Fleurs de Paavo

Le 25 janvier 2012 disparaissait l’un des chefs les plus étonnants du XXe siècle, le Finlandais Paavo Berglund né à Helsinki le 14 avril 1929.

C’est un chef qu’on a découvert un peu sur le tard en France mais qui m’accompagne depuis longtemps dans le répertoire dans lequel sa nationalité lui a valu d’être cantonné au disque, alors qu’au concert il dirigeait autre chose que du Sibelius !

Warner vient de publier l’intégrale de ses enregistrements réalisés pour EMI et Finlandia, ce qui nous vaut trois fois les symphonies de Sibelius !

D’abord un souvenir personnel, c’était à Londres à la fin des années 80 : Berglund dirigeait le London Symphony au Barbican Center, un programme costaud – la 6e symphonie de Sibelius, le concerto en sol de Ravel avec Cécile Ousset, et la 2e de Brahms ! – J’avais été frappé par une particularité de sa gestique : Berglund était gaucher manifestement, puisqu’il tenait sa baguette dans la main gauche et faisait donc l’inverse de ses confrères. Je l’ai revu des années plus tard à la Cité de la Musique (avant l’ouverture de la Philharmonie) à la tête de l’Orchestre de chambre d’Europe, avec lequel il venait d’enregistrer sa troisième intégrale des symphonies de Sibelius. Il avait, entre autres, dirigé les 6e et 7e symphonies, en les enchaînant sans interruption ni applaudissements, en ayant dit quelques mots auparavant pour expliquer la logique de cet enchaînement, à vrai dire très convaincant.

Sibelius, comme les autres grands symphonistes, se prête à toutes les interprétations, les uns insistant sur sa modernité – la 4e symphonie ! -, les autres sur le post-romantisme de ses premières symphonies, certains recherchant la fusion des timbres, d’autres au contraire mettant en valeur une écriture qui procède par superposition de strates sonores. Mais il est vrai que le Sibelius de Berglund a toujours figuré au coeur de ma discothèque « nordique », et qu’on n’en a jamais fini de découvrir les singularités de ses versions successives.

Mais on peut regretter la timidité ou le manque de curiosité de ses éditeurs qui ont négligé tout le répertoire non nordique que Berglund aimait diriger : pourquoi, dans ce coffret, cet oubli des symphonies de Brahms captées avec l’Orchestre de chambre d’Europe (alors que les Sibelius contemporaines y figurent) ?

En revanche, j’ignorais que le chef finnois eût enregistré la symphonie et les Variations symphoniques de César Franck, un inédit en CD !

YouTube nous permet de retrouver des documents rares, comme ce 2e concerto de Rachmaninov joué en 1986 par Jorge Bolet, Paavo Berglund dirigeant l’orchestre de la BBC écossaise.

ou encore cette 4e symphonie de Tchaikovski, captée en 1999, avec l’orchestre royal du Danemark dont il fut le directeur musical de 1992 à 1998.

C’est avec ce même orchestre qu’il a enregistré une intégrale, qui fait toujours référence, des symphonies de Carl Nielsen :

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Glorieux nonagénaires

La violoniste Ida Haendel est morte le 30 juin, à 91 ans. Ce matin c’est le compositeur italien de célèbres  musiques de film, Ennio Moricone, qui est parti au même âge canonique.

J’aurais bien voulu, je devrais peut-être (au nom de quoi ?), me répandre en éloges funèbres, par définition dithyrambiques, sur ces glorieux disparus. D’autres l’ont fait tellement mieux que moi. Et pour tout dire, ni la violoniste, ni le compositeur n’ont jamais fait partie de mon panthéon personnel, encore moins de mon jardin secret.

J’ai certainement été trop peu attentif au talent d’Ida Haendel, dont la longévité artistique a été telle que la plupart des médias n’ont rien trouvé de mieux pour honorer sa mémoire que de publier des photos où la marque des ans n’est pas des plus flatteuses… Je vais réécouter ces disques que j’avais classés sous le nom d’Ancerl, ces enregistrements réalisés pour Supraphon avec la fine fleur des chefs tchèques au tournant des années 50.

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Quant à Ennio Morricone, si je reconnais bien volontiers la prolixité et la versatilité de son talent – l’homme aux 500 musiques de film ! – si je fredonne comme tout le monde les mélodies immortelles des films de Sergio Leone, je n’ai pas avec son oeuvre le rapport d’admiration, d’affection, que j’ai avec celles d’un Bernard Herrmann ou d’un Nino Rota – sans parler des grands de Hollywood, les Korngold, Waxman, Steiner, etc.

 

Le retour de Roselyne

La rumeur insistante annonçait ce retour depuis ce matin. Roselyne Bachelot revient au gouvernement comme ministre de la Culture.

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Je ne vais pas ménager mes compliments à la nouvelle titulaire de cette charge ministérielle qui a tellement souffert ces dernières années d’être insuffisamment ou maladroitement incarnée. Roselyne Bachelot, la musique, elle connaît, les affaires publiques, elle connaît et ne s’en est pas trop mal sortie au ministère de la Santé. C’est tout de même la seule ministre que j’ai vue régulièrement et fréquemment au concert et à l’opéra. Lourde tâche que celle qui l’attend, mais elle n’a rien à perdre et la Culture tout à y gagner.