Des chefs éloquents

J’ai souvent cité la collection Eloquence – dont le critique français, installé au Québec, Christophe Huss a parfaitement raconté l’histoire (lire Vingt-cinq années d’Eloquence) – et l’excellence des choix éditoriaux de son responsable Cyrus Meher-Homji. Mais les prix de ces coffrets sont exorbitants, et il faut naviguer entre les différents sites et pays pour les trouver plus raisonnables.

Coup sur coup, ce sont trois chefs d’orchestre qui sont honorés, et c’est une bonne chose que de retrouver quelques enregistrements mémorables.

Walter le Viennois

J’ai déjà écrit un article sur Walter Weller (1939-2015) au moment de son décès, et rappelé les grands disques qu’il a laissés comme chef d’orchestre.(lire Wiener Walter). Ce coffret de 20 CD rassemble tous ses enregistrements pour Decca

CD 1
BARTÓK Rhapsody Sz.27; Piano Concerto No. 1
Pascal Rogé; London Symphony Orchestra

CD 2
BARTÓK Piano Concertos Nos. 2 & 3
Pascal Rogé; London Symphony Orchestra

CD 3
BRAHMS 21 Hungarian Dances
Royal Philharmonic Orchestra

CD 4
DUKAS L’Apprenti sorcier; Symphony in C major
London Philharmonic Orchestra

CD 5
GRIEG Peer Gynt
Royal Philharmonic Orchestra
SMETANA Haakon Jarl
Israel Philharmonic Orchestra

CDs 6–8
MOZART Violin Concertos Nos. 1–5
Rondo K.269; Adagio K.261; Rondo K.373
Violin Concerto K. 271a (attrib. Mozart)
ECK Violin Concerto
Mayumi Fujikawa; Royal Philharmonic Orchestra

CD 9
PROKOFIEV Symphonies Nos. 1 & 7
London Symphony Orchestra

CD 10
PROKOFIEV Symphony No. 2; The Love for Three Oranges Suite
London Philharmonic Orchestra

CD 11
PROKOFIEV Symphony No. 3; Scythian Suite
London Philharmonic Orchestra

CD 12
PROKOFIEV Symphony No. 4; Russian Overture
London Philharmonic Orchestra

CD 13
PROKOFIEV Symphony No. 5
London Symphony Orchestra

CD 14
PROKOFIEV Symphony No. 6
London Philharmonic Orchestra

CD 15
RACHMANINOFF Symphony No. 1
Orchestre de la Suisse Romande

CD 16
RACHMANINOFF Symphony No. 2
London Philharmonic Orchestra

CD 17
RACHMANINOFF Symphony No. 3; The Rock
London Philharmonic Orchestra

CD 18
SHOSTAKOVICH Symphonies Nos. 1 & 9
Orchestre de la Suisse Romande

CD 19
SMETANA Má vlast
Israel Philharmonic Orchestra

CD 20
Prima Donna in Vienna
Pilar Lorengar; Wiener Opernorchester

Ne pas oublier le formidable Quatuor Weller, interprète particulièrement inspiré des Viennois

Frühbeck l’Espagnol

Ses parents étaient allemands, mais comme il est né à Burgos, il a tôt fait d’hispaniser son patronyme : Rafael Frühbeck de Burgos (1933-2014) est l’un de ces chefs d’orchestre qu’on voit souvent comme accompagnateur sur les pochettes de disques, et de préférence pour la musique espagnole. Image évidemment réductrice, que n’a pas eu à subir Walter Weller !

Ce coffret de 11 CD permet d’élargir notre connaissance de l’art du chef espagnol, avec plusieurs inédits en CD.

CD 1
MENDELSSOHN A Midsummer Night’s Dream: Overture, Op. 21 & Incidental Music, Op. 61
Hanneke van Bork; Alfreda Hodgson
Ambrosian Singers; New Philharmonia Orchestra
FIRST INTERNATIONAL RELEASE ON CD

CD 2
MENDELSSOHN A Midsummer Night’s Dream Overture, Op. 21
SCHUMANN Symphony No. 3 ‘Rhenish’
London Symphony Orchestra
FIRST RELEASE ON CD

CD 3
MENDELSSOHN Violin Concerto in E minor
BRUCH Violin Concerto No. 1
Ion Voicu; London Symphony Orchestra

CD 4
FALLA El amor brujo
GRANADOS Intermezzo (Goyescas)
RAVEL Pavane pour une infante défunte; Alborada del gracioso
Nati Mistral; New Philharmonia Orchestra

CD 5
ALBÉNIZ (orch. Frühbeck de Burgos)
Suite española No. 1; Cordoba
New Philharmonia Orchestra

CD 6
KHACHATURIAN Piano Concerto
FRANCK Variations symphoniques
FAURÉ Fantaisie for Piano and Orchestra
Alicia de Larrocha; London Philharmonic Orchestra

CD 7
MONTSALVATGE Concerto breve
SURIÑACH Piano Concerto
Alicia de Larrocha; Royal Philharmonic Orchestra

CD 8
FALLA Noches en los jardines de España
ALBÉNIZ Rapsodia española
TURINA Rapsodia sinfonica
Alicia de Larrocha; London Philharmonic Orchestra

CD 9
RODRIGO Fantasía para un gentilhombre
OHANA Tres gráficos
Narciso Yepes; Orquesta Nacional de España
FIRST RELEASE ON CD

CD 10
BACARISSE Guitar Concertino
TORROBA Homenaje a la Seguidilla
Narciso Yepes; Orquesta Nacional de España
FIRST RELEASE ON CD

CD 11
OHANA Tres gráficos
RUIZ-PIPO Tablas
Narciso Yepes; Orquesta Nacional de España

J’avais acquis une intégrale des symphonies de Beethoven captée au Danemark, le chef étant déjà marqué par la maladie, mais délivrant une interprétation tout à fait remarquable

J’ai aussi une série de CD « live » captés avec l’orchestre philharmonique de Dresde, avec Bruckner, Richard Strauss… et rien d’espagnol !

Mais on écoute et réécoute souvent par exemple la suite d’orchestre qu’il a tirée d’Iberia d’Albeniz

et de précieux disques d’extraits de zarzuelas… qu’on ne trouve qu’en Espagne !

Atherton : Londres-Vienne

C’est un disque que j’ai de toute éternité dans ma discothèque

avec une oeuvre que je m’amusais toujours à diffuser pour piéger mes amis et/ou mes auditeurs

Cette pochade de Schoenberg – La brigade de fer -écrite au milieu de la Première guerre mondiale – révèle un aspect nettement moins sérieux et austère d’un compositeur qui continue à effrayer certains publics.

Mais jusqu’à la parution de ce nouveau coffret, je dois bien avouer que, en dehors des Schoenberg, j’ignorais la plupart des enregistrements réalisés par David Atherton et le London Sinfonietta

CD 1 MOZART
Serenade K. 361 ‘Gran Partita’
FIRST RELEASE ON CD

CD 2 MOZART
Serenades K. 375 & 388
Antony Pay
FIRST RELEASE ON CD

CD 3 SPOHR
Clarinet Concertos Nos. 1 & 2
Antony Pay 
FIRST RELEASE ON CD

CD 4 SCHUBERT
Mass No. 4
Wind Octet D.72*
Eine kleine Trauermusik
Gesang der Geister über den Wassern
Phyllis Bryn-Julson; Jan DeGaetani
Anthony Rolfe Johnson; Malcolm King
London Sinfonietta Chorus
*FIRST RELEASE ON CD

CD 5 SCHOENBERG
Verklärte Nacht*
Serenade Op. 24
John Shirley-Quirk
*FIRST INTERNATIONAL RELEASE ON CD

CD 6 SCHOENBERG
Chamber Symphony No. 1*
Pierrot Lunaire
Ein Stelldichein*
Herzgewächse*
Three Pieces for Chamber Orchestra*
Nachtwandler (Brettl-Lieder)*
Mary Thomas; June Barton

CD 7 SCHOENBERG
Wind Quintet
Der Wunsch des Liebhabers*
Der neue Klassizimus*
Lied der Waldtaube (Gurrelieder)*
Die eiserne Brigade
Weihnachtsmusik*
Anna Reynolds
London Sinfonietta Chorus
*FIRST INTERNATIONAL RELEASE ON CD

CD 8 SCHOENBERG
Suite Op. 29
Ode to Napoleon Buonaparte
Phantasy for Violin and Piano*
Gerald English
Nona Liddell; John Constable
*FIRST INTERNATIONAL RELEASE ON CD

CD 9
STRAVINSKY Agon*
BERG Chamber Concerto
György Pauk; Paul Crossley
*FIRST INTERNATIONAL RELEASE ON CD

CD 10
GERHARD
Libra; Gemini; Leo
FIRST RELEASE ON CD

CDs 11–12 WEILL
Kleine Dreigroschenmusik
Mahagonny Songspiel; Violin Concerto
Happy End; Das Berliner Requiem
Pantomime I; Vom Tod im Wald
Mary Thomas; Meriel Dickinson
Philip Langridge; Ian Partridge
Benjamin Luxon; Michael Rippon
Nona Liddell
 

CD 13 LIGETI
Melodien for Orchestra
Double Concerto
Chamber Concerto
Aurèle Nicolet; Heinz Holliger

C’est vraiment avec ce genre de publications que la collection Eloquence prouve son utilité. Grâce en soit rendue à Cyrus Meher-Homji !

Et toujours mon actualité : brèves de blog

Bonnes et moins bonnes affaires

Je voulais consacrer ce billet aux bonnes affaires que j’ai faites ces derniers temps.

Mais je ne peux ni ne veux échapper à l’actualité

Information/désinformation

Je ne reviens pas sur les affaires Bayou ou Bétharram (cf. brevesdeblog), mais sur deux éléments d’actualité, sans commune mesure mais où la désinformation continue de primer sur l’information.

Trump/Zelensky

Zelensky est attendu ce vendredi à Washington, pour, nous dit-on, signer un accord avec les Etats-Unis concernant l’exploitation future des « terres rares » du sous-sol ukrainien. Entendu ce matin d’abord sur France Inter puis dans Télématin sur France 2, l’explication lumineuse de Guillaume Pitron :

On voit bien les diplomates et nombre de responsables politiques se boucher le nez : ainsi la paix en Ukraine se résumerait à un deal – « tu me donnes accès à ton sous-sol, je te garantis le soutien des Etats-Unis ». Comme si l’issue de tous les grands conflits dans le passé ne s’était pas soldée par des marchandages territoriaux et économiques…

Les malheurs de Cyril H.

En France, on a l’impression que le monde télévisuel est en passe de s’écrouler, parce que C8 et NRJ12 cessent d’émettre sur la TNT ce vendredi. Ah ces salauds de l’ARCOM et du Conseil d’Etat qui briment la liberté d’expression ! Ah oui ? Qui a seulement fait remarquer que la décision de l’ARCOM de supprimer à ces deux chaînes l’accès à la TNT gratuite, n’entraînait nullement leur disparition. La décision d’arrêter a été prise par les actionnaires et eux seuls. Ne pas refaire l’histoire !

J’en parle d’autant plus librement que je ne regarde jamais C8 !

Je ne résiste pas au plaisir de reproduire ici le texte posté sur Linkedin par un avocat qui sait de quoi il parle en matière de droit du travail :

Pierre-Francois ROUSSEAU • Avocat associé PHI AVOCATS

🔥 Grosse Darka en vue : Et si, au final, C8 et Cyril Hanouna devaient sortir le chéquier pour indemniser les centaines de salariés laissés sur le carreau ? 💸 ?

🚨 Rappel des faits : Le 11 décembre 2024, l’Arcom a mis fin au règne de C8 sur le TNT et fermé le doss’ en refusant de renouveler sa fréquence TNT. Décision confirmée définitivement par le Conseil d’Etat.

Résultat ? Fermeture de la chaîne, licenciements en cascade.

Pourquoi cette sentence sévère ?

👉 le non respect récurrent de la convention autorisant C8 à exploiter la fréquence

👉 35 sanctions en 12 ans, dont 7 rien qu’en 2024 (non respect des droits des personnes, défaut de protection des mineurs, atteinte à la dignité,… tout y passe).

👉 Un défaut chronique de maîtrise de l’antenne depuis plusieurs années

Or qui sont les responsables de ces manquements ? C8 et H2O (la prod de Cyril Hanouna).

Mais voilà où ça devient croustillant 👀

La jurisprudence est formelle :

⚖️ Quand l’employeur est responsable des difficultés économiques de son entreprise, le licenciement qui en découle est sans cause réelle et sérieuse (Cass. Soc. 29 mai 2024, n°22-10654).

⚖️ Les salariés peuvent même attaquer un tiers (ici, la prod de « TPMP ») s’il a contribué à la chute de l’entreprise (Cass. Soc. 28 sept. 2010, n° 09-41.243).

Baba a toujours dit : « La télé, c’est une grande famille »… Mais là, certains vont peut-être vouloir récupérer l’héritage ! 📺

Affaire à suivre, mes p’tites beautés ! 🥰

Et pour les férus de droit du travail, petit paradoxe en cas d’action judiciaire : au prudhommes C8 bénéficiera des plafonds du barème Macron alors que H2O devant le tribunal judiciaire pourrait être condamnée sans limite. Mais une chose est certaine les deux ne pourront pas être condamnées en même temps car la Cour de Cassation rejette la double indemnisation (Cour de cassation, civile, Chambre sociale, 27 janvier 2021, 18-23.535) ». (Linkedin, 27.02.2025)

Bonnes affaires

Pour revenir à la musique, quelques-unes de mes bonnes affaires récentes.

Ormandy à l’italienne

Pré-commandé il y a plusieurs semaines à la FNAC, le second coffret des enregistrements stéréo d’Eugene Ormandy (1964-1983) sort ces jours-ci. Je me suis aperçu, comme pour le précédent coffret, qu’il est 30 € moins cher sur Amazon.it. Avis aux amateurs !

Tout Albeniz

Je n’avais pas spécialement repéré ce coffret paru chez Bis. Mais au prix proposé actuellement sur jpc.de, on achète et on écoute

L’été 24 (V): retrouver Rafael Orozco et José Iturbi

Ridicule

Qu’est-ce qu’on aime, en France, s’auto-flageller, se disputer pour tout et rien, surtout rien d’ailleurs ! Se réjouir, simplement se réjouir, c’est possible ? pour moi oui : Paris 2024, hymnes à l’amour, Les classiques de l’ouverture.

Ridicules ces polémiques à propos d’une scène – qui n’est pas la Cène – sur la Seine, toutes ces photos de la Maire de Paris (médaille d’or pour elle) avec des athlètes qui ne lui doivent rien, ces visites en province d’une autoproclamée Première ministre qui ne sera pas nommée…

Orozco enfin

Cela faisait longtemps qu’on l’attendait, la réédition des enregistrements réalisés au mitan des années 70 par le pianiste espagnol Rafael Orozco (1946-1996) à qui j’ai consacré déjà plusieurs billets ici (Un grand d’Espagne), que j’avais applaudi une seule fois en récital, au Théâtre des Champs-Elysées, dans une fabuleuse intégrale d’Iberia d’Albeniz

Je râle toujours à propos du coût de ces rééditions, surtout en France (20 € d’écart entre la FNAC et un site anglais !)

Mais le contenu est à la hauteur de nos attentes, et de nos souvenirs. Les concertos de Rachmaninov sont bien connus depuis toujours, le reste avait peu ou prou disparu.

CD 1
CHOPIN 
Piano Concerto No. 2
Andante spianato et Grande Polonaise brillante
Edo de Waart

CD 2
CHOPIN 
The Four Scherzos
Nocturne Op. 62 No. 2;* Berceuse
*FIRST RELEASE ON CD

CD 3
CHOPIN Piano Sonata No. 2
LISZT Piano Sonata in B minor

CD 4
SCHUMANN Kreisleriana; Fantasie

CD 5
RACHMANINOFF Works for Piano
Preludes Opp. 3/2, 32/10* & 23/5; Melodie Op. 3/3; Polichinelle Op. 3/4*; Liebesleid (after Kreisler); Études-tableaux Opp. 33/3,* 33/6* & 39/5*; Moment musical Op. 16/3*
*FIRST RELEASE ON CD

CD 6
RACHMANINOFF Piano Concertos Nos. 1 & 4
Edo de Waart

CD 7
TCHAIKOVSKY Piano Concerto No. 1
RACHMANINOFF Piano Concerto No. 2
Edo de Waart

CD 8
RACHMANINOFF Piano Concerto No. 3
Rhapsody on a theme of Paganini
Edo de Waart

L’Espagnol d’Hollywood

J’ai ressorti de ma discothèque un double CD que j’y avais à vrai dire un peu oublié.

Jean-Charles Hoffelé a rappelé quel Prince du son était le pianiste né en 1895 à Valence, mort à Los Angeles en 1980.

On lira l’excellent article de Christophe Huss dans Le Devoir pour retrouver le destin exceptionnel de ce musicien : José Iturbi, l’inconnu le plus célèbre de la musique

J’ai sur mon piano une photo que je conserve précieusement depuis que la compagne du chef d’orchestre Paul Strauss (1922-2007), directeur musical de l’orchestre de Liège de 1967 à 1977, m’avait confié plusieurs documents lui ayant appartenu.

Quel bonheur ineffable d’écouter de superbes enregistrements réalisés à la fin des années 50, ce piano profond très bien capté, où la virtuosité n’efface jamais l’élégance du chant.

Comme L’Isle joyeuse de Debussy :

La guitare et la grâce

Un récital de guitare ce n’est pas, a priori, la perspective la plus emballante pour qui est habitué aux grands concerts d’orchestre ou aux récitals de piano. Mais dès qu’on a vu Thibaut Garcia programmé dans le cadre du festival d’Auvers-sur-Oise, à côté de chez moi, on n’a pas hésité une seconde.

Des musiciens j’en ai rencontré des centaines, des milliers peut-être, des artistes talentueux aussi, et je me suis toujours efforcé – ce n’était d’ailleurs pas un effort ! – de les inviter à jouer, dans les différentes responsabilités qui ont été les miennes, mais de cette espèce très rare de musiciens qui ont la grâce, je peux les compter sur les doigts des deux mains.

Ceux-là, qui sont souvent devenus mes amis, je ne veux pas tous les citer ici – il suffit de lire ce blog – ils ont ce quelque chose qu’on peine à définir et qui ne tient ni à leur technique, ni à leur look, qui est l’essence profonde de leur être, que faute de mieux on appelle la grâce. Ils arrivent sur la scène, ils captent instantanément l’attention de l’auditoire, ils le captivent, le mènent au bout d’une émotion indescriptible par des mots.

Thibaut Garcia, 29 ans déjà (!), en fait partie. C’est ce que j’ai écrit pour Bachtrack : Thibaut Garcia ou la grâce. C’est aussi pourquoi je l’avais invité à plusieurs reprises au Festival Radio France, en 2017, 2018 et 2021.

Un papier de critique est toujours frustrant, en ce qu’il ne permet pas d’appuyer une démonstration autrement que par des mots.

La grâce et la besogne

Je ne suis pas un spécialiste de la guitare, mais je sais faire la part entre le talent et la besogne, la musique et le scolaire.

Je n’ai longtemps eu que des « best of » de récitals de guitare d’artistes alors considérés comme des références.

Ainsi, j’ignore pourquoi, les célèbres Recuerdos de la Albambra de Francisco Tarrega me bouleversent, depuis que j’ai découvert un disque de Narciso Yepes.

Et puis apparaît Thibaut Garcia, et soudain cette jolie mélodie débitée plus ou moins rapidement par ces grands noms de la guitare d’autrefois, Yepes, John Williams, devient un chef-d’oeuvre. Garcia chante, respire, ose des transitions de toute beauté, et on est ému aux larmes

Veut-on un autre exemple de « tube » de la guitare ? Asturias d’Albeniz, que Thibaut Garcia jouait.samedi soir. On n’a pas voulu/pu filmer plus que quelques secondes, mais celles-ci disent dejà l’enthousiasme qui nous saisit quand on écoute le jeune Toulousain.

Samedi soir, Thibaut Garcia nous faisait découvrir l’oeuvre d’un compositeur qu’il chérit particulièrement Agustin Barrios, et il ouvrait son récital avec cette Mazurka appassionata.

On avait vraiment la tête dans les étoiles…

Emprunts et empreintes (suite)

J’avais écrit un article – Emprunts et empreintes ou la Marseillaise et Mozart – qui est toujours régulièrement consulté. Je vais lui donner une suite, en rapport avec l’actualité.

L’automne de Harrison Ford ou comment John Williams copie Glazounov

Le Festival de Cannes vient de rendre hommage à Harrison Ford, à l’occasion du cinquième épisode de Indiana Jones ou les aventuriers de l’arche perdue.

(Photo by Patricia DE MELO MOREIRA / AFP)

Le comédien octogénaire a dit ne plus supporter le tube planétaire qu’est devenue la musique composée par John Williams pour ce film.

Réécoutant, au fil des jours, le fabuleux coffret Ansermet (lire Ansermet enfin)

si longtemps attendu, je tombe sur cet extrait des Saisons de Glazounov :

Comme un furieux air de famille non ? entre John Williams et Glazounov ? Sans doute inconscient de la part du compositeur américain qui connaît très bien ses classiques. Et plutôt amusant dans un ballet censé illustrer l’automne…

Succès planétaire

Du même John Williams, un autre tube planétaire, la musique de Stars Wars, ici avec le compositeur lui-même dirigeant, excusez du peu, l’orchestre philharmonique de Vienne

Je n’ai jamais eu l’occasion de le lui demander, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il s’est inspiré cette fois consciemment d’une oeuvre qui a assuré la célébrité internationale de son auteur, Les Planètes (1918) de Gustav Holst

Le tango d’Aliciaet de Nelson

Le tango, cette danse populaire née dans le quartier de La Boca à Buenos Aires, a évidemment inspiré quantité de compositions « sérieuses », la plus connue étant sans doute celle d’Isaac Albeniz, ce tango qui fait partie de la suite pour piano España. L’occasion pour moi aujourd’hui d’un clin d’oeil à la grande pianiste espagnole Alicia de Larrocha, disparue en 2009, qui était née il y a cent ans exactement, le 24 mai 1923.

L’émotion m’étreint lorsque je découvre l’une des dernières prestations publiques de cet autre géant du piano, le si aimé et regretté Nelson Freire, qui joue ici la transcription faite par Leopold Godowsky de ce même tango d’Albeniz.

Je rappelle pour mémoire cet article sur l’indicatif du Festival de Cannes : Le générique interdit.

Ansermet enfin

On savait par son biographe, l’ami François Hudry, que Decca avait prévu d’honorer le chef suisse Ernest Ansermet (1883-1969) par une monumentale réédition de son legs discographique à l’occasion des 50 ans de sa mort en 2019. Puis silence radio (lire mon billet de décembre 2021 Disques fantômes). Sur la foi d’une nouvelle date de parution annoncée pour avril 2022, j’avais commandé le premier et plus important coffret de cette édition – Ernest Ansermet, the Stéréo Years – chez l’éditeur allemand jpc.de. C’est finalement un an après la date annoncée que j’ai reçu le précieux coffret.

On n’a pas à regretter le retard pris sur la date initiale de publication, tant l’objet qui nous est livré est à tous égards remarquable.

A la différence d’autres éditeurs (Sony, Decca pour le récent Dorati/Detroit), on a ici des minutages très généreux… et des pochettes d’origine. Sur chaque pochette, figurent tous les détails qu’un mélomane curieux est en droit d’attendre, les interprètes bien sûr, les minutages, les dates et lieux précis d’enregistrement.. et de première publication, les équipes de prise de son, etc… Dans le livret quadrilingue (français, anglais, allemand, japonais), d’excellents, quoique trop brefs à notre goût, textes de François Hudry et Jon Tolansky. Et le tableau extrêmement détaillé de tous les enregistrements réalisés par Ansermet, de leurs dates de publication, etc. Un coffret « mono » doit suivre.

Je connaissais déjà la quasi totalité de ces enregistrements, et en admirais de longue date les prises de son, presque toutes réalisées au Victoria Hall de Genève, par les ingénieurs de Decca de la grande époque. De ce que j’ai pu entendre de ce nouveau coffret, les remastérisations sont impressionnantes, en ce qu’elles gomment les défauts des premières prises stéréo, sans altérer – au contraire – leur parfait équilibre. Et quand Decca annonce toutes les captations stéréo cela comprend aussi des enregistrements qu’on ne connaissait pas en CD, comme une 1ère et une 8ème symphonies de Beethoven captées en mai 1956 (sept ans avant l’intégrale des symphonies)

En terres germaniques

Quant au contenu, il permettra, on l’espère, d’élargir la perception qu’on a de ce grand chef, une fois pour toutes catalogué comme spécialiste de la musique française. On aime tellement enfermer les musiciens dans des cases…

Qu’on écoute seulement ce qu’Ansermet fait de la demi-douzaine de cantates de Bach qu’il a gravées, des symphonies parisiennes de Haydn (la première intégrale en stéréo !), bien sûr des symphonies de Brahms et Beethoven, si proches de conception de son contemporain Monteux

Les Weber, Mendelssohn, Schumann (magnifique 2ème symphonie) ne manquent ni d’élan ni de saveur.

Maître de ballet

Qui pourrait oublier qu’Ansermet a été, de 1915 à 1923, le chef des Ballets Russes, qu’il a, à ce titre, créé les partitions du Tricorne de Manuel de Falla, de Noces de Stravinsky, qu’il a étroitement connu ceux dont il dirigeait les oeuvres ! Ses enregistrements des trois grands ballets de Tchaikovski, de Coppélia de Delibes, de Glazounov, évidemment de Stravinsky (malgré la brouille qui les a séparés après la guerre, Ansermet refusant de jouer les partitions « révisées » par Stravinsky, qui, ce faisant, régénérait le compteur de ses droits d’auteur!). Dans Tchaikovski en particulier, les tempi d’Ansermet peuvent parfois surprendre, on ne doit jamais oublier que lui savait ce qu’était qu’accompagner des danseurs !

Une curiosité sans limite

On ne peut résumer ici ce que fut l’incroyable carrière du chef suisse, fondateur en 1918 de l’Orchestre de la Suisse Romande qu’il dirigea jusqu’en 1967, ni l’étendue de ses curiosités et de ses répertoires. Mais on en trouve, dans ce coffret, l’éclatant témoignage.

De Sibelius, il a laissé deux symphonies, dont une surprenante Quatrième :

En septembre 1968 pour l’un de ses tout derniers enregistrements, il grave la 3ème symphonie d’Albéric Magnard.

Il n’oublie jamais ses contemporains suisses, Honegger bien sûr (c’est Ansermet qui crée le poème symphonique Pacific 2.3.1, Frank Martin

On l’a bien compris, ce coffret est une malle aux trésors, qu’on n’a pas fini de redécouvrir.

De Nelson à Nelsons

Il y avait, cette semaine à Paris, une concentration de concerts qu’on n’aurait pas voulu manquer : rien qu’au Théâtre des Champs-Elysées l’hommage à Nicholas Angelich jeudi, le récital de Nelson Goerner vendredi, le Roméo et Juliette de Berlioz par les Strasbourgeois à la Philharmonie de Paris, Phryné de Saint-Saëns (et Hervé Niquet !) à l’Opéra-Comique hier soir, et d’autres à la Maison de la radio. Mais on a pu fêter l’Orchestre philharmonique de Vienne pour le dernier concert de sa tournée européenne hier soir Avenue Montaigne !

Le très admirable Nelson

Mon dernier billet (Ardeurs et pudeurs de la critique) était parti, entre autres, d’une chronique de Philippe Cassard dans L’Obs du 2 juin, où il ne disait pas que des gentillesses sur un récent coffret consacré à une pianiste française. Le débat s’est poursuivi en particulier sur Facebook, et Cassard, à qui l’on reprochait de perdre le peu de place qu’il a dans l’hebdomadaire pour amocher un disque, répliquait que l’essentiel de ses billets révélait ses enthousiasmes. À preuve, le dernier paru, le 9 juin, où le pianiste-producteur-critique n’a pas assez de mots pour tresser les louanges de Nelson Goerner et de son dernier disque.

Regrets d’autant plus vifs pour moi de n’avoir pu assister au récital de l’ami Nelson: vendredi soir au TCE il jouait un superbe programme, dont des extraits d’Iberia

Ceux qui me suivent savent que je connais, admire et aime Nelson Goerner depuis… 32 ans, lorsque j’eus l’honneur de faire partie du jury du Concours de Genève, qui lui décerna un Premier prix à l’unanimité en 1990.

Le chef Nelsons

Le temps passe vite. La dernière fois que j’avais vu le chef letton Andris Nelsons en concert à Paris, c’était en novembre 2015 à la Philharmonie (lire La reine et le géant). Ensuite, j’avais vu son concert de Nouvel an à Vienne, le 1er janvier 2020.

Hier soir, au Théâtre des Champs-Elysées, il dirigeait le même Orchestre philharmonique de Vienne (dernier d’une série de concerts en Europe) dans un programme pour le moins original : Gubaidulina, Chostakovitch, Dvorak !

De la compositrice russe Sofia Gubaidulina (90 ans), les Wiener Philharmoniker et Nelsons avaient retenu une oeuvre brève (12′) datant de 1971, Märchen-Poem, qui dans le contexte de l’époque, ne ressemble vraiment en rien à ce que l’avant-garde ouest-européenne produisait, et même assez peu à ce que ses aînés et contemporains comme Chostakovitch ou Schnittke écrivaient.

De la Neuvième symphonie de Chostakovitch, l’oeuvre géniale d’un compositeur qui, pour célébrer la fin de la Seconde guerre mondiale, fait un gigantesque pied de nez à Staline et à l’establishment soviétique, Andris Nelsons et les Viennois font une lecture classique, dense, mais dépourvue des aspérités, de l’ironie mordante, qu’y mettait un Kondrachine (qui demeure pour moi la référence pour cette symphonie). On admire le sublime solo de basson de la jeune Française Sophie Dervaux. Et on goûte à chaque instant le velours incomparable de cet orchestre qui n’a pas abdiqué de son identité sonore (les cordes, les cors !)

En deuxième partie, la Sixième symphonie de Dvorak, composée pour l’Orchestre philharmonique de Vienne… qui ne la créa pas ! L’oeuvre est rare au concert, elle était d’autant plus bienvenue hier. De nouveau, le chef letton opte pour une lecture dense, charnue, au détriment du rebond rythmique si important dans ce matériau thématique directement inspiré de la Bohème natale du compositeur. C’est même parfois pataud. Mais tout l’art du chef consiste à gommer les faiblesses d’un finale qui n’en finit pas de tourner sur lui-même, et, aidé par la formidable cohésion et virtuosité collective des Philharmoniker, conduit ses troupes au triomphe et à une longue ovation du public.

En bis, une valse de Strauss, mais pas la plus attendue ni la plus connue : Wo die Zitronen blühen. Que Nelsons avait dirigée le 1er janvier 2020.

Sous les pavés la musique (IX) : Igor Markevitch la collection Philips

C’était annoncé depuis l’été (lire Igor Markevitch et la zarzuela), attendu avec impatience. Deux coffrets reprenant les disques gravés par Igor Markevitch (1912-1983) pour Philips et pour Deutsche Grammophon.

C’est peu dire qu’on est comblé par le travail, une fois de plus remarquable, que le responsable de la collection Eloquence, Cyrus Meher-Homji a effectué d’abord pour rassembler l’intégralité des enregistrements réalisés par le chef d’origine russe pour le label hollandais Philips, et restaurer (« remasteriser » dit-on maintenant) les bandes d’origine, le plus spectaculaire étant la véritable résurrection des captations moscovites de 1962 (cf.ci-dessous)

Le « nettoyage » des bandes a aussi pour effet secondaire de rendre plus audibles les sonorités parfois crues de certaines phalanges – on a tant perdu l’habitude des saveurs parfois acidulées des bois français dans l’orchestre Lamoureux du début des années 60 ! – et, pour ce qui est des troupes espagnoles, chanteurs et orchestre, de défauts d’intonation et de justesse qui ne doivent pas cependant nous faire regretter de disposer enfin de ce patrimoine inattendu de la part de Markevitch.

CD 1
FRANZ JOSEPH HAYDN (1732–1809)
1–4 Symphony No. 103 in E flat major, H.I:103 ‘Drum Roll’*
5–8 Symphony No. 104 in D major, H.I:104 ‘London’*
Orchestre des Concerts Lamoureux

CARL MARIA VON WEBER (1786–1826)
Preciosa – Overture, Op. 78, J.279
Orquesta Sinfónica de la RTV Española

*FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA

CD 2
WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756–1791)
1–3 Piano Concerto No. 20 in D minor, KV 466
4–6  Piano Concerto No. 24 in C minor, KV 491
Clara Haskil, piano
Orchestre des Concerts Lamoureux

CD 3
LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770–1827)
1–4 Symphony No. 1 in C major, Op. 21*
5–8  Symphony No. 5 in C minor, Op. 67*
9–12 Symphony No. 8 in F major, Op. 93*
Orchestre des Concerts Lamoureux
*FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA

CD 4
LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770–1827)
1–4 Symphony No. 9 in D minor, Op. 125 ‘Choral’*
Hilde Gueden, soprano
Aafje Heynis, contralto
Fritz Uhl, tenor
Heinz Rehfuss, baritone
Oratorienchor Karlsruhe
Orchestre des Concerts Lamoureux

*FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA

CD 5
LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770–1827)
1–3 Piano Concerto No. 3 in C minor, Op. 37

FRÉDÉRIC CHOPIN
 (1810–1849)
4–6 Piano Concerto No. 2 in F minor, Op. 21
Clara Haskil, piano
Orchestre des Concerts Lamoureux

CD 6
ALBAN BERG (1885–1935)
1–2 Violin Concerto ‘To the Memory of an Angel’
Arthur Grumiaux, violin
Concertgebouworkest

JOHANNES BRAHMS (1833–1897)
Tragic Overture, Op. 81
Alto Rhapsody, Op. 53

ZOLTÁN KODÁLY (1882–1967)
Psalmus Hungaricus, Op. 13
Irina Arkhipova, contralto (Alto Rhapsody)
Róbert Ilosfalvy, tenor (Psalmus Hungaricus)
Russian State Academy Choir
USSR State Symphony Orchestra

CD 7
GEORGES BIZET (1838–1875)
1–5 Carmen – Suite No. 1
6–10 Carmen – Suite No. 2
11–14 L’Arlésienne – Suite No. 1
15–17 L’Arlésienne – Suite No. 2
Orchestre des Concerts Lamoureux

CD 8
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
1–4 Symphony No. 1 in G minor, Op. 13, TH.24 ‘Winter Daydreams’
5–8 Symphony No. 2 in C minor, Op. 17, TH.25 ‘Little Russian’
London Symphony Orchestra

CD 9
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
1–5 Symphony No. 3 in D major, Op. 29, TH.26 ‘Polish’
London Symphony Orchestra
Francesca da Rimini, Op. 32, TH.46
New Philharmonia Orchestra

CD 10
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
1–4 Symphony No. 4 in F minor, Op. 36, TH.27
Hamlet, Op. 67
London Symphony Orchestra
New Philharmonia Orchestra

CD 11
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
1–4 Symphony No. 5 in E minor, Op. 64, TH.29
London Symphony Orchestra

CD 12
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
1–4 Symphony No. 6 in B minor, Op. 74, TH.30 ‘Pathétique’
London Symphony Orchestra

CD 13
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
1–4 Manfred Symphony, Op. 58, TH.28
London Symphony Orchestra

CD 14
NIKOLAI RIMSKY-KORSAKOV (1844–1908)
1–5 Capriccio Espagnol, Op. 34
6–9 Scheherazade, Op. 35
Erich Gruenberg, solo violin
London Symphony Orchestra

CD 15
PYOTR ILYICH TCHAIKOVSKY (1840–1893)
Ouverture solennelle ‘1812,’ Op. 49

NIKOLAI RIMSKY-KORSAKOV (1844–1908)
Russian Easter Festival, Overture, Op. 36

ALEXANDER BORODIN (1833–1887)
Polovtsian Dances (from Prince Igor)
Netherlands Radio Chorus (Borodin)
Concertgebouworkest

CD 16
IGOR STRAVINSKY (1882–1971)
1–10 Apollon musagète (1947 version)
11–14 Suite No. 1 for Small Orchestra
15–18 Suite No. 2 for Small Orchestra
19–22 Four Norwegian Moods
23 Circus Polka for a Young Elephant
London Symphony Orchestra

CD 17
IGOR STRAVINSKY (1882–1971)
1–24 L’Histoire du Soldat
Jean Cocteau, Jean-Marie Fertey, Peter Ustinov, narrators
Manoug Parikian, violin
Joachim Gut, double bass
Ulysse Delécluse, clarinet · Henri Helaerts, bassoon
Maurice André, trumpet · Roland Schnorkh, trombone
Charles Peschier, percussion

25–27 Symphonie de Psaumes
Boys’ and Male Voices of the Russian State Academic Choir
Russian State Academy Orchestra

CD 18
MODEST MUSSORGSKY (1839–1881)
Orch. Markevitch
1 Cradle Song
2 The Magpie
3 Night
4 Where art thou, little star?
5 The Ragamuffin
6 On The Dnieper
Galina Vishnevskaya, soprano

NIKOLAI TCHEREPNIN (1873–1945)
7–13 Tàti-Tàti*
Olga Rostropovich, piano

LEOPOLD MOZART (1719–1787)
14–16 Toy Symphony (Cassation in G major for Orchestra and Toys)°

GEORGES BIZET (1838–1875)
17–21 Jeux d’enfants – Petite Suite, Op. 22°
Children’s Ensemble of the Moscow School of Music (Toy Symphony)
USSR State Symphony Orchestra

*FIRST CD RELEASE ON DECCA
°FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA

CD 19
GIUSEPPE VERDI (1813–1901)
La forza del destino – Sinfonia
Macbeth – Ballet Music (Act III)
La traviata – Prelude (Act I)
Luisa Miller – Overture
Aida – Overture
Giovanna d’Arco – Overture
La traviata – Prelude (Act III)
I vespri siciliani – Overture
New Philharmonia Orchestra

Messa da Requiem*
beginning
9–10 Requiem et Kyrie

CD 20
GIUSEPPE VERDI (1813–1901)
1–19 Messa da Requiem*
conclusion
Galina Vishnevskaya, soprano
Nina Isakova, mezzo-soprano
Vladimir Ivanovsky, tenor
Ivan Petrov, bass
Russian State Academy Choir
Moscow Philharmonic Orchestra

*FIRST STEREO CD RELEASE ON CD

CD 21
FEDERICO MOMPOU (1893–1987)
1–8 Los Improperios
Peter Christoph Runge, baritone
Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

TOMÁS LUIS DE VICTORIA (c. 1548–1611)
Ave Maria
10 Vexilla regis
Escolania de nuestra Señora del Buen Retiro
César Sanchez, Maestro de la Escolanía
Coro de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

PADRE JAIME FERRER (1762–1824)
11–16 Lamentación 1a
Ángeles Chamorro, soprano
Norma Lerer, contralto
Julian Molina, tenor
Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española

CD 22
TOMÁS LUIS DE VICTORIA (c. 1548–1611)
1–8 Magnificat primi toni
Coro de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

ÓSCAR ESPLÁ Y TRIAY (1886–1976)
9–12 De Profundis
Ángeles Chamorro, soprano
Ines Rivadeneyra, mezzo-soprano
Carlo del Monte, tenor
Antonio Blancas, baritone
Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

ERNESTO HALFFTER (1905–1989)
13 Canticum in P.P. Johannem XXIII*

IGNACIO RAMONEDA (1735–1781)
14 Veni Creator*
Ángeles Chamorro, soprano
Antonio Blancas, baritone
Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

*FIRST CD RELEASE ON DECCA

CD 23
MANUEL DE FALLA (1876–1946)
1–7 Siete Canciones populares españolas*
Orchestrated by Igor Markevitch

ISAAC ALBÉNIZ (1860–1909)
8 Catalonia°

ERNESTO HALFFTER (1905–1989)
9 Fanfare (a la memoria de Enrique Granados)*

ENRIQUE GRANADOS (1867–1916)
10 Spanish Dance, Op. 37 No. 9 ‘Romantica’°
11 Spanish Dance, Op. 37 No. 4 ‘Villanesca’°
12 Intermezzo (from Goyescas)°
13 Zapateado (from Six Pieces on Spanish Folksongs)°
14 Spanish Dance, Op. 37 No. 8 ‘Asturiana’°
Ángeles Chamorro, soprano (Falla)
Orquesta Sinfónica de la RTV Española

*FIRST CD RELEASE ON DECCA
°FIRST INTERNATIONAL CD RELEASE ON DECCA

CD 24
MANUEL DE FALLA (1876–1946)
1–3 Noches en los jardines de España
Clara Haskil, piano
Orchestre des Concerts Lamoureux

4–16 El amor brujo

EMMANUEL CHABRIER (1841–1894)
17 España – rapsodie pour orchestre

MAURICE RAVEL (1875–1937)
18 Boléro
Ines Rivadeneyra, contralto (El amor brujo)
Orquesta Sinfónica de la RTV Española

CD 25
ANTOLOGIA DE LA ZARZUELA
*
GERÓNIMO GIMÉNEZ (1854–1923)
1–3 La Tempranica (excerpts)

AMADEO VIVES (1871–1932)
4–5 Doña Francisquita (excerpts)

GERÓNIMO GIMÉNEZ (1854–1923)
El baile de Luis Alonso: Intermedio

VICENTE LLEÓ BALBASTRE (1870–1922)
La corte de Faraón: Son las mujeres de Babilonia – ¡Ay ba!

PABLO LUNA (1879–1942)
8–10 El Niño Judio (excerpts)

TOMÁS BRETÓN (1850–1923)
11–13 La Verbena de la Paloma (excerpts)
Ángeles Chamorro, Alicia de la Victoria, sopranos · Norma Lerer, contralto
Angel Custodio, Gregorio Gil, Carlo del Monte, tenors
Rafael Enderis, baritone
Julio Catania, Jesus Coiras, José Granados, Antonio Lagar, José Le Matt, basses
Coro y Orquesta Sinfónica de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

CD 26
MANUEL PENELLA (1880–1939)
El Gato Montés: Pasadoble

FRANCISCO ALONSO (1887–1948)
La Calesera: Dice el Rey que le debe guardar

RUPERTO CHAPÍ Y LORENTE (1851–1909)
3–4 La Revoltosa (excerpts)

FEDERICO CHUECA (1846–1908)
Agua, Azucarillos y Aguardiente: Vivimos en la Ronda de Embajadores

GERÓNIMO GIMÉNEZ (1854–1923)
La Tempranica: Zapateado
La boda de Luis Alonso: Intermedio

RUPERTO CHAPÍ Y LORENTE (1851–1909)
El tambor de Granaderos: Preludio

FRANCISCO ASENJO BARBIERI (1823–1894)
9–11 El barberillo de Lavapiés (excerpts)

RUPERTO CHAPI Y LORENTE (1851–1909)
12 El Rey que Rabio: Coro de doctores

GERÓNIMO GIMÉNEZ (1854–1923)
13 Enseñanza Libre: Gavota

MANUEL FERNANDEZ-CABALLERO (1835–1906)
14 Gigantes y Cabezudos: Jota
Ángeles Chamorro, Alicia de la Victoria, sopranos · Norma Lerer, contralto
Carlo del Monte, José Antonio Viñe, tenors · Antonio Lagar, bass
Orquesta Sinfónica y Coros de la RTV Española
Alberto Blancafort, chorus master

IGOR MARKEVITCH
*FIRST COMPLETE RELEASE ON CD OF ‘ANTOLOGIA DE LA ZARZUELA’

STEREO RECORDINGS

On attend maintenant avec autant d’impatience le coffret Eloquence Deutsche Grammophon !

Artur et Helmut

J’étais en train de préparer un papier enthousiaste sur un de ces coffrets-trésors qui nous restitue l’art d’un très grand chef, un peu disparu des radars, Artur Rodzińskiné à Lviv en 1892, mort à Boston en 1958.

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A propos d’un précédent coffet sur Robert Casadesus, je dénonçais le prix de vente abusivement élevé de ce type de rééditions dans les magasins français. Ai-je été entendu ? Cette nouveauté Scribendum est disponible autour de 40 €. Une aubaine dont il faut d’autant plus profiter qu’un vrai travail de remasterisation permet de redécouvrir, dans leur splendeur originelle, des prises de son magnifiques, les premières stéréo à Londres.

Si l’on devait trouver un qualificatif facile pour décrire l’art de ce chef, on pourrait le situer entre Toscanini et Monteux, pour la précision, l’alacrité rythmique, le sens des couleurs. On aime tout particulièrement les Falla, Albeniz, Kodaly, une 5ème de Chostakovitch âpre et droite, des Tchaikovski idiomatiques (superbe Casse Noisette) …

Tous les détails de ce coffret miracle ci-dessous.

La nouvelle de l’après-midi c’est bien sûr la disparition d’Helmut KohlL’honnête chancelier chrétien-démocrate est entré dans l’Histoire, en se faisant, envers et contre tout et tous, l’artisan résolu d’une réunification de l’Allemagne que personne, à commencer par lui, n’imaginait aussi rapide à l’orée des années 90. Chapeau bas !

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Les détails du coffret Scribendum / Rodzinski

Albéniz:

Navarra

El Corpus Christi en Sevilla (from Iberia, book 1)

Triana (from Iberia, book 2)

Beethoven:

Symphony No. 5 in C minor, Op. 67

Bizet:

Carmen Suite No. 1

Carmen Suite No. 2

Borodin:

Prince Igor: Polovtsian Dances

Dvorak:

Slavonic Dances Nos. 1-8, Op. 46 Nos. 1-8

Slavonic Dances Nos. 9-16, Op. 72 Nos. 1-8

Symphony No. 9 in E minor, Op. 95 ‘From the New World’

Falla:

El sombrero de tres picos – Suite

Ritual Fire Dance (from El amor brujo)

Franck, C:

Symphony in D minor

Le Chasseur maudit

Glinka:

Ruslan & Lyudmila Overture

Granados:

Danza española, Op. 37 No. 5 ‘Andaluza’

Grieg:

Peer Gynt Suites Nos. 1 & 2

Ippolitov-Ivanov:

Caucasian Sketches

Kodály:

Dances of Galanta

Dances of Marosszék

Háry János Suite

Mussorgsky:

Pictures at an Exhibition

A Night on the Bare Mountain

Khovanshchina: Prelude

Prokofiev:

Symphony No. 1 in D major, Op. 25 ‘Classical’

The Love for Three Oranges: Suite Op. 33b

Rachmaninov:

Symphony No. 2 in E minor, Op. 27

Rimsky Korsakov:

Russian Easter Festival Overture, Op. 36

Rossini:

Guillaume Tell Overture

Schubert:

Symphony No. 8 in B minor, D759 ‘Unfinished’

Shostakovich:

Symphony No. 5 in D minor, Op. 47

Strauss, J, II:

An der schönen, blauen Donau, Op. 314

Kaiser-Walzer, Op. 437

Frühlingsstimmen Walzer Op. 410

Rosen aus dem Süden, Op. 388

Geschichten aus dem Wienerwald, Op. 325

Strauss, R:

Don Juan, Op. 20

Till Eulenspiegels lustige Streiche, Op. 28

Der Rosenkavalier – Suite

Salome: Dance of the Seven Veils

Tanzsuite aus Klavierstücken von François Couperin

Tod und Verklärung, Op. 24

Tchaikovsky:

The Nutcracker, Op. 71

Symphony No. 4 in F minor, Op. 36

Symphony No. 5 in E minor, Op. 64

Symphony No. 6 in B minor, Op. 74 ‘Pathétique’

Romeo & Juliet – Fantasy Overture

Wagner:

Tristan und Isolde: Prelude & Liebestod

Die Walküre: Ride of the Valkyries

Die Walkure: Magic Fire Music

Götterdämmerung: Siegfried’s Funeral March

Götterdämmerung: Dawn and Siegfried’s Rhine Journey

Tristan und Isolde: Prelude & Liebestod

Die Meistersinger von Nürnberg: Overture

Die Meistersinger von Nürnberg: Dance of the Apprentices

Lohengrin: Prelude to Act 1

Tannhäuser: Overture

Chicago Symphony Orchestra

Royal Philharmonic Orchestra

New York Philharmonic

Philharmonia Orchestra

Columbia Symphony Orchestra

Vienna State Opera Orchestra

Investiture

Rien n’avait été laissé au hasard au soir du 7 mai et de la victoire d’Emmanuel Macron, notamment le choix de la musique qui a accueilli le président élu sur l’esplanade du Louvre (lire Quelle histoire ! )

Le choix des musiques jouées lors de la cérémonie d’investiture à l’Elysée, ce matin, ne doit non plus rien au hasard.

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D’abord Camille Saint-Saëns et un extrait arrangé de Cyprès et Lauriers – une oeuvre de circonstance célébrant la Victoire de 1918 et dédiée au président de la République de l’époque, Raymond Poincaré.

Puis l’air du champagne de Don Giovanni de MozartOn n’a pas manqué de gloser sur ce choix, pas très orthodoxe selon les tenants d’une tradition guindée. Un appel à faire la fête… trop osé ?

Tant que le vin
Leur échauffe la tête,
Fais préparer
Une grande fête.
Si tu trouves sur la place
Quelque fille,
Tâche de l’amener
Elle aussi avec toi.
Que la danse n’obéisse
À nulle ordonnance,
Tu feras danser
À l’une le menuet
À l’autre la contredanse,
À celle-ci l’allemande.
Et moi pendant ce temps,
De mon côté
À celle-ci et à celle-là
Je veux faire la cour.
Ah ! demain matin
Ma liste devra
Être plus longue
D’une dizaine.
(Air du champagne, Don Giovanni, Mozart)

Et tandis que le nouveau président saluait ses invités dans la Salle des Fêtes de l’Elysée, retentissait l’ouverture d’Orphée aux Enfers d’Offenbach, et son célèbre cancan, qui n’engendre pas précisément la tristesse !

Je ne garde aucun souvenir musical marquant des précédentes cérémonies d’investiture, à l’exception de 2007, lorsque l’épouse d’alors du nouveau président, Cécilia Sarkozy, avait fait jouer Asturias de son arrière-grand-père Isaac Albeniz

Comme je l’ai écrit ici – Ratages officiels – les cérémonies d’investiture, d’installation, ou de couronnement, ont rarement donné lieu à des chefs-d’oeuvre. Il y a quelques exceptions, dans la musique britannique en particulier. De Haendel à Walton, les couronnements, jubilés des monarques britanniques ont été autant d’occasions de célébrations en musique. Comme les Coronation Anthems de Haendel.

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Deux oeuvres de Mozart portent le sous-titre de Couronnement, sa Messe KV 317 qui n’a rien à voir avec un couronnement royal ou impérial, mais avec une commémoration religieuse du Couronnement de la Vierge, et son 26ème concerto pour piano qui n’a pas été écrit en vue d’un couronnement, mais joué un an après sa création, en 1790 à Francfort à l’occasion – mais pas pendant – du couronnement de Leopold II.

https://www.youtube.com/watch?v=ZMjzPJacd6g

En France, il était depuis plus de deux siècles considéré comme acquis que c’était Méhul l’auteur de la Messe du Sacre de Napoléon. France Musique a révélé, il y a quelques mois, que ce n’était pas le cas !

Quant aux musiques royales françaises, ce n’est pas en un billet, ni même en deux ou dix, que je pourrais les éovquer…

En cette journée d’installation du nouveau président de la République, je veux faire entendre ici le Chant des partisansqui a résonné sous la voûte de l’Arc de Triomphe le 8 mai dernier, en présence des deux présidents Hollande et Macron, et qui a manifestement ému le nouvel élu, comme j’avoue l’être à chaque fois que j’entends cet hymne à la Liberté.