Une journée à Paris

Durant ma diète des festivals, j’ai passé deux jours à Paris. Sans raison, sans obligation. Juste pour le plaisir de me livrer à mon exercice favori : parcourir la ville à pied.

Fashion victims

La rue où j’habite est déserte, sauf à son extrémité où dès 9 h du matin une file s’est formée à l’approche de l’un de ces magasins éphémères qui ont remplacé quasiment toutes les enseignes classiques.

Il y a quelques semaines, un dimanche matin, à quelques mètres, c’était une autre file constituée exclusivement de jeunes femmes voilées qui attendait de pouvoir acheter des abayas dans une boutique tout aussi éphémère…

Je ne vais plus au Café Charlot surtout depuis la réponse inepte qu’on avait faite à ma remarque sur TripAdvisor. J’ai repris mes habitudes au Progrès, malgré les échafaudages qui enserrent le bâtiment et recouvrent la terrasse, mais le petit soleil du matin parvient à s’y glisser.

Le figaro du boulevard Beaumarchais

Je vais boulevard Beaumarchais chez mon figaro habituel (!) me faire rafraîchir la tête en prévision des vacances. Et j’emprunte le bus 96 pour rejoindre le secteur de l’Odéon. Du monde en ce milieu de matinée, pas mal de personnes âgées (il faudra quand même que je me résolve à me compter parmi elles !) et de familles de touristes. Un petit garçon anglais que son père a assis à côté de moi se réveille à la vue de Notre-Dame.

Je descends au carrefour de l’Odéon et vais faire une petite visite chez Gibert. rayon classique d’abord. Tout un bac bien rempli de CD à 6,99 €, avec un paquet de parutions récentes. Je m’en fais un bouquet :

Je ne suis pas très convaincu du caractère « vendeur » de disques programmes avec des titres passe-partout (comme celui de Nathanaël Gouin) ou énigmatiques (comme celui de Pontier), mais l’un et l’autre sont très intelligemment composés. Quant au Brahms de Laloum, il manquait à ma collection de 3e sonates de Brahms 🙂

Le Debussy/Satie de Fazil Say n’est pas récent, mais il manquait à ma discothèque. Quant au CD d’Edgar Moreau – qui lui aussi succombe à la manie des titres (mais quand même plus originaux que la collection de son confrère Gautier C. que Warner ne cesse de recycler !) – il vaut pour un programme remarquable dont on comprend le fil rouge : de Bloch Schelomo et From Jewish Life, le concerto pour violoncelle de Korngold, Kol Nidrei de Bruch et une transcription des deux mélodies hébraïques de Ravel. Et ce sont les Lucernois chers à mon coeur qui l’accompagnent.

Je passe ensuite du côté librairie, où comme d’habitude, je choisis un peu au hasard, quitte parfois à me retrouver avec des bouquins en double. Je me dis que ces trois-là iront bien pour lire dans l’avion ou sur un transat.

J’ai réservé une table chez Lipp. Le maître d’hôtel qui m’accueille a toujours ce faux air de Paul Meurisse. Il m’avait prévu à l’intérieur, je préfère la terrasse. Autour de moi presque exclusivement des touristes, les « habitués » ont pris leurs quartiers d’été.

Du melon, une tranche de pâté en croûte comme on n’en fait plus.. que chez Lipp, une salade et un verre de saumur feront l’affaire. En revenant des toilettes, j’avise un vieillard décati sur une banquette faisant face à un homme plus jeune : Gabriel Matzneff a vraiment tout perdu de la superbe qu’il affichait effrontément quand il était encore fréquentable et fréquent sur les plateaux de télévision. Je n’ai jamais lu aucun de ses livres, ni aimé le personnage. Une répulsion originelle.

Je reprends ma déambulation en passant devant le porche de Saint-Germain-des-Prés

La rue Bonaparte, puis la rue Jacob – je ne sais plus à quel numéro il est indiqué que Wagner a séjourné quelques mois en 1847 – pour rejoindre la rue de Seine.

la fameuse coupole de l’Institut

En débouchant sur le parvis de l’Institut, j’avise une exposition à entrée libre d’oeuvres de l’académicien Pierre-Yves Trémois (1921-2020). Le nom ni la « signature »graphique de ce dessinateur/peintre ne me sont inconnus, mais je découvre ces toiles que je ne connaissais pas.

L’exposition « L’anatomie du trait » est visible jusqu’au 25 septembre.

Je franchis la passerelle des Arts, d’ordinaire noire de monde. Pour la première fois depuis longtemps, je prends place sur un banc et durant de longues minutes, je regarde la Seine et les bateaux-mouches qui s’y croisent. Dans aucune autre capitale au monde on n’a cette proximité avec le fleuve qui traverse la cité, a fortiori ces deux îles (Saint-Louis et la Cité) qui rendent plus bucolique encore la promenade du piéton.

Je traverse la majestueuse Cour Carrée du Louvre, dont les abords ont enfin été débarrassés des cabines de chantiers qui les encombraient depuis des lustres. J’emprunte la rue Jean-Jacques Rousseau, si penaude et étroite que je me demande à chaque fois pourquoi une telle différence de traitement avec ses camarades de l’époque, Diderot et Voltaire (celui-ci ayant droit, à Paris, à une rue, un quai et un boulevard !). Je vais faire un tour à la FNAC, dans ce qui reste du rayon classique, surpris par l’affluence juvénile et féminine : en fait l’agitation se fait devant tout un mur dédié au K-Pop (j’ignorais le phénomène jusqu’à ce que j’en découvre des adeptes au sein de ma propre famille !)

Je ressors assez vite du forum des Halles, pour rejoindre les rues plus familières du Marais. Le ciel menace mais j’aurai encore le temps de boire un thé à la terrasse des Marronniers. Je cherche un bon moment le nom de l’acteur qui vient de s’asseoir à deux chaises de moi. Je l’ai souvent vu dans des seconds rôles, mais j’ai surtout le souvenir de ses « stand-up » vraiment très drôles il y a une trentaine d’années. Je découvre sur YouTube une série désopilante « Marguerite et François »Laurent Spielvogel joue alternativement Marguerite Duras et François Mitterrand.

Je poursuis mon chemin dans le dédale de petites rues que je connais par coeur, comme la rue des Rosiers, où je trouve l’affluence inhabituelle pour un mardi après-midi. Tout un groupe d’enfants et d’adolescents vêtus comme pour aller à la synagogue s’affaire autour de deux stands que je ne prends pas le temps d’examiner. Un jeune garçon m’aborde : « Pardon Monsieur, êtes-vous de confession juive ? » Je lui réponds par la négative dans un sourire. Je le sens comme gêné.

Mais j’aurais pu lui raconter les origines de ma famille maternelle, d’un patronyme – Zemp – qui n’a rien de germanique, mais qui puiserait plutôt ses racines du côté de juifs hongrois qui auraient trouvé refuge et accueil bienveillant en Suisse orientale il y a quelques siècles.

Je regagne mes pénates en passant par la rue de Thorigny, où le musée Picasso ne semble pas attirer la foule habituelle.

Je vais retourner dîner chez Nicolas Flamel – une adresse dont j’avais parlé il y a plus de deux ans dans un article, dont il faudrait que je révise plusieurs paragraphes Bonnes Tables). Troisième chef en moins de trois ans, mais le jeune Italien Marco Sergiampietri qui est aux manettes depuis janvier semble bien reparti pour regarnir sa table d’une étoile Michelin.

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Diète estivale

Comme me le disait le rédacteur en chef de Bachtrack (édition française) au début de l’été : « Les vacances ça fait du bien aussi ». Donc je fais une sorte de diète de festivals cette année. Avant Montpellier jusqu’en 2022, je faisais un tour à Avignon, Aix-en-Provence, Orange, et après Montpellier j’étais comme vidé de toute envie de spectacle ou de concert. C’est ainsi que j’ai délaissé depuis longtemps La Roque d’Anthéron ou Salon-de-Provence, où j’ai pourtant de merveilleux souvenirs

Ici même j’ai rendu compte des deux seuls concerts auxquels j’ai assisté en juillet (lire Le chant merveilleux de Marianne et Le phénomène Yuja). Les prochains seront pour la dernière semaine d’août.

Ma nouvelle fonction de reviewer (je préfère finalement le terme anglais au prétentieux « critique musical » français) m’a permis depuis deux ans de visiter des festivals que je ne connaissais pas ou mal.

À Colmar – où je n’étais plus revenu depuis trente ans – je découvrais, en 2023, la programmation du nouveau directeur artistique, mon ami Alain Altinoglu, et surtout ce très jeune chef finlandais, dont tout le microcosme musical faisait grand cas, Tarmo Peltokoski (Le début d’une belle histoire entre Peltokoski et le Capitole de Toulouse).

Ça c’était début juillet, et à la fin du même mois, je m’étais laissé embarquer à Marvão,: « Les lieux sont spectaculaires : à 2h30 de route à l’est de Lisbonne, un promontoire rocheux culminant à 900 mètres et dominant toute la plaine de l’Alentejo, à quelques kilomètres de l’Espagne. » (lire Pépites portugaises). Dans un lieu improbable, j’avais découvert un chef – Dinis Sousa – un orchestre – l’Orquestra XXI – et entendu une formidable Cinquième de Mahler (Un grand Mahler) le 29 juillet 2023.

Je découvre sur YouTube cette captation faite le lendemain à Lisbonne :

Alain Lompech est allé à Marvão cette année. Son enthousiasme à lire sur Bachtrack : Marvão, royaume de la musique et des musiciens rejoint et ravive les souvenirs de cette expédition.

En 2024 j’étais retourné à Colmar, cette fois pour y entendre le maître des lieux avec ses musiciens de La Monnaie et fin août, dans une ville que je connais presque par coeur et que je pensais bien peu festivalière – Nîmes – j’avais entendu la joyeuse équipe réunie autour d’Alexandre Kantorow

Mais quand au cours de mes balades – (Loin du monde), je vois des noms familiers affichés au programme de telle abbaye, de telle église, quand je lis leur actualité sur Instagram, j’ai un peu l’impression de prolonger d’abord une amitié, ensuite des souvenirs, tant de souvenirs partagés.

Thomas Ehnco était hier soir à La Romieu, que je visitais le 18 juillet dernier.

Le cloître de la Collégiale de La Romieu (Gers)

Certains souvenirs me poursuivent et me poursuivront longtemps, comme celui de Jodie Devos, ce 15 juillet 2022 à Montpellier…

Message personnel

Le 25 juillet Laurent Guimier – qui fut un éphémère mais formidable collègue à Radio France – écrivait sur un réseau social que je ne fréquente plus guère : » Il est amoureux. Tout le temps. Amoureux de la musique, de la radio, des soirs à l’Auditorium, au 104 et des festivals ensoleillés. Amoureux d’une équipe qui pense et fabrique sa radio avec passion. Alors moi j’aime @mvoinchet et tout ce qu’il fait pour @francemusique« 

Le 14 juillet 2015, je voyais débarquer à Montpellier ce Marc Voinchet que je ne connaissais que de loin. Il venait d’être pressenti par Mathieu Gallet pour prendre la direction de France Musique, et nous avions passé une bonne partie de la soirée à évoquer cette chaîne qui avait tant compté pour moi (30 ans ont passé) et qui était alors en pleine crise. J’avais parié avec Marc qu’il dépasserait le score de tous ses prédécesseurs – dont la durée de vie à cette fonction n’excédait pas deux ou trois ans ! –

Marc a traversé de redoutables épreuves personnelles ces derniers mois. Je l’ai vu à Montpellier il y a quelques jours. Je sais qu’il a besoin de tous nos messages, de toute notre amitié. Je l’embrasse.

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Les raretés de l’été (VI) : Arrau et Cherkassky à Pasadena

Hollywood, Malibu, Santa Monica, Beverly Hills… des lieux mythiques, des « quartiers » de l’immense cité des anges, Los Angeles. Mais Pasadena qui connaît ? J’ai un souvenir, à l’automne 1987, d’un trajet qui me parut très long, vers cette banlieue universitaire, où l’Orchestre de la Suisse romande et Armin Jordan devaient donner un concert à l’Auditorium de la ville.

Dans cet ensemble, la grande salle – le Civic Auditorium – fait 3000 places, la plus petite, l’Ambassador Auditorium, appelée par certains le’ « Carnegie Hall de l’Ouest » se targue d’avoir accueilli Claudio ArrauVladimir AshkenazyHoracio GutierrezAlicia de LarrochaArthur RubinsteinAndrés SegoviaYo-Yo MaJean-Pierre RampalGerhard OppitzBing CrosbySammy Davis JuniorFrank Sinatra, les Vienna Philharmonic,  Vienna Symphony,  Berlin Philharmonic avec Herbert von Karajan (qui y dirigea la 9e symphonie de Mahler en 1982 !). Tout cela appartient au passé, l’ensemble ayant été mis en vente en 2024 !

J’évoque Pasadena parce qu’un petit éditeur anglais – First Hand Records – vient de publier, à quelques semaines d’intervalle, deux précieux coffrets, disponibles – ce n’est pas négligeable – à petit prix.

Ce cher Shura

Ceux qui me suivent savent mon admiration pour ce personnage hors normes, ce pianiste inclassable, qu’était Shura Cherkassky (1909-1995). C’est dire si je me suis précipité sur les 5 CD de ce coffret :

29 APRIL 1981 CD1 [74:09] Frédéric CHOPIN (1810–1849) 1. Ballade No. 1 in G minor, Op. 23 2. Nocturne No. 2 in E flat major, Op. 9, No. 2 3. Nocturne No. 15 in F minor, Op. 55, No. 1 4–5. Andante spianato et Grande Polonaise brillante in E flat major, Op. 22 Interval 6. Fantaisie in F minor, Op. 49 7. Impromptu No. 2 in F sharp major, Op. 36 8. Fantaisie-impromptu in C sharp minor, Op. 66 9. Scherzo No. 2 in B flat minor, Op. 31 Encores: 10. Nocturne No. 3 in B major, Op. 9, No. 3 11. Waltz No. 5 in A flat major, Op. 42, ‘Grande valse’

13 JANUARY 1982 CD2 [71:06] Jean-Baptiste LULLY (1632–1687) 1–5. Suite de Pièces Felix MENDELSSOHN (1809–1847) 6. Scherzo a Capriccio in F sharp minor, Op. 5 Pyotr Il’yich TCHAIKOVSKY (1840–1893) 7–10. Grand Sonata in G major, Op. 37 Interval Frédéric CHOPIN 11. Polonaise No. 7 in A flat major, Op. 61, ‘Polonaise-fantaisie’ 12. Ballade No. 4 in F minor, Op. 52

CD3 [72:19] Józef (Josef) HOFMANN (1876–1957) Charakterskizzen, Op. 40 (1908) 1. No. 4. Kaleidoskop Franz LISZT (1811–1886) 2. Réminiscences de Don Juan, S418 (1841) Encores: Shura CHERKASSKY (1909–1995) 3. Prélude pathétique (1922) Frédéric CHOPIN 4. Waltz No. 5 in A flat major, Op. 42, ‘Grande valse’ (1840) Recorded 18 NOVEMBER 1987 César FRANCK (1822–1890) 5–7. Prélude, Choral et Fugue, M. 21 (1884) Robert SCHUMANN (1810–1856) 8–28. Carnaval, Op. 9 (1834–35)

CD4 [53:26] Sergey RACHMANINOV (1873–1943) 1. Variations on a Theme of Corelli, Op. 42 (1931) Józef (Josef) HOFMANN Charakterskizzen, Op. 40 (1908) 2. No. 4. Kaleidoskop Frédéric CHOPIN 3. Nocturne No. 15 in F minor, Op. 55, No. 1 (1844) 4. Barcarolle in F sharp major, Op. 60 (1846) Franz LISZT 5. Valse de l’opéra Faust de Gounod, S407/R166 (1861) Encores: Isaac ALBÉNIZ (1860–1909) España, Op. 165 (1890) 6. II. Tango (arr. 1921 Leopold GODOWSKY (1870–1938)) RACHMANINOV 7. Polka de W.R. (arr. of Lachtäubchen, Scherzpolka, Op. 303 by Franz BEHR, 1837–1898) Pyotr Il’yich TCHAIKOVSKY The Seasons, Op. 37a (1876) 8. No. 10. October: Autumn Song Recorded 2 NOVEMBER 1989

CD5 [46:05] George Frideric HANDEL (1685–1759) 1. Keyboard Suite No. 5 in E Major, HWV 430 (1720): IV. Air and Variations, ‘The Harmonious Blacksmith’ Robert SCHUMANN Fantasy in C major, Op. 17 (1838) 2. III. Langsam getragen. Durchweg leise zu halten Interval Pyotr Il’yich TCHAIKOVSKY 6 Morceaux, Op. 19 (1873) 3. VI. Thème original et variations Sergey RACHMANINOV 7 Morceaux de salon, Op. 10 (1894) 4. III. Barcarolle in G minor Franz LISZT 5. Hungarian Rhapsody No. 2 in C sharp minor, S244/R106 (1847) Encores: Isaac ALBÉNIZ España, Op. 165 (1890) 6. II. Tango (arr. 1921 Leopold GODOWSKY (1870–1938))

On y entend, dans un son magnifiquement restitué, tout ce qui faisait l’art de ce pianiste : la variété du répertoire, l’originalité de l’approche, et le chic absolu de tous ses « bis », échos d’une époque définitivement révolue…

L’éditeur n’en est pas à son coup d’essai avec Shura Cherkassky, puisqu’il avait réédité ce double CD des enregistrements du pianiste pour His Master’s Voice

Claudio Arrau « live »

La plus récente parution au coeur de l’été est une formidable occasion d’entendre ce que donnait le grand pianiste chilien Claudio Arrau (1903-1991) en concert dans ses dernières années. Une fois de plus le « live » avec ses imperfections me paraît tellement plus éloquent que les disques de studio.

February 1977 CD1 [51:12] Ludwig van BEETHOVEN (1770–1827) 1–3. Piano Sonata No. 30 in E major, Op. 109 Franz LISZT (1811–1886) 4–7. Sonata in B minor, S178

CD2 [57:24] Johannes BRAHMS (1833–1897) 1–5. Piano Sonata No. 3 in F minor, Op. 5 10 February 1981 Ludwig van BEETHOVEN Piano Sonata No. 13 in E flat major, Op. 27, No. 1, ‘Quasi una fantasia’

CD3 [63:58] Robert SCHUMANN (1810–1856) 1–18. Symphonic Etudes, Op. 13 interval Claude DEBUSSY (1862–1918) 19–21. Estampes Frédéric CHOPIN (1810–1849) 22. Fantaisie in F minor, Op. 49

CD4 [71:31] Franz LISZT Années de pèlerinage, deuxième année – Italie, S161 1. Après une lecture du Dante, ‘Fantasia quasi Sonata’ 18 February 1986 Ludwig van BEETHOVEN 2–5. Piano Sonata No. 7 in D major, Op. 10, No. 3 6–8. Piano Sonata No. 23 in F minor, Op. 57, ‘Appassionata’

CD5 [45:20] 1–3. Piano Sonata No. 26 in E flat major, Op. 81a, ‘Les Adieux’ 4–6. Piano Sonata No. 21 in C major, Op. 53, ‘Waldstein’

Indispensable !

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Les raretés de l’été (V) : Béatrice Uria-Monzon et Montpellier

Un triste hasard a voulu qu’on apprenne le décès, à 61 ans, de la cantatrice Béatrice Uria-Monzon le jour de la clôture de la 40e édition du Festival Radio France Occitanie Montpellier. Et que le titre de cette rubrique porte particulièrement bien son nom, puisqu’il rend un double hommage à l’artiste disparue et à un festival qui l’accueillit jadis pour ce qui a longtemps fait son originalité absolue – la recréation d’un opéra oublié.

C’est en effet en 2006 que le Festival, alors animé par son fondateur René Koering (à qui j’eus l’honneur et le bonheur de succéder de 2014 à 2022), recréa, avec une distribution de grand luxe, l’opéra mal-aimé de LaloFiesque – qui fut en effet un fiasco. Béatrice Uria-Monzon y chantait aux côtés de Roberto Alagna.

Ils se retrouveront deux ans plus tard à Orange pour une Carmen restée dans toutes les mémoires, que France 4 rediffuse ce mardi 22 juillet.

Si, heureusement, l’inoubliable Carmen qu’a été Béatrice Uria-Monzon sur toutes les scènes du monde a été largement documentée, on ne peut que regretter la rareté de la présence discographique de la chanteuse. Heureusement que des chefs comme les fidèles Jean-Claude Casadesus et Michel Plasson l’ont invitée pour les raretés que sont les cantates de Berlioz ou Ravel, ou l’oratorio Rédemption de César Franck.

Les plus chanceux peuvent essayer de trouver la seule Carmen au disque de Béatrice Uria Monzon, dirigée par Alain Lombard.

Rendez-vous, en tout cas, ce mardi 22 juillet pour une soirée bienvenue d’hommage à une belle personnalité sur France 4

Montpellier

« Depuis 2023, le Festival de Radio France Occitanie Montpellier présente un visage différent. La programmation demeure de grande qualité, les concerts du soir au Corum en constituent toujours la colonne vertébrale, mais le choix des œuvres paraît moins aventureux. Le souvenir de soirées montpelliéraines durant lesquelles nous découvrîmes de véritables raretés, qui justifiaient le déplacement, même de loin, et contribuaient à sa réputation, reste bien présent, non sans nostalgie » (Sébastien Foucart, ConcertoNet, 17 juillet 2025).

Je ne me livrerai pas – je m’y suis toujours refusé dans toutes les fonctions que j’ai occupées – à des comparaisons oiseuses, à des regrets aigris (« c’était mieux avant »!). Le Festival Radio France n’est plus en 2025 ce qu’il était à sa création en 1985. Il a failli, plus d’une fois, perdre l’un de ses piliers fondateurs, Radio France. Aujourd’hui le service public est plus présent que jamais, avec les moyens dont il dispose et qui sont chaque année plus « contraints » – pour reprendre le terme consacré par l’administration de l’Etat. De cela on doit se réjouir.

Mais pour reprendre la dernière décennie, il est vrai, comme le note Sébastien Foucart, qu’on est venu au festival, parfois de très loin, pour des résurrections d’ouvrages rares (17 opéras de 2015 à 2022) parmi lesquels Fantasio d’Offenbach (2015) avec Marianne Crébassa, Iris de Mascagni (2016) et Siberia de Giordano (2017) avec Sonya Yoncheva, Kassya de Delibes (2018) avec Véronique Gens, l’immense Fervaal de d’Indy (2019) avec Michael Spyres et en 2022 la version originale d’Hamlet pour ténor avec John Osborn et l’inoubliable Ophélie de la si regrettée Jodie Devos.

Le projet d’édition discographique de Fervaal n’ayant pas abouti, on peut heureusement retrouver l’écho de sa diffusion sur France Musique sur YouTube

Heureusement en effet, France Musique conserve une mine de trésors captés au Festival depuis 1985 (il y a eu beaucoup de rediffusions cet été). Pourquoi pas une chaîne thématique numérique de plus avec ces formidables archives ? Suggestion à Laurent Frisch et Marc Voinchet !

C’était le premier concert de « ma » programmation, le 10 juillet 2015

Avec un chef que je suis très heureux d’avoir invité plusieurs fois à Montpellier, Domingo Hindoyan, qui fait aujourd’hui l’une des plus intéressantes carrières qui soient, à Liverpool d’abord, et bientôt à l’opéra de Los Angeles. Je découvre dans le tout dernier numéro de BBC Music Magazine, un article dont le ton et le titre sont sans équivoque : Tchaikovsky 6 with passion and power

Et toujours mes humeurs et réactions à l’actualité sur mes brèves de blog

Les raretés de l’été (IV) : les bons choeurs de Sir Roger

Roger Norrington est mort ce 18 juillet à 91 ans. J’ai déjà raconté mes souvenirs du chef anglais (Tout Roger), en particulier une émission de Disques en Lice dont il était l’invité principal il y a une trentaine d’années, à l’époque de la publication de ses symphonies de Beethoven.

Mais, comme beaucoup de ses confrères britanniques (John Eliot Gardiner par exemple), Roger Norrington a d’abord été chef de choeur, et c’est cet aspect de sa carrière et de son activité discographique que je veux saluer aujourd’hui en guise d’hommage. C’est en 1962 qu’il fonde le Schütz Choir of London avec lequel il va enregistrer pour Decca un nombre finalement important de disques, qu’on souhaiterait voir réédités !

Visites et humeurs du jour à suivre dans mes brèves de blog

Loin du monde

Plus en été qu’en d’autres périodes de l’année, j’aime me retrouver loin du monde, loin de la foule. C’est dans l’un de ces lieux complètement à l’écart, qu’on atteint qu’après plusieurs kilomètres de lacets dans la montagne que j’ai appris la mort, le 14 juillet, de Thierry Ardisson : le prieuré de Serrabone

Le prieuré est situé sur l’ancienne commune de Serrabonne, aujourd’hui rattachée à Boule-d’Amont dans les  Pyrénées-Orientales  à une trentaine de kilomètres de Perpignan, dans le massif des Aspres sur les contreforts orientaux du massif du Canigou.

Toutes les photos sont en libre accès ici.

Fontfroide

Contraste absolu avec l’opulente Abbaye de Fontfroide, dont j’avais évidemment souvent entendu parler – un projet de collaboration entre le festival Radio France et Jordi Savall qui y programme quelques concerts en juillet avait même été esquissé mais abandonné pendant la crise sanitaire -. Le massif forestier qui entoure Fontfroide a été quelques jours menacé par les feux qui ont ravagé près de 2000 hectares dans l’Aude, il reste sous surveillance, mais en ce dimanche 13 juillet après les orages et les pluies torrentielles de la veille, ce sont plutôt les flaques d’eau qu’on devait éviter pour visiter le vaste site de l’abbaye. On y apprend que c’est toujours une propriété privée, appartenant aux descendants de Gustave Fayet qui avait entrepris au début du XXe siècle une formidable réhabilitation d’un site exceptionnel.

Mes photos de Fontfroide en accès libre ici.

Elne

La veille, revenant de Collioure (photos à voir ici), j’avais fait halte à Elne, juste à temps pour m’abriter des pluies incessantes qui allaient arroser le Roussillon tout l’après-midi.et visiter un cloître qui témoigne de la longue histoire religieuse de la cité. Photos à voir ici

J’ai aussi le souvenir d’un festival de piano auquel le festival Radio France prêtait naguère son concours.

Prades / Saint-Michel de Cuxa

Après la montée à Serrabone, il était impossible de ne pas pousser jusqu’à Prades (voir ma brève de blog du 14 juillet). La petite cérémonie sur la place de la mairie venait de se terminer, ce n’était pas Jean Castex, mais son successeur à la mairie de Prades qu’on surprit en discussion avec un sous-préfet. Je n’étais jamais venu à Prades, lieu pourtant mythique pour le mélomane que je suis, puisque nul ne peut ignorer le festival de Prades, fondé en 1950 par Pablo Casals.

C’est à l’extérieur de Prades qu’on trouve l’abbaye Saint-Michel-de-Cuxa où ont lieu la plupart des concerts du festival.

Mes photos à voir ici.

Fauré à Pamiers

On est aussi loin du monde quand on s’avise de visiter la ville natale de Gabriel Fauré (1845-1924) : lire La naissance de Fauré. Le 15 juillet à Pamiers on n’est pas submergé par la foule, et la ville ne semble pas exagérément fière de l’enfant du pays. Une sculpture inaugurée l’an dernier est bien cachée au fond de la cour intérieure de la mairie !

Il faut un peu chercher la stèle installée près de la cathédrale (fermée pour les visites !)

Quant à la maison natale de Fauré, elle est située au 17 de la rue Gabriel… Péri (anciennement rue Major)

Bref, pas de quoi se pâmer à Pamiers !

Les humeurs du jour sur breves de blog

Les raretés de l’été (III) : Lorin et Carlos

Ils sont nés la même année : 1930. L’un est mort le 13 juillet 2004 : Carlos Kleiber. L’autre dix ans plus tard le 13 juillet 2014 : Lorin Maazel.

J’ai beaucoup écrit ici même sur ces deux chefs si formidablement doués, et pourtant si différents.

Puisque cette série d’été est dévolue aux raretés de ma discothèque, je veux signaler, pour l’un et l’autre chefs, des enregistrements remarquables, mais pas toujours cités comme leurs « indispensables ». Tout simplement des disques que j’aime.

Maazel de Lama à Brahms

Je renvoie à mon article Arrivages de printemps où j’ai consacré tout un paragraphe à une vraie curiosité, la réédition d’un disque d’arrangements de chansons de Serge Lama que Lorin Maazel avait enregistré à Cleveland !

Mais plus sérieusement pour mesurer le talent de ce chef si précocement doué, il faut réécouter ses premiers enregistrements pour Deutsche Grammophon, il avait moins de 30 ans. Et on n’est jamais à court de (bonnes) surprises, comme avec cette 3e symphonie de Brahms, l’une des plus emportées qui soient.

Il ne renouvellera pas l’exploit quelques années plus tard en enregistrant les quatre symphonies à Cleveland.

Carlos et Borodine

La discographie de Carlos Kleiber a été amplement éditée et rééditée, l’essentiel chez Deutsche Grammophon et pas mal de « live » chez Orfeo. J’ai depuis longtemps, classé à Borodine, un CD paru dans une collection allemande un peu confidentielle et réédité il y a peu par SWR (le label de la radio publique allemande de Stuttgart) avec les deux Kleiber, Erich et Carlos, père et fils.

Je me demandais pourquoi cette passion de Carlos Kleiber pour cette symphonie n°2 de Borodine, qu’on n’entend quasiment plus jamais ni au concert ni au disque. Imitation du père ? 

Inutile de dire que, pour moi, c’est « la » version qui surclasse toutes les autres.

Et toujours à suivre, mes brèves de blog

Le chant merveilleux de Marianne

Après le show de Yuja W. lundi (lire Le phénomène Yuja) j’avais plusieurs raisons de revenir ce jeudi au Festival Radio France à Montpellier. Une œuvre qu’on ne vient jamais écouter d’une oreille distraite. Un chef dont j’avais chroniqué, il y a exactement deux ans pour Bachtrack les premiers pas à la tête de l’orchestre dont il est désormais le directeur musical – le Capitole de Toulouse – et parmi les deux chanteuses solistes que requiert la 2e symphonie de Mahler, une artiste que j’aime profondément, Marianne Crebassa.

Marianne était de la première édition du Festival dont j’ai eu la responsabilité – en 2015 elle ressuscitait Fantasio d’Offenbach- et de la dernière en 2022, un récital admirable et les sublimes Sea Pictures d’Elgar qu’elle chantait lors d’un concert resté fixé dans toutes les mémoires (lire Tempête en mer)

C’est tout le mystère d’une voix et tout l’art d’une grande chanteuse que de vous saisir aux tripes, au coeur, à tout ce qu’il y a de plus intime en soi. Kathleen Ferrier, Maureen Forrester ont été mes premiers éveils à ce qu’on appelle commodément la voix de « contralto ». Marianne Crebassa est sur la même liste. Et depuis dix ans que je la suis – lire ma dernière chronique à son propos sur Bachtrack (Marianne Crebassa bouleverse l’Opéra-Comique), je la retrouve plus belle encore, d’un métal vocal qui me renverse et m’étonne. Dans la 2e symphonie de Mahler, plongée au coeur de l’orchestre, son chant n’a pas fini de me hanter.

Il faut évidemment réécouter tout le concert dirigé par Tarmo Peltokoski à la tête de « son » orchestre du Capitole de Toulouse et du fabuleux choeur basque Orfeo Donostiarra (France Musique). Mention pour François-Xavier Szymczak qui présentait le concert : c’est toujours parfait !

Comme j’étais venu au concert, dégagé de toute responsabilité et de toute obligation, je ne vais pas ici faire la critique de ce que j’ai entendu. Je n’ai pas tout aimé – mais est-ce possible dans une oeuvre aussi considérable ? – j’ai toujours admiré ce que fait ce chef de 25 ans (!!) et je sais qu’avec le temps et la liberté que donne l’expérience, ses interprétations de Mahler seront de celles qui s’impriment durablement dans la mémoire.

Et toujours mes humeurs et bonheurs sur mes brèves de blog

Le phénomène Yuja

Si on cherche « Yuja Wang » sur mon blog, on a des chances de tomber sur une dizaine d’articles consacrés à la pianiste chinoise, 38 ans aujourd’hui et toujours cette allure d’adolescente effrontée et joueuse.

Elle était à Montpellier lundi dernier (voir mes brèves de blog du 7.07.2025)

A la sortie du concert, on n’entendait parler que de ses tenues sur la scène de l’Opéra Berlioz !

Il faut dire que pour quelqu’un qui n’avait jamais vu l’artiste sur scène, la surprise était au rendez-vous. Les avis étaient tout de même partagés, entre réprobation de la part de dames d’un certain âge, et étoiles dans les yeux pour la gent masculine !

Cela fait vingt ans que Yuja Wang balade sa plastique avantageuse sur tous les continents. Et pourtant elle ne prend pas la pose ou alors c’est pour laisser éclater sa joie, son espièglerie. Sans doute prend-elle plaisir à choquer un peu – joue-t-elle ainsi accoutrée lorsqu’elle se produit dans son pays natal ? Quelle importance !

Yuja Wang est un phénomène. Je l’avais déjà écrit il y a dix ans – Les surdouées – la comparant à Martha Argerich, ce qui m’avait valu quelques commentaires pas toujours bienveillants. Entre temps j’ai souvent écouté l’une et l’autre, au disque et surtout au concert. Dans cet article de 2015, je me disais impatient d’écouter Yuja dans les concertos de Ravel qu’elle a gravés avec Lionel Bringuier. Je l’ai entendue les jouer en concert il y a deux ans à Bucarest, et je n’ai pas caché ma déception dans mon article pour Bachtrack :

 » …on est curieux d’entendre la pianiste chinoise dans le Concerto pour la main gauche . Première surprise : depuis le fond du parterre où, la veille, on entendait très distinctement le piano de Kirill Gerstein, on tend cette fois-ci l’oreille pour percevoir un clavier émacié, privé de puissance, et surtout stylistiquement complètement à côté de la plaque. Quand Ravel regarde ouvertement du côté de Gershwin, la pianiste fait du Rachmaninov ou du Scriabine, le sfumato de ses pianissimosn’a rien à faire ici/…/ dans le Concerto en sol, le premier et le dernier mouvements sont pris à un tempo d’enfer mais le piano est toujours engorgé, à l’exact opposé de la clarté solaire que demande Ravel. Le pire restera le mouvement médian, pourtant lui pris au bon tempo, où l’on n’entend tout simplement pas la soliste qui s’avère incapable d’énoncer cette simple mélodie si mozartienne d’inspiration.

Je me demande si ce n’est pas Alain Lompech qui (d)écrit le mieux ce qu’est l’art et qui est aujourd’hui Yuja Wang dans ce billet : Chopin rappelle à l’ordre Yuja Wang : « Qu’elle joue bien du piano, se dit-on immédiatement ! À ses débuts, elle éblouissait par sa virtuosité, mais une sonorité monochrome et un feeling discret semblaient la déconnecter parfois de la musique sans nous y connecter nous. Deviendrait-elle ce « néant avec des doigts au bout » raillé par Yves Nat ? Elle a au contraire acquis un répertoire encyclopédique qui lui vaut le respect et l’admiration de nombre de ses confrères qui s’inclinent devant une telle versatilité, et avec d’autant plus d’admiration qu’elle profite de sa célébrité pour présenter des œuvres anti-démagogiques au possible… tout en sachant s’amuser quand elle sort le grand jeu de la virtuosité. Et elle joue pour des maîtres. Pas pour être adoubée, puisque sa carrière surclasse souvent la leur : elle cherche, elle écoute, elle travaille. »

Lundi soir elle avait décidé de remplacer le 2e concerto de Chopin – qu’elle devait jouer en première partie avant le n°1 de Tchaikovski en seconde partie ! – par le 4e concerto de Nikolai Kapoustine (1937-2020), un compositeur russe qui n’écrivit ses oeuvres « classiques » qu’en recourant au langage du jazz, ce qui lui valut une place très singulière dans la musique russe. D’ailleurs Gershwin, ou le Bernstein de The Age of anxiety ne sont jamais loin dans une oeuvre longue et bavarde qui avait l’air d’amuser follement la pianiste et le batteur du Mahler Chamber Orchestra. On peut réécouter tout cela sur France Musique.

Mais on comprend que la pianiste ait été séduite par ce compositeur si longtemps resté dans l’ombre.

La jeune génération de pianistes paraît s’être amourachée de ce compositeur singulier

Quant au 1er concerto de Tchaikovski, Yuja Wang, qui dirige le Mahler Chamber Orchestra de son clavier, le joue sans jamais verser dans les défauts usuels dans cette oeuvre, la virtuosité tape-à-l’oeil, le romantisme à l’eau de rose. C’est époustouflant techniquement, mais toujours guidé par la musique, et c’est bien en cela que la pianiste est une grande artiste. Et puis, avouons-le, c’est tellement réjouissant de voir une musicienne de ce calibre, casser les codes, manifester, après vingt ans de carrière, toujours la même espièglerie, la même joie de jouer !

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Les raretés de l’été (II) : Jeux d’enfants

J’ai rapidement évoqué, le 3 juin dernier (le jour du 150e anniversaire de la mort de Bizet), ce cycle d’abord composé pour le piano à 4 mains, puis orchestré partiellement, les Jeux d’enfants.

Rien n’est plus difficile, rien n’est plus révélateur du talent de son auteur, que ces pièces brèves, où tout doit être dit, décrit, évoqué, en moins de temps qu’une chanson. Ils sont assez peu nombreux les compositeurs qui s’y sont essayé et qui y ont réussi. On ne peut sans doute pas comparer les Scènes d’enfants de Schumann (1838) et ces Jeux d’enfants de 1871, sauf à louer leur réussite.

Pourquoi.ne joue-t-on jamais en concert les pièces de Bizet ? réponse immédiate, parce qu’il faut un duo de pianistes ! mais pourquoi les duos constitués ne jouent-ils jamais ce cycle remarquable ? Parce que pas assez « sérieux » ? Je n’ai jamais posé la question aux duos de pianistes que j’ai connus, invités, ou fait jouer. Toujours est-il que je n’ai jamais entendu le cycle en concert. Et quasiment jamais le cycle pour orchestre !

Les versions originales pour le piano sont relativement peu nombreuses.

Je conserve précieusement les disques du duo Crommelynck

Les versions pour orchestre le sont un peu plus, même si elles restent relativement rares

Sans doute était-ce monnaie courante dans la programmation des orchestres français dans les années 50/60. On cherche en vain des versions récentes, comme si cet art très français de la légèreté, de la subtilité poétique, s’était évaporé.

Mais aux versions orchestrales déjà citées dans mon article Bizet, le jeune homme et l’orchestre, je dois bien ajouter la plus exotique de celles que j’ai dans ma discothèque : Kurt Masur avec l’orchestre de la radio de Berlin Est !

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