Le voyage d’Ouzbékistan (I) : la solitude des champs de coton et la mort d’Alain Delon

J’ai laissé ce blog sur les hauteurs du lac Son au Kirghizistan (Les chevaux de Kirghizie). En une semaine, que de chemin parcouru et d’impressions emmagasinées !

Mardi 13 août : la nuit a été fraîche, la petite porte de la yourte était mal ajustée et la température au réveil ne devait pas excéder 6°. On refait à pied une partie du parcours qu’on a fait à cheval la veille, histoire de se dégourdir les jambes avant de reprendre la voiture pour un long trajet vers la région de Talss et la vallée de Suusamyr. Quelques haltes pour photographier des montagnes de toutes les couleurs, puis déjeuner au bord de la rivière pour enfin goûter à la truite qui est annoncée le long des routes.

La truite fraîchement pêchée et grillée.

Dernière nuit au Kirghizistan dans un petit hôtel au bord d’un torrent (boules Quies requises), à Chychkan.

Mercredi 14 : on refait la route dans l’autre sens cette fois pour rejoindre Bichkek et son aéroport. Ici ils appellent cela autoroute parce que c’est l’unique liaison entre le sud (Och) et le nord (Bichkek). On y verra beaucoup de camions, des vélos et mêmes des troupeaux.

Au contrôle des passeports, le policier me salue d’un « Bonjour » et me demande si j’ai aimé le Kirghizistan, me faisant comprendre avec un grand sourire qu’il ne me laissera passer qu’en cas de réponse positive ! J’y reviendrai plus tard, mais c’est tellement plus sympathique pour le visiteur arrivant au Kirghizistan (comme en Ouzbékistan) de ne pas devoir subir des files et des contrôles interminables à l’arrivée, ni visa ni multiples tampons.

Vol d’une heure vers Tachkent, la capitale de l’Ouzbékistan. Le contraste entre les deux capitales est saisissant dès l’arrivée à l’aéroport : l’opulence s’affiche sans complexe. On s’offre un dîner italien à l’hôtel. La cuisine kirghize est délicieuse, goûteuse parce que faite de produits locaux et de traditions séculaires, mais elle est un peu répétitive… Noter pour y revenir que le plat national dans les deux pays est le « plov », traduit en français par le riz « pilaf » !

Jeudi 15 :

Une jeune guide, dont la famille a des origines iraniennes, et dont le visage nous fait plus d’une fois penser à… Simone Veil, nous entraîne pour une visite de Tachkent sous un soleil de plomb. La ville est immense, larges avenues bordées de parcs et jardins, rangées de magasins de marques, parfois à la limite du clinquant. Peu de monuments anciens, même si les plus importants d’entre eux ont été reconstruits à l’identique après le terrible tremblement de terre du 26 avril 1966 (lire Le Monde : la terre tremble à Tachkent). On visite le grand marché central, puis quelques stations de métro – prototype du métro soviétique, autorisé en 1972 par Brejnev, six ans après le séisme, et ouvert en 1977 -.

Déjeuner obligé dans un immense restaurant « typique » au milieu d’une escouade de jeunes serveurs et serveuses. L’après-midi visite privée des mythiques studios d’Ouzbek Film. Ce sera un article à lui seul.

Le soir on choisira un établissement prisé des locaux au milieu d’un parc : la température extérieure est encore de 37°.

Album photos complet de Tachkent à voir sur Facebook.

Vendredi 16 : réveil aux aurores, départ de l’hôtel à 5h pour rejoindre le petit aéroport intérieur de Tachkent, emprunter un vol d’Uzbekistan Airways (un Airbus A320 flambant neuf) pour rejoindre la ville d’Ourgench à l’ouest du pays. A l’arrivée on pensait tomber sur un guide masculin – ne pas se fier aux prénoms locaux – c’est une plantureuse mère de deux jumeaux qui, d’une voix très sonore et bien peu agréable – va nous faire le coup, deux jours durant, de l’Ouzbékistan pour les nuls. D’abord le désert non loin de la mer d’Aral, et les vestiges de plusieurs forteresses érigées au début de notre ère – on entendra bien dix fois qu’il y avait autrefois plus d’une cinquantaine de constructions de ce type : Ayaz Qala. L’érosion, l’absence d’entretien et surtout d’intérêt de la part des autorités soviétiques, ont fait leur oeuvre. Mais à voir ce qui reste, on peut encore imaginer ce que devaient être ces places fortes surgies du désert.

Les souvenirs d’enfance, d’école, reviennent : j’ai toujours su que l’Amou Daria et le Syr Daria étaient les plus grands fleuves de la région, qui se jetaient dans ce qui fut la mer d’Aral. On reparlera de la catastrophe écologique que représente l’assèchement de ce qui était la quatrième plus grande étendue lacustre au monde…

Depuis 2017, la surface en eau de la mer d’Aral a encore été réduite de moitié…

Je doute que Bernard-Marie Koltès ait jamais visité cette partie d’Asie centrale, mais je ne peux m’empêcher d’imaginer qu’il eût été inspiré par notre parcours du jour, pour deux de ses pièces emblématiques : Le retour au désert et Dans la solitude des champs de coton. De retour du site d’Ayaz Qala pour rejoindre la ville antique de Khiva, nous longeons d’immenses champs de coton, puisque l’Union soviétique avait décrété la culture intensive du coton (qui nécessite de grandes quantités d’eau, d’où le détournement des lits de l’Amou et du Syr Daria !).

Notre hôtel est une ancienne madrassa, construite en 1905 aux portes de la ville ancienne. Une chambre comme une cellule d’étudiant. Balade sous la chaleur dans une cité miraculeusement préservée et dîner sur une terrasse qui domine la place centrale. Emerveillement tous azimuts

Samedi 17 : à 9 heures tapantes, notre guide nous attend à l’hôtel pour une visite des principaux monuments de la vieille ville de Khiva. Parlant à la cantonade, y compris dans les lieux de prière, elle récite son « Khiva pour les nuls », en prenant soin de répéter chaque phrase. C’est un peu la honte. Les beautés de la cité antique se cachent à l’intérieur des palais, où, en dehors d’un groupe d’Italiens grégaires et bavards, le touriste est plutôt rare. Déjeuner obligé sur une terrasse où le vent rafraîchit l’atmosphère. Puis un chauffeur nous prend en charge pour nous conduire à Boukhara, à près de 400 km de là. Le trajet annoncé comme devant durer 8h, se fera en à peine cinq heures. Sitôt sortie de la zone urbaine d’Ourgench, la voiture file d’abord vers le long pont métallique qui franchit le lit très large de l’Amou Daria, puis traverse, sur plus de 200 km, ce qu’on nomme ici le désert rouge. Magique, surtout au coucher du soleil. La nuit est déjà tombée lorsque nous arrivons à Boukhara, dans un hôtel situé aux portes de la vieille ville. Demain s’annonce comme une découverte peut-être plus impressionnante encore que Khiva.

Album photos complet de Khiva à voir sur Facebook

Ce que ne m’a jamais dit Alain Delon

A l’heure où je boucle cet article, je sors d’un déjeuner avec le guide qui nous conduit dans Boukhara et qui nous a appris la mort d’Alain Delon. L’avantage de ne pas être connecté à internet, en dehors des hôtels où nous logeons, c’est d’échapper à la ribambelle des RIP et autres hommages obligés. Je n’ai rien à ajouter à tous les articles, tous les hommages qui sont et seront rendus à l’une des dernières stars mondiales du cinéma français. Je vais les lire bien sûr, revoir les films où éclatait la beauté solaire du jeune acteur.

French actor Alain Delon on the set of The Yellow Rolls-Royce directed by British Anthony Asquith. (Photo by Sunset Boulevard/Corbis via Getty Images)

Ah si peut-être un souvenir personnel, que je ne mentionnerais pas si la circonstance ne s’y prêtait. A la toute fin des années 70, comme je le rappelais à l’occasion de la disparition de Jean-Yves Bouvier, l’âme de l’Elysée-Matignon, la boîte la plus en vue de Paris de l’époque, je fréquentais beaucoup cet établissement, où je retrouvais souvent la même bande de copains. Lorsque j’y allais seul ou que j’arrivais en avance, Jean-Yves Bouvier me demandait souvent comme un service – aussi agréable qu’impressionnant pour le petit provincial que j’étais – de faire la conversation dans le carré VIP aux célébrités présentes. Le pot de fleurs en quelque sorte. C’est ainsi que je fus une fois assis à côté d’Alain Delon, avec qui j’ai dû échanger quelques impérissables banalités.

Couvre-feu

Le Président a parlé. Pour une fois simple, clair et concis. On évite le confinement total du printemps, mais pour une bonne moitié des Français qui ont la malchance de vivre en région Ile-de-France et dans huit métropoles d’importance, le couvre-feu instauré à partir de ce vendredi minuit équivaut au confinement. Tout ce qui avait patiemment et courageusement été reconstruit cet automne – les restaurants, les salles de sport, les théâtres, les activités culturelles – tout s’effondre de nouveau. Un couvre-feu à 21 h (d’ailleurs pourquoi 21 h et pas 22 h ou 20 h ?) c’est l’arrêt, et sans doute l’arrêt de mort, pour toutes les activités qui sont le sel de la vie, le supplément d’âme sans lequel la vie n’est que répétition de mécanismes, d’habitudes sans but ni vision…

Il n’est plus temps de distribuer les bons et les mauvais points (lire L’infantilisation comme mode de gouvernement).

Aujourd’hui je voulais vous parler du spectacle que j’ai vu vendredi dernier au Théâtre des Champs-Elysées, le Ballet royal de la nuit, un spectacle qui tourne depuis 2017.

( Photo : Vincent PONTET)

Guillaume Santaigne a écrit sur forumopera à peu près exactement ce que j’en pense. Lire Une heure de trop.

Aujourd’hui je voulais vous parler de la performance de Cecilia Bartoli et de ses Musiciens du Prince Monaco mardi soir à Toulouse. Performance plutôt que concert « classique », des musiciens formidables, une chanteuse qui n’accapare pas la scène pour se mettre seule en valeur, se changeant à vue dans un coin du plateau et toujours formidablement généreuse. Deux concerts étaient prévus ce 13 octobre, le premier à 18 h, le second à 20h.

J’étais au premier, qui ne s’est achevé qu’à 19h45 ! Récital d’airs baroques, Haendel, Vivaldi, Hasse, et en bis une chanson napolitaine… et un impayable Summertime !

Aujourd’hui je voulais vous parler aussi des entretiens que j’ai eus toute cette journée de mercredi avec des élus et responsables de villes d’Occitanie pour préparer la prochaine édition du Festival Radio France Occitanie Montpellier, de ce besoin de culture, de fête qui s’exprime plus fort que jamais. Nous savons déjà que la crise sanitaire a modifié et continuera de modifier – et pas nécessairement de façon négative – les habitudes tant des spectateurs que des producteurs – restriction des jauges, port du masque, durée des spectacles. Nous savons aussi qu’aucun « cluster » ne s’est jamais révélé dans les salles de spectacle et les cinémas depuis le déconfinement.

J’invite à lire l’excellent article de Charles Arden et Damien Dutilleul sur Olyrix : Feu aux poudres pour la culture.

Il va falloir inventer de nouveaux formats, de nouveaux horaires – dîner comme les Néerlandais à 18 h ? – de nouvelles propositions le week-end. Mais ne pas se résigner à une nouvelle mort. Car la vie, Monsieur le Président de la République, la « vie sociale » que vous nous incitez à maintenir, n’est tout simplement pas la vie, sans culture, sans convivialité, notre horizon commun ne peut se réduire à Métro boulot dodo.

L’esprit Auber

Tous les Parisiens… et les touristes connaissent le nom de la plus grande station d’échange métropolitaine intra muros Auber voisine de l’Opéra Garnier. Mais savent-ils qui est cet Auber ? nettement moins sûr !

Daniel François Esprit Auber aurait sans doute tenu les premières places si les sondages de popularité ou de notoriété avaient existé au XIXème siècle. Né en 1782 il est mort, à 89 ans, en 1871, il incarne le genre et l’esprit de l’opéra-comique français.

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On retrouvait hier soir la Salle Favart, l’Opéra-Comique, où Auber connut ses succès les plus éclatants et les plus durables, avec un spectacle déjà donné le mois dernier à l’Opéra royal de Wallonie, Le Domino noir. 

On avait encore dans les yeux et les oreilles la réussite du Comte Ory de Rossini – direction de Louis Langrée, mise en scène de Denis Podalydès – fin décembre. Intéressant pour prendre la mesure de ce qu’Auber doit au compositeur italien installé à Paris depuis 1825 et de son émancipation par rapport à son prestigieux modèle.

Je vais donc répéter ce qui a été écrit à peu près partout – rare unanimité critique ! -.

Ce Domino noir est un pur régal pour les yeux comme pour les oreilles.

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Dans la fosse, Patrick Davin prouve, une nouvelle fois, qu’il est aussi à l’aise dans la création (Philippe Boesmans), dans le grand répertoire symphonique – combien de belles soirées à l’Orchestre philharmonique royal de Liège ! – que dans les ouvrages lyriques plutôt rares (c’est lui qui avait redonné vie à La Jacquerie de Lalo lors du Festival Radio France 2015).

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La mise en scène du Comédien-Français Christian Hecq – décidément c’est une spécialité de l’Opéra-comique ! – est brillante, virtuose, drôle, pétillante, jamais vulgaire. Et le plateau est composé à la perfection : Anne-Catherine Gillet, Cyrille Dubois, Marie Lenormand – impayable Jacinthe – Laurent Kubla, François Rougier, il faudrait tous les citer. Tous francophones.

29790068_10156239756783194_4593135319425646022_n(la Jacinthe de Marie Lenormand… qui me faisait penser, allez savoir pourquoi, à Montserrat Caballé !)

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Je signale qu’on retrouvera Anne-Catherine Gillet et Cyrille Dubois le 21 juillet prochain, dans le cadre du Festival Radio France Occitanie Montpellierpour la création – en version de concert – de l’opéra Kassya laissé inachevé par Delibes et complété par Massenet.

Quant au Domino noir, on ne peut pas dire que la discographie soit à la mesure du succès de l’ouvrage jusqu’au début du XXème siècle.

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On espère qu’une captation de ce spectacle aura été faite soit à Liège, soit à Paris, et sera bientôt disponible pour tous ceux qui n’ont pas eu la chance ou la possibilité d’y assister.

 

 

Un an après

A1bAX55RrXL._SL1500_Le 22 mars 2016, j’écrivais ceci (Massacre du printemps) : « Une fois rassuré sur le sort de mes amis belges ou se trouvant à Bruxelles, j’ai cessé de lire les commentaires qui fleurissent sur les réseaux sociaux. Les auteurs de ces attentats veulent semer la haine et la peur, ils ne sont pas loin d’y avoir réussi. On a la nausée, non seulement devant l’horreur des actes perpétrés, mais aussi, trop souvent, face aux horreurs propagées par des gens qu’on supposait épris de raison… »

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J’avais écrit un peu vite ces lignes, j’ignorais alors que parmi les victimes de l’attentat dans le métro de Bruxelles se trouvait Mélanie Defize, 29ans, la beauté, l’intelligence, la musique fauchées par l’horreur…

Je n’ai pas eu la chance de travailler directement avec Mélanie, mais elle faisait partie d’une belle équipe, celle d’un « petit » label – petit par sa taille humaine, pas petit par la qualité de sa production – avec lequel j’avais élaboré beaucoup de beaux projets discographiques. Cypres a l’un des catalogues les plus intelligents qui soient en matière de musique classique et contemporaine. C’est un exploit qu’on doit à Cédric Hustinx et à celles et ceux qui l’accompagnent, comme Mélanie.

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Mélanie Defize a rejoint, bien contre son gré, le paradis des musiciens, des créateurs, des interprètes qui restent vivants à nos oreilles et dans nos coeurs grâce à ces disques, aux captations de concerts qui perpétuent leur mémoire et leur talent.

L’art de la critique (suite)

L’un de mes billets de la rentrée n’était pas passé inaperçu (https://jeanpierrerousseaublog.com/2015/09/09/le-difficile-art-de-la-critique/).

La lecture des magazines musicaux d’avril confirme autant la difficulté que la relativité de la critique. Cela aurait plutôt tendance à me réjouir, mais je comprends que les lecteurs, les mélomanes, et les artistes eux-mêmes, puissent être déconcertés par de telles différences de jugement.

Deux exemples significatifs, deux intégrales : les concertos pour piano de Rachmaninov, les symphonies de Nielsen.

 

Rachmaninov 4 # dans Diapason, 1 seule étoile dans Classica. Le bienveillant Jérôme Bastianelli (Diapason) trouve de belles qualités à la pianiste française dans les 1er et 4eme concertos (« l’élan qui manquait aux concertos médians et s’y fait même jubilatoire »), l’impitoyable Stéphane Friédérich (Classica) s’attarde, lui, sur les 2ème et 3ème concertos, qui « cumulent tous les défauts… sirop hollywoodien…prise de son cotonneuse… mollesse incompréhensible de l’orchestre ».  Je n’ai pas écouté (et je n’ai pas nécessairement envie de le faire) cette nouvelle production; si on lit bien entre les lignes, les deux critiques ne sont sans doute pas si éloignés l’un de l’autre. Une nouveauté vraiment pas indispensable. Références inchangées (Wild/Horenstein, Rösel/Sanderling, Orozco/de Waart)

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Nielsen : Diapason d’Or d’une part, 2 petites étoiles dans Classica. Dans ce cas, le divorce est manifeste entre Jean-Charles Hoffelé (Diapason) et Stéphane Friédérich (Classica). Là où JCH est emballé par le « style furioso du chef estonien », SF évoque une « énergie brouillonne, grandiloquente et superficielle » rien que ça! Tandis que le second dénonce une « prise de son trop réverbérée qui brouille une conception à la limite du contresens », le premier termine son papier d’un « Et tout cela enregistré à la perfection! ». On ne peut suspecter ni l’un ni l’autre de ne pas être des auditeurs professionnels, des critiques confirmés. C’est finalement rassurant de constater que nous n’entendons pas tous la même chose.

Réconciliera-t-on nos deux amis autour de cette formidable prestation de Leonard Bernstein avec l’orchestre de la radio danoise ?

https://www.youtube.com/watch?v=d5sbcF7p0Pk

Il arrive aussi que l’unanimité se fasse, dans l’admiration comme dans la détestation. Ainsi la réédition des Variations Goldberg de Bach sous les doigts de Daniel Barenboim, captées live au Teatro Colon de Buenos Aires en 1989, Choc de Classica (« Barenboim à son meilleur, inspiré, le geste aérien, précis »), DIAPASON D’OR (« geste épique…le souffle qui porte l’immense narration autorise tous les contrastes »)

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Même unanimité pour une autre réédition qui, elle, ne s’imposait vraiment pas dans ces conditions

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« Publication simplement honteuse » (Classica), « pitoyables conditions sonores » (Diapason).

Et puisqu’on évoque ici le beau et noble artisanat de tous ces labels, petits ou grands, qui, contre vents et marées, continuent de nous offrir l’émotion de la découverte, comment oublier l’épouvantable actualité bruxelloise, qui a ôté la vie à Mélanie Defize, qui avait sûrement collaboré à l’édition de ce disque tout récent…au titre prémonitoire.

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Rassemblés sur ce disque, trois orchestres (l’Orchestre national de Belgique, l’Orchestre philharmonique royal de Liège et l’Orchestre national de Montpellier) qui me sont chers autour d’un compositeur belge dont j’aime suivre le parcours singulier depuis bientôt deux décennies.

C’est demain qu’ont lieu les obsèques de Mélanie. On y sera de toute la force de nos pensées.

http://www.rtc.be/reportages/262-general/1470524-aline-bastin-et-melanie-defize-victimes-des-attentats

Massacre du printemps

J’écrivais hier  Printemps qui commence…(https://jeanpierrerousseaublog.com/2016/03/21/printemps-qui-commence/). Un honorable lecteur m’avait fait remarquer l’absence du Sacre du printemps dans mon choix d’oeuvres évoquant cette saison du renouveau.

Le printemps a très mal commencé pour nos amis belges, et c’est bien l’Europe qui a été directement ciblée par les attentats de l’aéroport de Bruxelles Zaventem et du métro de Bruxelles. Le massacre du printemps

Tout le monde n’a pas la pudeur et la retenue de Plantu

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Une fois rassuré sur le sort de mes amis belges ou se trouvant à Bruxelles, j’ai cessé de lire les commentaires qui fleurissent sur les réseaux sociaux. Les auteurs de ces attentats veulent semer la haine et la peur, ils ne sont pas loin d’y avoir réussi. On a la nausée, non seulement devant l’horreur des actes perpétrés, mais aussi, trop souvent, face aux horreurs propagées par des gens qu’on supposait épris de raison…

En même temps, l’unanimisme béat de la solidarité qui se déverse sur les mêmes réseaux n’a jamais fait avancer la solution d’un problème qui a été, sciemment ou non, sous-estimé par nos gouvernements, et que l’Europe semble dans l’incapacité de traiter. Pas très rassurant pour l’avenir…