Dans le flot des rééditions, rhabillages en coffrets, qui font aujourd’hui l’essentiel de l’actualité discographique et que je ne suis pas le dernier à chroniquer ici ou sur bestofclassic, il y a de tout, du bon grain et de l’ivraie.
Et parfois une publication vraiment exceptionnelle, comme cet élégant coffret bleu nuit :
Le pianiste russe Emile Guilels avait bénéficié d’un hommage discographique très important à l’occasion de son centenaire en 2016. Warner, DGG, Sony/RCA et Melodia nous avaient restitué un legs particulièrement important. Voir : Emil Gilels centenaire.
Dans le papier que je lui consacrais, le 16 octobre 2016 (Un jeune centenaire), je regrettais, dans l’imposant coffret rouge de Melodia – outre le prix très élevé d’un objet certes très beau – qu’il y eût aussi peu de témoignages « live » de la maturité de Guilels.
Regret que vient combler ce miraculeux coffret de 5CD, vendu lui à prix très doux, malgré l’extrême qualité du contenu comme du contenant. Merci à Frédéric d’Oria-Nicolas d’avoir redonné vie, avec le concours du petit-fils du pianiste (qui se croit obligé d’appeler son grand-père « Maestro », suivant une épouvantable manie d’un certain milieu mélomane), à ces cinq récitals donnés dans l’acoustique irrésistible du Concertgebouw d’Amsterdam. Le résultat est tout simplement prodigieux.
Et pour ceux qui, comme moi, n’ont jamais eu le bonheur d’entendre Guilels en concert – alors que j’avais eu cette chance avec Richter – ces disques ressuscitent l’art impérial, phénoménal, d’un pianiste que le studio semblait corseter, en tout cas dans la dernière partie de sa carrière (comme le coffret DGG). Il y a bien quelques embardées, mais quelle puissance, quelle palette de nuances, quelle vitalité inépuisable, quel art du chant… les qualificatifs manquent. ! Impossible de choisir parmi ces disques, il faut tout écouter… et réécouter.
Copieux livret bilingue français/anglais. Réalisation extrêmement soignée, exemplaire !
A ce prix, c’est « le » coffret à acquérir d’urgence !