Ce très précieux legs est disponible sur le site de France Musique en 185 épisodes !
Mais celui qu’on célèbre aujourd’hui n’est pas le fils, Domenico, mais le père Alessandro Scarlatti, mort il y a 300 ans, le 24 octobre 1725 à Naples. De nouveau on invite à se tourner vers France Musique pour découvrir et décrypter « l’énigmatique Alessandro Scarlatti » avec Clément Rochefort et Xavier Carrère.
Je veux saluer ici un coffret qu’on n’attendait pas vraiment, mais qui constitue une très belle introduction à l’oeuvre si profuse du père Scarlatti
Difficile de détailler ces 9 CD, mais on est en très bonne compagnie avec Gérard Lesne, Véronique Gens, il Seminario Musicale, Fabio Biondi, Nancy Argenta et bien d’autres du même acabit, nombre de cantates, de motets, les oratorios Il Sedecia re di Gerusalemme, La santissima Trinita, les concerts grossi, etc.
C’est sans doute l’enregistrement le plus ancien du coffret, mais je l’ai eu longtemps sur un CD en collection très économique, avec la merveilleuse Helen Donath et notre Maurice André national :
Chiche bicentenaire
On en reparlera abondamment le moment venu : le bicentenaire de la naissance de Johann Strauss, c’est dans quelques jours.
Vendredi et samedi dernier, l’Orchestre national de France annonçait un « Gala Johann Strauss ». Franchement chiche comme programme : une ouverture (du Baron Tzigane), une seule valse et quatre polkas, dont une de Josef le frère ! On peut réécouter ce concert sur France Musique et vérifier les éloges que j’ai faits du chef, Manfred Honeck et des musiciens du National, sur Bachtrack : L’hommage du National et Honeck à Strauss fils.
Je ne pense pas que Manfred Honeck le Viennois – il a été violoniste au Philharmonique de Vienne jusqu’en 1991 – ait beaucoup de concurrents pour diriger cette musique. Mais on préfère sans doute inviter le 1er janvier des chefs plus « people » pour le traditionnel concert du Nouvel an (Nézet-Séguin le 1er janvier 2026 fera-t-il mieux que le petit tour de Dudamel en 2017 ?) !
Comme je l’écris pour Bachtrack, Honeck fait plus d’une fois penser, dans sa gestique, à un grand aîné qu’il a eu tout loisir d’observer lorsqu’il jouait dans l’orchestre, Carlos Kleiber…
On recherchera les quelques disques de la famille Strauss qu’il a enregistrés avec Bamberg ou les Wiener Symphoniker
Dans mes prochaines brèves de blog je reviendrai sûrement sur l’épisode peu glorieux du « casse » du Louvre…
Durant ma diète des festivals, j’ai passé deux jours à Paris. Sans raison, sans obligation. Juste pour le plaisir de me livrer à mon exercice favori : parcourir la ville à pied.
Fashion victims
La rue où j’habite est déserte, sauf à son extrémité où dès 9 h du matin une file s’est formée à l’approche de l’un de ces magasins éphémères qui ont remplacé quasiment toutes les enseignes classiques.
Il y a quelques semaines, un dimanche matin, à quelques mètres, c’était une autre file constituée exclusivement de jeunes femmes voilées qui attendait de pouvoir acheter des abayas dans une boutique tout aussi éphémère…
Je ne vais plus au Café Charlot surtout depuis la réponse inepte qu’on avait faite à ma remarque sur TripAdvisor. J’ai repris mes habitudes au Progrès, malgré les échafaudages qui enserrent le bâtiment et recouvrent la terrasse, mais le petit soleil du matin parvient à s’y glisser.
Le figaro du boulevard Beaumarchais
Je vais boulevard Beaumarchais chez mon figaro habituel (!) me faire rafraîchir la tête en prévision des vacances. Et j’emprunte le bus 96 pour rejoindre le secteur de l’Odéon. Du monde en ce milieu de matinée, pas mal de personnes âgées (il faudra quand même que je me résolve à me compter parmi elles !) et de familles de touristes. Un petit garçon anglais que son père a assis à côté de moi se réveille à la vue de Notre-Dame.
Je descends au carrefour de l’Odéon et vais faire une petite visite chez Gibert. rayon classique d’abord. Tout un bac bien rempli de CD à 6,99 €, avec un paquet de parutions récentes. Je m’en fais un bouquet :
Je ne suis pas très convaincu du caractère « vendeur » de disques programmes avec des titres passe-partout (comme celui de Nathanaël Gouin) ou énigmatiques (comme celui de Pontier), mais l’un et l’autre sont très intelligemment composés. Quant au Brahms de Laloum, il manquait à ma collection de 3e sonates de Brahms 🙂
Le Debussy/Satie de Fazil Say n’est pas récent, mais il manquait à ma discothèque. Quant au CD d’Edgar Moreau – qui lui aussi succombe à la manie des titres (mais quand même plus originaux que la collection de son confrère Gautier C. que Warner ne cesse de recycler !) – il vaut pour un programme remarquable dont on comprend le fil rouge : de BlochSchelomo et From Jewish Life, le concerto pour violoncelle de Korngold, Kol Nidrei de Bruch et une transcription des deux mélodies hébraïques de Ravel. Et ce sont les Lucernois chers à mon coeur qui l’accompagnent.
Je passe ensuite du côté librairie, où comme d’habitude, je choisis un peu au hasard, quitte parfois à me retrouver avec des bouquins en double. Je me dis que ces trois-là iront bien pour lire dans l’avion ou sur un transat.
J’ai réservé une table chez Lipp. Le maître d’hôtel qui m’accueille a toujours ce faux air de Paul Meurisse. Il m’avait prévu à l’intérieur, je préfère la terrasse. Autour de moi presque exclusivement des touristes, les « habitués » ont pris leurs quartiers d’été.
Du melon, une tranche de pâté en croûte comme on n’en fait plus.. que chez Lipp, une salade et un verre de saumur feront l’affaire. En revenant des toilettes, j’avise un vieillard décati sur une banquette faisant face à un homme plus jeune : Gabriel Matzneff a vraiment tout perdu de la superbe qu’il affichait effrontément quand il était encore fréquentable et fréquent sur les plateaux de télévision. Je n’ai jamais lu aucun de ses livres, ni aimé le personnage. Une répulsion originelle.
Je reprends ma déambulation en passant devant le porche de Saint-Germain-des-Prés
La rue Bonaparte, puis la rue Jacob – je ne sais plus à quel numéro il est indiqué que Wagner a séjourné quelques mois en 1847 – pour rejoindre la rue de Seine.
la fameuse coupole de l’Institut
En débouchant sur le parvis de l’Institut, j’avise une exposition à entrée libre d’oeuvres de l’académicien Pierre-Yves Trémois (1921-2020). Le nom ni la « signature »graphique de ce dessinateur/peintre ne me sont inconnus, mais je découvre ces toiles que je ne connaissais pas.
Je franchis la passerelle des Arts, d’ordinaire noire de monde. Pour la première fois depuis longtemps, je prends place sur un banc et durant de longues minutes, je regarde la Seine et les bateaux-mouches qui s’y croisent. Dans aucune autre capitale au monde on n’a cette proximité avec le fleuve qui traverse la cité, a fortiori ces deux îles (Saint-Louis et la Cité) qui rendent plus bucolique encore la promenade du piéton.
Je traverse la majestueuse Cour Carrée du Louvre, dont les abords ont enfin été débarrassés des cabines de chantiers qui les encombraient depuis des lustres. J’emprunte la rue Jean-Jacques Rousseau, si penaude et étroite que je me demande à chaque fois pourquoi une telle différence de traitement avec ses camarades de l’époque, Diderot et Voltaire (celui-ci ayant droit, à Paris, à une rue, un quai et un boulevard !). Je vais faire un tour à la FNAC, dans ce qui reste du rayon classique, surpris par l’affluence juvénile et féminine : en fait l’agitation se fait devant tout un mur dédié au K-Pop (j’ignorais le phénomène jusqu’à ce que j’en découvre des adeptes au sein de ma propre famille !)
Je ressors assez vite du forum des Halles, pour rejoindre les rues plus familières du Marais. Le ciel menace mais j’aurai encore le temps de boire un thé à la terrasse des Marronniers. Je cherche un bon moment le nom de l’acteur qui vient de s’asseoir à deux chaises de moi. Je l’ai souvent vu dans des seconds rôles, mais j’ai surtout le souvenir de ses « stand-up » vraiment très drôles il y a une trentaine d’années. Je découvre sur YouTube une série désopilante « Marguerite et François » où Laurent Spielvogel joue alternativement Marguerite Duras et François Mitterrand.
Je poursuis mon chemin dans le dédale de petites rues que je connais par coeur, comme la rue des Rosiers, où je trouve l’affluence inhabituelle pour un mardi après-midi. Tout un groupe d’enfants et d’adolescents vêtus comme pour aller à la synagogue s’affaire autour de deux stands que je ne prends pas le temps d’examiner. Un jeune garçon m’aborde : « Pardon Monsieur, êtes-vous de confession juive ? » Je lui réponds par la négative dans un sourire. Je le sens comme gêné.
Mais j’aurais pu lui raconter les origines de ma famille maternelle, d’un patronyme – Zemp – qui n’a rien de germanique, mais qui puiserait plutôt ses racines du côté de juifs hongrois qui auraient trouvé refuge et accueil bienveillant en Suisse orientale il y a quelques siècles.
Je regagne mes pénates en passant par la rue de Thorigny, où le musée Picasso ne semble pas attirer la foule habituelle.
Je vais retourner dîner chez Nicolas Flamel – une adresse dont j’avais parlé il y a plus de deux ans dans un article, dont il faudrait que je révise plusieurs paragraphes Bonnes Tables). Troisième chef en moins de trois ans, mais le jeune Italien Marco Sergiampietri qui est aux manettes depuis janvier semble bien reparti pour regarnir sa table d’une étoile Michelin.
Les mots que j’ai choisis pour le titre de cet article paraissent bien désuets, dépassés. Et pourtant, je trouve qu’ils résument tant d’attitudes, de comportements actuels. Florilège.
Des amours de violonistes
Je ne sais plus comment ça a commencé sur Facebook, ce devait être pour célébrer le centenaire d’une violoniste française aujourd’hui bien oubliée, Michèle Auclair, née le 16 novembre 1924, morte le 8 juin 2005.
J’ai découvert les concertos de Mendelssohn et Tchaikovski par ses 33 tours parus dans la collection Philitps/Fontana
C’est l’ami Laurent Korcia, lui-même élève de Michèle Auclair au conservatoire de Paris, qui a lancé la chasse aux souvenirs.
De nouveau, les souvenirs affluent : j’ai raconté (L’or des Liégeois) l’aventure, il y a bientôt 15 ans, de l’enregistrement des concertos de Korngold et Tchaikovski à Liège, et le Diapason d’Or qui a salué cette parution. Fierté et reconnaissance.
A cette « discussion » facebookienne sur l’héritage de Michèle Auclair, s’est greffé un dialogue inattendu, surprenant, magnifique entre Laurent Korcia et Tedi Papavrami. Les réseaux sociaux passent pour être des déversoirs de haine, de jalousie, d’insultes, et même Facebook n’y échappe pas toujours, y compris quand on échange sur la musique. Ici c’est au contraire un assaut de compliments, de témoignages d’admiration et d’amitié, auquel les « amis » de l’un et l’autre violonistes ont pu assister. J’approuve au centuple, concernant Tedi P. qui est une aussi belle personne qu’il est un fabuleux musicien. Il a raconté qu’un enregistrement de concert du 2e concerto de Paganini avait été longtemps bloqué par YouTube pour une histoire de cadence présumée couverte par des droits d’auteur. Et Laurent Korcia, rejoint par bien d’autres amis de l’intéressé, de redire haut et fort son absolue admiration pour ce « live » exceptionnel.
Voilà pourquoi j’ai tant aimé mon métier d’organisateur de concerts, de diffuseur de beauté.
A propos de réseaux sociaux, j’en profite pour signaler que comme des millions d’autres, je quitte X (ex-Twitter) pour rejoindre Bluesky
Nomination
Je n’ai pas été le dernier à me réjouir de l’annonce de la nomination de Philippe Jordan (lire Le Suisse de Paris) à la tête de l’Orchestre national de France… à compter de septembre 2027.
Tristan Labouret pour Bachtrack et Remy Louis pour Diapason ont rendu compte élogieusement du concert que dirigeait Philippe Jordan jeudi soir (qu’on peut réécouter sur France Musique), auquel je n’ai pu assister pour cause de perturbations météorologiques !
Mais au chapitre des élégances, ou plutôt des inélégances, on peut regretter que l’emballement qu’a suscité cette nouvelle ait fait perdre à certains la notion de calendrier. Il reste encore près de trois ans à Cristian Măcelaru à exercer son mandat de directeur musical (se rappeler ici les manifestations d’enthousiasme notamment de la direction de Radio France et des musiciens à l’annonce de sa nomination !). A lire les communiqués, les interviews, nombreux depuis jeudi, on peut avoir le sentiment qu’il a purement et simplement disparu de la circulation… Pas très élégant !
J’invite à relire le papier que j’écrivais pour Bachtrack en septembre 2023, et le numéro de décembre de Diapason qui évoque la liste des « Diapasons d’Or » décernée le 16 novembre dernier :
De manière générale – j’en ai parfois été le sujet ou l’objet – on ne gagne jamais rien, et jamais devant l’Histoire, à dénigrer, amoindrir, dissimuler l’action, le travail, voire la personnalité de celui auquel on succède. Certes il y a les formules toutes faites par lesquelles on lui « rend hommage », mais elles ne grandissent ni le nouveau nommé, ni ceux qui l’ont nommé.
Dans le cas d’un orchestre, comme le National, on ne mesure qu’après coup ce qu’ont apporté, construit, des chefs, des directeurs musicaux, qu’on a tour à tour admirés puis détestés, voire oubliés. C’est aussi vrai d’une grande entreprise comme Radio France.
L’autre Gould
Je lui ai déjà consacré tout un article : Le dossier Gould. J’invite à le relire. De nouveau, c’est une discussion sur Facebook qui me conduit à en reparler. L’un rappelait les formidables enregistrements de Morton Gould avec le Chicago Symphony, l’autre citait, parmi eux, son disque Ives comme une référence – je n’ai pas dit le contraire dans mon dernier article : L’Amérique d’avant
Pour Jodie
Trouvé par hasard dans une FNAC. Un disque qui m’avait échappé. Une lumière, un souvenir, celui de Jodie Devos, si douloureusement disparue il y a presque six mois (Jodie dans les étoiles)
Je m’apprêtais à évoquer la figure singulière du chef Christoph von Dohnányi et un nouveau coffret (voir ci-après) lorsque j’ai appris le décès, ce 9 octobre, d’un autre chef très singulier, le Finlandais Leif Segerstam
Le chef et compositeur finlandais Leif Segerstam est mort le 9 octobre, sans susciter de réaction notable en France où il a été plutôt rare. Mais nul discophile n’ignore son nom.
J’ai un souvenir personnel de ce chef à Genève. Je ne me rappelle plus pourquoi (ni par qui) il avait été engagé pour diriger l’Orchestre de la Suisse Romande dans le studio Ansermet de la maison de la Radio suisse romande, bd Carl Vogt. Mais c’est moi qui avais « négocié » une partie du programme, l’autre étant imposée (un concert UER ?). En première partie, une symphonie (la 21e ou 25e ?) parmi les 371 (oui 371 !) qu’a laissées le chef-compositeur, la création d’un concerto pour trompette d’un compositeur ayant remporté, je crois, le concours de composition Reine Marie-José* – le soliste étant Jouko Harjanne – et en deuxième partie les quatre Légendes de Sibelius.
Segerstam à l’époque – vers la fin des années 80 – portait déjà barbe nourrie et embonpoint certain. En le voyant se mouvoir et diriger, j’avais toujours l’image de Brahms à la fin de sa vie.
Brahms à 25 ansBrahms à 60 ans
On ne peut pas dire que la comparaison soit forcée !
Les deux ou trois fois où j’ai entendu et vu diriger Leif Segerstam comme les disques que j’ai de lui, laissent l’empreinte d’une personnalité profondément originale, d’un musicien qui n’a cure d’aucun dogme, d’aucune convenance dans sa manière d’approcher une oeuvre. Et cela donne toujours, toujours, un résultat étonnant. Surtout ne pas limiter Segerstam à la sphère scandinave, où il est bien entendu chez lui, mais pas seul. Il n’est que d’essayer de consulter sa discographie pour constater qu’il a embrassé un répertoire incroyablement vaste.
J’ai ainsi découvert l’oeuvre symphonique du Français Louis Aubert(1877-1968) grâce à lui
J’aime beaucoup, même si ce n’est pas mon premier choix, sa version de l’opéra de Korngold, Die tote Stadt
Et puisque mon premier souvenir au concert des quatre Légendes de Sibelius, c’est à lui que je le dois, je découvre avec bonheur cette récente captation de concert à Turku, dont il était le chef depuis 2012.
On ne peut d’un seul article faire le tour d’une personnalité aussi protéiforme, mais encore un mot de son oeuvre de compositeur. Le nombre de ses symphonies fait sourire : 371 achevées. Voici au hasard l’une d’elles… sans chef !
Impossible d’établir une discographie. Quelques indispensables néanmoins pris dans ma discothèque :
Je l’annonçais à l’occasion d’un billet sur Bruckner. Il a fallu attendre qu’il fête ses 95 ans le 8 septembre dernier pour que son éditeur de toujours – Decca – songe à honorer Christoph von Dohnányi ! Pourquoi n’a-t-on retenu que les enregistrements réalisés à Cleveland, alors qu’en y adjoignant ceux de Vienne (avec les Wiener Philharmoniker) on n’aurait pas vraiment alourdi le coffret ?
CD 6 BERLIOZ Symphonie fantastique WEBER/BERLIOZ L’Invitation a la valse
CDs 7 & 8 SCHUMANN Symphonies 1–4
CD 9 BRAHMS Violin Concerto SCHUMANN Violin Concerto
CDs 10–16 BRUCKNER Symphonies Nos. 3–9
CDs 17–22 WAGNER Das Rheingold Die Walküre
CD 23 R. STRAUSS Ein Heldenleben Till Eulenspiegels lustige Streiche
CDs 24–28 MAHLER Symphonies Nos. 1, 4, 5, 6 & 9
CD 29 SMETANA Dvě vdovy (The Two Widows): Overture & Polka Hubička (The Kiss): Overture Libuše: Overture Prodana nevěsta (The Bartered Bride): Overture & 3 Dances Vltava (The Moldau)
CDs 30–36 BARTÓK Concerto for Orchestra Music for strings, percussion & celesta DVOŘAK Symphonies 6, 7, 8 & 9 ・ Scherzo capriccioso Slavonic Dances Opp. 46 & 72 JANAČEK Rhapsody for Orchestra “Taras Bulba” Capriccio LUTOSŁAWSKI Concerto for Orchestra ・ Musique funebre MARTINŮ Concerto for string quartet & orchestra SHOSTAKOVICH Symphony No.10
CD 37 WEBERN Fuga (Ricercata) aus dem Musikalischen Opfer Im Sommerwind ・ Passacaglia ・ 5 Pieces Op.10 ・ 6 Pieces Op.6a Symphony Op.21 ・ Variations Op.30
CDs 38 & 39 CRAWFORD SEEGER Andante for Strings IVES Orchestral Set No.2 Symphony No.4 Three Places in New England (Orchestral Set No.1) The Unanswered Question RUGGLES Men and Mountains ・ Sun-treader VARESE Ameriques
Tous ces disques ont été à un moment ou un autre disponibles, mais plus dans les pays anglo-saxons qu’en France, où pourtant le chef allemand a officié plusieurs années à la tête de l’Orchestre de Paris. On m’a rapporté naguère que son mauvais caractère ne lui avait pas toujours attiré les sympathies des musiciens…
Je vois sur le site de la Philharmonie de Paris la captation d’un concert de 2019 – que j’ai manqué ! – où l’on remarque avec émotion la présence à la première chaise du regretté Philippe Aïche, disparu il y a deux ans déjà (lire Les morts et les jours)
Ecouter Dohnanyi c’est comme respirer une tradition venue en ligne directe d’Europe centrale, un style, une rigueur, une puissance, qui conviennent autant à Haydn ou Mozart qu’à Brahms, Schumann, Bruckner, Mahler ou à Schoenberg. On a de tout cela dans ce coffret, et bien sûr le son inimitable de Cleveland.
Cette captation de la 2e symphonie de Schumann au Carnegie Hall de New York en 2000 est d’autant plus émouvante qu’elle est introduite par celui qui fut l’inamovible président de la mythique salle, le violoniste Isaac Stern, déjà très fatigué par la maladie qui allait l’emporter quelques mois plus tard.
* Marie-José de Belgique (1906-2001), dernière reine d’Italie par son mariage avec Umberto II qui a régné 35 jours de mai à juin 1946, vit à partir de 1947, séparée de son mari, au château de Thônex dans la banlieue de Genève, et participe activement à la vie musicale et culturelle de la région. C’est ainsi qu’elle fonde en 1959 un Prix international de composition musicale.Elle est la grand-tante de Philippe, l’actuel roi des Belges,
Personne, en France, ne sait qui était le Suisse Pierre Naftule, disparu à 61 ans le 19 mars après une longue souffrance (maladie de Charcot). J’ai connu cet auteur, humoriste, homme de théâtre et de télévision, pendant mes années à la Radio suisse romande. Mais je l’ai surtout suivi dans ses aventures avec Marie-Thérèse Porchet, alias Joseph Gorgoni, le comédien qui avait inventé avec Pierre Naftule ce personnage si savoureux, que le public parisien avait pu applaudir à plusieurs reprises.
La musique de Salon
Les années passent, l’amitié demeure. C’est ce qu’on se disait l’autre jour avec Eric Le Sage, que je n’avais plus revu depuis son récital en 2016 au Festival Radio France. Nous déjeunions dans un petit établissement de Montmartre, au nom tout indiqué pour ces retrouvailles : le Chantoiseau
Eric Le Sage, Paul Meyer, Emmanuel Pahud, c’est la bande du festival de Salon-de-Provence, ce sont surtout trois amis véritables, indéfectibles, que je ne vois ni n’entends assez souvent à mon gré. C’est dire si ce déjeuner montmartrois avec le pianiste avait une saveur particulière.
Cadeau de mon hôte, les récents échos discographiques des dernières productions de Salon. La curiosité alliée au talent, c’est la recette de la réussite exceptionnelle de ce rendez-vous estival où l’élite de la musique européenne arpente, depuis 1993, les chemins de traverse du répertoire de chambre.
Eloquence de Knappertsbusch
Hans Knappertbusch (1888-1965) est un chef d’orchestre allemand qui fait l’objet d’un véritable culte, dont je n’ai pas toujours compris la raison. Il est vrai qu’il s’est largement illustré dans Wagner, et comme je l’écrivais dans mon précédent billet (Wagner et Goerne), c’est un univers qui m’a longtemps échappé.
Cyrus Meher-Homji, le responsable du label Eloquence Australie, a eu l’excellente idée de regrouper en deux coffrets une partie du legs discographique du chef allemand, tel qu’il était paru sous étiquette Philips, Decca ou Westminster.
Le travail de « remasterisation » est impressionnant, notamment pour les premières années stéréo avec Vienne chez Decca. On reviendra sur ces deux parutions, mais savourons déjà les voix printanières de ces Badner Mädl’n de Komzak.
Prononcés à la française, c’est un prénom et un nom qui signent un destin : Jaime Laredo !
Avec un tel patronyme, il était inimaginable que celui qui a fêté son 80ème anniversaire le 7 juin dernier n’embrassât pas une carrière musicale ! Sony le célèbre en publiant un coffret de 22 CD (pochettes originales)
Ce nom ne m’est pas inconnu, loin s’en faut, mais sans doute n’aurais-je pas regardé de plus près sa biographie sans ce coffret. J’ai souvent vu son nom sur des disques de musique de chambre, mais toujours en retrait de stars comme Isaac Stern, Rudolf Serkin ou Yo Yo Ma.
Le pedigree de Jaime Laredo ne laisse pourtant pas d’impressionner: né le 7 juin 1941 à Cochabamba en Bolivie, le jeune violoniste s’installe aux Etats-Unis dès 1948, pour se former auprès de prestigieux aînés, Joseph Gingold puis Ivan Galamian au Curtis Institute de Philadelphie.
À 17 ans, il remporte le premier prix du Concours Reine Elisabeth (photo ci-dessous)
Distinction qui lance sa carrière internationale, une carrière qui restera tout de même largement circonscrite au continent américain. Pédagogue recherché, chef d’orchestre, Jaime Laredo restera comme un admirable chambriste, pilier du festival de Marlboro, comme en témoigne abondamment sa discographie et ce coffret en particulier.
Portrait d’un musicien bien vivant et qu’on redécouvre avec beaucoup de bonheur :
Détails du coffret :
CD 1 Un disque « carte de visite » enregistré dans la foulée de son succès au concours Reine Elisabeth (Vivaldi, Wieniawski, Paganini, Debussy…)
CD 2 Brahms : Sonate pour violon et piano n°3 / Bach Partita n°3
CD 3 Bruch : Concerto pour violon n°1 / Mozart conc vl 3 (National Symphony, Howard Mitchell)
CD 4 Mendelssohn : conc vl / Bach conc vl 1041 (Boston Symphony, Charles Munch)
CD 5 Beethoven : Triple concerto (Rudolf Serkin, Leslie Parnas, Marlboro Festival, Alexander Schneider)
CD 6 Mendelssohn : Octuor (Marlboro ensemble) / Mozart Concertone 2 vl (Michael Tree, Marlboro Festival, Alexander Schneider)
CD 7 Schubert : Quintette La truite (Serkin, Laredo, Naegele, Parnas, Levine) / Mozart : Trio K 502 (Serkin, Laredo, Foley)
CD 19 Beethoven : Quatuor p op 16 / Schumann : Quatuor p (Ax, Stern, Laredo, Ma)
CD 20 Schubert : Quintette / Boccherini : Quintette op 11/5 (Stern, Lin, Laredo, Ma, Robinson)
CD 21 Mozart ; Quatuors p (Ax, Stern, Laredo, Ma)
CD 22 Dvorak : Quatuor p op 87 (Ax, Stern, Laredo, Ma) / Korngold : Suite 2 vl vlc piano main gauche (Fleisher, Silverstein, Laredo, Ma)
*Ruth Meckler (1937-2005) avait épousé Jaime Laredo en 1960 (le violoniste avait tout juste 19 ans!) et en avait divorcé en 1974. En 1977 Jaime Laredo épousait la violoncelliste Sharon Robinson.
Warner avait publié un beau coffret récapitulatif des quinze années (2002-2016) que Martha Argerich a passées, chaque été, à Lugano : Martha Live
Une véritable malle aux trésors où le connu (le coeur de répertoire de la pianiste argentine) côtoie beaucoup d’inconnu. Ainsi ces délicieuses romances de Carlos Guastavino (1912-2000), un des compatriotes de Martha Argerich.
Des romances jouées à Lugano par Martha Argerich et le pianiste cubain Mauricio Vallina (présent sur la photo ci-dessus prise à Liège en novembre 2001, avec Armin Jordan)
21 janvier 2021 : Le Chopin de mon enfance
Souvenir d’enfance, le premier disque Chopin vu à la maison, le cliché absolu de la musique classique. Mais un pianiste dont je n’ai jamais oublié le nom : Stefan Askenase naît polonais le 10 juillet 1896 à Lemberg/Lvov/Lviv, meurt belge à Cologne le 18 octobre 1985. Son Chopin semble venir en droite ligne du compositeur lui-même. Il a pour moi un parfum d’éternité
20 janvier 2021 : La bannière étoilée
Jour de fête aux Etats-Unis, le 46ème président, Joe Biden, est officiellement installé, la première vice-présidente de l’histoire de la démocratie amércaine, Kamala Harris, a prêté serment : Inauguration
L’hymne national américain The Star-Spangled Banner a été cité par Puccini (dans Madame Butterfly) , revu par Stravinsky (et Jimi Hendrix), et transcrit pour piano par Rachmaninov lui-même en 1918.
19 janvier 2021 : des chansons de négresses
Poursuivant sur ma lancée, illustrative de l’activité du Groupe des Six (lireGroupe de Six), je livre cette absolue rareté dans l’oeuvre surabondante de Darius Milhaud et dans la discographie de l’interprète.Un cycle de mélodies bien peu « politiquement correct », intitulé : Trois Chansons de négresse, sur des poèmes de Jules Supervielle, créé en 1936. Ici l’immense Brigitte Fassbaender en public, accompagnée par Irvin Gage.
18 janvier 2021 : la valse de Nelson et Martha
Je ne me lasse jamais d’entendre Martha Argerich (lire La reine dans ses oeuvres), de surprendre comme ici sa fabuleuse complicité avec son ami de toujours Nelson Freire. La Valse de Ravel a-t-elle jamais été plus sensuelle ?
17 janvier 2021 : un violon sur le toit
Comme promis hier, je tire de ma discothèque un disque devenu rare, enregistré en 1980 pour Philips, où Riccardo Chailly (27 ans à l’époque) accompagne Gidon Kremer (32 ans) dans un programme aussi rare d’oeuvres pour violon et orchestre, dont la version du Boeuf sur le Toit (1920) de Darius Milhaud, pour violon et orchestre.Ici une vidéo contemporaine de l’enregistrement, une captation en public avec le chef russe Woldemar Nelsson (1938-2006) passé à l’Ouest en 1976.
La neige, le couvre-feu à l’heure où le soleil d’hiver se couche me donnent une furieuse envie d’Amérique du Sud, celle que Darius Milhaud (1892-1974) a rapportée dans sa musique après son séjour au Brésil comme secrétaire de Paul Claudel, ambassadeur de France à Rio de Janeiro.Il compose plusieurs versions de son célèbre Boeuf sur le toit (1920), une version pour violon et orchestre (Cinéma-fantaisie) que je diffuserai demain, et puis la version purement orchestrale, la plus connue. Comment résister au swing de Leonard Bernstein dirigeant, en 1976, l’ Orchestre national de France ?
15 janvier 2021 : le cadeau du père
En 1957, Dmitri Chostakovitch écrit son 2ème concerto pour piano pour le 19ème anniversaire de son fils Maxim, qui le crée pour ses examens au Conservatoire de Moscou. Le mouvement lent est romantique en diable. Ici Leonard Bernstein dirige du piano l’Orchestre philharmonique de New York (1962)
Quand le tube du concert viennois de Nouvel an – Le beau Danube bleu – est confié au piano, à l’orgue ou à l’accordéon (lire Le Danube en blanc et noir/) ça donne quelques merveilles, comme cette captation en concert de l’époustouflant Mikhail Pletnev
13 janvier 2021 : la Nuit transfigurée
Zubin Mehta a tellement enregistré que, dans le flot des reparutions (lire: Felix et Zubin), on néglige de s’attarder à ce qui ne paraît pas a priori comme son coeur de répertoire. Et on a tort ! La preuve cet unique enregistrement de studio de la Nuit transfigurée (Verklärte Nacht) de Schoenberg, réalisé avec le Los Angeles Philharmonic en 1976.
12 janvier 2021 : loin de la Veuve joyeuse
Le 9 janvier, j’évoquais l’un des tubes de l’auteur comblé de La Veuve joyeuse, Franz Lehar (1870-1948), la valse L’Or et l’argent, et son interprète d’élection, Rudolf Kempe (lire L’Or et l’Argent). Ce nouveau disque de mon cher Ed Gardner met en lumière un aspect beaucoup moins connu de l’oeuvre de Lehar, un cycle de mélodies avec orchestre écrit durant la Première Guerre mondiale, dont le titre est explicite : Aus eiserner Zeit. La cinquième de ces mélodies est intitulée Fieber (Fièvre) et écrite pour ténor. On est loin des viennoiseries légères, beaucoup plus près de Schoenberg, Korngold ou Zemlinsky. Un disque à paraître début février.
11 janvier 2021 : Hollywood en 12 CD
En 12 CD, un fabuleux voyage dans les studios de Hollywood grâce aux musiques de Korngold, Newman, Herrmann, Steiner, Waxman, Tiomkin, sous la houlette d’un exceptionnel producteur, et chef d’orchestre, Charles Gerhardt. A découvrir ici : Monsieur Cinéma
10 janvier 2021 : Liszt, Brel, Cziffra
J’ai eu la chance de voir une fois dans ma vie, à Poitiers, Cziffra en récital. Je n’ai jamais compris comment il parvenait à cette pyrotechnie digitale qui était autant musique que démonstration de virtuosité. Singulièrement dans le piano de Liszt.Ici dans la 6ème Rhapsodie hongroise de Liszt. Le thème qu’on entend à 2’12 a été emprunté par Jacques Brel dans sa célèbre chanson « Ne me quitte pas » (… » je t’offrirai des perles de pluie »…)
C’est un nom souvent aperçu sur d’admirables disques, de qualité « audiophile », du début des années 60, parus sous des étiquettes variables (RCA, Reader’s Digest, Chesky…) comme une fabuleuse Quatrième symphonie de Brahms, enregistrée par Fritz Reiner à Londres avec le Royal Philharmonic.
Charles Gerhardt (1927-1999) est une figure emblématique de la vie musicale du XXème siècle : producteur, chef d’orchestre, arrangeur. Il grandit à Little Rock (Arkansas), étudie la musique, le piano. Entre 1951 et 1955, il travaille comme technicien pour RCA Victor. Dans un premier temps, son rôle consiste à transférer sur bande des 78 tours d’Enrico Caruso et Artur Schnabel, y compris la suppression du bruit de surface préparatoire à la réédition en 33 tours. Il participe à des séances d’enregistrement de Kirsten Flagstad, Vladimir Horowitz, William Kapell, Wanda Landowska et Zinka Milanov. En 1954, il collabore avec Leopold Stokowski et le NBC Symphony Orchestra pour des enregistrements stéréophoniques expérimentaux des suites du ballet Sebastian de Gian Carlo Menotti, ainsi que Roméo et Juliette de Prokofiev, qui ne sortiront qu’en 1978 !
Il devient également l’agent « traitant » de RCA avec Arturo Toscanini, dans les dernières années du chef d’orchestre. C’est Toscanini qui l’encourage à étudier la direction d’orchestre.
Puis Gerhardt travaille durant cinq ans pour Westminster Records à New York. Westminster étant en difficulté (la société dépose le bilan en décembre 1959), il se tourne vers l’enregistrement de chanteurs pop, dont Eddie Fisher. C’est alors que George R. Marek, le chef du département Red Sceal de RCA Victor, lui offre l’opportunité de produire des enregistrements pour Reader’s Digest en Angleterre.
A partir de 1960, il produit des disques pour RCA Victor et Reader’s Digest avec pour partenaire le légendaire ingénieur du son Kenneth Wilkinson de Decca Records (alors filiale de RCA en Europe). S’ensuivront 4 000 sessions d’enregistrement! Leur premier projet majeur est un ensemble de 12 disques pour Reader’s Digest : A Festival of Light Classical Music, publié en versions mono et stéréophoniques, se vendra à plus de deux millions d’exemplaires. En 1961, il produit pour Reader’s Digest l’intégrale des symphonies de Beethoven avec le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par René Leibowitz.
L’une des productions préférées de Gerhardt est la série parue en 1964 Treasury of Great Music un autre jeu de 12 disques pour Reader’s Digest. À la tête du Royal Philharmonic de Londres, il convie John Barbirolli, Malcolm Sargent, Antal Doráti, Jascha Horenstein, Rudolf Kempe, Josef Krips, Charles Munch, Georges Prêtre et Fritz Reiner, à graver les chefs-d’oeuvre du répertoire symphonique. Tous ces disques (la plupart republiés par Chesky Records) sont restés des références.
Dès 1966, Charles Gerhardt manifeste son goût pour les répertoires non classiques : en témoigne une série d’albums All-Time Broadway Hit Parade, qui comprend 120 chansons de diverses productions musicales telles que Carousel, The Music Man, Guysand Dolls, My Fair Lady, Pal Joey, South Pacific et bien d’autres.
Les projets Reader’s Digest créent une telle activité d’enregistrement qu’il devient nécessaire d’avoir un orchestre et chef d’orchestre dédiés à cette entreprise. Avec le violoniste et entrepreneur Sidney Sax, Gerhardt forme en 1964 un orchestre à partir des meilleurs orchestres londoniens et de musiciens indépendants. L’orchestre prend le nom de National Philharmonic Orchestra en 1970 et Gerhardt lui-même le dirige. Leopold Stokowski réalise certains de ses derniers enregistrements avec orchestre.
Charles Gerhardt réalise de 1972 à 1978 avec le National Philharmonic 14 disques vinyles pour la série Classic Film Scores pour RCA, publiée de 1972 à 1978. Première publication en 1972 The Sea Hawk: The Classic Film Scores of Erich Wolfgang Korngold (lire Les Musiques de l’exil). Toute la série se distingue surtout par une préparation extrêmement soignée des partitions par Gerhardt lui-même.. Les enregistrements sont réalisés au Kingsway Hall à l’acoustique exceptionnelle et conçus par Kenneth Wilkinson. Le producteur de ce premier disque est George Korngold, le fils du compositeur.
La série se poursuit avec des albums consacrés à Max Steiner, Miklós Rózsa, Franz Waxman, Alfred Newman, Dimitri Tiomkin, Bernard Herrmann et John Williams ainsi que des albums consacrés à la musique dans les films de Bette Davis, Humphrey Bogart et Errol Flynn. C’est cet ensemble miraculeux que Sony a réédité il y a quelques semaines dans un coffret indispensable.
On peut suivre le conseil de Tom Deacon, un autre producteur « légendaire », collègue de Charles Gerhardt :
Le regretté Charles Gerhardt était un passionné de musique de film. Pour RCA Victor, il a enregistré des musiques de films extraordinaires des années 1930, 1940 et 1950 par Korngold, Steiner, Waxman, Newman, Rozsa, Herrmann, Tiomkin et d’autres. Ceux-ci ont d’abord été publiés sur Lp puis sur CD sur RCA Victor. Désormais, les 12 CD sont tous contenus dans un coffret Sony. C’est à ne pas manquer. Gerhardt n’était pas seulement un chef d’orchestre doué, mais aussi un fabuleux producteur de disques. Ce sont des classiques audiophiles. Comme de tels coffrets risquent de disparaître sans préavis, ce n’est pas le moment d’hésiter. Achetez-le!
On est habitué aux raretés au Festival Radio France Occitanie Montpellier, c’est même la marque de fabrique de la manifestation qui fêtera son 35ème anniversaire (et sa 36ème édition !) du 10 au 30 juillet prochains (cf. Fervaal de D’Indy le 24 juillet 2019)
C’est nettement moins souvent le cas – euphémisme ! – dans la programmation des saisons d’opéra. Pourtant, entre dimanche dernier et hier soir, j’ai été gâté : une création à Compiègne, une première française (?) à Bordeaux.
Connesson à Compiègne
« Vivre d’amour et d’eau fraîche, c’est une chose. Ç’en est une autre de mourir d’amour et d’eaux thermales… Né de la rencontre du romancier Olivier Bleys et du compositeur Guillaume Connesson, cet opéra-comique contemporain mêle les joies de la répartie, les plaisirs d’une enquête policière, le souffle du thriller, et les vertiges de l’amour au-delà de la mort. Une œuvre moderne à l’ancienne, menée avec finesse, humour, et parfumée de quelques gouttes de fantasmagorie. »
Evidemment, on était intrigué par ce que ce diable de Guillaume Connesson (lire Les nouveaux modernes) tout juste quinquagénaire, à l’éternelle allure de gendre idéal, allait nous réserver dans un genre qu’il aborde pour la première fois.
Erreur
Cette vidéo n’existe pas
On se dit d’emblée, dans ce théâtre de Compiègne qui sonne si idéalement bien, qu’il n’y aura pas tromperie sur la qualité de la musique. Les ombres de Poulenc, Fauré, Messager, ces couleurs, alliages instrumentaux et transparences qui ne sont qu’à la musique française, Connesson en fait son miel, et délivre une partition qui tient en haleine tout au long d’une action – un livret du Québecois Laurent Siaud – qui eût gagné à plus de concision, de folie et de rebondissements. On n’est pas loin de partager l’avis de Benoît Fauchetqui assistait à cette création pour Diapason(lire : Guillaume Connesson plonge dans les eaux anciennes de l’opéra-comique.)
Belle distribution, les excellents musiciens de l’orchestre Les Frivolités parisiennes, direction au cordeau d’Arie van Beek.
Le Démon à Bordeaux
Pour une rareté, c’en est une que celle qu’affiche le Grand Théâtre de Bordeaux jusqu’au 9 février : Le Démon, opéra en trois actes d’Anton Rubinstein, composé en 1871 et créé en janvier 1875 au théâtre Marinski de Saint-Pétersbourg, à partir du poème éponyme de Lermontov
Survolant le Caucase, le Démon tombe amoureux de Tamara, une jeune Géorgienne qui attend le retour de son fiancé. L’esprit du mal fait tomber ce dernier dans une embuscade, où il perd la vie. Le Pervers poursuit ensuite la jeune fille, qui court s’enfermer dans un monastère. Le Démon parvient à la convaincre qu’il renoncera au mal pour elle. Tamara meurt lorsque le Démon l’embrasse. Un ange enlève la jeune fille à ce moment. Le Démon continue à rôder, « seul et sans espoir« , dans l’univers.
Pour la première hier soir (et la deuxième représentation demain), le titulaire du rôle-titre, le baryton-basse français Nicolas Cavallier s’était fait porter pâle – une mauvaise angine – C’est un tout jeune chanteur russe, Alexei Isaiev, qui l’a remplacé au pied levé, et avec quelle grâce, quelle musicalité !
Avec dans la voix des couleurs qui rappelaient celles du regretté Dmitri Hvorostovsky – disparu il y a deux ans, vaincu par le cancer – qui chantait ici dans une version de concert ce Démon qu’il incarnait à la perfection.
La mise en scène de ce Démon bordelais est due au directeur du théâtre Helikon de Moscou, Dmitri Bertman. On s’attendait à vrai dire à autre chose que cette vision très datée, très sixties.
C’est sur le plateau et dans la fosse qu’il faut chercher le succès de cette première : surprise de retrouver en Tamara la formidable Evgenia Muravevaqu’on avait tellement aimée dans La Ville mortede Korngoldà Toulouseen décembre 2018. A l’exception du prince Dougal à la voix ingrate et fruste du ténor Alexei Dolgov, tout le reste de la distribution est à louer. De même que les choeurs qui ont fort à faire dans cette partition foisonnante.
Il fallait un chef de l’envergure de Paul Daniel, le toujours inspiré directeur musical de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, pour traduire le foisonnement d’une musique puissamment romantique, sans verser dans Wagner, manier un orchestre mis à rude contribution par le compositeur, tant les changements de décor sonore, d’atmosphère, sont fréquents. Bien sûr on entend souvent Tchaikovski (dont Anton Rubinstein a été le professeur !) et, comme chez tous les Russes, un substrat populaire (certes moins évident que chez Borodine ou Rimski-Korsakov) qui transparaît dans les pages chorales.
On se réjouit de pouvoir écouter bientôt l’ouvrage sur France Musique et on ne peut que recommander à ceux qui le peuvent de se rendre au Grand Théâtre de Bordeaux !
(Domingo Hindoyan, JPR, Paul Daniel)
A l’issue de la représentation, le bonheur de retrouver un autre chef ami, présent à Bordeaux ce jeudi soir pour diriger un programme Schubert/Strauss avec l’ONBA, Domingo Hindoyan, qui sera le 17 juillet à Montpellier, pour diriger son épouse, Sonya Yoncheva, dans Fedora de Giordano, dans le cadre du Festival Radio France 2020 (#FestivalRF20)
Ce qu’il y a de sympathique dans des soirées comme Les Victoires de la Musique classique, c’est qu’on peut y croiser évidemment beaucoup de professionnels… et de musiciens qui se trouvent être parfois aussi des amis !
Ainsi les hasards du placement dans la grande salle de La Seine Musicale m’ont amené tout près d’un musicien que j’admire depuis longtemps, avec qui j’ai eu le bonheur de lancer plusieurs projets discographiques, et qui, mercredi soir, était présent comme supporter d’un autre magnifique musicien, son fils. Je veux parler de Jean-Jacques Kantorow, grand violoniste et chef d’orchestre, et d’Alexandre Kantorow, magnifique pianiste que le public du Festival Radio France avait pu applaudir en 2016 (à 19 ans!).
Alexandre concourait dans la catégorie « Révélation Soliste instrumental » aux côtés d’un autre pianiste très talentueux, Théo Fouchenneret (qui lui inaugurera la série Découvertes du Festival Radio France 2019 le 11 juillet !) et du guitariste Thibaut Garcia (lui aussi invité des dernières éditions du festival occitan). Le pronostic du père – soutien d’un grand label, campagne médiatique bien organisée – penchait en faveur du guitariste. Pronostic confirmé, sans surprise.
Je ne vois, quant à moi, pas l’intérêt de voter pour départager de jeunes talents en devenir : les téléspectateurs ont pu entendre les trois « nommés », ils étaient tous les trois exceptionnels. Alexandre Kantorow n’avait pas choisi la facilité avec l’ébouriffant finale du 2ème concerto de Tchaikovski, à écouter ici à 1h3 !
L’un des premiers disques du pianiste est un duo avec son père, dans des répertoires peu courus :
On n’a pas de peine à imaginer que le jeune homme poursuivra une trajectoire victorieuse… avec ou sans trophée ! Il n’a rien d’un météore..
Le père, Jean-Jacques, je l’ai découvert comme violoniste. D’une virtuosité flamboyante.
Mais c’est comme chef d’orchestre que je vais mieux connaître Jean-Jacques Kantorow, lorsque l’Orchestre philharmonique royal de Liège est sollicité à l’été 2010 par Naïvepour un disque de concertos avec Laurent Korcia. Le violoniste français a demandé à être « en confiance » avec un chef de son choix : son aîné se révélera précieux au fil de sessions parfois compliquées par les humeurs changeantes du soliste. Résultat : un disque magnifique, multi-récompensé !
Pour les musiciens de l’OPRL, Jean-Jacques Kantorow est une révélation : déployant des trésors de patience il est d’une exigence constante et souriante qui en impose à tous. Forts de cette première expérience réussie, nous allons programmer plusieurs autres projets, comme cette intégrale concertante d’un compositeur Lalo mal-aimé du disque
Juste avant que je ne quitte la direction de l’OPRL, nous lancerons une nouvelle aventure chez Musique en Wallonie, la musique concertante et symphonique d’Ysaye.
Il y a quelques mois sortait ce couplage inédit de deux concertos finnois :
Mais le bonheur de revoir Jean-Jacques Kantorow mercredi soir a été ravivé, s’il en était besoin, par l’annonce qu’il m’a faite de la réalisation prochaine chez BIS d’un projet que j’avais nourri depuis plus de dix ans, dans la ligne éditoriale qui est la marque de la phalange liégeoise : l’intégrale des symphonies de Saint-Saëns, avec Thierry Escaichsur les grandes orgues Schyven de la Salle philharmonique pour la 3ème symphonie. Dejà impatient !