d’un promeneur solitaire…

IMG_5161Évora, Fonte de Porta de Moura, une fontaine érigée en 1556 tout en marbre blanc

IMG_5255Dans le jardin d’une maison d’hôtes, un bassin multicolore

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IMG_5549Plage polluée aux hydrocarbures à Sinescité natale de Vasco de Gama

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Faro et sa ligne de chemin de fer en bord de mer

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La côte atlantique entre Aljezur et Vila Nova de Milfontes

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Les superbes plages de la Costa da Caparica

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Et les inévitables couchers de soleil sur le Tage et Lisbonne…

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IMG_5614Le pont du 25 avril qui a des airs de Golden Gate Bridge est inauguré le 6 août 1966, et a été rebaptisé ainsi en référence à la Révolution des oeilletsle 25 avril 1974, qui a mis fin à soixante ans de dictature salazariste.

Et puisque je dînais hier soir dans un restaurant étoilé qui donne sur le Jardin Amália Rodrigues au nord de Lisbonne…

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hommage en musique à la grande prêtresse du fado