Je vous parle d’un temps que les moins de… trente ans ne peuvent pas connaître. Lorsque la FNAC était installée (était-ce le premier magasin ?) au début du boulevard de Sébastopol à Paris (et avenue de Wagram dans le 17ème), bien avant l’ouverture – qui avait fait sensation – de la très grande surface de la rue de Rennes.
J’ai un souvenir particulier de la FNAC Sébastopol, où le provincial que j’étais dans les années 70 avait pris ses habitudes à chaque fois que je pouvais « monter » à Paris. En l’occurrence, un an après la mort soudaine de mon père, ma mère avait éprouvé le besoin, sur le conseil du médecin de famille, d’aller passer quelques semaines en Suisse chez frères, soeurs et cousins. Je l’accompagnai donc en train jusqu’à Paris, d’où elle repartirait jusqu’à Berne.
J’avais quelques heures avant mon train de retour vers Poitiers. C’est ce jour-là que j’entrai pour la première fois à la FNAC Sebastopol. Je n’ai jamais oublié l’odeur particulière… de la grille d’aération du métro au droit de l’entrée du magasin. Et bien sûr l’odeur d’un magasin où le disque vinyle régnait en maître (il n’y avait alors dans les magasins FNAC que disques et matériel haute-fidélité)
Ce jour-là de 1973, je me rappelle avoir acheté deux (ou trois? )disques Mozart, un peu sur les conseils d’un vendeur très attentionné (sans doute étonné de voir un jeune homme de 17 ans fureter dans son rayon !), un peu en fonction de ce que j’avais dû entendre sur France Musique.
Ce furent mes premiers 33 tours avec des géants, Otto Klemperer (voir Eloge de la lenteur) et Thomas Beecham, que je ne cesserais plus de révérer, et des disques qui sont restés des modèles.
A réécouter ces Mozart, même après les « relectures » des Mackerras, Gardiner, Harnoncourt ou l’excellente intégrale d’Adam Fischer, je ne renie pas, bien au contraire, ces premières amours discographiques.
C’est tout aussi vrai de ce disque de concertos, où Beecham et ses superbes solistes prennent leur temps, chantent éperdument, au risque de perdre de la vitalité essentielle de Mozart.
Jack Brymer (1915-2003) a gravé plusieurs fois ce concerto, dont j’ai depuis acquis et entendu maintes autres versions, peut-être plus conformes à ce que j’attends/entends de l’oeuvre. Mais celle-ci garde ces couleurs d’automne de mon adolescence.
Et puis quelle allure, quelle classe dans le début du concerto pour basson !
J’ai quelques amis fous… de musique et surtout de disques, vinyles et CD. J’en ai d’autres qui ont numérisé toute leur discothèque. J’ai adopté, pour ma part, une position… centriste ! Tout est affaire de place et d’utilité.
J’ai donné l’essentiel de mes 33 tours, n’en conservant que ceux qui avaient une valeur affective ou un caractère de rareté et qui n’ont pas été reportés en CD. Quant aux CD, j’adopte la même attitude. Comme la mode est, depuis quelques années, chez les majors à la réédition en coffrets exhaustifs, en général bien documentés, je n’hésite pas à libérer les rayons de ma discothèque.
Passage culturel
Durant le « pont » de l’Ascension, je suis passé par Cholet, aimable chef-lieu d’arrondissement dont je ne connaissais que les… mouchoirs, où j’ai découvert, en plein centre ville, au rez-de-chaussée de l’ancien théâtre, une belle et grande surface culturelle, le Passage culturel
Et un rayon disques classiques qui en remontrerait à plus d’une FNAC…où j’ai trouvé, à prix cassé, quelques galettes qui m’avaient échappé.
Le disque d’Olivier Latry a un intérêt désormais historique, puisque c’est le dernier à avoir été enregistré sur les grandes orgues de Notre-Dame de Paris, avant l’incendie de la cathédrale le 15 avril 2019 !
Melomania
Les Parisiens, privés de leurs grandes « surfaces culturelles » pour cause de confinement, devraient être plus nombreux à fréquenter le seul disquaire spécialisé dans le classique dans la capitale, l’incontournable Melomania, situé au 38 boulevard Saint Germain, Paris 5ème.
On a toujours des chances d’y trouver le CD introuvable, des centaines de belles occasions, des imports japonais, des DVD jamais vus ailleurs.
Où l’on s’aperçoit que les chefs français ne sont pas les plus manchots pour diriger le répertoire classique viennois (mais Jean-Jacques Kantorow et Emmanuel Krivine ont en commun d’avoir été (EK) et d’être encore (JJK) des violonistes de premier rang… et d’avoir souvent enregistré ensemble !)
Martinon et Mackerrras
Les mêmes amis que je citais au début de ce billet lancent volontiers des discussions, parfois interminables, sur les mérites comparés de tel chef, telle version d’un chef-d’oeuvre, tel incunable. Je rentre rarement dans la mêlée, et je m’amuse le plus souvent de ces échanges parfois vifs, tranchés, définitifs, surtout lorsqu’ils proviennent de gens beaucoup trop jeunes pour avoir jamais entendu « en vrai » les chefs qu’ils révèrent ou détestent. Mais c’est la grande vertu du disque, et aujourd’hui de tous les documents disponibles en numérique, que d’abolir le temps et de nous rendre familiers, voire intimes, des interprètes que nous n’avons jamais connus.
Et c’est la grande vertu de ces débats – en général sur Facebook – que d’attirer l’attention – la mienne en tout cas – sur des versions qu’on a sinon oubliées, du moins un peu négligées.
Tom Deacon nous lançait récemment sur les grandes versions des symphonies d’Elgar, et chacun de citer les évidents Boult et Barbirolli. Jusqu’à ce que T.D. nous signale les introuvables versions de Charles Mackerras gravées pour Argo.
Des disques que je me rappelle très bien avoir eus dans ma discothèque… et qui en ont disparu, conséquence probable d’un déménagement.
Autre débat récent, à propos d’un Boléro de Ravel dirigé par Riccardo Chailly, diffusé ce dimanche sur Arte. Soporifique, sans élan, j’en passe et de meilleures ! Et plusieurs de citer comme une référence, l’exact contraire de Chailly, la version que Jean Martinon a gravée à Chicago en 1966, republiée dans un coffret RCA/Sony où tout est passionnant (détails à voir ici)
Parmi les pépites que contient ce coffret, j’ai envie de distinguer une flamboyante 2ème suite de Bacchus et Ariane de Roussel et une véritablement « inextinguible » 4ème symphonie de Nielsen. Orchestre phénoménal, et prises de son exceptionnelles.
On est habitué aux raretés au Festival Radio France Occitanie Montpellier, c’est même la marque de fabrique de la manifestation qui fêtera son 35ème anniversaire (et sa 36ème édition !) du 10 au 30 juillet prochains (cf. Fervaal de D’Indy le 24 juillet 2019)
C’est nettement moins souvent le cas – euphémisme ! – dans la programmation des saisons d’opéra. Pourtant, entre dimanche dernier et hier soir, j’ai été gâté : une création à Compiègne, une première française (?) à Bordeaux.
Connesson à Compiègne
« Vivre d’amour et d’eau fraîche, c’est une chose. Ç’en est une autre de mourir d’amour et d’eaux thermales… Né de la rencontre du romancier Olivier Bleys et du compositeur Guillaume Connesson, cet opéra-comique contemporain mêle les joies de la répartie, les plaisirs d’une enquête policière, le souffle du thriller, et les vertiges de l’amour au-delà de la mort. Une œuvre moderne à l’ancienne, menée avec finesse, humour, et parfumée de quelques gouttes de fantasmagorie. »
Evidemment, on était intrigué par ce que ce diable de Guillaume Connesson (lire Les nouveaux modernes) tout juste quinquagénaire, à l’éternelle allure de gendre idéal, allait nous réserver dans un genre qu’il aborde pour la première fois.
On se dit d’emblée, dans ce théâtre de Compiègne qui sonne si idéalement bien, qu’il n’y aura pas tromperie sur la qualité de la musique. Les ombres de Poulenc, Fauré, Messager, ces couleurs, alliages instrumentaux et transparences qui ne sont qu’à la musique française, Connesson en fait son miel, et délivre une partition qui tient en haleine tout au long d’une action – un livret du Québecois Laurent Siaud – qui eût gagné à plus de concision, de folie et de rebondissements. On n’est pas loin de partager l’avis de Benoît Fauchetqui assistait à cette création pour Diapason(lire : Guillaume Connesson plonge dans les eaux anciennes de l’opéra-comique.)
Belle distribution, les excellents musiciens de l’orchestre Les Frivolités parisiennes, direction au cordeau d’Arie van Beek.
Le Démon à Bordeaux
Pour une rareté, c’en est une que celle qu’affiche le Grand Théâtre de Bordeaux jusqu’au 9 février : Le Démon, opéra en trois actes d’Anton Rubinstein, composé en 1871 et créé en janvier 1875 au théâtre Marinski de Saint-Pétersbourg, à partir du poème éponyme de Lermontov
Survolant le Caucase, le Démon tombe amoureux de Tamara, une jeune Géorgienne qui attend le retour de son fiancé. L’esprit du mal fait tomber ce dernier dans une embuscade, où il perd la vie. Le Pervers poursuit ensuite la jeune fille, qui court s’enfermer dans un monastère. Le Démon parvient à la convaincre qu’il renoncera au mal pour elle. Tamara meurt lorsque le Démon l’embrasse. Un ange enlève la jeune fille à ce moment. Le Démon continue à rôder, « seul et sans espoir« , dans l’univers.
Pour la première hier soir (et la deuxième représentation demain), le titulaire du rôle-titre, le baryton-basse français Nicolas Cavallier s’était fait porter pâle – une mauvaise angine – C’est un tout jeune chanteur russe, Alexei Isaiev, qui l’a remplacé au pied levé, et avec quelle grâce, quelle musicalité !
Avec dans la voix des couleurs qui rappelaient celles du regretté Dmitri Hvorostovsky – disparu il y a deux ans, vaincu par le cancer – qui chantait ici dans une version de concert ce Démon qu’il incarnait à la perfection.
La mise en scène de ce Démon bordelais est due au directeur du théâtre Helikon de Moscou, Dmitri Bertman. On s’attendait à vrai dire à autre chose que cette vision très datée, très sixties.
C’est sur le plateau et dans la fosse qu’il faut chercher le succès de cette première : surprise de retrouver en Tamara la formidable Evgenia Muravevaqu’on avait tellement aimée dans La Ville mortede Korngoldà Toulouseen décembre 2018. A l’exception du prince Dougal à la voix ingrate et fruste du ténor Alexei Dolgov, tout le reste de la distribution est à louer. De même que les choeurs qui ont fort à faire dans cette partition foisonnante.
Il fallait un chef de l’envergure de Paul Daniel, le toujours inspiré directeur musical de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, pour traduire le foisonnement d’une musique puissamment romantique, sans verser dans Wagner, manier un orchestre mis à rude contribution par le compositeur, tant les changements de décor sonore, d’atmosphère, sont fréquents. Bien sûr on entend souvent Tchaikovski (dont Anton Rubinstein a été le professeur !) et, comme chez tous les Russes, un substrat populaire (certes moins évident que chez Borodine ou Rimski-Korsakov) qui transparaît dans les pages chorales.
On se réjouit de pouvoir écouter bientôt l’ouvrage sur France Musique et on ne peut que recommander à ceux qui le peuvent de se rendre au Grand Théâtre de Bordeaux !
(Domingo Hindoyan, JPR, Paul Daniel)
A l’issue de la représentation, le bonheur de retrouver un autre chef ami, présent à Bordeaux ce jeudi soir pour diriger un programme Schubert/Strauss avec l’ONBA, Domingo Hindoyan, qui sera le 17 juillet à Montpellier, pour diriger son épouse, Sonya Yoncheva, dans Fedora de Giordano, dans le cadre du Festival Radio France 2020 (#FestivalRF20)
Je suis, au choix, ou resté un enfant ou devenu un vieux ronchon, mais je ne supporte plus la marchandisation, qui me paraît chaque année plus accentuée, de la fête de Noël. Début novembre, le rayon « décos de Noël » était déjà installé chez mon pépiniériste, et à la mi-novembre, la plupart des villes étaient déjà « enguirlandées » !
(Place de la Comédie à Montpellier)
J’aime me rappeler que, dans ma famille – avant le sinistre hiver 1972(Dernièredemeure) le sapin de Noël et la crèche n’étaient installés, décorés, qu’au tout dernier moment, pour la veillée du 24 décembre, et que mes soeurs et moi les découvrions émerveillés, avec l’odeur des bougies et un disque de Christmas carols sur l’électrophone du salon.
Mais c’était il y a longtemps…
À un ami qui m’interrogeait il y a une semaine sur mes courses de Noël, je répondis que, comme chaque année, j’avais refusé de me prêter à cette course à la surconsommation dans des magasins bondés, et que je trouverais en temps utile les petits cadeaux qui feraient plaisir à mes proches.
Ce que j’ai fait avec un peu d’anticipation ce samedi pour mes petits-enfants, qui avaient émis le voeu – par écrit ! – d’assister à une représentation du Lac des cygnes.
Billets réservés depuis quelques semaines, au prix (très) fort – les organisateurs de spectacles de fin d’année « pour enfants » savent très bien comment plumer les parents et grands-parents ! – pour un spectacle décevant.
Mon premier Lac des cygnesau théâtre Mogador à Paris est présenté comme « un spectacleconté et dansé en deux actes de 40 minutes entrecoupés par un entracte, où l’histoire du « Lac des Cygnes » a été simplifiée pour devenir accessible aux plus jeunes. Il est interprété par une troupe de danseurs professionnels emmenée par Karl Paquette, ancien danseur étoile de l’Opéra National de Paris. »
Spectacle conté ? En voix off (!!) le comédien-français Clément Hervieu-Léger fait une très brève introduction au début de chaque partie, sans aucune explication du déroulement de l’histoire et des scènes qui vont se succéder. Ma petite-fille, 4 ans et demi, qui, elle, connaît par coeur l’histoire du Lac des cygnes, faisait remarquer qu’on s’était moqué de nous !
Quant aux danseuses et danseurs, emmenés par Karl Paquette, danseur étoile tout frais retraité de l’Opéra de Paris, on ne peut pas dire qu’ils se signalaient par leurs qualités d’ensemble et leur homogénéité. Je ne sais ce que l’ancienne directrice de la danse de l’Opéra de Paris qui était dans la salle en a pensé…
Pour oublier ce Lac médiocre, nous nous en fûmes découvrir les Champs-Elysées (question du garçon « Il n’y a pas de gilets jaunes aujourd’hui? » « Ils font grève? »).
Alors quid des cadeaux de Noël cette année ?
Je veux d’abord signaler l’initiative du Festival Radio France Occitanie Montpellierqui met en vente dès maintenant des places – les meilleures ! – pour deux des événements lyriques de son édition 2020, via le site de la FNAC (les billets sont donc accessibles partout !).
D’abord Fedora, l’opéra de Giordano, en version de concert, le 17 juillet 2020, qui marquera le retour à Montpellier de Sonya Yoncheva et de son mari, le chef Domingo Hindoyan (billets en vente ici)
(Domingo Hindoyan et Sonya Yoncheva en juillet 2017 à Montpellier après Siberia de Giordano)
Et comme c’est la spécialité du festival depuis l’origine, une résurrection, l’un des derniers ouvrages de Massenet, son opéra Bacchus(1909), le 25 juillet 2020, sous la houlette de Michael Schonwandt, avec, en tête de distribution, Catherine Hunold et Jean-François Borras (billets en vente ici)
Si vous êtes encore en panne d’idées, quelques conseils de livres ou de disques qui ne devraient pas décevoir…
Ils sont de retour. Encore mieux habillés, encore plus déconnectés. Mais attention : « Tu crois que je suis à côté de la plaque mais ce n’est pas toi qui décides où est la plaque » ! Les poètes du hors-sol. Les timbrés du premier rang des défilés de mode. Tout un monde souvent parisien, toujours à la pointe, jamais épuisés. Loïc Prigent revient avec le dernier bulletin de santé de ses petits camarades du monde de la mode.
On avait adoré le précédent opuscule, dont Catherine Deneuve avait donné un savoureux aperçu sur scène.
Deux ans après sa mort, on lira avec gourmandise le portrait nuancé, fourmillant d’anecdotes, que Sophie des Déserts avait dressé de Jean d’Ormesson. Qui vient de paraître en poche.
Pendant près de trois ans, « le dernier roi soleil » ouvre ses portes à la journaliste Sophie des Déserts. Elle s’approche. Il s’habitue. Ils s’apprivoisent. Une amitié se noue, dans la vérité des derniers temps. Sophie des Déserts voit aussi ses amis, son majordome, sa famille, les femmes de sa vie. Avec l’approbation de « Jean », tous lui parlent. Se livrent. Racontent. Ainsi apparaît Jean d’Ormesson, dans toutes ses facettes, au fil de ces pages lumineuses et sombres parfois, piquantes, drôles, tendres, où se révèle enfin l’homme.
On se précipitera aussi sur le dernier Plantu.
On reste fidèle à Blake et Mortimer et à leurs dernières aventures :
Quant à offrir de la musique, deux propositions qui sortent des sentiers battus.
Le Pointdu 19 décembre fait, sous la plume du vétéran André Tubeuf, l’éloge d’un musicien de 23 ans, Valentin Tournet, « beau et grand garçon, d’un blond tirant sur le roux, qui déjà, de sa taille (1m94) domine le champ de bataille où son arrivée fait quelque bruit ». Laurent Brunner lui a ouvert grand l’opéra et la chapelle de Versailles, et ça donne un premier disque enthousiasmant !
Avant que le deux-cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Beethovenne déferle sur 2020, empressez-vous d’acquérir ou d’offrir la moins chère (env. 20 €) des intégrales des symphonies du maître de Bonn, due au plus méconnu des grands chefs est-allemands du XXème siècle, Herbert Kegel.
Au fil des années – j’ai commencé mon premier blog en janvier 2007 ! – ce blog a perdu de son caractère de journal, pas nécessairement intime, et donc une certaine spontanéité dans la réaction aux événements et à l’actualité.
Sans doute parce qu’à quelques occasions on m’a fait observer que liberté de ton et spontanéité n’étaient pas compatibles avec mes fonctions professionnelles.
Compatible ?
Je me rappelle – il y a prescription – ainsi un papier il y a une bonne dizaine d’années intitulé « Lamentable » où je dénonçais l’attitude du tout puissant patron d’une entreprise publique de Liège à l’égard des salariés et des syndicats de ladite entreprise, patron par ailleurs étiqueté socialiste. Un journaliste avait repris certains termes de ce billet qui s’étaient retrouvés dans Le Vif/L’Express. Le jour de la parution de l’hebdomadaire j’avais eu plusieurs réunions à Bruxelles, sur la route du retour dans ma voiture s’affichaient plusieurs appels manqués et messages… Mes propos n’avaient pas plu et on me demandait, plus ou moins aimablement, de m’en expliquer. Sans rien en renier, j’en fus quitte pour mettre une sourdine à ce genre de réactions d’humeur.
Je vais donc reprendre, à mon rythme et en fonction de l’actualité, le fil d’un journal de bord. En toute liberté.
Balkany
Ecrit ceci sur Facebook :
Je n’ai et n’ai jamais eu aucune espèce de sympathie pour le sieur Balkany et sa dame. Ils représentent à peu près tout ce que j’exècre en matière de comportement personnel et politique. Mais le déchaînement de joie mauvaise qui a surgi dans les tous médias et sur tous les reseaux sociaux à l’annonce de son incarcération immédiate me révulse. Condamnés pour les mêmes faits et quasiment aux mêmes peines de prison que Balkany, les hautes figures morales que sont l’ancien ministre socialiste Cahuzac et l’ex-humoriste Dieudonné M’BalaM’Bala non seulement n’ont pas « bénéficié » d’un infamant mandat de dépôt à l’audience, mais ont échappé à la case prison. Quelqu’un veut bien m’expliquer ?
La même justice pour tous ? Voire.
Recyclage
J’ai failli me décourager. Pas aidé par les responsables de la collection, qui avaient fini par me recommander de me tourner vers Amazon ! Chez chacun de mes libraires habituels, impossible de trouver les trois ouvrages parus avant l’été sous l’égide de Via Appia. Jeudi à la FNAC Rennes, j’ai finalement trouvé In Memoriam
Comme c’est l’auteur lui-même qui signe la « présentation de l’éditeur », je ne me risque pas à le paraphraser ;
« Pendant plus de dix ans, Sylvain Fort a assuré sur Forumopera.com une garde dont personne ne voulait : celle d’embaumeur. Quand un chanteur d’opéra venait à s’éteindre et qu’il avait été cher à son coeur, c’est dans l’énergie de l’émotion qu’il lui rendait hommage. Dans les rédactions, pourtant, la terrible logique des » viandes froides » veut qu’on ait pour chaque artiste prêt à rejoindre son créateur un bel obituaire tout encarté de pourpre. Ces hommages, composés alors que la victime bat encore le pavé, rappellent les albums de Noël opportunément enregistrés au mois de juillet. C’est au contraire dans l’immédiat silence de la disparition que Sylvain Fort composa le catafalque de ceux qu’il admira depuis sa plus tendre jeunesse. Ainsi, In Memoriam n’est pas un recueil d’hommages raisonnés, c’est le témoignage d’un mélomane épouvanté de voir glisser ses idoles dans un silence définitif.
Lecture agréable, une fois qu’on a intégré le style volontiers lyrique de celui qui fut la plume inspirée d’Emmanuel Macron pour certains des grands discours « mémoriels » du président de la République. On y reviendra. Défilent Bergonzi, Schwarzkopf, Fischer-Dieskau, Jurinac, et d’autres moins attendus.
Ode à la famille
Olivia de Lamberterieest le visage aimable et gourmand de la critique littéraire dans Télématin sur France 2 et la voix qui ne paraît jamais à court d’enthousiasmes du Masque et la Plume sur France Inter.
Quand, il y a un an, elle a publié son premier livre, j’ai pensé qu’elle succombait à son tour à la tentation de la notoriété.
La présentation qu’elle en faisait me semblait habile, mais pas indispensable :
Les mots des autres m’ont nourrie, portée, infusé leur énergie et leurs émotions. Jusqu’à la mort de mon frère, le 14 octobre 2015 à Montréal, je ne voyais pas la nécessité d’écrire. Le suicide d’Alex m’a transpercée de chagrin, m’a mise aussi dans une colère folle. Parce qu’un suicide, c’est la double peine, la violence de la disparition génère un silence gêné qui prend toute la place, empêchant même de se souvenir des jours heureux. Moi, je ne voulais pas me taire. Alex était un être flamboyant, il a eu une existence belle, pleine, passionnante, aimante et aimée. Il s’est battu contre la mélancolie, elle a gagné. Raconter son courage, dire le bonheur que j’ai eu de l’avoir comme frère, m’a semblé vital. Je ne voulais ni faire mon deuil ni céder à la désolation. Je désirais inventer une manière joyeuse d’être triste.
Et j’ai acheté ce livre, dans son édition de poche. Pressentais-je que j’allais aimer cette histoire, la sienne, parce qu’elle évoque la famille, la vie de famille, telle que j’ai cessé de la connaître à la mort de mon père (Dernière demeure). Sans toujours en avoir eu conscience, je me suis souvent attaché à des ouvrages, romans ou récits, qui convoquent la figure du père, aimé ou honni, présent ou absent.
Olivia de Lamberterie dépasse la tragédie de la mort de son frère pour dire, d’une plume pudique et légère, enjouée et tendre, jamais exhibitionniste ni racoleuse, les joies multiples de la famille. Ce livre m’a fait un bien fou, c’est déjà ça !
Bruckner à Vienne
Pendant que je lisais Sylvain Fort, j’écoutais un compositeur dont je crois savoir qu’il le déteste ! Sur Idagio, avec une qualité de son, une définition exceptionnelles, je retrouvais, regroupées dans un coffret Decca/Eloquence, des versions des symphonies de Bruckner que je connaissais, isolées, qui ont pour point commun l’Orchestre philharmonique de Vienne.
Il faudra que j’y consacre un billet spécifique.
Claudio Abbado (1), Horst Stein (2,6), Karl Böhm (3,4), Lorin Maazel (5), Georg Solti (7,8) et Zubin Mehta (9) se partagent le travail. Réussites inégales, mais comparaison passionnante.
Il a un nom et une allure de chanteur de charme napolitain de l’entre-deux-guerres. Une vie chaotique, une carrière anémique. Une fiche Wikipedia… qui tient en une ligne : Sergio Fiorentino, né le 22 décembre 1927 à Naples, mort dans la même ville le 22 août 1998, est un pianiste et enseignant italien !
Un peu par hasard, j’avais acheté il y a quelques années un coffret… miraculeux.
Des enregistrements tout simplement somptueux, admirables, les qualificatifs manquent. Et je n’en ai jamais parlé sur ce blog ! Pourquoi ?
Jean-Charles Hoffelé me donne l’occasion de me rattraper. Il consacre au musicien qu’Arturo Benedetti Michelangeli, son quasi-contemporain, désignait affectueusement comme « le seul autre pianiste », une pleine page de sa chronique Quelques années avant J.-C. dans le numéro de juin de Classica
« Le sort s’acharna contre ce haut jeune homme brun à l’oeil vif, au physique de tennisman, au jeu athlétique, dont la technique éblouissante semblait innée. Ses grandes mains venaient à bout des textes les plus abrupts, ses larges épaules donnaient au piano l’ampleur d’un orchestre/…. /Alors qu’il vient d’avoir 25 ans, New York lui fait fête, l’avenir s’annonce radieux, mais un accident d’avion qui manque de le tuer brise net son élan. Adieu la scène, retour au Conservatoire de Naples qui lui offre une classe/…../ Londres devient son second port d’attache, le disque s’en mêle pour son malheur. Un label désargenté (Concert Artist) capture son art incandescent/…./une vingtaine de microsillons dont il sera spolié, l’éditeur n’hésitant pas à les publier sous des pseudonymes… » La suite à lire dans Classica ou sur Artamag.
Ecrivant ce billet, je découvre sur Youtube cette extraordinaire interview de Sergio Fiorentino, enregistrée cinq ans avant sa mort… Comme on eût aimé rencontrer, entendre en concert, ce magnifique personnage, qui prouve, une fois de plus, que les plus grands sont les plus simples.
Par chance, les enregistrements de cet immense musicien ressortent, dans des conditions aussi optimales que possible.
Malheureusement dans ce coffret, où l’on a d’abord écouté les Chopin, on est confronté à des prises de son très disparates, voire scandaleuses eu égard aux dates d’enregistrement (début des années 60).
Attention aux prix pratiqués : pour le même coffret (comme ce volume 4), le même distributeur le propose du simple ou double : Amazon Allemagne est à 19,99 €, Amazon Franceest à 40 € (comme la FNAC)
Les vraies nouveautés ce sont ces coffrets salués par J.C. Hoffelé dans Classica, des rééditions extrêmement soignées d’une intégrale Rachmaninov captée par la RAI en 1987, ainsi qu’un « live » de Taiwan de 1998.
Les deux coffrets sont disponibles sur le site de l’éditeur : Rhine Classics.
Je les ai moi-même commandés par ce moyen… et reçus en moins de quinze jours !
Et quand Fiorentino évoque (et joue) lui-même Rachmaninov…
peut-on encore douter de la nécessité d’acquérir tous ces précieux témoignages de l’art de l’un des plus grands interprètes du XXème siècle, si scandaleusement oublié…?
RCA/SONY avait déjà publié deux gros pavés de 60 CD chacun reprenant les glorieux débuts de la stéréo « à l’américaine ».
On y retrouve tous les grands artistes « maison, Fritz Reiner, Charles Munch, Artur Rubinstein, Jascha Heifetz, Van Cliburn, qui ont tous bénéficié d’éditions intégrales ou en boîtiers séparés. Pas vraiment nécessaires au discophile collectionneur donc !
Et on pensait qu’avec ces 120 CD le tour de l’aventure Living Stereo avait été bouclé.
Quand on a vu annoncé un troisième coffret, et qu’on a lu rapidement ce qu’il allait contenir, on a pensé qu’il s’agissait de fonds de tiroir de moindre importance. Et voici qu’on découvre tout un pan de l’histoire de l’enregistrement américaine… qui nous était inconnue, d’ailleurs 48 des galettes (qui reproduisent les pochettes, les programmes et les minutages des LP d’origine) de ce nouveau pavé n’ont jamais été éditées en CD !
D’abord un format plus pratique que les deux précédents (en longueur et non plus carré). Un livret trilingue extrêmement bien fait et documenté. Et une quantité vraiment impressionnante d’inédits, et pour beaucoup d’artistes une forme de résurrection.
Des moments magiques comme cette musique de chambre jouée par un improbable Festival Quartet composé tout simplement de… Szymon Goldberg, William Primrose, Nikolai Graudanet Victor Babin (!), quatre magnifiques artistes qui se réunissaient l’été au festival d’Aspendans le Colorado. Le coffret s’ouvre par une Truitede Schubert d’une infinie délicatesse, qui vous saisit dès un début chuchoté, sur la pointe de l’archet. Les trois quatuors avec piano de Brahms sont dans le même esprit et ne le cèdent en rien aux enregistrements plus célèbres des compères du festival de Marlboro.
Quelques curiosités du côté de Bach, Vivaldi ou Handel, et compte-tenu de l’époque (la fin des années 50), rien d’inécoutable, au contraire : les Quatre saisons de la Societa Corelli, si elles ne constituent pas le choc de la première version des Musici, ne font pas leur âge.
Quelques galettes typiquement américaines avec les Boston PopsouMorton Gould, de l’orgue plus spectaculaire que philologique, complètent un coffret vraiment indispensable.
Et déjà, au tout début des années 60, certains devaient s’excuser d’aimer la musique classique…
Conseil aux amateurs : ledit coffret est en vente dans les magasins et sites FNAC, Gibert et autres entre 110 et 130 €, sauf sur Amazon.frqui le propose à…70 € !
La photo que Patrick P. postait dimanche sur Facebook a réveillé d’anciens souvenirs.
La chanson mythique de Jacques Dutronc d’abord (« Le dauphin de la place Dauphine… »)
Pour le jeune provincial que j’étais, la place Dauphine fut un des premiers lieux de ma découverte de Paris et de la vie parisienne. Il y avait, à la toute fin des années 70, un restaurant – je n’ai pas vérifié s’il s’y trouve toujours ! – où l’été venu il faisait bon dîner en terrasse, en plein coeur de la capitale, à l’abri des bruits de la ville. Deux ou trois fois, j’y ai côtoyé, sans jamais oser l’approcher et lui dire mon admiration, Simone Signoret. Elle n’était plus Casque d’or, ni même la Mathilde inoubliable de L’Armée des ombres (1969) de Melville, mais je savais qu’avec elle la nostalgie ne serait plus jamais ce qu’elle avait été…
Paris, quelques années plus tôt, en décembre 1973, c’est une odeur et un disque. Un an après la mort de mon père, j’avais accompagné ma mère de Poitiers à Paris, elle allait rejoindre sa famille en Suisse pour prendre un peu de repos. J’avais quelques heures à passer dans la capitale, et je savais qu’il y avait au début du boulevard Sébastopol un magasin qui me verrait très souvent par la suite – jusqu’à sa fermeture – la FNAC. Et sur le large trottoir devant l’enseigne, de larges bouches de métro, et cette odeur si caractéristique du réseau parisien (qui tend un peu à disparaître avec les rames sur pneumatiques et l’usage de détergents parfumés). Ce jour-là, allez savoir pourquoi, j’ai acheté, contre les conseils du vendeur, deux disques Mozart dirigés par Klemperer.
Paris aujourd’hui, c’est le lancement de la candidature aux Jeux Olympiquesde 2024. On se rappelle que la Maire, Anne Hidalgo, n’y était pas favorable, elle privilégiait alors la perspective d’une Exposition universelle. Il faut croire que la puissance du lobby politico-sportif l’a emporté et qu’il y aurait plus de chances de notre côté ?
Paris vue du 22e étage de la tour de Radio France.
Je ne sais pas vous, mais pour moi la période des fêtes est souvent synonyme de corvée de cadeaux. Comment faire plaisir intelligemment à ceux qu’on aime ?
Les lecteurs de ce blog sont depuis longtemps au courant de l’une de mes passions coupables, le disque. Mais à la différence de certains camarades, je n’aime pas accumuler – je n’en aurais pas la place ! – donc j’échange, je regroupe (et la profusion de coffrets publiés ces derniers mois par les « majors » contribue considérablement à cet effort de rationalisation), et je crois avoir trouvé les bons filons en jonglant avec les fournisseurs, en faisant donc jouer la concurrence.Ce sont ces « bons plans » que je livre ici.
La presse a unanimement loué cette prodigieuse réédition du legs discographique du Beaux Arts Trio. En France (Amazon.fr ou Fnac) 118 €, en Allemagne (Amazon.de) 99 €, sur Amazon.it 78 € !
Deutsche Grammophon honore Emil Guilels, le grand pianiste russe (1916-1985) par un beau coffret regroupant ses enregistrements tardifs, une quasi intégrale des Sonates de Beethoven, des Mozart et Schubert avec Böhm et sa fille Elena, quelques incunables des années 50 en trio avec Kogan et Rostropovitch. L’Allemagne et l’Italie se tiennent (autour de 65 €), la France 10 € plus chère.
Grâce à Tom Deacon, célèbre producteur canadien de la série Great Pianists of the XXth Century, j’apprends que la firme russe Melodia (ou pour respecter les critères internationaux Melodyia) publie une édition « de luxe » de 50 CD du légendaire Sviatoslav Richter (1915-1997). Est-ce le cours du rouble, le montant des taxes locales ? Toujours est-il que les différences de prix annoncés sont pour le moins étonnantes…
Amazon.it 310 €, Amazon.de 461 €, Amazon.co.uk 363 £ !! Sur les sites français (Amazon, Fnac) le dit coffret n’est pas même annoncé (on doit attendre sans doute que l’année du centenaire de Richter se termine ?)
Tandis que la collection Eloquence de Decca republie en CD séparés les enregistrements réalisés à Vienne, Londres et Amsterdam, pour Philips et Decca, par Pierre Monteux (1875-1964) – à suivre dans le numéro de janvier de Diapason – j’ai découvert récemment un fabuleux coffret, qui m’avait échappé à sa sortie, 11 CD de concerts donnés à Boston en 1958/1959, enregistrés en stéréo. Tout simplement prodigieux. Le feu, la fougue, la générosité, la poésie d’un chef largement octogénaire, avec parfois des accidents qui témoignent de l’ambiance électrique qui régnait dans ces concerts. Et quels solistes ! Leon Fleisher plus génial que jamais dans le 1er concerto de Brahms, Leonid Kogan éblouissant dans le concerto pour violon de Brahms (que Monteux et lui enregistraient pour le disque – RCA – au même moment), une « Pastorale » de Beethoven orageuse à souhait. Bref, un coffret INDISPENSABLE. Cette fois acquis en France via Amazon.fr (qui propose le coffret à 55 €) qui met en lien un autre vendeur (Clic Musique) qui lui fait une offre à 34 € – et a honoré ma commande avec tout le soin et la diligence voulus. A titre de comparaison, ce coffret est téléchargeable sur Itunespour 99 € !
Enfin, dans la série des magnifiques rééditions, très attendues, un autre ensemble légendaire qui a fait les heures de gloire de Philips, leQuartetto Italiano. C’est Fnac.com qui propose le meilleur prix.
Mais l’un des meilleurs plans pour qui veut trouver le disque rare, l’intégrale oubliée, le tirage japonais de ses rêves, reste le seul magasin de Paris exclusivement réservé au CD/DVD classique d’occasion, Melomania, 38 boulevard Saint-Germain, 75005 Paris (en face de l’église St Nicolas du Chardonnet et de la salle de la Mutualité). Et pour ceux qui n’ont pas la chance d’être parisiens ou de venir à Paris, un site remarquablement fait : http://www.melomania.com/fr/.
D’abord il y avait un devoir d’amitié, une présence depuis longtemps promise à l’ami P. qui prenait possession de ses nouvelles pénates. Et puis à d’autres aussi, parmi celles et ceux avec qui on a partagé toutes ces années liégeoises. Mais jusqu’au bout rien n’était sûr, on a donc un peu débarqué par surprise en Cité ardente, extrêmement animée en ce premier samedi d’octobre, conjonction de l’ouverture de la traditionnelle Foire d’octobre et des Coteaux de la Citadelle. Une horreur, un pic de pollution et d’embouteillages dont on s’est vite extirpé !
Une brève visite à la FNAC, qui n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut, hors le personnel et sa gentillesse légendaire – « je suis heureuse de vous revoir, ça fait longtemps que je ne vous vois plus » (une caissière, pardon une hôtesse de caisse !), dont je ne suis pas ressorti les mains vides.
D’abord un excellent livre, mal intitulé de mon point de vue, dû à un jeune et talentueux journaliste, François Brabant, l’un des meilleurs que j’aie croisés durant mes années belges. C’est très documenté, vif, alerte comme un thriller, et plus que le petit bout de la lorgnette d’une histoire locale – c’est pour cela que je n’aime pas le titre ! – c’est toute une époque de la vie politique belge qui est évoquée avec à la fois un sens de la vaste perspective et la précision du détail historique. Passionnant, et – plutôt rare – ni combattant, ni complaisant.
Puis des disques à prix bradé, qui n’ont rien de belge ni de liégeois, mais que je n’avais pas trouvés ailleurs.
J’ai une pleine collection de concertos de Bach (Jean-Sébastien) au piano moderne, une hérésie pour certains, mais voilà mes oreilles ont toujours mieux supporté le Steinway au ferraillement du clavecin dans un répertoire où l’instrument compte moins que la musique elle-même. Et j’ai découvert que de jeunes artistes ont appliqué le même traitement aux fils de Bach, avec un résultat surprenant et captivant, puisqu’au piano ludique, bondissant (on est aux antipodes du tricotage de Monsieur Gould) du sino-néerlandais See Siang Wong répond un orchestre de chambre de Bâle baroque, rauque, acéré – trop parfois – mené à la cravache par le violon de Yuki Kazai, une ancienne élève de Raphael Oleg au Conservatoire de cette ville suisse, pionnière en matière d’interprétation « historiquement informée » (August Wenzinger, la Schola cantorum basiliensis) . Je jubilais sur la route du retour.
Une belle découverte, et dans mon panier, une redécouverte, un grand monsieur du piano français, Vlado Perlemuter, dont ma discothèque est étrangement peu pourvue. Grâce à Alain Lompech qui avait construit une collection « Le Monde dupiano », sans doute disponible en kiosque, mais que je n’avais pas remarquée à sa sortie française, et qui était justement proposée soldée à la FNAC de Liège, j’ai retrouvé les Ravel justement mythiques, enregistrés, pas très bien, au mitan des années 50, avec Jasha Horenstein au pupitre des concerts Colonne pour les concertos, et trois sonates miraculeuses de Mozart.
J’ai bien sûr profité, outre de la joie des retrouvailles, de paysages, d’une campagne – le pays d’Herve, l’Ardenne bleue -, l’ancienne route de Liège à Aix-la-Chapelle, que l’autoroute toute proche et plus rapide m’avait jusqu’alors masquées.
Réapprovisionnement en thés de toutes sortes dans un petit magasin familial de Maastricht qui vaut tous les Mariage Frères et autres Palais des thés, un authentique torréfacteur de surcroît, une adresse incontournable : Blanche Dael, Wolfstraat 28 (en plein coeur piétonnier de la ville)