Je suis, comme on dit dans le milieu médiatique, un auditeur « ambulatoire ». Pour écouter la radio ou de la musique, plus souvent connecté à mon smartphone ou dans ma voiture, qu’installé dans mon bureau ou mon salon.
Quand la perspective de quelques jours de vacances s’annonce, je refais ma playlist, replongeant dans ma petite discothèque (oui petite ! quand je la compare à celle de plusieurs amis critiques et/ou collectionneurs) pour y retrouver des coffrets ou des CD que je n’ai plus écoutés depuis longtemps. Parce qu’en temps normal, je télécharge plutôt les derniers reçus. Une fois chargées quelques centaines de titres, en fonction de mes humeurs, j’ai une autre habitude, une manie diraient d’aucuns (un défaut pour d’autres), celle d’écouter en mode aléatoire, pour me laisser surprendre et m’amuser à essayer de reconnaître tel pianiste, tel chanteur, tel chef.
Ainsi j’ai chargé une grande partie d’un coffret paru il y a huit ans
Et découvert ainsi un disque qui m’avait complètement échappé : des transcriptions de Lieder de Schubert par Liszt, interprétées – ou plutôt réinterprétées – par un pianiste turc d’origine arménienne, Setrak Yavruyan connu par son seul prénom Setrak dont le moins qu’on puisse dire est qu’il aimait sortir des sentiers battus. Je ne suis pas sûr que ses lectures soient très orthodoxes, ni même que toutes les notes y soient, mais c’est tellement plus intéressant…
S’accordant à la perfection au spectacle que la nature offre à ma vue depuis mon arrivée à Santorin (voir Entre le ciel et l’eau), d’autres pépites de ce coffret ravivent le souvenir d’un musicien – Yehudi Menuhin – qui m’a toujours plus convaincu comme chef.. que comme violoniste (en tous cas dans les trente dernières années de sa carrière). Notamment dans une intégrale des symphonies de Schubert, gravée dans les années 60 avec la crème des musiciens londoniens (réunis sous l’appellation de Menuhin Festival !).
Je possède et connais nombre d’intégrales de ces symphonies (presque toutes ?). Je me demande si celle-ci (à ne pas confondre avec celle que Menuhin a faite, vingt ans plus tard, avec le Sinfonia Varsovia) n’est pas tout simplement idéale : juvénile, tendre, vraiment romantique dans les premières symphonies, et que tout cela chante, dans des tempi parfaitement équilibrés. Qu’on en juge :
Là où tant de chefs plombent la 4ème symphonie – impressionnés par son surnom de Tragique ? Menuhin, des années avant Harnoncourt et ses audaces, fait virevolter le troisième mouvement, un authentique scherzo
Dans la 9ème symphonie, elle aussi trop souvent longue, et si peu divine, sous maintes baguettes illustres (cf. les « divines longueurs » dont l’aurait gratifiée Schumann), on entend ici un 1er mouvement qui chante et vit dès la première phrase du cor et s’anime prodigieusement pour ne jamais laisser retomber l’intérêt.
Retour à la première symphonie, et à son 2ème mouvement, un authentique andante schubertien, qui avance d’un bon pas, danse et musarde dans l’insouciance.
Une réflexion sur “Schubert à Santorin”