Du Palais Barnier à Downton Abbey

Des Brigands has been

On n’a pas ri beaucoup mardi soir à l’Opéra. Même pas à la prestation surprise de l’humoriste Sandrine Sarroche, tenant le rôle du Caissier dans cette nouvelle production des Brigands d’Offenbach ! Censée incarner le ministre du Budget, elle salue les spectateurs du « Palais Barnier » – mais comme c’est drôle hein !.

J’ai écrit (presque) tout ce que j’en ai pensé dans Bachtrack : Des Brigands d’un drôle de genre


A la fin du 1er acte

L’entrée des Espagnols au 2e acte

Le prince de Mantoue (Mathias Vidal) enterrant sa vie de garçon au milieu de moines et de nonnes en folie au 3e acte (Décidément les bonnes soeurs en cornette ont la cote à Paris : lire Le Domino Noir).

Downton Abbey en deuil

Oui j’ai suivi tous les épisodes de Downton (et non Downtown… comme on le lit un peu partout !) Abbey, j’ai vu le film qui a suivi, et pour l’essentiel c’était pour le personnage de Lady Violet Crawley, comtesse douairière de Grantham, incarné par Maggie Smith, disparue ce vendredi à 89 ans. Mes petits-enfants m’en voudront sûrement de ne pas faire allusion au professeur McGonagall, mais je n’ai jamais lu ni vu les aventures de Harry Potter, j’ignore donc tout de la prestation de la comédienne dans ce rôle !

Mais je vais revoir dès que possible les films où elle impose une présence inoubliable, la liste en serait longue. Un cadavre au dessert, Mort sur le Nil, Quartet et Chambre avec vue (James Ivory),Indian Palace, Gosford Park, The Lady in the van, pour n’en citer que quelques-uns repérés dans ma DVD-thèqye.

Et quand une immense comédienne rend hommage à une autre immense comédienne, cela donne ces quelques minutes qui disent tout de Maggie Smith comme de Judi Dench.

Les Pâques de Gardiner

Le coffret, commandé il y a plusieurs semaines, est arrivé ce vendredi, que les chrétiens célèbrent comme le Vendredi Saint, commémoration de la Passion du Christ.

Le « hasard » n’en est pas un, s’agissant d’un musicien qui a tant oeuvré pour Bach, donné certaines des plus grandes versions des Passions du Cantor de Leipzig. Je reviens souvent non seulement à ces enregistrements mais aussi à ce livre magnifique : Musique au château du ciel

Mais l’essentiel du legs discographique de Gardiner voué à Bach a été réédité dans le gros coffret Deutsche Grammophon qu’on a longuement évoqué ici : Le jardinier de la musique. DG avait pris un peu d’avance sur Warner pour fêter les 80 ans de Sir John Eliot… le 20 avril prochain !

Avant de passer chez Archiv et DGG, le jeune John Eliot Gardiner avait été repéré par Michel Garcin, infatigable découvreur de talents qu’il enrôlait chez Erato.

Rien de nouveau dans ce coffret qui n’ait déjà été réédité, mais un regroupement bienvenu (c’est toujours une économie de place dans une discothèque fournie !) par ordre chronologique d’enregistrement. Cette présentation a l’avantage de permettre à l’auditeur de suivre un parcours, d’emprunter les chemins de traverse d’un chef qui n’a jamais caché ses dilections, par exemple pour la musique française. Ainsi, dès 1978, après les plus attendus Purcell et Haendel de ses débuts chez Erato, Gardiner grave deux disques Massenet à Monte-Carlo, longtemps restés sans concurrence moderne.

L’un de mes tout premiers albums haendeliens, l’un de ceux vers lesquels je reviens souvent, est la première gravure (1978) d’Israël en Egypte.

C’est aussi avec Gardiner que je découvris la sublime Messe des morts de Campra

Dans ce précieux coffret, quelques opéras et non des moindres : Tamerlano de Haendel, Scylla et Glaucus de Leclair, L’Etoile de Chabrier, Les Brigands d’Offenbach, Iphigénie en Aulide et Les Pèlerins de La Mecque de Glück, Fortunio de Messager etc.

Quelques curiosités aussi, un beau disque de mélodies de Berlioz (avec les Nuits d’été à plusieurs voix), en revanche de très évitables Ravel et Duparc par Barbara Hendricks, dont je n’ai jamais compris les raisons de la célébrité sauf à constater qu’un excellent marketing a pu masquer des moyens vocaux plus que modestes. Et un disque très inattendu : Steven Isserlis dans un bouquet de pièces concertantes pour violoncelle.

CD 1 Purcell Music for Queen Mary / Lott, Brett, Williams, Allen / Monteverdi Choir & Orchestra

CD 2 Haendel Dixit Dominus, Zadok the Priest / Palmer, Marshall, Brett, Messana, Morton, Thomson, Wilson-Johnson / Monteverdi Choir & Orchestra

CD 3 Rameau La Danse / Gomez, Rodde, Orliac / Monteverdi Choir & Orchestra

CD 4 Haendel The ways of Zion do mourn / Burrowes, Brett, Hill, Varcoe / Monteverdi Choir & Orchestra

CD 5-6 Massenet Scènes dramatiques, Scènes de féerie, Le dernier sommeil de la Vierge, Scènes alsaciennes, Scènes pittoresques, Don Quichotte interludes / Monte-Carlo

CD 7-8 Haendel Israel in Egypt / Knibbs, Troch, Stafford, Royall, Elliott / Monteverdi Choir & Orchestra

CD 9 Purcell The Tempest / Varcoe, Thomas, Earle, Hardy, Hall, Smith, Elwes / Monteverdi Choir & Orchestra

CD 10 Purcell The Indian Queen / Varcoe, Hill, Elwes, Hardy, Fisher, Thomas, Smith / Monteverdi Choir/ English Baroque Soloists

CD 11 Music of the Chapels Royal (Purcell, Locke, Blow, Humfrey) / Monteverdi Ch. EBS

CD 12 Campra Messe des morts / Nelson, Harris, Orliac, Roberts / Monteverdi Ch. EBS

CD 13-14 Haendel L’Allegro, il Penseroso ed il Moderato / Kwella, McLaughlin, Smith, Gian, Hill, Davies, Varcoe

CD 15-16 Bach Motets

CD 17 Haendel Concerti grossi op 3 / EBS

CD 18 Haendel Water Music / EBS

CD 19 Bach Cantates 4 et 131 / Kendall, Varcoe

CD 20-21 Haendel Semele / Burrowes, Kwella, Priday, Jones, Donley, Rolfe-Johnson, Davies, Lloyd, Thomas

CD 22 Gluck Don Juan / EBS

CD 23 Purcell Hail bright Caecilia / Smith, Stafford, Gordon, Elliott, Varcoe

CD 24 Monteverdi Balli e Balletti / Kwella, Rolfe-Johnson, Dale, Woodrow

CD 25 Rameau Dardanus suite / EBS

CD 26-28 Rameau Les Boréades / Smith, Rodde, Langridge, Aler, Lafont

CD 29-30 Bach Ouvertures 1-4 / EBS

CD 31-32 Purcell King Arthur / Smith, Fisher, Friday, Ross, Stafford, Elliott, Varcoe

CD 33 D.Scarlatti Stabat Mater, Cavalli Salve Regina, Gesualdo Ave dulcissima Maria, Clément O Maria vernans rosa

CD 34 Haendel Musique de ballet (Alcina, Terpsichore, Il Pastor fido) / EBS

CD 35-36 Chabrier L’Etoile / Alliot-Lugaz, Gautier, Bacquier, Raphael, Damonte, Le Roux / opéra de Lyon

CD 37-39 Haendel Tamerlano / Argenta, Findlay, Ragin, Chance, Robson, Schirrer

CD 40-42 Leclair Scylla et Glaucus / Brown, Yakar, Crook

CD 43 Schubert Symphonies 8 & 9 / opéra Lyon

CD 44 Bizet Symphonie, L’Arlésienne mus scène / opéra Lyon

CD 45-46 Berlioz L’Enfance du Christ / Von Otter, Cachemaille, Van Dam, Bastin, Rolfe-Johnson /opéra Lyon

CD 47-48 Messager Fortunio / Alliot-Lugaz, Dran, Cachemaille, Trempont, Dudziak / operą Lyon

CD 49-50 Glück Iphigenie en Aulide / Dawson, von Otter, Van Dam, Aler, Delere, Cachemaille, Schirrer / opéra Lyon

CD 51-52 Purcell Timon of Athens, Dioclesian / Fisher, Dawson, Elliott, Varcoe, George

CD 53-54 Offenbach Les Brigands / Raphael, Alliot-Lugaz, Raffalli, Trempont, Le Roux, Dran, Viala, Pisani / opéra Lyon

CD 55 Couperin Le Parnasse, Concerts

CD 56 Ravel Shéhérazade, Deux mélodies hébraïques, Vocalise en forme de habanera / Duparc mélodies / Hendricks / opéra Lyon

CD 57 Carissimi Jephté, Jonas, Judicium extremum

CD 58-59 Glück Orphée et Eurydice, version française révisée par Berlioz / Von Otter, Fournier, Hendricks / opéra Lyon

CD 60 Berlioz Nuits d’été, Mélodies, Aubade, la Mort d’Ophélie / Fournier, Robbin, Montague, Crook, Cachemaille / opéra Lyon

CD 61 Tchaikovski, Cui, Rimski-Korsakov, Glazounov oeuvres pour violoncelle / Steven Isserlis / Chamber Orchestra of Europe

CD 62-63 Glück Les pèlerins de La Mecque / Dawson, de Mey, Viala, Lafont, Cachemaille, Le Coz, Dubosc, Dudziak, Flechter / opéra Lyon

CD 64 Bande son du documentaire « England, my England » The Story of Henry Purcell, de Tony Palmer

Et Offenbach ?

 

La France officielle aurait-elle ses protégés et ses oubliés ? On peut s’interroger lorsqu’on compare le sort réservé à Berliozmort il y a 150 ans, et à Offenbach né il y a 200 ans.

Berlioz a bénéficié déjà, pour le bicentenaire de sa naissance en 2003, d’une sorte de célébration nationale- sans aucun doute justifiée ! – associant un grand nombre de maisons d’opéra, d’orchestres symphoniques, d’institutions culturelles, certains avaient ardemment milité pour qu’il entre au Panthéon ! L’an dernier, la ministre de la Culture avait confié à Bruno Messina « la mission de préparer le cent cinquantième anniversaire de la mort d’Hector Berlioz ».

Berlioz est honoré par le disque : le coffret Warner (Berlioz Complete works), et d’autres encore, d’inégal intérêt (j’y reviendrai sur bestofclassic)

 

 

Et le sieur Offenbachné Jacob à Cologne le 20 juin 1819, devenu Jacques dès son arrivée à Paris en 1833 et mort dans la capitale française en 1880 ? Pas de comité du bicentenaire ? Pas de commémoration officielle ? Il faut croire qu’un compositeur de musique « légère », un roi de l’opérette, ne mérite pas l’hommage réservé à son aîné « sérieux ».

Sans doute est-il plus compliqué d’envisager une édition discographique des oeuvres complètes d’Offenbach – comme on vient de le faire pour Berlioz – n’est-ce pas Jean-Christophe Keck ? Parce que l’oeuvre d’Offenbach est encore largement à (re)découvrir, que le colossal travail d’édition est un work in progress qui ne paraît pas près de s’achever.

Espérons que, même en l’absence de caution officielle, le bicentenaire de sa naissance permettra à un large public de mieux connaître la personnalité, au moins aussi originale que celle de Berlioz, la diversité du génie d’Offenbach. De le sortir aussi de l’étiquette réductrice d’amuseur franco-français du Second Empire : sait-on que c’est le succès considérable de ses opérettes, chantées en allemand à Vienne (Orphée aux enfers, La belle Hélène, La vie parisienne) qui a poussé Johann Strauss fils (1825-1899) à se mettre à l’opérette et à essuyer ses premiers échecs ?

Espérons que Warner fera un peu plus que ce coffret bienvenu, regroupant les trois versions de référence récentes dirigées par Marc Minkowski.

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Par exemple en regroupant les ouvrages dirigés par Michel Plasson, Manuel Rosenthal, John Eliot Gardiner… le fonds EMI Offenbach étant sans doute l’un des plus riches.

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En attendant l’ouvrage de référence (qui viendra peut-être ?), on peut aborder le personnage avec ces trois petits bouquins :

 

Dans les raretés discographiques à rééditer, un joli bouquet d’ouvertures dirigées par… Hermann ScherchenOffenbach enregistré à Vienne sous une baguette qu’on n’attend pas dans ce répertoire, un modèle !

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