En lisant la fiche Wikipedia de María del Carmen Rosario Soledad Cervera y Fernández de la Guerra, on apprend qu’elle est plus connue en Espagne comme Tita Cervera, couronnée Miss Espagne en 1961 !
Ce n’est évidemment pas à ce titre qu’elle a retenu l’attention des amateurs d’art du monde entier. Son nom est pour toujours associé à celui qu’elle avait épousé en troisièmes noces, lui-même descendant d’une illustre famille allemande, le baron Hans Heinrich von Thyssen-Bornemisza (1921-2002). Il y aurait beaucoup à dire sur la dynastie Thyssen…
Aujourd’hui le musée Thyssen-Bornemisza, situé très exactement en face du Prado, à Madrid, est l’un des plus passionnants d’Europe, et une bonne moitié des surfaces exposées provient de la collection amassée par l’ex-Miss Espagne, Carmen Cervera.
Petit retour en arrière. C’est en Suisse, près de Lugano – en pays « neutre » ça peut toujours servir ! – que les Thyssen avaient installé leur collection, commencée d’abord avec Heinrich. La Villa Favorita – vendue il y a deux ans à la famille Invernizzi – une autre dynastie, fromagère celle-là ! – par la veuve du baron Thyssen – hébergeait jusqu’au début des années 90 une pinacothèque qu’on venait visiter du monde entier. Il fallait s’y prendre à l’avance pour avoir une chance d’accéder au saint des saints, où l’on ne pouvait de toute façon voir qu’une petite partie de la fabuleuse collection Thyssen.
J’ai eu cette chance là au cours d’une semaine de stage que j’effectuai, à l’automne 1986, à la radio suisse italienne.
Au début des années 1990, le scandale éclata. Tous les journaux de la Suisse bien pensante furent pleins de rage et d’indignation : le baron Thyssen, ensorcelé par sa jeune épouse espagnole, une ex-Miss Espagne vous pensez !, envisageait de transférer sa collection et son musée tessinois à Madrid. La Suisse était en passe de perdre sa plus belle collection d’art privée. Tout ça pour les beaux yeux de Carmen…La dite Carmen qui prouva alors que son charme n’était pas son seul atout, puisqu’elle fit racheter la collection par l’Etat espagnol, contre la promesse de la transférer à Madrid, et en partie à Barcelone. Bien joué !
(Luca di Tommè, L’adoration des mages)
(El Greco, L’annonciation)
(Tiepolo, La mort de Hyacinthe, après restauration en 2015)
(Liubov Popova)
(Magritte)
(Chagall)
Minuscule aperçu d’une fabuleuse collection de chefs-d’oeuvre du 14ème au 20ème siècles.
Une réflexion sur “Miss Espagne au musée”