Dix ans après

Il y a dix ans je quittais la direction de la Musique de Radio France, il y a dix ans Mikko Franck entamait son premier mandat de directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Radio France. Mais pendant le temps où j’eus la responsabilité de piloter, entre autres, les deux orchestres de Radio France, c’est avec Mikko Franck que j’eus finalement la relation la plus forte, la plus compliquée souvent, mais au fond la plus intéressante.

Mercredi soir, pour ces raisons-là et d’autres, amicales, personnelles, je tenais à assister au bouquet final – c’est ainsi que Radio France avait présenté le programme du dernier concert à Paris du chef finlandais ès-qualités de directeur musical. Malheureusement, je n’ai pas pu écrire pour Bachtrack autre chose que ce à quoi j’ai assîsté, ce que j’ai entendu : Pas de feu d’artifice pour Mikko Franck à Radio France

On peut réécouter ici ce concert capté par les micros de France Musique.

Etrange tout de même ce programme qui commence avec un hymne funèbre (la pièce de Holst) et qui se conclut par la mort de Don Juan (de Richard Strauss). Pas de bis, malgré les applaudissements répétés du public et des musiciens !

Une sortie ratée, mais je reprends ce que j’écrivais ici même il y a deux ans (Nés un 1er avril) :

L’énigme Mikko

Quoique l’intéressé en pense – nous eûmes à nous confronter, sinon à nous affronter, durant quelques mois il y a déjà presque neuf ans – j’ai toujours eu de l’estime et de la considération pour Mikko Franck, le chef finlandais qui fête aujourd’hui son 44ème anniversaire. J’en ai même écrit du bien (Ainsi parlait Zarathoustra).

Les responsables de Radio France font régulièrement l’expérience de la difficulté qu’il y a à « gérer » un artiste aussi imprévisible. Qui annule répétitions et/ou concerts sans préavis, qui parfois atteint au grandiose. dans une oeuvre où on ne l’attendait pas et d’autres fois semble tourner en rond, comme désintéressé par ce qu’il dirige (c’est le cas dans ses derniers disques, Franck ou Stravinsky). Chef incroyablement doué, formidable musicien, Mikko Franck l’est assurément. Ce serait bien qu’il continue à nous en convaincre plus souvent. (JPR, 1er avril 2023).

Pour Bachtrack, puis sur ce blog, j’avais chroniqué « le fascinant parcours de Mikko Franck dans les paysages de Sibelius« .

Mais chacun, parmi les musiciens, dans le public, ou chez les responsables de Radio France, pourrait nourrir la légende noire du chef d’anecdotes, de souvenirs de ses absences, de ses faux bonds de dernière minute (en 2016, une Ville morte de Korngold en version de concert, qui n’est pas le plus simple des opéras à diriger, confiée la veille du concert à sa jeune assistante Marzena Diakun, idem avec un concert Ravel en mai 2017). Et puis il y a d’autres souvenirs que je garde pour moi – secret professionnel oblige – même si certains sont. difficiles à digérer (parce que je connaissais les vraies raisons d’une annulation alors que la responsabilité m’en fut à tort attribuée).

Bon vent à Mikko Franck !

Et toujours mes brèves de blog

L’autre Davis

Il était loin d’avoir la notoriété internationale de son homonyme Colin Davis (1927-2013), mais comme lui il avait participé à plusieurs Nuits des Prom’s. On apprend sa mort ce matin, à 80 ans, des suites d’une leucémie foudroyante : Andrew Davis était l’archétype du chef britannique, qui a fait l’essentiel de sa carrière en terres anglo-saxonnes, et qu’on a peu vu diriger sur le continent.

Le critique Norman Lebrecht qui annonce cette disparition sur son site Slippedisc dit joliment de ce chef que je n’ai jamais rencontré personnellement : « Je l’ai vu pour la dernière fois diriger à Liverpool, où il était chef émérite. Après le concert, il était allé prendre un verre au Hope Street Hotel, plein d’une bonhomie bavarde, un type charmant et modeste si engagé dans la musique qu’il servait »

Andrew Davis a été successivement chef du BBC Scottish, du Toronto Symphony, du festival de Glyndebourne (1988-2000) et pendant la même période du BBC Symphony, avec lequel il rétablit la coutume qui voulait que le chef de l’orchestre de la radio londonienne dirige la fameuse Last Night of the Prom’s.

Andrew Davis est mort à Chicago, trois ans après sa femme, où il s’était établi lorsqu’il avait pris la direction du Lyric Opera (de 2000 à 2021).

L’art du chef disparu est très bien documenté notamment sur YouTube.

Sa discographie est de grande qualité, et ne se réduit pas au cliché qui veut que les chefs britanniques ne seraient capables que de diriger les compositeurs britanniques. Cela étant, on recommande vivement ce passionnant coffret qui contient l’une des plus belles intégrales des symphonies de Vaughan Williams, ainsi qu’une bonne partie de l’oeuvre symphonique d’Elgar.

Comme une intégrale des symphonies de Dvořák passée inaperçue et pourtant remarquable :

Planètes parisiennes

Etrange comme un concert peut faire surgir tant de souvenirs. C’était le cas jeudi dernier à la Maison de la radio avec le concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France et Daniel Harding. Dans le compte-rendu – enthousiaste – que j’en ai fait pour Bachtrack (lire Les constellations sonores de Daniel Harding avec l’Orchestre philharmonique de Radio France), j’évoque précisément deux souvenirs indélébiles.

Pour Daniel Harding et l’OPRF, c’était, sauf erreur de ma part, des retrouvailles neuf ans après une première rencontre des plus fécondes, à des dates que nul n’a pu oublier : les 8 et 9 janvier 2015, au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo (lire Le silence des larmes).

Quant à Éric Tanguy, dont l’OPRF et Daniel Harding donnaient la première parisienne de Constellations, c’est une vieille histoire si j’ose dire. Un peu par hasard, assistant à l’une des premières éditions du festival Présences, en 1994, j’avais découvert le 1er quatuor à cordes d’un compositeur alors âgé de 25 ans et j’en avais été ébloui. Depuis, je n’ai jamais perdu de vue ni d’oreille un créateur qui n’a jamais hésité à affirmer une personnalité parfois à rebours des modes et des dogmes.

Eric Tanguy et Daniel Harding devant les musiciens de l’Orchestre philharmonique de Radio France

Il faudra écouter ce concert lorsqu’il sera diffusé sur France Musique le 5 avril prochain !

Les jeunes filles de la Maitrise de Radio France très applaudies par le public à l’issue des Planètes de Holst

Un extrait de « Jupiter » des Planètes de Gustav Holst / Orchestre philharmonique de Radio France, dir. Daniel Harding (Vidéo JPR / Reproduction interdite)

Emprunts et empreintes (suite)

J’avais écrit un article – Emprunts et empreintes ou la Marseillaise et Mozart – qui est toujours régulièrement consulté. Je vais lui donner une suite, en rapport avec l’actualité.

L’automne de Harrison Ford ou comment John Williams copie Glazounov

Le Festival de Cannes vient de rendre hommage à Harrison Ford, à l’occasion du cinquième épisode de Indiana Jones ou les aventuriers de l’arche perdue.

(Photo by Patricia DE MELO MOREIRA / AFP)

Le comédien octogénaire a dit ne plus supporter le tube planétaire qu’est devenue la musique composée par John Williams pour ce film.

Réécoutant, au fil des jours, le fabuleux coffret Ansermet (lire Ansermet enfin)

si longtemps attendu, je tombe sur cet extrait des Saisons de Glazounov :

Comme un furieux air de famille non ? entre John Williams et Glazounov ? Sans doute inconscient de la part du compositeur américain qui connaît très bien ses classiques. Et plutôt amusant dans un ballet censé illustrer l’automne…

Succès planétaire

Du même John Williams, un autre tube planétaire, la musique de Stars Wars, ici avec le compositeur lui-même dirigeant, excusez du peu, l’orchestre philharmonique de Vienne

Je n’ai jamais eu l’occasion de le lui demander, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il s’est inspiré cette fois consciemment d’une oeuvre qui a assuré la célébrité internationale de son auteur, Les Planètes (1918) de Gustav Holst

Le tango d’Aliciaet de Nelson

Le tango, cette danse populaire née dans le quartier de La Boca à Buenos Aires, a évidemment inspiré quantité de compositions « sérieuses », la plus connue étant sans doute celle d’Isaac Albeniz, ce tango qui fait partie de la suite pour piano España. L’occasion pour moi aujourd’hui d’un clin d’oeil à la grande pianiste espagnole Alicia de Larrocha, disparue en 2009, qui était née il y a cent ans exactement, le 24 mai 1923.

L’émotion m’étreint lorsque je découvre l’une des dernières prestations publiques de cet autre géant du piano, le si aimé et regretté Nelson Freire, qui joue ici la transcription faite par Leopold Godowsky de ce même tango d’Albeniz.

Je rappelle pour mémoire cet article sur l’indicatif du Festival de Cannes : Le générique interdit.

Coronation Music : la playlist de Charles III

Comme promis (lire Couronnement), et puisque c’est tout de même une spécialité typiquement britannique – nulle part ailleurs les cérémonies, mariages, obsèques, couronnements, ne revêtent un tel faste musical – je reviens sur les musiques jouées avant et pendant le couronnement de Charles III à Westminster ce 6 mai.

Je ne sais pas ce que les téléspectateurs français en ont vu et entendu, j’ai cru lire ici et là que les commentateurs faisaient bien peu de cas de la musique, quand ils ne se trompaient pas lourdement sur les interprètes (Bryn Terfel présenté comme le plus célèbre « ténor gallois’ !). Sur les chaînes britanniques, BBC ou ITV, rien de tel sauf à brièvement expliquer ce qui se passait, mais sans avoir besoin de faire du remplissage bavard.

En attendant le roi

En prélude à la cérémonie, c’est l’octogénaire John Eliot Gardiner qui officiait avec son Monteverdi Choir and Orchestra :

  • Bach: ‘Magnificat anima mea’ extrait du Magnificat BWV 243
  • Bach: ‘Ehre sei dir, Gott, gesungen’ extrait de l’ Oratorio de Noël
  • Bach: ‘Singet dem Herrn ein neues Lied » extrait de la Cantate BWV 190
  • Bruckner: ‘Ecce sacerdos magnus« 

Puis l’un des organistes de Westminster, Matthew Joryses, joue l’Alla breve BWV 589 de Bach

Pour la cérémonie elle-même, c’est une formation de circonstance – le Coronation Orchestra – composée de musiciens de plusieurs orchestres londoniens, le Philharmonia, le Royal Philharmonic et Covent Garden notamment, sous la houlette d’Antonio Pappano, qui prend le relais. Avec, en ouverture, l’une des douze pièces commandées par le roi Charles à des compositeurs contemporains, ‘Brighter Visions Shine Afar » de la compositrice Judith Weir (1954), première femme à avoir été nommée Maître de Musique.. de la reine en 2016.

Suivent un extrait des célèbres Planètes – Jupiter – de Gustav Holst puis un intermède symphonique avec harpe (celtique) obligée : un chant populaire gallois arrangé par Karl Jenkins, Tros y Garreg’ (‘Crossing the Stone’), avec la harpiste Alis Huws et l’orchestre du Couronnement toujours dirigé par Antonio Pappano

C’est alors que la délicieuse Pretty Yende (Sud-Africaine de naissance) chante une nouvelle oeuvre de la compositrice anglaise Sarah Class : Sacred Fire. Comme on l’entend, rien de vraiment révolutionnaire dans ces « créations » de circonstance !

Vont suivre deux célèbres pièces d’orchestre typiquement « British », d’abord Crown Imperial de William Walton, écrite pour le couronnement de George VI en 1937, et le tube de Ralph Vaughan Williams, sa Fantasia on Greensleeves

L’orchestre entamera ensuite un triptyque Be Thou my Vision » dû à trois compositeurs irlandais Nigel Hess, Roderick Williams, Shirley J Thompson.

La pièce d’orgue de Iain Farrington ‘Voices of the World » – l’une des douze commandes – reflète les rythmes, les couleurs de plusieurs pays du Commonwealth.

C’est à Patrick Doyle, compositeur plutôt spécialisé dans le cinéma, le théâtre ou la télévision, qu’on doit la King Charles III Coronation March

Avant que le couple royal ne fasse son entrée dans Westminster, le Coronation Orchestra et Antonio Pappano auront encore le temps de jouer :

  • Purcell: Trumpet Tune arr. John Rutter (solistes Jason Edward et Matthew Williams)
  • Haendel: Arrival of the Queen of Sheba, extrait de  Solomon
  • Haendel: ‘Oh, had I Jubal’s lyre’ extrait de Joshua (soloist: Pretty Yende)
  • Haendel: ‘Care selve’ extrait de Atalanta (avec Pretty Yende)
  • Elgar: Nimrod arr. Farrington

Et l’organiste Peter Holder jouera encore :

  • Harris: Flourish for an Occasion
  • Vaughan Williams: Prelude on ‘Rhosymedre’ (inspiré d’un chant populaire gallois)

Pendant le couronnement

Durant la cérémonie du couronnement elle-même, c’est l’ensemble choral formé de plusieurs ensembles londoniens (Westminster, St James, Chapel Royal…) qui va intervenir, a capella, ou avec l’orchestre, en commençant par l’hymne d’Hubert Parry « I was glad »

En visitant le lendemain la crypte de la cathédrale St Paul (qui est un peu à Londres ce qu’est le Panthéon à Paris, à la grande différence près que les offices religieux s’y déroulent toujours), j’ai pu voir la tombe du compositeur, bien trop méconnu en France.

Le baryton (et non le « ténor » annoncé par les chaînes françaises) gallois Bryn Terfel entame ensuite le Kyrie du couronnement tout exprès composé, en langue galloise – une première pour un office à Westminster – par Paul Mealor .

Le choeur enchaînera avec deux pièces de William Byrd : ‘Prevent Us, O Lord’ et le Gloria de sa Messe à quatre voix

Suit l’Alleluia ,un gospel de Debbie Wiseman

Après le Veni Creator Spiritus attribué à Maurus, c’est au moment de l’onction du nouveau roi, le très attendu Zadok the Priest, l’un des célèbres Coronation Anthems composés par Haendel pour le couronnement de George II en 1727.

Un ensemble grec chante ensuite un psaume byzantin, puis, très étrangement, retentit la fanfare… des Wiener Philharmoniker, arrangée par Paul Mealor !

Puis du compositeur de la Renaissance Thomas Weelkes :  ‘O Lord, grant the king a long life’ (Psalm 61), tandis qu’après que Camilla a été couronnée, c’est  ‘Make a Joyful Noise’ du célèbre auteur de comédies musicales, Andrew Lloyd-Webber qui résonne dans la nef de Westminster

C’est ensuite un traditionnel des grands offices religieux qui est entonné : Purcell: Christ is made the sure Foundation

Le Sanctus est l »‘oeuvre de Roxana Panufnik, fille du compositeur d’origine polonaise Andrzej Panufnik (1914-1991) qui a longtemps vécu à Londres, où il est inhumé.

L’Agnus Dei est le fruit d’une commande à l’Anglo-Américain Tarik O’Regan..

Après l’hymne ‘Praise, my soul, the King of Heaven« , c’est de William Boyce, ‘The King shall rejoice’ » composé pour le couronnement de George III en 1761.

Autre couronnement plus récent, celui d’Elizabeth en 1953, et le Te Deum que William Walton composa pour l’occasion

Et bien sûr la cérémonie se conclut par un God Save the King repris par la famille royale et tous les invités

Pour accompagner la sortie du couple royal, on entendra successivement joués :

  • Elgar: Pomp and Circumstance March No.4
  • Parry: March The Birds

#RVW 150 (II) : Royal Ralph

Bientôt le cent cinquantième anniversaire de la naissance du compositeur britannique Ralph Vaughan Williams, deuxième épisode d’une série commencée l’été dernier : #RVW 150 (1) : A Sea Symphony. Le 21 juillet, le Choeur de Radio France, l’Orchestre national de France, le baryton Gerald Finley et la soprano Jodie Devos, remplaçant Lucy Crowe initialement prévue, sous la houlette de Cristian Macelaru donnaient la grandiose première symphonie « A Sea Symphony » de Vaughan Williams lors d’une soirée quelque peu mouvementée du Festival Radio France (lire l’article de Remy Louis : À Montpellier, l’orchestre national de France sur une mer agitée).

RWV et la reine

Depuis la disparition de la reine Elizabeth, on n’a pas manqué de s’interroger sur le rapport de la défunte souveraine avec la musique et les musiciens, on n’a pas trouvé grand chose ! On a évidemment recherché les musiques qui avaient été jouées lors de son couronnement en 1953, la récolte a été un peu plus riche (cf. France Musique). Et l’on retrouve notre sesquicentenaire Ralph Vaughan Williams qui, pour le couronnement du 2 juin 1953, écrit une très pure et simple mélodie : O taste and see

Warner, avec un sens indéniable de l’opportunité, a d’ailleurs republié les musiques jouées lors du couronnement.

Tout Vaughan Williams

Ceux qui n’avaient pas eu l’idée ou la chance d’acquérir le coffret « collector » publié il y a une quinzaine d’années par EMI

ont une nouvelle opportunité d’acquérir cette somme de 30 CD rééditée par Warner. Indispensable évidemment !

Sans détailler le contenu de ce coffret, on peut noter que l’intégrale choisie pour les symphonies est celle, trop peu connue, d’un chef qui a passionnément servi la musique anglaise, Vernon Handley (1930-2008), que j’avais eu la chance d’inviter à Liège en 2001 pour diriger… Les Planètes de Gustav Holst !

De la terre aux étoiles

Thomas Pesquet décolle aujourd’hui de Cap Canaveral pour une nouvelle mission de six mois dans la station spatiale internationale et le monde entier va rêver avec lui.

La fascination pour l’immensité de l’univers, pour les étoiles, les planètes, la vie céleste, est vieille comme le monde. Et chez les musiciens une source d’inspiration inépuisable.

Quelques exemples :

Les Pléiades

L’édition 2021 du Festival Radio France Occitanie Montpellier a placé deux journées de concerts, les 24 et 25 juillet, sous l’égide De la terre aux étoiles (voir le programme ici), et sous le ciel étoilé de Montpellier, les Percussions de l’Orchestre National de France donneront la fascinante partition de Iannis Xenakis (1922-2001), Pléiades, une oeuvre de 1978 créée par les Percussions de Strasbourg, dont le titre fait explicitement référence aux Pléiades de la mythologie et, bien entendu, à la constellation des Pléiades

Les Planètes

Le vaste poème symphonique de Gustav Holst (1874-1934) – The Planets – est l’oeuvre qui a assuré la célébrité internationale, et la postérité, du compositeur anglais, et celle qui a occulté le reste de son oeuvre.

L’œuvre est écrite entre 1914 et 1917, et créée à Londres le 29 septembre 1918, sous la direction d’Adrian Boult.

À la suite de l’échec de The Cloud Messenger en 1913, Holst est invité en villégiature chez son ami Balfour Gardiner. La même année, son ami, le compositeur Arnold Bax et son frère Clifford les rejoignent afin d’apporter leurs lumières sur la composition et l’orchestration. Les frères Bax vont lui parler d’astrologie mais surtout lui inspirer l’idée de « personnifier » chaque planète du système solaire. D’où les 7 mouvements correspondant aux 7 planètes connues à l’époque de la composition (ainsi Pluton – découverte en 1930 et déclassifiée en 2006 – est absente du cycle de Holst, et fera l’objet d’un « ajout » de Colin Matthews en 1999 à la demande de Kent Nagano pour sa dernière saison à la tête du Hallé Orchestra)

Le premier mouvement Mars est composé juste avant le début de la Première Guerre mondiale (1914). Il s’agit, pour Holst, d’exprimer plus son sentiment d’une fin du monde, qu’une réaction face à la tragédie de la guerre. Le troisième mouvement Mercure, composé en dernier, sera achevé en 1916. Holst rangera ses partitions après les avoir terminées, croyant que personne ne pourrait monter en temps de guerre une œuvre demandant un aussi grand orchestre.

En septembre 1918, Balfour Gardiner loue le Queen’s Hall pour une représentation semi-privée. Le chef Adrian Boult n’aura que deux heures pour répéter cette pièce très complexe, ce qui fera dire plus tard à Imogen Holst, la fille du compositeur :

« Ils [les deux à trois cents amis et musiciens qui étaient venus écouter] trouvèrent les clameurs de Mars presque insupportables après quatre années d’une guerre qui se poursuivait. […] Mais c’est la fin de Neptune qui fut inoubliable, avec son chœur de voix féminines s’évanouissant au loin, jusqu’à ce que l’imagination ne pût faire la différence entre le son et le silence. »

Mars, celui qui apporte la guerre (Mars, the Bringer of War)

Vénus, celle qui apporte la paix (Venus, the Bringer of Peace)

Mercure, le messager ailé (Mercury, the Winged Messenger)

Jupiter, celui qui apporte la gaieté (Jupiter, the Bringer of Jollity)

Saturne, celui qui apporte la vieillesse (Saturn, the Bringer of Old Age)

Neptune, le mystique (Neptune, the Mystic)

Uranus, le magicien (Uranus, the Magician)

Le premier « mouvement » Mars a inspiré nombre de groupes de rock, été utilisé abondamment au cinéma et dans la publicité, notamment John Williams pour la musique de Stars Wars

Il existe d’innombrables versions des Planètes de Holst, à commencer par celles du créateur de l’oeuvre, Adrian Boult

Tous les grands chefs du XXème siècle ont enregistré leurs Planètes, souvent pour faire une démonstration de virtuosité orchestrale… et de prise de son spectaculaire !

Ma préférée est définitivement la radieuse version de James Levine (lire Une vie pour la musique) et du somptueux Chicago Symphony.

Le roi des étoiles

Quelques années avant Holst, Stravinsky conçoit, à Paris, en 1911, Le roi des étoiles (звездолики/zvezdoliki), une cantate pour grand orchestre et choeur d’hommes sur un texte du grand poète symboliste russe Constantin Balmont (dont Rachmaninov s’inspirera aussi pour ses Cloches)… d’une durée d’un peu plus de 5 minutes ! On ne s’étonnera pas que l’oeuvre soit rarement donnée, compte-tenu des effectifs qu’elle requiert. Il faudra d’ailleurs attendre 1939 pour que ce Roi des étoiles soit créé à Bruxelles sous la direction de Franz André.

L’oeuvre est dédiée à Debussy, qui ne l’entendit jamais, mais qui en reçut la partition de Stravinsky et qui en écrivit ceci : « La musique pour le Roi des étoiles reste extraordinaire… C’est probablement l’« harmonie des sphères éternelles » dont parle Platon (ne me demandez pas à quelle page !). Et je ne vois que dans Sirius ou Aldébaran une exécution possible de cette cantate pour « mondes » ! Quant à notre plus modeste planète, j’ose dire qu’elle restera telle une gaufre, à l’audition de cette œuvre.

Debussy qui écrit, en 1880, sa première mélodie, Nuit d’étoiles

Nuit d’étoiles
Sous tes voiles
Sous ta brise et tes parfums
Triste lyre
Qui soupire
Je rêve aux amours défunts
Je rêve aux amours défuntsLa sereine mélancolie
Vient éclore au fond de mon cœur
Et j’entends l’âme de ma mie
Tressallir dans le bois rêveurNuit d’étoiles
Sous tes voiles
Sous ta brise et tes parfums
Triste lyre
Qui soupire
Je rêve aux amours défunts
Je rêve aux amours défuntsJe revois à notre fontaine
Tes regards bleus comme les cieux
Cette rose, c’est ton haleine
Et ces étoiles sont tes yeuxNuit d’étoiles
Sous tes voiles
Sous ta brise et tes parfums
Triste lyre
Qui soupire
Je rêve aux amours défunts
Je rêve aux amours défunts

(Théodore de Banville)

(Van Gogh, Nuit étoilée sur le Rhône, 1888 / Musée d’Orsay)

Musique des sphères

Sur la théorie pythagoricienne de Musique des sphères ou d’Harmonie des sphères, on renvoie à l’article très documenté de Wikipedia.

Deux oeuvres au moins portent ce nom.

C’est d’abord l’une des grandes valses de Josef Strauss (1827-1870), Sphärenklänge, composée en 1868. Ici sublimée par Carlos Kleiber et les Wiener Philharmoniker lors du concert de Nouvel an 1992.

Mais c’est aussi une oeuvre beaucoup plus énigmatique d’un compositeur complètement atypique, le Danois Ruud Langgaard (1893-1952), contemporaine des Planètes de Holst, qui requiert un effectif monstrueux – soprano, choeur et deux orchestres !

Liste à compléter évidemment…

En attendant, on souhaite bon vol et belle mission à Thomas Pesquet, dont on est impatient de retrouver les magnifiques photos qu’il nous enverra de là-haut !

Les sans-grade (XII) : Walter Susskind

C’est l’un de ces noms qu’on voit sur pas mal de pochettes de disques, surtout comme « accompagnant » de solistes célèbres – Elisabeth Schwarzkopf, Ginette Neveu, Yehudi Menuhin, Shura Cherkassky, Christian Ferras, etc. C’est un patronyme qui ne dit pas grand chose de ses origines, surtout qu’il a passé l’essentiel de sa carrière aux Etats-Unis. Et c’est pourtant un très bon chef, demeuré trop discret : Walter Susskind (1913-1980)

Jan Walter Süsskind – comme on l’orthographie alors – naît dans l’une des nombreuses familles allemandes installées à Prague, le 1er mai 1913. Dans sa ville natale il apprend le piano avec Karl Hoffmeister, la composition avec Josef Suk (1874-1935), le gendre de Dvořák, et Alois Hába (1893-1973), et la direction d’orchestre avec George Szell, en poste alors à l’opéra allemand de Prague (qui sera dissout en 1938). Süsskind fuit la menace nazie et s’installe à Londres pendant la Seconde guerre mondiale. Il devient citoyen britannique en 1946. Une petite dizaine d’années comme chef au Royaume-Uni et en Australie, puis à partir de 1955 un tropisme américain qui le retiendra jusqu’à sa mort en 1980 : la direction de l’Orchestre symphonique de Toronto de 1956 à 1965, puis celui de Saint-Louis (Missouri) de 1968 à 1975, et enfin deux brèves années 1978 et 1979 à Cincinnati avant que la maladie ne le rattrape.

De son apprentissage auprès de Szell, Susskind (le ü a disparu avec l’anglicisation de sa nationalité et de son nom) a conservé la parfaite rigueur d’une lecture au laser des partitions qu’il agence comme personne, une apparente simplicité d’approche qui restitue en réalité l’authenticité des Dvořák, Smetana, Bartok, Prokofiev, Chostakovitch, et même Les planètes de Holst, qui constituent l’essentiel d’une assez maigre discographie d’orchestre. En revanche, son nom reste associé à d’impérissables gravures où il est mieux qu’un accompagnateur, un partenaire à égalité d’inspiration et de concentration.

Ginette Neveu, mais aussi Yehudi Menuhin et le jeune Christian Ferras (éblouissants concerto de Bruch et Symphonie espagnole de Lalo)

C’est Walter Susskind qui offre à Shura Cherkassky sa seconde gravure en stéréo du 2ème concerto pour piano de Tchaikovski

Sur ce même précieux double album, deux versions très classiques, épurées de tout contexte « soviétique » des symphonies 1 et 9 de Chostakovitch, une approche qui « universalise » le compositeur russe.

Enregistrés magnifiquement à St Louis, multi-rééditée, les trois grands concertos de Dvorak trouvent ici leurs versions de référence, et avec quels solistes ! Zara Nelsova, Ruggero Ricci et Rudolf Firkusny.

Il faut un peu chercher pour trouver par exemple cette admirable version du 3ème concerto de Rachmaninov par Leonard Pennario

En cherchant encore un peu plus, on tombe sur un Mozart inattendu… sous les doigts de Glenn Gould.

Rassembler la discographie orchestrale de Susskind n’est pas la chose la plus aisée qui soit. Pourtant on trouve en CD quelques superbes témoignages de l’art du chef d’origine tchèque. Sur les plateformes numériques, l’offre est un peu plus large, quoique encore très disparate.

Toujours dans la série consacrée par le label américain Vox à l’orchestre symphonique de Cincinnati, un double album qui fait entendre une version atypique du Chant de la Terre de Mahler, sans surcharge émotionnelle, avec deux chanteurs américains Richard Cassilly et Lili Chookasian. Belle sélection du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn (et une Inachevée un peu palotte sous la direction d’une star de la baguette prématurément emportée par un cancer à 47 ans, Thomas Schippers)

Couplage étonnant, mais autant dans Holst que Smetana, la quintessence d’un art tout de clarté, de creusement des partitions, le contraire de l’esbroufe et de l’épate. Et quelles prises de son ! quel orchestre !

Eloquence a publié, il y a quelques mois, un double album un peu hétéroclite, où domine la figure d’un autre chef un peu oublié du XXème siècle, Hans Schmit-Isserstedt, mais où se trouve l’un des rares exemples de Susskind dans le répertoire viennois classique, en l’occurrence la 4ème symphonie de Schubert. Une lecture toute d’équilibre et de lumière qui ne prend pas au pied de la lettre le sous-titre – Tragique – de l’oeuvre d’un jeune homme de 19 ans.

Walter Susskind n’a pas oublié de servir les musiciens du pays qui l’a accueilli durant vingt-cinq ans, même si c’est à Londres qu’il a enregistré Copland et les Spirituals de Morton Gould, qui servirent jadis de générique à l’une des plus célèbres émissions de la télévision française, les Dossiers de l’écran !

Retour à la vie

C’était l’événement, le premier concert dans le monde dans une salle de concert devant un vrai public – 600 personnes ! – depuis le début du confinement. Ce 25 juin, Michel Orier, le directeur de la Musique et de la Création de Radio France, a eu les mots justes : « 105 jours sans vous, c’est long, trop long », après qu’une puissante salve d’applaudissements a salué l’arrivée sur la scène de l’Auditorium de Radio France les musiciens de l’Orchestre National de France.

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Le temps retrouvé

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Un orchestre qui ne peut encore (mais bientôt ?) jouer en grande formation, notamment avec les vents et les cuivres, des pupitres de cordes donc très sollicités.

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Un programme admirable, idéalement conduit par François-Xavier RothPeu sont capables comme lui de passer d’une symphonie du plus original des fils Bach, Carl Philip Emanuel au Divertimento de Bartók

Je me rappelle toujours avec bonheur – même si l’aventure fut de courte durée – les programmes imaginés dans l’enthousiasme avec le chef français pour son concert inaugural de directeur musical de l’Orchestre philharmonique royal de Liège en 2009 : Haendel (Royal fireworks), Haydn (symphonie n°96) et Holst (Les Planètes) ! Pas moins !

Conjurer l’angoisse

Comme Daniele Gatti le 11 juin dernier avec la 2ème symphonie d’Honegger (1941), le programme d’hier soir reprenait deux oeuvres quasi-contemporaines, écrites en 1939-1940, à la demande du chef et mécène suisse Paul Sachercomme de Double concerto pour cordes, piano et timbales de Martinů.

Le compositeur explique la frénésie de ce concerto par la pesanteur des années précédant la Seconde Guerre mondiale : « J’ai voulu me dégager de cette oppression, me défendre par mon travail et lutter contre cette menace qui devrait tourmenter chaque artiste et chaque homme dans ses convictions les plus profondes »

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Cédric Tiberghien avait rejoint les cordes et le timbalier de l’Orchestre National de France. Et ce fut sans doute une découverte pour une majorité du public présent comme de celui qui suivait le concert sur France Musique et/ou sur ArteConcert.

Concert à réécouter/revoir dans son intégralité ici sur francemusique.fr

Le Divertimento de Bartók

C’est dans le chalet de son commanditaire, Paul Sacher, près de Saanen (en Suisse), que Bartókcompose du 1er au 17 août 1939, cette oeuvre au titre paradoxal, qui n’a vraiment rien d’un aimable divertissement qui exprime « l’angoisse de l’auteur confronté à la guerre qui menace ». L’oeuvre est créée le 11 juin 1940 par l’orchestre de chambre de Bâle. Deux mois plus tard le compositeur s’exile aux Etats-Unis où il mourra en 1945 au terme d’un véritable chemin de croix physique et moral.

Il se trouve que c’est l’oeuvre qui m’a fait découvrir et aimer Bartok, lors de l’un des rares concerts auxquels j’ai pu assister, adolescent, à Poitiers (La découverte de la musique)Et à la différence du Concerto pour orchestre ou de la Musique pour cordes, percussions et célesta, elle reste peu programmée au concert.

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C’est donc avec une intense émotion que j’ai entendu ce Divertimento hier soir. Une vision, une version d’anthologie, sous la houlette de la merveilleuse Sarah Nemtanu – qui chantait dans son arbre généalogique – et de François-Xavier Roth restituant idéalement douleur et nostalgie, effroi et espérance, d’une partition si profondément bouleversante

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Au disque, des chefs d’origine hongroise pourtant comme Ormandy ou Solti ont trop gommé les aspérités, les racines populaires du Divertimento. Boulez à Chicago est tellement dans la musique pure qu’il passe à côté de l’oeuvre.

Pour moi, il n’y a guère que deux références, Sandor Vegh (1912-1997) et Antal Dorati (1906-1987).

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Après le concert

Comme un bonheur n’arrive jamais seul, on a retrouvé, après le concert, une adresse qu’on avait tellement aimée et qu’on avait vu lentement dépérir ces derniers mois – Chaumette rue Gros, rouverte il y a trois semaines sous un autre nom, mais avec le même décor, le même chef, cette cuisine joyeuse et goûteuse, ces vins aimables servis à la ficelle, comme dans la bonne tradition lyonnaise. Des serveurs virevoltant d’une table à l’autre, dans la bonne humeur et l’efficacité. On aura de nouveau plaisir à y revenir…

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Génération Bernstein

C’est comme une sorte de petit frère de Leonard Bernsteingénie et notoriété en moins, mais bien des similitudes de parcours et de carrière (le piano, le jazz, la comédie musicale, la direction d’orchestre)

Je ne sais pas à quelle occasion Sony réédite le legs RCA d’André Previn

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alors que les hommages discographiques qui lui avaient été rendus pour ses 80 ans étaient passés inaperçus (voir bestofclassic : André Previn l’éclectique).

Bernstein naît en 1918 dans le Massachussets, de parents juifs ukrainiens immigrés au début du siècle aux Etats-Unis, Previn naît Andreas Ludwig Priwin en 1929 (ou 1930 ?) à Berlin, la famille, les parents Charlotte et Jack et le petit Andreas, fuient le nazisme, émigrent en 1939, s’installent à Los Angeles, où le grand oncle Charles Previn compose pour les studios Universal après avoir travaillé comme arrangeur pour près d’une centaine de productions à Broadway.

Dans cet environnement, le jeune André, naturalisé Américain en 1943, entame un parcours qui va beaucoup ressembler à celui de son aîné. Il écrit et arrange des musiques pour Hollywood, il profite de son service militaire (en 1951-52) à San Francisco pour prendre des leçons privées de direction d’orchestre auprès de Pierre Monteux, le grand chef français (lui aussi naturalisé Américain en 1942), patron de l’Orchestre symphonique de San Francisco depuis 1935.

Dans les années 50, c’est surtout le pianiste et le jazzman qui va se faire un nom, il travaille avec J.J. Johnson, Shelly Manne, Leroy Vinnegar, Benny Carter, et bien d’autres. Il enregistre Jerome Kern, Frederick Loewe, Vernon DukeHarold Arlen, 1960) accompagne Dinah Shore, Doris Day, Julie London, Jolie brochette ! Il se revendique d’Art Tatum, Hank Jones, Oscar Peterson, Horace SilverBill Evans. Mais à la même époque, fin 50, début 60, il enregistre des disques classiques, au programme parfois surprenant, qu’on redécouvre avec bonheur dans ce coffret Sony (voir détails sur bestofclassic).

Comme chef d’orchestre, André Previn prend un premier poste en 1967 à l’orchestre symphonique de Houston (où il succède à John Barbirolli), mais c’est avec l’orchestre symphonique de Londres (1969-1979) qu’il va connaître une fructueuse décennie – avec un nombre impressionnant d’enregistrements (pour EMI ou RCA). Suivront des périodes de moindre envergure à Pittsburgh, à Los Angeles, de nouveau à Londres (avec le Royal Philharmonic) 

Comme Bernstein, Previn, pendant ses années londoniennes, se fait pédagogue télévisuel. Comme Bernstein est multi-cartes, c’est un compositeur prolifique et tous terrains, mais ce n’est pas diminuer ses mérites que de reconnaître qu’aucune de ses oeuvres, que ce soit dans le classique, le jazz ou la comédie musicale, n’a jamais atteint la notoriété, ni l’originalité de celles de son aîné.

Quant au chef d’orchestre Previn, les réussites sont très inégales selon les répertoires. Dans les classiques viennois, Haydn, Beethoven on ne sort jamais d’une honnête neutralité, comme si le chef évitait de prendre un parti interprétatif. C’est plus intéressant dans Richard Strauss, où l’Américain Previn semble prendre plaisir à faire rutiler ses orchestres (notamment les Wiener Philharmoniker). Mais c’est aussi la plus calamiteuse version de La Chauve Souris de Johann Strauss, un beau ratage (la comparaison avec Carlos Kleiber est édifiante !)

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Previn est, à l’évidence, plus à l’aise dans le répertoire du XXème siècle (Holst, Prokofiev) et en particulier dans une belle intégrale des symphonies de Vaughan Williams

A propos de Bernstein, on salue le beau projet de Radio France (Bernstein Story) à retrouver bien sûr sur France MusiqueMême si on a eu confirmation hier soir que le compositeur Bernstein « sérieux » n’est pas toujours le plus captivant, ni le plus original. Même quand il est bien défendu par Kirill Gerstein, Vassily Petrenko et l’orchestre philharmonique de Radio France, interprètes virtuoses de la 2ème symphonie « The Age of anxiety »

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