Indépendance

Le 6 décembre c’est autre chose qu’un jour à jamais triste pour moi (Il y a 52 ans) ou la Saint-Nicolas fêtée dans tous les pays germaniques et nordiques (lire Saint-Nicolas en musique), c’est aussi Itsenäisyyspäivä, la fête de l’Indépendance, la fête nationale de la Finlande.

(Mon dernier voyage en Finlande en novembre 2018 – ici à Tampere – pour préparer l’édition 2019 du festival Radio France)

Le 6 décembre 1917, la Finlande conquérait enfin son indépendance après des siècles de tutelle tour à tour suédoise ou russe.

Seiji Ozawa avait enregistré tout un disque d’hymnes nationaux, dont celui de la FInlande

Mais bien avant la proclamation officielle de son indépendance, la Finlande avait trouvé son héraut, à l’occasion de la célébration de la Presse en 1899 : Sibelius compose une musique en plusieurs tableaux, dont le dernier L’Eveil de la Finlande débouchera bientôt sur ce qui est depuis considéré comme le véritable hymne national des Finnois, Finlandia. Lire toute la genèse de l’oeuvre ici : Finlandia.

La version orchestrale est la plus fréquemment donnée : ici dans la version par laquelle, adolescent, j’ai tout à la fois découvert l’oeuvre et le concerto pour violon de Sibelius (lire Sibelius m’était conté)

Mais la version avec choeur est plus impressionnante et plus… patriotique ! Hommage ici au chef finnois récemment disparu, Leif Segerstam (1944-2024)

Les raretés du confinement (IV)

S’il y a bien un terme tout à fait abusif pour décrire ce qui s’est passé ce 15 décembre en France, c’est bien celui de « déconfinement ». Certes, les autorisations pour se déplacer ont disparu, mais comment peut-on oser parler de déconfinement, lorsque la vie culturelle – et sportive – reste interdite, lorsque les lieux de vie et de convivialité essentiels que sont les cafés et les restaurants sont fermés pour plusieurs semaines encore ?

Cette série n’est donc pas près de s’arrêter !

Résultat peut-être du premier confinement ? la naissance hier de mon troisième petit-enfant, une jolie princesse prénommée Adèle. Ses grands frère (7 ans) et soeur (5 ans et demi) sont déjà impatients de jouer les nounous.

6 décembre

Le 6 décembre 1917 le parlement finlandais votait l’indépendance de la Finlande, durant des siècles tantôt rattachée au royaume de Suède tantôt dominée par la Russie tsariste. Le 6 décembre marque la fête nationale finlandaise.Une curiosité – peu connue – dans l’abondante discographie du chef japonais Seiji Ozawa (85 ans) : tout un disque d’hymnes nationaux du monde entier enregistré avec le NEW JAPAN PHILHARMONIC, orchestre qu’il fonda en 1972 et que Christian Arming dirigea de 2003 à 2013. Dans ce disque évidemment l’hymne national finlandais !

7 décembre

L’Orchestre Philharmonique Royal Liège fête ses 60 ans. On se rappelle les concerts exceptionnels donnés le 7 décembre 2000 pour ses 40 ans et surtout le 7 décembre 2010 pour ses 50 ans (lire: Anniversaires privé/public). Dans le coffret de 50 CD publié pour les 50 ans de l’Orchestre, il y a plusieurs raretés : comme ce 2ème concerto pour piano d’Erwin Schulhoff (1894-1942), ici sous les doigts de Claire-Marie Le Guay et sous la baguette de #LouisLangrée

8 décembre

Formidable nouvelle que cette nomination de mon amie Nathalie Stutzmann comme « Principal Guest Conductor » du Philadelphia Orchestra.

Souvenir du tout premier disque acheté de Nathalie Stutzmann chanteuse, après une écoute comparée d’un Disques en Lice, la défunte émission de critique de disques de la RADIO TELEVISION SUISSE (RTS), à laquelle participait Gérard Lesne : lui comme moi étions envoûtés par la beauté et le mystère de cette voix androgyne.

9 décembre

Envie d’évoquer aujourd’hui l’une des grandes chanteuses françaises, la soprano Andréa Guiot (née en 1928), originaire de Nîmes; qui n’a pas la notoriété, la célébrité même, que mériteraient son talent et la splendeur de sa voix. J’avais eu la chance de la rencontrer au début des années 90 dans une émission – Disques en Lice – de la Radio Suisse romande, à laquelle l’avait conviée François Hudry. Nous avions passé un merveilleux moment et beaucoup sympathisé. Quelques mois plus tard, je me trouve au festival d’Aix-en-Provence dans la cour de l’Archevêché, assis juste derrière elle. Nous nous saluons comme des amis qui se seraient quittés la veille, et me voilà incapable, de toute la soirée, de me rappeler son nom et de la présenter à la personne qui m’accompagnait ce soir-là… Ici, c’est peut-être la meilleure Micaela de toute la discographie au côté de l’impérial Don José de Nicolai Gedda : la Carmen de Maria Callas était décidément bien entourée !

10 décembre

Je ne me suis jamais rangé dans la catégorie des admirateurs absolus de celle qu’on appelle « la » Callas J’ai même souvent été agacé par la surexploitation médiatique, discographique, d’une légende qui a fini par occulter la vraie personnalité et l’art singulier de la chanteuse » C’est ce que j’écrivais – lire Callas intime – à l’occasion des 40 ans de la disparition de la cantatrice. J’évoquais hier Andréa Guiot (et Nicolai Gedda) partenaires de Maria Callas dans l’enregistrement de Carmen dirigé par Georges Prêtre

Je (re)découvre pas à pas l’artiste exceptionnelle, la voix si singulière, l’incroyable charisme qui se dégage de sa présence sur scène, comme dans cet extrait de Médée de Cherubini, capté le 10 décembre 1953 à la Scala, avec un Leonard Bernstein de 35 ans dans la fosse ! Inouï !

11 décembre

Cette rubrique est malheureusement appelée à se prolonger, si l’on en croit les dernières annonces gouvernementales ! Une si longue, trop longue, attente pour la musique vivante,qu’aucune vidéo, aucun disque, ne remplacera jamais.Soutien et solidarité avec tous les artistes, tous ceux qui font vivre la culture !

Puisque nous sommes encore dans l’année Beethoven, une découverte pour moi, une rareté de ma discothèque :

#Beethoven250 C’est par hasard que j’ai redécouvert quelques symphonies de Beethoven, enregistrés par Karl Münchinger à la tête de l’orchestre de la radio (et non de son orchestre de chambre) de Stuttgart. Depuis que j’ai pu acquérir les symphonies 2, 3, 6, 7 (en attendant d’en trouver d’autres ?), je vais de bonne surprise en émerveillement. Lire la suite : Beethoven 250 : Karl Münchinger, la grandeur classique.

12 décembre

Ne pas désespérer malgré tout…Cette célèbre chanson de LeoncavalloMattinata – écrite en 1904 pour la Gramophone Company, ancêtre d’EMI, dédiée à Caruso, qui en fait le premier enregistrement avec le compositeur au piano, fait partie d’un disque du ténor Franco Bonisolli (1938-2003) dont les frasques firent autant que sa voir d’or pour sa réputation. Un disque réédité dans un coffret Orfeo intitulé : Legendary Voices (lire Légendaires)

13 décembre

La Sainte-Lucie (Sankta Lucia en suédois, Lucia en raccourci) est célébrée le 13 décembre en l’honneur de sainte Lucie de Syracuse. Elle marque, avec l’Avent, le début de la saison de Noël. Traditionnellement une fête importante dans toute la Chrétienté occidentale, elle est aujourd’hui célébrée en Scandinavie et en Europe méridionale, particulièrement en Suède, au Danemark, en Norvège, en Finlande, en Italie, en Islande et en Croatie.La fête correspond au premier jour à partir duquel le soleil se couche plus tard que la veille dans l’hémisphère nord. Le dicton « à la sainte-Luce, le jour avance du saut d’une puce » correspond à cette observation (la forme Luce est employée pour la rime).La fête de Sainte-Lucie est attendue par les petits et les grands au coeur de l’hiver scandinave (lire Etoiles du Nord )

Santa Lucia c’est aussi l’une des plus célèbres chansons napolitaines, écrite en 1849 par Teodoro Cottrau – elle évoque la vue sur le golfe de Naples du haut du Borgo Santa Lucia. Il est assez savoureux de l’entendre ici chantée en suédois !

14 décembre

Le jour où l’on devient grand-père pour la troisième fois et qu’on pense déjà à ce qu’on chantera doucement pour endormir la petite princesse née cet après-midi, on se remémore un disque précieux de sa discothèque et cette sublime Berceuse de Brahms chantée par Victoria de Los Angeles, accompagnée par Rafael Frühbeck de Burgos et le Sinfonia of London (EMI, 1964)

15 décembre

On célèbre en ce mois de décembre les 60 ans de l’Orchestre philharmonique royal de Liège. L’un de mes meilleurs souvenirs, et une fierté aussi, de mes années passées à la direction de l’orchestre, est incontestablement la discographie construite au fil des ans, comme par exemple cette intégrale de l’oeuvre concertante d’Edouard Lalo (ce compositeur que j’avais décrit jadis, dans une pochette de disque, comme L’éternel second).

De Lalo on ne connaît vraiment que sa populaire Symphonie espagnole ou son concerto pour violoncelle. Ce beau coffret est l’occasion de redécouvrir le charme de son Concerto russe, ici sous l’archet sensible d’Elina Buksha, tout juste 30 ans, passée par la Chapelle musicale Reine Elisabeth et la direction idiomatique de Jean-Jacques Kantorow.

Chez Chausson

J’avais rendez-vous hier matin avec l’attachée culturelle de l’ambassade de Lituanie à Paris, pour évoquer de futurs projets du Festival Radio FranceUne adresse hausmannienne dans le 17ème arrondissement. Un ancien hôtel particulier comme c’est souvent le cas pour les ambassades.

IMG_5741Nous commençons vite à parler musique, artistes, compositeurs. Le premier président lituanien de l’ère post-soviétique n’était-il pas un musicien et musicologue reconnu, Vytautas Landsbergis ? La pianiste Mūza Rubackytė est une fidèle du Festival Radio France. En 2015, elle avait participé au marathon pianistique organisé par Philippe Cassard, jouant comme personne les Préludes et fugues  de Chostakovitch.

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(De gauche à droite, les pianistes Cédric Pescia, Dominique Merlet, Philippe Cassard et Mūza Rubackytė)

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Muza est à la tête d’une discographie pour le moins originale, où la musique de son illustre compatriote, Mikalojus Konstantinas Čiurlionis (1875-1911), tient une place éminente.

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Etonnante personnalité que celle de Čiurlionis, mort à 35 ans, aussi grand peintre que compositeur. Auteur d’une fascinante série de toiles, intitulée La Création du monde à voir en ce moment au Musée d’Orsay à Paris dans le cadre de l’exposition Âmes sauvages.

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Au moment où nous évoquons ces personnalités de la musique de son pays, l’attachée culturelle me tend un CD enregistré dans les salons de l’ambassade. Y figurent un quatuor de Čiurlionis et… le Concert pour piano violon et quatuor à cordes de ChaussonCouplage inattendu, lui fais-je remarquer ! Réponse : « Inattendu certes, mais pas tant que cela puisque nous sommes dans la maison de Chausson ! »

Bien sûr, nous sommes au 22 boulevard de Courcelles ! J’aurais dû faire le rapprochement (Le Paris secret des musiciens)

917jgizlcglSitôt l’entretien terminé, nous serons rejoints par l’ambassadeur lui-même pour visiter l’illustre maison, certes bien transformée, même si les principaux éléments de décor ont été préservés.

IMG_5737Le salon où se pressaient artistes, musiciens, intellectuels, orné d’une frise de Maurice Denis (le lustre et les éclairages… ne sont pas d’époque !)

IMG_5738Un petit salon avec la bibliothèque et la cheminée d’origine.

IMG_5739La salle à manger demeurée en l’état et restaurée.

Ce n’est qu’en sortant que je verrai la plaque posée sur le mur.

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Ah les fâcheries de la traduction : non ce n’est pas un « concerto », mais un Concert au sens où les concevait Rameau (Concerts en sextuor). 

Il faudra que j’ajoute d’autres articles à ceux que j’ai déjà consacrés à Chausson : Poésie de l’amour et de la merL’amour et la mortUne amitié particulière

Lumières baltes

Les présidentes et président des républiques baltes d’Estonie, Lettonie et Lituanie, ont inauguré, lundi dernier, aux côtés d’Emmanuel Macron, une très belle exposition au Musée d’Orsay  : Âmes sauvages, le Symbolisme dans les pays baltes.

IMG_4970(Nikolai Trrik / Estonie, Le départ pour la guerre 1909)

Cette exposition – la première de cette envergure à Paris – s’inscrit dans un ensemble de manifestations culturelles organisées pour célébrer le centenaire de l’indépendance de ces trois pays de l’est de l’Europe – Lettonie, Lituanie, Estonie – si mal connus. Le moins qu’on puisse dire est que ceux qu’on désigne par facilité les pays baltes sont les grands oubliés de l’histoire du XXème siècle (lire Les pays baltes).

On n’a pas honte d’avouer qu’à l’exception du Lituanien Čiurlionis – que je connaissais comme compositeur, que j’ai découvert comme peintre – les noms des peintres et sculpteurs exposés à Orsay m’étaient tous inconnus.

IMG_4954(Oskar Kallis / Estonie, Linda portant un rocher, 1917)

IMG_4956(Janis Rozentals / Lettonie, Arcadie, 1910)

IMG_4960(Emilija Gruzite / Lettonie, Paysage fantastique, 1910)

IMG_4964(Petras Kalpokas / Lituanie, La Cité enchantée, 1912)

IMG_4963(Alexandrs Romans / Lettonie, Paysage au cavalier, 1910)

IMG_4966(Rudolfs Perle / Lettonie, Le soleil au crépuscule, 1916)

IMG_4968(Antanas Zmuidzinavicius / Lituanie, Au pays où sont les tombes des héros, 1911)

IMG_4972(Antanas Zmuidzinavicius / Lituanie, La tombe de Povilas Visinskis, 1907)

IMG_4974(Johann Walter / Lettonie, Jeune paysanne, 1904)

IMG_4976(Ferdynand Ruszczyk / Biélorussie, Le passé, 1902)

IMG_4978(Nikolai Trrik / Estonie, Paysage décoratif de Norvège, 1908)

IMG_4982(Vilelms Purvitis / Lettonie, Les eaux printanières, 1910)

IMG_4980(Jaan Koort / Estonie, Paysage de Norvège, 1907)

IMG_4984(Vilelms Purvitis / Lettonie, Hiver, 1908)

IMG_4986(Vilelms Purvitis / Lettonie, Automne, 1914)

IMG_4988(Johann Walter / Lettonie, Un bois, 1904)

IMG_4990(Petras Kalpokas / Lituanie, Paysage, 1911)

IMG_4992(Petras Kalpokas / Lituanie, Arbres près d’un lac, 1914)

Je laisse aux spécialistes le soin d’opérer des rapprochements ou des comparaisons avec les peintres symbolistes occidentaux, j’ai pour ma part été enthousiasmé par la lumière et la vivacité des couleurs de ces toiles.

Si la peinture balte est encore une vaste terra incognita pour nos regards français, que dire de la musique de ces pays ? Pour un Arvo Pärt qui a conquis une célébrité universelle, les noms de ses compatriotes estoniens Tubin, Tüur, restent l’apanage des seuls mélomanes curieux, grâce aux efforts des Järvi, père et fils, pour les faire connaître.

La musique lituanienne est bien servie, notamment par le label Naxos, et grâce à des interprètes comme la pianiste Mūza Rubackytė.

Le violoniste Gidon Kremer, né à Riga, s’est toujours fait le héraut des musiques baltes, il ne manquait jamais une occasion – j’en ai vécu quelques-unes ! – de donner un bis d’un compositeur complètement inconnu, souvent imprononçable, après avoir joué un grand concerto du répertoire.

Les fidèles du Festival Radio France retrouveront, quant à eux, en juillet prochain l’une des plus fameuses phalanges chorales d’Europe, le Choeur de la radio lettone et son chef Sigvards Klava, présents chaque été à Montpellier depuis plus de 25 ans. Mais cette année, pour célébrer le centenaire de l’indépendance de leur pays, ils ont concocté un beau programme en forme de découverte de la spiritualité balte.

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Le 23 juillet à la Cathédrale de Montpellier et le 25 juillet à la Cathédrale de Cahors : Chants de la Baltique