C’est la saison des interviews pour les patrons de chaînes… et les directeurs de festivals. Classique en début d’été, un marronnier* en quelque sorte !
Avec, pour les interviewés, le sentiment de dire toujours la même chose, de tordre le cou à des clichés qui ont la vie dure (sur l’élitisme, l’inaccessibilité de la musique classique, le « rajeunissement » des audiences, etc…)
Dernier en date l’entretien paru sur le site de L’Obs : Entretien avec Jean-Pierre Rousseau, directeur du Festival Radio France Occitanie Montpellier
(L’ensemble Les Surprises qui donne, le 18 juillet, la re-création d’Issé, « pastorale héroïque » d’André Cardinal Destouches)
« Porter la musique partout où elle peut aller, partout où elle est attendue, c’est la vocation première du Festival et c’est sans doute la plus noble des missions.
Quand je vois ce qui se passe entre des artistes et des publics qui assistent pour la première fois de leur vie à un concert, je sais que nous touchons juste. La musique fait du bien à ceux qui l’écoutent ! »
Je relis cette interview du directeur de France Musique, Marc Voinchet, interrogé sur la grille d’été de la chaîne et ses réponses à deux questions bateau :
France Musique peut-elle s’adresser à un public plus jeune ?
Les émissions de radio pour les jeunes sont rarement réussies. C’est très difficile de faire de bons programmes à caractère pédagogique. Mais je pense que France Musique a des choses à faire pour ce public, nous y travaillons, notamment sur le numérique.
Vous êtes directeur de la station depuis 3 ans. Quel bilan en tirez-vous ?
Dans France Musique, il y a musique. Quand il vient chez nous, l’auditeur cherche de la musique. J’ai voulu remettre cela au centre de nos programmes en rappelant quelques réflexes de radio : avoir une parole mesurée et bien cadrée. Je pense que nous y sommes arrivés même si il y aura encore quelques aménagements sur la grille des programmes, à la rentrée, notamment le week-end et dans nos matinées.
(Marc Voinchet)
Je retrouve ce papier paru dans Libération le 9 janvier…1996. Extraits :
France Musique s’est récemment illustrée dans les sondages par un net gain d’audience. La station revient de loin… «On a toujours opposé radio pédagogie et robinet musical…C’est un débat pauvre…il est impossible d’essayer de faire de la radio sans se caler sur le rythme des auditeurs» réaffirme Jean-Pierre Rousseau qui avait un temps claironné le slogan: «France Musique à l’écoute de ses auditeurs», afin de stigmatiser la tendance de certains producteurs à ne guère se soucier d’être bien entendu. (Christian Leblé, Libération)
Est-ce à dire que « tout change, rien ne change » ? Ou, plus simplement, que les problématiques qui se posent à un directeur de chaîne musicale classique évoluent plus lentement que les habitudes d’écoute des auditeurs ?
Parmi les nouveautés introduites récemment sur France Musique, la chronique hebdomadaire de Christophe Chassol.
Dans un récent entretien à Télérama (Christophe Chassol, la nonchalance savante), le jeune compositeur :
« On sent un vrai plaisir à être là derrière ce micro et à transmettre. C’est savant et détendu, une sorte de transmission douce des choses.
J’ai donné beaucoup de cours de piano, et j’ai été professeur de musique en collège en banlieue pendant trois ans. Je faisais une espèce d’histoire de la musique du XXe siècle, de Missy Elliott jusqu’à Stravinsky. J’aime bien les choses complexes, mais pas les choses compliqués, donc j’essaye dans mes chroniques de faire en sorte qu’on comprenne le plus de termes possibles. En se prenant un peu la tête, on peut tout rendre compréhensible. »
J’ai pu entendre – ce qui m’arrive trop rarement – la dernière chronique de Christophe Chassol sur France Musique. Un seul regret : que la séquence ait été aussi brève. On aurait adoré l’entendre parcourir tout le concerto pour orchestre de Bartók et nous l’expliquer aussi lumineusement… Réécoutez cette chronique : De la lumière chez Bartók
*Marronnier : l’origine du mot tiendrait à un fait historique : Tous les ans, aux premiers jours du printemps, un marronnier à fleurs rouges fleurissait sur la tombe des Gardes suisses tués lors de la journée du 10 août 1792, dans les jardins des Tuileries à Paris ; et tous les ans un article paraissait dans la presse pour s’en faire l’écho (Source Wikipedia)