Winter comes slowly

En ce dimanche gris et brumeux de début de l’hiver, c’est à Purcell et sa merveilleuse Fairy Queen que je pense aussitôt : Now winter comes slowly

C’est une des nombreuses musiques que l’hiver a inspirées à des compositeurs de tous horizons. A peu près chaque année, j’ai consacré un billet à cette saison (Rêves d’hiver) qui n’est pas toujours synonyme de réjouissances et de fête.

J’ai piqué au hasard dans ma discothèque quelques tubes et quelques raretés.

  • L’inverno (L’hiver) de Vivaldi, et une version – la première que j’ai acquise – celle de Felix Ayo avec I Musici qui n’a pas pris une ride

De ce cycle de douze pièces pour piano (une par mois) de Tchaikovski, que j’aime jouer (uniquement pour moi !) et qui était longtemps resté l’apanage de quelques pianistes russes, comme Sviatoslav Richter, il y a depuis quelques mois une épidémie de parutions…

Je laisse aux critiques spécialisés le soin de les départager. Je livre ici une version qui m’est chère, celle de Brigitte Engerer

C’est à Paris qu’en 1929, le compositeur et chef d’orchestre originaire de Saint-Pétersbourg, réalise le premier enregistrement de son ballet Les Saisons, une des rares oeuvres qui émerge encore d’un corpus symphonique abondant, mais pas toujours inspiré. C’est à Neuilly qu’il décèdera le 21 mars 1936.

Les Russes n’ont pas le monopole de l’évocation de l’hiver. J’aime beaucoup la première symphonie de Roussel, qui reste dans une veine « impressionniste » qui disparaîtra dans les symphonies n°3 et 4.

Deux versions très réussies, qu’on n’a pas envie de départager :

  • Schubert, Der Winterabend

Quand on évoque Schubert, on pense évidemment à son cycle de mélodies Winterreise / Le Voyage d’hiver (1827). Le Lied Der Winterabend lui est postérieur d’un an.

  • Wagner, Die Walküre / La Walkyrie acte I, air de Siegmund « Winterstürme wichen den Wonnemond »

Dans le 1er acte de la Walkyrie, Siegmund chasse le souvenir des « tempêtes hivernales ».

  • Josef Strauss, Winterlust

Et puisqu’on y sera bientôt, anticipons les joies de l’hiver à Vienne avec le frère cadet de Johann Strauss

  • Richard Strauss, Winterweihe (1900)

Cette mélodie de Richard Strauss sur un poème de Carl Friedrich Henckell est une promesse autant qu’une invitation, et résonne presque comme un chant de Noël.

In diesen Wintertagen,
Nun sich das Licht verhüllt,
Laß uns im Herzen tragen, 
Einander traulich sagen,
Was uns mit innerm Licht erfüllt.

Was milde Glut entzündet,
Soll brennen fort und fort, 
Was Seelen zart verbündet
Und Geisterbrücken gründet,
Sei unser leises Losungswort.

Das Rad der Zeit mag rollen,
Wir greifen kaum hinein,
Dem Schein der Welt verschollen, 
Auf unserm Eiland wollen
Wir Tag und Nacht der sel’gen Liebe weih’n
.

En ces jours d’hiver, Maintenant que la lumière est voilée, Portons dans nos cœurs, Confions-nous intimement, Que ce qui nous emplit de lumière intérieure. ce qui allume une douce braise brûlera sans fin, ce qui unit tendrement les âmes et bâtit des ponts spirituels, soit notre mot d’ordre silencieux. La roue du temps peut tourner, Nous la touchons à peine, Perdus dans l’illusion du monde, Sur notre île, nous voulons consacrer jour et nuit à l’amour béni (Libre traduction JPR)

Et toujours humeurs et bonheurs à lire dans mes brèves de blog

Actualisation

Collectionneur impénitent je suis et je reste. Je ne parviens pas à me contenter d’une discothèque tout numérique. Tant qu’il y a encore des CD et des DVD, surtout lorsqu’ils sont rassemblés en coffrets (avant disparition ?), je suis preneur.

J’ai fait ces derniers temps quelques achats – neufs ou occasion – qui me semblent induire une actualisation de certains articles.

Etudes

Il y a plus de deux ans, j’avais écrit un article – Hautes études – en relation avec une discographie établie par la revue Gramophone des deux cahiers d’Etudes de Chopin. Entre temps de nouveaux disques sont parus et j’en ai découvert d’autres que j’ignorais, comme celui que le festival d’Auvers-sur-Oise faisait enregistrer à Jean-Frédéric Neuburger à tout juste 20 ans en 2006

Et chemin faisant, je trouve ceci de prodigieux sur YouTube, Daniil Trifonov, 20 ans lui aussi, à l’époque du concours Rubinstein de Tel Aviv

Et puis il y a eu ce disque de Yuncham Lim, dans sa vingtaine triomphante lui aussi)

Ce disque a obtenu toutes les récompenses possibles. Une première écoute rapide ne m’avait pas vraiment passionné : tout me paraissait un peu « trop », trop vite, trop uniforme, trop purement virtuose. Et à la réécoute je lui trouve finalement de très belles qualités.

Il y a aussi cette réédition – enfin – des Chopin du pianiste chinois naturalisé britannique Fou Ts’ong (1934-2020)

Saint-Saëns

À l’occasion du centenaire de sa mort, en 2021, j’avais consacré une série d’articles à Saint-Saëns, en particulier à ses concertos pour piano (lire Saint-Saëns #100)

J’y parlais déjà du premier volet des concertos enregistrés par le fils – Alexandre – et le père – Jean-Jacques Kantorow.

Ce n’est que récemment que j’ai pu acquérir les 2 CD. Indispensables évidemment !

Il y a surtout un disque que j’avais oublié dans ma recension, mais mentionné en bonne place en rendant hommage à Nelson Freire (1944-2021)

Des nouvelles de Carl

C’est un chef, violoniste à l’origine, dont j’ai quelquefois parlé ici avec admiration, Carl von Garaguly (1900-1984) pour les seuls enregistrements que j’avais trouvés de lui, Sibelius… et Johann Strauss !

Je viens de trouver sur IStore, en téléchargement uniquement donc, une formidable 2e symphonie de Nielsen enregistrée à Copenhague (avec un orchestre qui n’existe pas, sans doute l’orchestre de la radio danoise sous un pseudonyme !)

Puisque nous sommes encore dans l’année Strauss (Un bouquet de Strauss), rappelons cette merveille. Il faut écouter la liberté, la souplesse, dont use sans économie le chef qui n’a pas oublié ses racines hongroises.

Chansons tristes

Il y a tout juste un mois, j’évoquais les chansons tristes que j’aime écouter pour leur effet bienfaisant, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Je dois y ajouter une séquence qui m’émeut profondément quand je la revois, cette dernière rencontre entre deux amis, Serge Lama et Nana Mouskouri autour d’une chanson – Une île – que j’aurais dû ajouter à ma première liste

Et puis comme toujours mes humeurs, bonnes ou moins bonnes, dans mes brèves de blog