Une renaissance

J’ai quitté Liège il y a sept ans, et depuis j’y suis revenu régulièrement, deux fois par an. Parce qu’on n’oublie pas quinze ans de sa vie, quinze ans de compagnonnage avec un bel orchestre et bien des amis. La pandémie a rompu le rythme de ces visites. Ma dernière venue remonte à février 2020, juste avant le premier confinement.

(La rue Léopold)

Les amis m’avaient prévenu : « Tu vas voir, le centre ville est en travaux » La galère pour circuler et se garer. À quoi j’avais répondu – c’est fou ce que la mémoire est oublieuse ! – que c’est exactement la ville que j’avais découverte, au moment de mon recrutement comme directeur général de l’Orchestre philharmonique royal de Liège, en septembre 1999 (Liège à l’unanimité). Toutes les rues du centre éventrées, l’actuelle place Saint-Lambert encore à l’état…d’inachèvement. Bref rien qui pût m’affoler !

(La place Saint-Lambert aujourd’hui et le Palais des Princes-Evêques)

En revanche, j’ai trouvé une ville en pleine transformation – pas seulement les travaux du tram – Des rues, des bâtiments, des monuments, si longtemps laissés à l’abandon, noircis, salis par les ans, sans que cela parût préoccuper qui que ce soit ! Je me rappelle des conversations avec les élus, dont l’actuel bourgmestre (maire), moi le Français qui m’étais mis à aimer cette ville et qui râlais des occasions manquées de la mettre en valeur. J’avais participé à des comités, associations, qui se remuaient pour qu’au moins le fabuleux patrimoine historique soit restauré, rendu à sa splendeur initiale.

Ainsi de la cathédrale et de sa place au coeur de la cité. Si longtemps, cette superbe nef gothique ne montra que saleté et grisaille extérieures aux touristes et visiteurs et la « place Cathédrale » – comme l’appellent les Liégeois – était ceinte de bâtiments d’une laideur assez exceptionnelle, et servait tantôt de patinoire l’hiver, tantôt de lieu de rendez-vous pour les clochards! La métamorphose est impressionnante.

L’ancienne poste, édifiée en 1905, était une coquille vide depuis des années. Après l’échec de plusieurs projets, le retrait de plusieurs investisseurs, c’est aujourd’hui un bâtiment superbement restauré, constitué de bureaux, d’espaces de réception, d’une brasserie (je n’ai pas goûté à la bière qu’on y produit) et d’un « food court ».

Mais ce changement est visible partout en coeur de ville. Il témoigne à tout le moins de la constance d’une politique dont il y a vingt ans et plus bénéficièrent les deux écrins de la musique à Liège, la Salle Philharmonique – siège de l’Orchestre philharmonique royal de Liège – et l’Opéra royal de Wallonie. C’est lent, ça prend du temps – la ligne de tram qui est en cours d’installation devait initialement être prête pour l’exposition internationale que Liège prétendait organiser… en 2017 ! -. Mais tout finit par arriver !

Journal du Portugal (I) : Lisbonne et Porto

Lorsque j’ai annoncé à mes proches que j’avais choisi le Portugal pour mes vacances d’été, j’ai vu nombre de sourires s’afficher : « Vous n’allez pas être seuls »…

Il faut croire, en effet, que les Français en particulier s’y sont précipités en masse. Qu’on parcoure les rues de Lisbonne ou Porto, voire les cités plus petites de l’Alentejo, on constate vite cette présence qui n’est pas toujours – euphémisme – ni la plus discrète, ni la plus raffinée. Pourquoi faut-il que mes compatriotes, dès qu’ils sont plus de trois ou quatre, se fassent remarquer en parlant fort et mal à propos, pensant que personne ne les comprend ?

Un souvenir me revient d’un lointain voyage (1973) en Roumanie. Je visitais, avec un cousin, un monument de la ville d’Alba Iulia, un seul petit bar s’y trouvait, avec bien peu de choses à proposer. Le lieu était désert. À une autre table étaient assis deux garçons qui parlaient fort, apostrophaient le serveur en le traitant de tous les noms… en français. Nous avons vite commandé et bu un breuvage approximatif, et en partant je n’ai pu m’empêcher d’aller « féliciter » les deux autres consommateurs de l’excellente image qu’ils venaient de donner  de notre pays. Ils détalèrent vite fait le rouge au front.

Lisbonne donc semble être à 75 % française durant l’été. Mais j’avais déjà observé le phénomène lors d’un précédent voyage à l’automne 2016 (Lisboa mer amor).

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Quelques bonnes surprises culinaires : le soir de notre arrivée (un dimanche soir) nous arrivons un peu par hasard dans un nouvel établissement… français, ouvert au mois de mai sur une ravissante placette de l’Alfama (Grenache),

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le lendemain nous trouverons dans le quartier du Barrio Alto une petite adresse à l’écart de « la » rue des restaurants de fado, Fado ao Carmo

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Par chance, le musée Calouste Gulbenkian (voir Collection Gulbenkian I et Gulbenkian modernen’attire pas les foules…

Porto nous réservera d’autres surprises, d’abord météorologiques, trois jours sous les nuages et la pluie… et un afflux proportionnel de touristes obligés de quitter bord de mer et plages. La ville est conforme à l’image qu’on en a, toute en escarpements et ruelles obscures côté vieux Porto, et sur l’autre rive du Douro, côté Vila Nova de Gaia, les chais et caves de porto, et pour les relier le fameux pont Eiffel (qui n’est pas de Gustave Eiffel lui-même mais de l’un de ses disciples).

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Au chapitre restauration, en dehors de l’inévitable porto consommé sur la place de la Ribeira, on a exploré des quartiers moins fréquentés. N’eût été un service invraisemblablement long, on eût conseillé l’Artesão Bistrô – mais une heure entre chaque plat a de quoi dissuader le plus patient des gastronomes. Explication : le chef est seul en cuisine, et veut tout faire et contrôler lui-même ! A l’écart du centre, la très bonne surprise est venue de 4 Royal, cuisine portugaise de très belle venue, impeccablement servie, jolie carte de vins du pays, le tout à prix très modérés. Plus « authentique » encore, dans un cadre qui semble n’avoir pas bougé depuis cinquante ans, le restaurant Rito qui affiche la couleur – Cozinha Regional – plats simples en quantités plus que généreuses, service exclusivement masculin.

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Et puis on quitte Porto et ses froideurs humides, pour gagner l’est du Portugal, et la capitale du nord de l’Alentejo, Evora. De magnifiques découvertes nous attendent…