La mère Noël

Depuis un certain 6 décembre (Il y a cinquante ans), Noël, la fin de l’année, ont un peu perdu leurs airs de fête. Pour les enfants, pour les petits-enfants, pour le plaisir d’être en famille, on fait comme si, mais la vérité est qu’on a hâte d’être à l’année prochaine. Rien ne me démoralise plus que les chalets et autres marchés de Noël, les rues des villes inondées de mauvais Jingle bells et Mariah Carey, ces grands magasins débordant de foie gras, champagne, chocolats à prix coûtants…

Bref je me replie sur ma discothèque (lire White Christmas) et je rêve aux soirées heureuses de l’enfance.

Sauf quand, missionné par Bachtrack, je me pointe – c’était mercredi soir – à la Maison de la Radio et de la Musique pour un concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France, un « concert de Noël » dont la tête d’affiche est Marie-Nicole Lemieux. Eh oui, en pleine éruption de wokisme, notre Québécoise préférée ose chanter le Noël des chrétiens (Minuit chrétiens !), les anges dans nos campagnes, Adoremus Dominum…Dans les églises, on n’ose plus, mais à Radio France oui !

Un concert plein de belles surprises, et en bis un Petit papa Noël d’anthologie. Comme je l’écris dans mon papier, Tino Rossi et Mariah Carey n’ont plus qu’à aller se rhabiller ! : Marie-Nicole Lemieux en Mère Noël à Radio France.

J’invite fortement ceux qui ont manqué le concert qui était diffusé en direct sur France Musique et Arte TV, à écouter sur francemusique.fr et surtout regarder ArteTV.

https://www.arte.tv/fr/videos/104533-014-A/concert-de-noel/

Un chef à suivre

Mikko Franck s’étant fait porter pâle, c’est le jeune chef français Adrien Perruchon, directeur musical depuis l’an dernier de l’orchestre des Concerts Lamoureux, qui l’a très avantageusement remplacé, comme je l’ai relevé dans mon billet.

J’ai un souvenir particulier avec celui qui était encore timbalier solo du « Philhar ». C’était en décembre 2014, j’étais directeur de la musique de Radio France. Un jeune chef, français lui aussi, devait diriger deux programmes avec l’Orchestre philharmonique, et pour des raisons que j’ai oubliées, il avait dû déclarer forfait pour le premier d’entre eux. Il fallait trouver d’urgence un remplaçant. en accord avec la représentation permanente de l’orchestre, je décidai de faire confiance à Adrien Perruchon qui se déclarait prêt à reprendre l’essentiel du programme. Ce fut une belle réussite…Je viens de découvrir sur YouTube que non seulement ce concert avait été filmé (ce n’était pas encore systématique dans un auditorium de Radio France tout juste inauguré) et mis en ligne.

Il est libre Max

Le centenaire de sa mort a été inégalement célébré. Et n’a pas contribué à une meilleure connaissance de son oeuvre de ce côté-ci du Rhin. La France n’a jamais eu beaucoup de considération pour celui qui passe, au mieux, pour un épigone de BrahmsMax Reger.

Né en 1873, mort d’une crise cardiaque à 43 ans le 11 mai 1916, le compositeur allemand reste largement méconnu, voire méprisé, et quasiment jamais au programme d’un concert en France. Je me rappelle l’étonnement du public (et de la critique) lorsque j’avais programmé à Liège les quatre Poèmes symphoniques d’après Böcklin une première fois en 2004, puis en 2011 (pour la saison des 50 ans de l’Orchestre). Lire L’île mystérieuse.

Les clichés sont tenaces, concernant Max Reger. Contrapuntiste sévère, tourné vers le passé (Bach), hors de son temps (voir la liste de ses oeuvres). Contemporaines du Sacre du printemps et de Daphnis et Chloé, ses grandes oeuvres symphoniques, si elles n’épousent la modernité radicale d’un Stravinsky ou les audaces françaises de Debussy ou Ravel, évitent la surcharge post-romantique d’un Richard Strauss ou du Schoenberg de Pelléas et Mélisande.

Les oeuvres concertantes souffrent, au contraire, de redondances que même d’illustres interprètes comme Rudolf Serkin– qui a étudié avec Reger – ne parviennent pas à gommer.

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L’autre problème de Reger, c’est sa profusion. Son corpus d’oeuvres instrumentales est tel que l’amateur qui voudrait s’y aventurer s’épuisera vite : le violon, l’alto, le violoncelle, la clarinette et l’orgue. Des sommes un peu indigestes.

Mais pour le mélomane qui ne voudrait pas passer à côté d’un compositeur original, singulier même dans son époque, deux coffrets complémentaires sont de nature à satisfaire sa curiosité. L’un comprend la totalité de son oeuvre symphonique et concertante, dans des versions de premier ordre, l’autre – qui vient de paraître – est plus ouvert à tous les genres abordés par Max Reger et bénéficie aussi d’interprètes remarquables.

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