J’avais rendez-vous hier matin avec l’attachée culturelle de l’ambassade de Lituanie à Paris, pour évoquer de futurs projets du Festival Radio France. Une adresse hausmannienne dans le 17ème arrondissement. Un ancien hôtel particulier comme c’est souvent le cas pour les ambassades.
Nous commençons vite à parler musique, artistes, compositeurs. Le premier président lituanien de l’ère post-soviétique n’était-il pas un musicien et musicologue reconnu, Vytautas Landsbergis ? La pianiste Mūza Rubackytė est une fidèle du Festival Radio France. En 2015, elle avait participé au marathon pianistique organisé par Philippe Cassard, jouant comme personne les Préludes et fugues de Chostakovitch.
(De gauche à droite, les pianistes Cédric Pescia, Dominique Merlet, Philippe Cassard et Mūza Rubackytė)
Muza est à la tête d’une discographie pour le moins originale, où la musique de son illustre compatriote, Mikalojus Konstantinas Čiurlionis (1875-1911), tient une place éminente.
Etonnante personnalité que celle de Čiurlionis, mort à 35 ans, aussi grand peintre que compositeur. Auteur d’une fascinante série de toiles, intitulée La Création du monde à voir en ce moment au Musée d’Orsay à Paris dans le cadre de l’exposition Âmes sauvages.
Au moment où nous évoquons ces personnalités de la musique de son pays, l’attachée culturelle me tend un CD enregistré dans les salons de l’ambassade. Y figurent un quatuor de Čiurlionis et… le Concert pour piano violon et quatuor à cordes de Chausson. Couplage inattendu, lui fais-je remarquer ! Réponse : « Inattendu certes, mais pas tant que cela puisque nous sommes dans la maison de Chausson ! »
Bien sûr, nous sommes au 22 boulevard de Courcelles ! J’aurais dû faire le rapprochement (Le Paris secret des musiciens)
Sitôt l’entretien terminé, nous serons rejoints par l’ambassadeur lui-même pour visiter l’illustre maison, certes bien transformée, même si les principaux éléments de décor ont été préservés.
Le salon où se pressaient artistes, musiciens, intellectuels, orné d’une frise de Maurice Denis (le lustre et les éclairages… ne sont pas d’époque !)
Un petit salon avec la bibliothèque et la cheminée d’origine.
La salle à manger demeurée en l’état et restaurée.
Ce n’est qu’en sortant que je verrai la plaque posée sur le mur.
Ah les fâcheries de la traduction : non ce n’est pas un « concerto », mais un Concert au sens où les concevait Rameau (Concerts en sextuor).
Il faudra que j’ajoute d’autres articles à ceux que j’ai déjà consacrés à Chausson : Poésie de l’amour et de la mer, L’amour et la mort, Une amitié particulière.