RCA/SONY avait déjà publié deux gros pavés de 60 CD chacun reprenant les glorieux débuts de la stéréo « à l’américaine ».
On y retrouve tous les grands artistes « maison, Fritz Reiner, Charles Munch, Artur Rubinstein, Jascha Heifetz, Van Cliburn, qui ont tous bénéficié d’éditions intégrales ou en boîtiers séparés. Pas vraiment nécessaires au discophile collectionneur donc !
Et on pensait qu’avec ces 120 CD le tour de l’aventure Living Stereo avait été bouclé.
Quand on a vu annoncé un troisième coffret, et qu’on a lu rapidement ce qu’il allait contenir, on a pensé qu’il s’agissait de fonds de tiroir de moindre importance. Et voici qu’on découvre tout un pan de l’histoire de l’enregistrement américaine… qui nous était inconnue, d’ailleurs 48 des galettes (qui reproduisent les pochettes, les programmes et les minutages des LP d’origine) de ce nouveau pavé n’ont jamais été éditées en CD !
D’abord un format plus pratique que les deux précédents (en longueur et non plus carré). Un livret trilingue extrêmement bien fait et documenté. Et une quantité vraiment impressionnante d’inédits, et pour beaucoup d’artistes une forme de résurrection.
Des moments magiques comme cette musique de chambre jouée par un improbable Festival Quartet composé tout simplement de… Szymon Goldberg, William Primrose, Nikolai Graudan et Victor Babin (!), quatre magnifiques artistes qui se réunissaient l’été au festival d’Aspen dans le Colorado. Le coffret s’ouvre par une Truite de Schubert d’une infinie délicatesse, qui vous saisit dès un début chuchoté, sur la pointe de l’archet. Les trois quatuors avec piano de Brahms sont dans le même esprit et ne le cèdent en rien aux enregistrements plus célèbres des compères du festival de Marlboro.
Le légendaire Quatuor Juilliard est présent avec les derniers opus de Beethoven, Berg et Webern, Ravel, Debussy et, suprême audace pour l’époque, Elliott Carter et William Schuman.
Mais qui se rappelle, en dehors des spécialistes, les pianistes André Tchaikowsky (Mozart et Chopin), Ania Dorfmann (Schumann), Jean Casadesus (premier cahier des Préludes de Debussy), les violonistes Erick Friedman – l’un des rares élèves de Jascha Heifetz – Liliane Garnier, Jaime Laredo à leurs débuts,
le violoncelliste Daniil Shafran ?
Les amateurs de grandes voix sont bien servis, pour l’essentiel des stars du Met, Birgit Nilsson (deux récitals rares), Maureen Forrester (Schumann), ZInka Milanov, Cesare Valletti, Roberta Peters, Galina Vichnievskaia…
Quelques curiosités du côté de Bach, Vivaldi ou Handel, et compte-tenu de l’époque (la fin des années 50), rien d’inécoutable, au contraire : les Quatre saisons de la Societa Corelli, si elles ne constituent pas le choc de la première version des Musici, ne font pas leur âge.
Quelques galettes typiquement américaines avec les Boston Pops ou Morton Gould, de l’orgue plus spectaculaire que philologique, complètent un coffret vraiment indispensable.
Et déjà, au tout début des années 60, certains devaient s’excuser d’aimer la musique classique…
Conseil aux amateurs : ledit coffret est en vente dans les magasins et sites FNAC, Gibert et autres entre 110 et 130 €, sauf sur Amazon.fr qui le propose à…70 € !
Détails du contenu du coffret : Bestofclassic